Q&R - Point de presse live (31 octobre 2023)

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Q - Les appels à un cessez-le-feu humanitaire se multiplient, et ce sont souvent des partenaires de la France qui lancent ces appels. Les Américains s’y opposent. Quelle est la position de la France, qui appelle jusqu’à maintenant à une trêve humanitaire mais pas à un cessez-le-feu ?

R - Comme vous le savez, le Président de la République a achevé tout récemment une tournée dans la région, qui lui a permis d’adresser la situation très grave au Proche-Orient. Cette initiative, portée par le Président de la République, une initiative pour la paix et la sécurité pour tous, a trois piliers : le premier, qui concerne la sécurité et la lutte contre le terrorisme ; le second, la protection des populations civiles et la question de l’aide humanitaire ; et le troisième, la reprise décisive du processus politique.

Dans le cadre de ce deuxième pilier, la position de la France a été très clairement exprimée, à la fois par le Président de la République et par la Ministre, à l’occasion du déplacement du Président de la République, de celui fait à deux reprises par la Ministre dans la région, mais également des résolutions que nous avons soutenues au Conseil de sécurité des Nations unies, la résolution brésilienne, présentée il y a quelques jours, et encore tout récemment, à l’Assemblée générale des Nations unies, la résolution jordanienne, dans laquelle il y a deux points qui nous semblent particulièrement importants : c’est le fait de pouvoir garantir un accès humanitaire, qui doit être à la fois continu, rapide, sûr et sans entrave, afin que l’aide puisse effectivement répondre, de manière durable, aux besoins des populations civiles de Gaza. Et pour cela, la France réitère son appel urgent à une trêve humanitaire, qui pourra mener à un cessez-le-feu. C’est une demande constante portée par la France. Nous l’avons également portée à travers les enceintes européennes, puisque vous avez pu voir que le conseil européen s’était, en fin de semaine dernière, exprimé pour demander, là encore, des trêves humanitaires.

Q - Vous avez abordé les consultations de Mme la Ministre au Proche-Orient. Vous avez parlé de l’Arabie saoudite, donc… Il sera là, le ministre, ou bien ce sera juste des consultations téléphoniques ? Première chose. Par rapport au Qatar, je suppose que c’est par rapport aux otages, il y a les négociations… Où est-on arrivés, là aujourd’hui ? On est sur quel point ?

R - La Ministre, comme je l’indiquais, est en contact étroit avec tous les partenaires régionaux. Vous savez qu’elle était elle-même à la Conférence du Caire qui s’est tenue samedi dernier. Elle a pu s’entretenir avec tous ses partenaires régionaux dans le cadre de cette conférence et en marge de cette conférence. Et elle aura en effet un nouvel entretien avec son homologue saoudien, c’est encore en cours de calage, mais qui devrait se tenir à Paris jeudi matin. Donc nous vous préciserons les horaires et les détails techniques de cet entretien.

S’agissant du Qatar, la Ministre s’est également entretenue à plusieurs reprises avec son homologue qatarien. Vous savez que le Président de la République a lui aussi fait état des contacts étroits qu’il avait avec l’Émir du Qatar. Nous discutons en effet de la question des otages, mais de tous les autres sujets relatifs à la situation aujourd’hui au Proche-Orient ; de la nécessité à la fois de condamner les actes terroristes, et de pouvoir, comme l’indiquait le Président de la République, travailler à une coopération en la matière, mais également à travailler à cette question d’accès humanitaire et de la nécessaire protection des populations civiles que nous devons tous collectivement porter, et à éviter un embrasement régional qui viendrait se faire au détriment des populations, à la fois palestiniennes et du reste de la région. Donc ces consultations se poursuivent avec tous les partenaires. Je ne peux pas vous donner de détails sur les négociations s’agissant des otages. Vous savez quelle est la demande de la France : c’est une demande de libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages, et notamment des otages français. À ce stade, la France compte neuf ressortissants disparus, dont certains sont sans doute otages du Hamas. Et la demande qui est la nôtre est très claire : c’est une libération sans conditions.

Q - Pour rester sur le Proche-Orient, est-ce que le Quai - ou est-ce que c’est ailleurs que ça se passe - discute avec les Israéliens et éventuellement avec je ne sais quelle autorité à Gaza sur le rôle du Tonnerre ? La capacité, éventuellement, de mettre en place un hôpital de campagne ou d’autres formes de soutien aux populations civiles, puisque vous venez d’un parler ? Par ailleurs, est-ce qu’il y a une suite aux déclarations du Président de la République, qui proposait une coalition internationale pour lutter contre le Hamas comme contre Daech ? Proposition qui, pour l’instant, n’a pas reçu un écho particulièrement chaleureux, on va dire. Est-ce que l’idée, c’est de continuer à travailler sur cette voie ? Et auquel cas, le réseau diplomatique français tenterait de continuer de travailler sur ce sujet ?

R - Comme je l’indiquais, la position de la France s’articule en effet autour des trois piliers déployés par le Président de la République à l’occasion de son déplacement dans la région. Piliers qui incluent la question de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, sur lequel il est important aujourd’hui de pouvoir collectivement travailler . Le terrorisme est un fléau, particulièrement pour les Israéliens qui ont subi une attaque terroriste d’une ampleur sans précédent, mais qui est un fléau également pour la région. Et le Président évoquait à cet égard l’exemple et le retour d’expérience de la coalition contre Daech, qui pouvait permettre d’imaginer et de donner des pistes en termes d’échange de renseignements, et d’autres modalités de coopération en la matière.

Sur le deuxième point, la protection des civils, c’est le deuxième volet de cette initiative pour la paix et la sécurité pour tous. Une initiative très concrètement déployée par la France, puisque vous savez que nous avons tout d’abord maintenu et appelé au maintien de l’aide à l’Autorité palestinienne et aux Palestiniens. Et vous savez que celle-ci se montait à hauteur de 95 millions d’euros pour l’année en cours. Et nous avons depuis lors annoncé, en deux tranches de 10 millions d’euros, un accroissement de l’aide en soutien aux populations palestiniennes de 20 millions d’euros de la France, qui transite très largement par l’UNWRA, mais aussi par le CICR, et notamment le CICR égyptien, avec qui nous travaillons aujourd’hui sur le terrain, et d’autres organisations internationales, notamment le PAM. 

En termes d’opérations humanitaires en cours, vous savez que nous avons un fret de 54 tonnes en cours d’acheminement vers les populations de Gaza, avec un premier avion qui s’est posé ce dimanche, avec 17 tonnes à son bord, qui comporte toute une série de types de biens humanitaires, avec notamment des médicaments et de l’équipement médical pour apporter un soutien en matière de santé aux populations gazaouies, et une aide en matière alimentaire, pour répondre au besoin immédiat des populations palestiniennes en la matière, ainsi qu’en matière d’énergie et de générateurs. Tous ces éléments ont été transférés dans les stocks à El-Arich, et sont en cours d’acheminement, pour permettre d’être délivrés aux populations de Gaza dans les meilleurs délais. Et donc le reste de ce fret va pouvoir être acheminé, nous l’espérons, dans le courant de la semaine, pour aboutir à ces 54 tonnes que j’évoquais au début. C’est le premier axe de notre aide humanitaire en cours.

Vous savez que le Président de la République a par ailleurs indiqué que la France apporterait son soutien à l’hôpital jordanien de Gaza, avec lequel nous travaillons. Donc nous sommes en contact avec les autorités jordaniennes, pour avancer sur ce soutien. Et par ailleurs, le Président de la République a annoncé le déploiement du BPC Tonnerre dans la région. Ce déploiement est en cours, mais pour ce qui est des modalités opérationnelles, je vais vous renvoyer vers l’État-Major des armées, pour vous indiquer plus en détail où en est le déploiement de ce navire, qui là encore, a une vocation d’accueil de blessés et de participation à l’acheminement des biens humanitaires vers les populations de Gaza.

Q - Je reviens vers la langue française. Aujourd’hui, il y a une tendance, en Afrique du Nord, surtout en Algérie et au Maroc, mais plutôt en Algérie, à apprendre plus la langue anglaise dans les écoles, en négligeant la langue française. Comment vous luttez contre cette tendance, si on peut l’appeler comme ça ?

R - Le Président de la République a rappelé quelle était notre ambition pour le français, une ambition qui est évidemment partagée avec nos autres partenaires de l’Organisation internationale pour la francophonie. Il a évoqué des chiffres hier, très impressionnants, avec plus de 100 ouvertures de lycées et d’écoles françaises à travers le monde ces dernières années, et donc un très fort accroissement du nombre d’apprenants de français à travers le monde. Cette ambition, elle est portée par la France, elle est portée avec nos autres partenaires de la francophonie à travers le monde, pour faire en sorte de faire rayonner le plus possible la langue française à travers le monde et en faire un instrument d’épanouissement pour chacun, pour tous ceux qui souhaitent s’approprier cette langue ou qui la parlent avec différentes particularités - puisque le Président de la République a aussi insisté, hier dans son discours, sur les particularités et la diversité de ces Français qui s’expriment à travers le monde, dans toutes leurs richesses.