Q&R - Point de presse live (2 février 2024)

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Q - De nombreux analystes, diplomates et même anciens ministres des affaires étrangères estiment que la France aligne sa politique étrangère sur celle des États-Unis, que ce soit au Proche-Orient, en Afrique ou en Ukraine ; la France n’a-t-elle plus la volonté ou la capacité de mettre en place une politique internationale qui soit indépendante de Washington ?

R – C’est une vaste question que vous me posez là, mais je pourrais vous répondre sur différents points et peut-être en m’appuyant sur des exemples issus de la situation entre Israël et le Hamas. Je vous rappellerais, dans un premier temps, les propositions du Président de la République appelant à une autonomie stratégique européenne. Ce sont des propositions qui ne sont pas neuves, qu’il a faites depuis longtemps, et c’est une proposition qui vise justement à doter l’Europe, comme son nom l’indique, d’une autonomie stratégique ; autonomie au sens où l’Europe doit décider pour elle-même en matière stratégique. Dans ce cadre et dans le cadre européen, la France, de par sa position, a toujours eu une voix singulière en matière de politique étrangère. C’est le cas sous la présidence du Président Emmanuel Macron, ce fut le cas auparavant. En matière de politique étrangère française, notamment s’agissant, si vous me permettez de prendre cela comme exemple, de la situation depuis le 7 octobre entre Israël et le Hamas, la France a réussi, depuis le début, à développer une position qui est la sienne, fondée sur des principes. Nous sommes un des premiers pays à avoir appelé à une trêve et à un cessez-le-feu. Nous avons, comme je vous le disais dans mes propos introductifs, toujours eu pour souci de garder à l’esprit les principes qui sont les nôtres, à savoir le droit d’Israël de se défendre et en même temps le droit pour la population civile de Gaza au respect des règles du droit international humanitaire. Si vous reprenez nos dernières déclarations, que ce soit sur l’UNRWA, la semaine dernière, ou d’autres déclarations, je ne suis pas certain que ce soit des déclarations qui soient totalement alignées avec Washington. C’est pour cela que je pense que nous avons cette voix singulière. Nous sommes des alliés des États-Unis, bien évidemment, mais nous savons avoir une ligne qui est la nôtre. Je pourrais aussi vous donner des exemples dans le cadre de la guerre en Ukraine. La guerre en Ukraine est un enjeu vital pour le continent européen, et c’est la raison pour laquelle la France s’est mobilisée avec ses partenaires européens en soutien à l’Ukraine. On l’a vu encore hier, lors du Conseil européen, qui a permis le déblocage d’une facilité de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine. Cette posture, que la France a appelé de ses vœux, d’avoir une Europe unie face à la Russie, tient aussi au fait que la menace russe est pour le continent européen une menace particulièrement spécifique qui concerne nos intérêts de sécurité, et qui concerne plus largement la sécurité et la stabilité du continent. Je pourrais vous trouver d’autres exemples, par exemple dans le cadre de ce que l’on appelle l’Indopacifique, tous ces exemples, pour illustrer le fait que nous sommes évidemment des alliés proches des États-Unis, mais que nous savons avoir une politique étrangère qui est la nôtre.

Q - Sur la visite du Ministre au Proche-Orient, ça va être une visite consacrée au « jour d’après » et à la solution politique ; est-ce que le Ministre arrive avec des propositions et des idées concrètes à présenter à ses interlocuteurs ? Si c’est le cas, est-ce qu’il parlera au nom de la France ou est-ce que ce sera au nom de l’Europe, s’il arrive avec des idées ?

R - La visite du Ministre, comme je vous le disais, a pour objet effectivement de penser « le jour d’après », mais c’est une partie seulement de son message, puisque c’est étroitement lié au fait d’œuvrer pour un cessez-le-feu. Donc il y aura un premier message effectivement pour œuvrer à un cessez-le-feu. Il y aura un deuxième message, qui sera plus une discussion avec ses homologues de la région, et en particulier avec son homologue israélien et avec son homologue palestinien, pour voir comment rouvrir une perspective politique dans la région. Comme vous le savez, l’initiative pour la paix et la sécurité pour tous, lancée par le président de la République, comportait un troisième pilier, qui était un pilier politique, puisque cela fait partie de la solution. Il y avait un premier pilier humanitaire qui avait vocation à traiter l’urgence humanitaire de la population civile dans la bande de Gaza. Un deuxième pilier plus sécuritaire pour essayer de neutraliser le Hamas, tant dans son financement que dans sa manière de s’exprimer. Et le troisième pilier était effectivement le pilier sur une perspective politique qui pourrait être offerte aux Palestiniens. Le Ministre agira dans ce cadre-là et les discussions qu’il aura avec ses homologues porteront sur cet aspect-là, c’est-à-dire la solution politique que nous espérons viable à long terme pour les populations palestiniennes. Et cela, comme je vous le rappelais, doit aussi être considéré au regard de la situation régionale. C’est aussi un point sur lequel le Ministre insistera, à savoir d’éviter un embrasement régional. Il ne peut pas y avoir de solution politique durable et stable entre Israël et les Territoires palestiniens s’il n’y a pas un environnement régional stable.

Q - L’Union européenne s’était donné comme objectif de livrer un million de munitions à l’Ukraine d’ici le printemps. Là, ces derniers jours, on a appris que l’Union européenne ne serait pas en position de pouvoir faire cela. Certains pays demandent à ce qu’on achète des munitions en dehors de l’Union pour pouvoir remplir les besoins des Ukrainiens. Est-ce que la France va bouger sur cette question-là et autoriser ces achats en dehors de l’Union ? Merci. Et un point : est-ce que vous pouvez nous détailler les services russes et les attaques - ou les ingérences - que vous avez notées ces derniers jours ?

R - Sur cette deuxième question, je pense qu’on aura l’occasion de faire des points plus spécifiques à l’avenir. Sur votre première question, comme je vous le disais, la France est pleinement impliquée dans un soutien total à l’Ukraine, qui passe aussi par un soutien en matière d’armement. Il y a eu des déclarations cette semaine à Bruxelles sur cet objectif de livraisons. Je crois que Josep Borrell a fait une déclaration, mais Thierry Breton aussi a fait une déclaration. Pour ce qui concerne la France, nous tiendrons nos engagements en la matière. Il peut y avoir, le cas échéant, quelques glissements de calendrier mais, pour nous, le principe est clair : nous fournirons toutes les munitions dont l’Ukraine a besoin et aussi longtemps que nécessaire.

Q - À propos de l’Ukraine, est-ce que vous pouvez donner quelques détails sur les deux humanitaires qui ont été tués hier ? Savoir aussi si les trois qui sont blessés sont bien français effectivement, et déjà peut être évacués, rapatriés, soignés, sans doute ? Et puis j’ai deux questions sur le Proche-Orient. Qu’en est-il des réflexions éventuelles sur la reconnaissance de l’État palestinien ? Manifestement, ce sont des réflexions qui montent au Royaume-Uni, aux États-Unis. Quelle est la position de la France ? J’ai bien noté la déclaration de M. Macron hier, mais peut-être que vous avez des choses en complément à dire ? Et peut-il y avoir un débat européen sur le sujet ? Et puis, à propos des colons extrémistes, on a vu des premières sanctions contre quatre individus prises par les États-Unis hier, un décret de Joe Biden, signé par Joe Biden. La France avait aussi promis des mesures contre les colons extrémistes : est-ce qu’elle reprend aussi ces noms sur sa liste de personnes sanctionnables ?

R - Sur votre première question, il m’est difficile de vous donner beaucoup de détails, puisqu’il s’agit en fait de situations personnelles, tant s’agissant des deux personnes qui ont été malheureusement tuées que des personnes qui sont blessées. Nous sommes vraiment pleinement mobilisés pour assister les personnes blessées, en lien avec leurs familles, pour s’assurer que les choses se passent au mieux. Mais vous comprendrez que, compte tenu de la situation, il ne m’est pas vraiment possible de vous donner des informations complémentaires.

Sur votre deuxième point, sur la reconnaissance de la Palestine, la France a toujours reconnu les aspirations du peuple palestinien - aspiration légitime, d’ailleurs - à disposer d’un État. Et comme je vous le disais, nous continuerons d’œuvrer pour une solution à deux États, vivant côte à côte, en paix et en sécurité. Ce sera le principe sur lequel le Ministre reviendra auprès de l’ensemble de ses homologues lors de son déplacement, dans les prochains jours. Et cette solution des deux États doit résulter évidemment de négociations et d’une discussion, dont la situation actuelle nous rappelle l’urgence. Un État palestinien doit être basé sur un territoire contigu et nécessite un rôle revitalisé pour l’Autorité palestinienne. Et c’est notamment dans ce cadre-là que la France, ces derniers temps, a condamné fermement la colonisation, et tout particulièrement les violences des colons à l’encontre des Palestiniens, qui sont considérées, vu de Paris, comme des choses qui sapent les perspectives de paix. Et encore une fois, ce sera le sens du message que le Ministre portera lors de son déplacement dans la région, auprès de ses différents homologues. Sur votre dernier point, sur les colons, nous avons effectivement vu que les Américains avaient publié leurs premières sanctions. Comme nous avions déjà eu l’occasion de vous le dire, la France est engagée aussi sur cette voie et je pense qu’on aura l’occasion de vous donner des informations supplémentaires ultérieurement.

Q - La situation sur la frontière libano-israélienne, entre le Liban et Israël, reste très tendue, comme vous le savez. Est-ce que l’embrasement régional est toujours évitable, d’après vous ? Et est-ce que le Ministre va rencontrer à Beyrouth des représentants du Hezbollah, ou bien uniquement les autorités libanaises ?

R - Comme vous le savez, la France est très préoccupée par la situation à la frontière Nord d’Israël / Sud du Liban, et nous sommes, nous avons toujours et nous resterons actifs pour que la situation ne s’aggrave pas. Encore une fois, la stabilité régionale est, à notre sens, une partie importante de l’équation globale et il ne pourra pas y avoir de solution politique durable s’il n’y a pas de stabilité régionale. Le Ministre se rendra au Liban ; il insistera sur la nécessité de trouver une solution diplomatique entre Israël et le Liban et adressera d’une manière générale un message de retenue à tous, parce qu’il est effectivement important d’éviter toute attitude escalatoire dans la région, et tout particulièrement au Liban. Le Président de la République et le ministre de l’Europe et des affaires étrangères ont déjà eu l’occasion de le dire précédemment, mais c’est un message qui sera rappelé. Et dans ce cadre, nous soulignerons l’attachement que nous avons à préserver la sécurité de la FINUL, et surtout à faire en sorte que la FINUL puisse exercer pleinement son mandat. Encore une fois, nous travaillons toujours sur la base de la résolution 1701 pour parvenir à la paix et la sécurité dans cette région, et ce sera le sens du message que portera le Ministre aux autorités libanaises lors de son passage à Beyrouth, dans les prochains jours.

Q - Bonjour, quelques petites questions. D’abord, vous avez évoqué le pilier politique : est-ce que le Ministre va aussi parler de l’initiative européenne évoquée par Monsieur Borrell il y a quelques jours ? On n’a toujours aucun détail sur cette initiative, cette possible conférence préparatoire de la paix. Et deuxième question, ça fait quelques semaines que c’est une question que je pose chaque semaine : la question des médicaments. Vous étiez à l’initiative de cette idée de transférer des médicaments aux otages. Ça fait plusieurs semaines : est-ce que vous avez des nouvelles ? Est-ce que le médicament sont physiquement dans la bande de Gaza, ou est-ce qu’ils sont en Égypte ? Est-ce qu’il y a indications s’il y a des otages qui ont reçu des médicaments ? Il y a aussi une question sur le rendez-vous qui était à Paris ce dimanche entre la tête de la CIA et les Qatariens, les Israéliens et les Égyptiens. Quel rôle la France a joué ? Et est ce qu’il y avait des représentants français qui étaient impliqués dans cette rencontre ? Merci.

R - Merci pour toutes ces questions. Je vais vous faire malheureusement des réponses un peu laconiques sur les trois, parce que je ne pense pas que je puisse m’exprimer au nom de l’Union européenne, et les déclarations de Joseph Borrell sont des déclarations qui lui appartiennent, donc je ne peux pas vous faire plus de de commentaires. Je pense que c’est plus une question pour lui. Sur les médicaments, comme je vous le disais les fois d’avant, encore une fois, ce sont des opérations d’une extrême complexité, notamment logistique, et malheureusement, je comprends votre déception, mais je ne peux pas vous donner plus d’éléments, à ce jour. Et quant à la réunion qui se serait tenue à Paris dimanche dernier, là aussi, je ne peux pas vous faire de commentaires.

Q – J’ai besoin de vous interroger sur trois dossiers. Pour la tournée du Ministre, est-ce qu’on peut savoir s’il va commencer par l’Égypte, avoir chronologiquement les pays et, surtout, même si vous n’avez pas entièrement le programme, les rencontres plus ou moins prévues dans chaque pays ? Et deuxièmement, M. Le Drian devait repartir aussi au Liban d’ici dix jours : est-ce que cette visite est toujours d’actualité ? Est-ce que la tâche est répartie entre le Ministre et M. Le Drian ? Parce que M. Le Drian suit beaucoup plus le dossier présidentiel au Liban. Est-ce qu’on a des informations à ce sujet ? Et la dernière question concerne la position de la France pour l’UNRWA, qui a suscité beaucoup d’interrogations dans la région du Proche-Orient. Les gens n’arrivent pas à comprendre la décision, surtout quand il s’agit d’humanitaire et de cessez-le-feu : elle a toujours été exemplaire à se distinguer avec ce rôle. Merci.

R - Merci beaucoup. Pour donner des éléments du programme du déplacement du Ministre un peu plus précis, il partira samedi et, dans l’ordre, il se rendra d’abord au Caire, en Égypte ; il se rendra ensuite à Amman, en Jordanie ; ensuite, il ira en Israël - pour une rencontre avec son homologue ; puis il ira à Ramallah ; et enfin il terminera son déplacement par un arrêt à Beyrouth, au Liban, et il reviendra mardi soir. Sur Jean-Yves Le Drian, effectivement, il est représentant personnel du Président de la République. Sur la question qui tient plus au Liban, c’est-à-dire que c’est un sujet qui est lié, mais quand même un peu distinct évidemment. Les choses se font de manière coordonnée. Et Jean-Yves Le Drian se rendra à Beyrouth à nouveau dans les dans les semaines à venir. Il est en contact, comme je vous le disais la dernière fois, très étroit avec ce que l’on appelle le « Groupe des cinq », qui regroupe la France, les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et l’Égypte, et ce sont des discussions qui sont en cours et qui continuent. Nous aurons l’occasion de refaire un point un peu plus spécifique sur l’action de Jean-Yves Le Drian lorsque nous aurons plus d’éléments, et notamment lorsqu’il se sera rendu à Beyrouth.

Sur l’UNRWA, il y a eu effectivement des déclarations de notre part le week-end dernier, où nous avons rappelé que le travail de l’agence est indispensable à la préservation des civils palestiniens. C’est la raison pour laquelle notre contribution financière à l’UNRWA a été portée, en 2023, à 60 millions d’euros, contre environ 30 millions d’euros les années passées. Nous avons fait un effort supplémentaire en 2023, pour l’UNRWA, compte tenu de la situation des populations civiles de Gaza. Nous ne suspendons pas notre soutien à l’UNRWA ; nous avons simplement rappelé que, techniquement, ce sont des versements qui se font tout au cours de l’année, et que nous n’avions pas de versement prévu au premier trimestre 2024. Ceci étant dit, compte tenu de la situation à l’UNRWA, et notamment des déclarations de son Commissaire général, nous exigeons des mesures fortes de la part de l’agence des Nations unies, après les révélations extrêmement graves qui sont intervenues en fin de semaine dernière. Nous n’hésiterons pas, le cas échéant, à réévaluer nos contributions, en lien avec les Nations unies, parce que c’est quelque chose qui doit se faire dans le dialogue ; avec les Nations unies et avec nos partenaires, le moment venu, et au regard des mesures qui seront prises par l’agence. Le Ministre s’est entretenu le week-end dernier avec le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, et c’est un contact qui sera maintenu. Donc nous suivons la situation de très près.

Q - J’ai plusieurs questions. La première, est-ce que la France a des contacts directs avec les Houthis pour faire passer des messages, ou est-ce que c’est seulement à travers l’Iran et peut-être l’Oman, éventuellement ?
Deuxième question, qu’est-ce qui s’est passé aux quatre membres des services de renseignement français qui ont été arrêtés il y a deux mois, au Burkina Faso ?
Et dernière question, c’est juste pour revenir sur le Liban… La question c’était, est-ce que le Ministre va rencontrer les dirigeants, des dirigeants, des politiques du Hezbollah ? Vous n’avez pas répondu… Est-ce que vous pouvez juste clarifier ? Et sur la nature de cette médiation ou de cette facilitation, est-ce que vous avez des signaux concrets que les deux parties commencent à bouger dans le sens d’une désescalade ?
Et juste, dernier point sur le voyage : il était question à un moment d’aller au Qatar… Il ne va plus au Qatar ?

R - Non, à ce stade, non.
Alors sur les Houthis, je vous rappellerai les condamnations que nous avons formulées à plusieurs reprises contre les attaques des Houthis qui visent des navires commerciaux, qui portent atteinte aux droits et aux libertés de navigation.

Nous avons salué et soutenu le vote de la résolution 2722 du 10 janvier dernier, qui rappelle les principes de liberté de navigation dans les eaux internationales et qui rappelle aussi que les États ont, en accord avec le droit international, le droit de réagir à ces attaques. Nous continuerons à soutenir tous ces efforts en la matière. Je vous rappellerai d’autre part que lors du déplacement à New York du Ministre Stéphane Séjourné, il y avait eu un contact avec son homologue iranien.

Mais comme je vous l’avais précisé, l’objet de ce contact était aussi de rappeler aux Iraniens, enfin de les mettre en garde, contre toute forme d’escalade dans la région. Donc nous continuerons, en tout cas, à être un promoteur actif de la sécurité dans la mer Rouge. Nous avons déjà été militairement appelés à le faire, avec la frégate Languedoc qui a abattu des drones au mois de décembre. Mais nous continuerons à agir en ce sens, encore une fois, dans une perspective d’évitement d’un embrasement régional.

Sur la question que vous me posiez sur les quatre Français au Burkina Faso, je n’ai pas d’éléments nouveaux à vous apporter.

Et enfin sur le segment libanais du déplacement du Ministre, encore une fois, les messages que nous passons pour éviter l’escalade régionale sont des messages que nous passons à tout le monde, ce sont des messages qui sont publics. Donc tout le monde, tous les acteurs sont au courant de notre position, et je pense que le Hezbollah est parfaitement informé de nos positions.

Q - Et les contacts avec les Houthis ? Est-ce que vous avez des contacts directs avec les Houthis pour faire passer des messages ou pas du tout ?

R - À ma connaissance, non.

Q - Juste un tout petit follow-up à la question sur l’UNRWA. Je crois que l’agence a signalé ces derniers jours que, faute de subsides, étant donné les suspensions en série récentes, elle pourrait cesser ses activités dans la bande de Gaza en février. Est-ce que ça va obliger la France, éventuellement, à procéder à un paiement non prévu avant la fin du premier trimestre, et est-ce que vous y pensez, ou pas ?

R - Comme je vous le disais, nous sommes en lien étroit avec le commissaire général de l’UNRWA, Philippe Lazzarini. Nous lui avons apporté depuis le début de la crise tout notre soutien, comme à l’ensemble du système des Nations unies par ailleurs. Comme je vous le disais, nous n’avions pas de versement prévu au premier trimestre. Nous avons vu aussi que le secrétaire général des Nations unies a fait une réunion à New York la semaine dernière à ce sujet. C’est une agence qui est indispensable, à nos yeux, pour les populations civiles de Gaza – c’est la raison pour laquelle nous avons doublé notre soutien en 2023 -, et nous suivrons la situation avec beaucoup d’attention. Encore une fois, c’est une situation qui est suivie et une discussion qui est ouverte, mais nous resterons, et c’est ce que je vous disais lors de ma précédente réponse, nous resterons fermes sur la réponse que l’UNRWA apportera à la situation des agents incriminés dans une possible participation dans les attaques du 7 octobre. Nous resterons assez fermes et assez exigeants afin que toute la lumière soit faite sur ces agissements, et que des mesures soient prises par l’UNRWA.

Q – J’ai une question sur le Niger. Plusieurs compagnies aériennes ont décidé de ne plus embarquer de passagers français sur ordre, apparemment, des autorités nigériennes. Est-ce que vous avez des éléments d’information supplémentaires et quel est votre commentaire par rapport à ça ?

R - Nous n’avons pas eu de communication officielle de la part des autorités nigériennes sur cette situation. Nous n’avons pas eu d’éclaircissement et ils ne nous ont rien communiqué. Mais il va de soi que si de telles mesures avaient été prises, des mesures qui ne viseraient qu’une seule nationalité, ce serait des mesures visiblement grossièrement xénophobes. Mais nous n’avons pas eu de communication officielle des Nigériens.

Q - Mais de fait, plusieurs compagnies aériennes n’embarquent plus de passagers français.

R - Encore une fois, c’est difficile de vous répondre sans explication claire de la part des autorités nigériennes. Nous n’avons pas eu d’explication.

Q - Cette semaine, il y a eu pas mal de déclarations, tant d’Emmanuel Macron que des membres du gouvernement, sur la négociation des accords avec le Mercosur de l’Union européenne. Est-ce que vous pouvez nous préciser si la France demande spécifiquement que ces négociations soient coupées, ou n(a pas le pouvoir de le faire ? Et au-delà, est ce que cette position de la France peut, disons, avoir une conséquence négative - on comprend - sur les relations avec ces pays-là ? Il y a une visite du Président qui est prévue, je crois, au mois de mars. Est-ce qu’il y aurait une visite en éclaireur du Ministre pour mettre un peu d’huile dans cette relation ?

R - Je vous renvoie aux déclarations du Président de la République lors du Conseil européen qui s’est tenu hier à Bruxelles. En l’état actuel des textes et en l’état actuel de la négociation de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur, la France s’oppose et continuera à s’opposer à cet accord de libre-échange. La France n’est pas contre un accord de libre-échange sur le principe, simplement, elle pense qu’il faut que ce soit un accord de libre-échange équilibré dans l’ensemble de ses termes. Et nous avons tout particulièrement des exigences assez claires en termes de négociation : c’est le respect de l’Accord de Paris en matière de lutte contre le changement climatique, le respect des engagements que nous avons pris en matière de lutte contre la déforestation, des normes environnementales et sanitaires. Il s’agit pour nous d’une question de cohérence, à savoir que nous nous sommes engagés, lors de l’Accord de Paris et lors de différents engagements que nous avons pris au niveau international, pour obtenir des standards élevés sur toutes ces questions de respect, de lutte contre le changement climatique et de respect des normes environnementales, et nous ne pouvons pas descendre, ou en tout cas, nous ne pouvons pas signer un accord qui ne serait pas du même niveau en termes de standard sur ces normes.

Q - Sur la deuxième partie, est-ce qu’il est prévu une visite en éclaireur du Ministre ?

R - À ce à ce stade, non. Je pourrais vous répondre ultérieurement.