Q&R - Point de presse live (11 mai 2023)

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Q - D’abord sur la situation à Gaza et la conférence de presse en Allemagne. Mme la Ministre a salué le Forum de Aqaba ; or dans le Forum de Aqaba, les représentants palestiniens étaient surtout des représentants de M. Abbas, il n’y avait pas de représentants, ni du Hamas, ni du Jihad islamique. Est-ce possible d’arrêter le cycle de violence sans eux ? Ce n’est pas une question cynique. Et est-ce que la France est en contact avec des gens du Hamas ou/et du Jihad islamique ?

Et aussi sur un même sujet, il y avait hier : la France a convoqué avec, je crois que c’était la Chine et les Émirats, un meeting du Conseil de sécurité à New York. Il paraît que les États-Unis ont bloqué une déclaration commune après, qui aurait été très critique vis-à-vis d’Israël. Qu’est-ce que la France aurait aimé qu’il y ait dans cette déclaration qui était apparemment bloquée ? Et la Ministre a aussi parlé très brièvement, elle a dit, il y avait une question sur des rencontres mais elle n’est pas entrée dans le détail. Est-ce qu’elle a vu maintenant des homologues jordaniens et égyptiens ? Est-ce qu’elle a des plans, des intentions de se voir avec le ministre israélien et le ministre palestinien ? Est-ce qu’il y aura des déplacements prévus ou des conversations téléphoniques, ou quelque chose de ce genre ?

R - Je ne vais pas pouvoir commenter les propos de la Ministre, qui vient de s’exprimer longuement à ce sujet.

Q - Vous avez évoqué la question de sanctions, qui sera évoquée à Stockholm, les sanctions contre l’Ukraine.

R - Comme je l’indiquais, la Ministre vient de s’exprimer longuement à ce sujet, donc je ne vais pas revenir sur notre position sur le conflit israélo-palestinien. Elle a bien appelé à la baisse de l’escalade et à la restauration d’un horizon politique. Cet objectif, nous le poursuivons dans tous les formats, mais également, évidemment, au Conseil de sécurité des Nations unies. Et s’agissant des contacts, nous n’avons pas de contacts avec les groupes terroristes, tels que qualifiés par l’Union européenne.

S’agissant des sanctions, nous sommes effectivement entrés dans une phase de discussions sur le 11ème train de sanctions, dans le contexte de la guerre en Ukraine et visant à affaiblir l’appareil de guerre russe. Dans ce cadre-là, nous travaillons à des sanctions qui ne visent pas des pays tiers en particulier, mais qui visent l’effort de guerre de la Russie, et qui visent notamment le risque d’exportation des biens à double usage européens vers la Russie via des entreprises de pays tiers. La discussion est en cours à cet égard. Nous ne pouvons évidemment pas en donner les détails et elle se poursuivra. Ce sera effectivement un des sujets du Gymnich que de questionner et de discuter avec nos partenaires européens de cette question de contournement des sanctions.

Q - Vous êtes un peu sur tous les fronts concernant les sujets asiatiques cette semaine. Je vais faire rapide, mais est-ce que vous pourriez me dire quelques mots sur la rencontre entre le ministre chinois des affaires étrangères hier ? Est-ce qu’on assiste à une sorte de réchauffement des relations ? Et est-ce que vous avez abordé la question de la sécurité dans le détroit de Taïwan ?

Quelques mots aussi sur le dialogue 2+2 avec le Japon, parce qu’on a eu assez peu de détails. Est-ce que ça a été l’occasion de discuter des projets futurs, comme la situation a beaucoup évolué ? Est-ce que vous avez pu mentionner l’apaisement entre le Japon et la Corée par exemple ?

R - Sur la rencontre de la Ministre avec son homologue chinois, je vous renvoie à la déclaration que nous avons faite, cette nuit, qui s’inscrit dans la suite de la visite du Président de la République il y a désormais quelques semaines, en Chine, qui a permis d’évoquer à la fois les questions bilatérales avec les questions d’un agenda sur les mobilités, sur lequel il y a un groupe de travail qui est en place, dans le cadre duquel la discussion va se poursuivre pour une mobilité sans entraves entre les deux pays. Des questions sur les relations économiques, et notre souhait réitéré, que ces relations économiques se fassent dans un cadre équilibré et conforme aux intérêts de chacun des pays et à la souveraineté de chacune des zones géographiques. Cela a été également l’occasion de poursuivre nos échanges sur les enjeux globaux, avec notamment des points de convergence et de connexion à trouver entre les efforts faits par la Chine sur la COP15 et notre ambition dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur les océans qu’accueillera la France, avec le Costa Rica, en 2024. Nous avons également traité des crises internationales : donc l’Ukraine a été évidemment à l’ordre du jour de cet entretien. Cela a été l’occasion pour la Ministre de rappeler également notre position sur Taïwan. Je vous renvoie donc vers la déclaration et le communiqué qui a été émis ce matin très tôt.

Sur le 2+2, ça a été effectivement l’occasion pour les quatre ministres, en ce début de semaine, de réaffirmer l’importance du partenariat d’exception franco-japonais. Vous savez que nous célébrons le dixième anniversaire de ce partenariat ; un partenariat qui repose sur des valeurs partagées et sur une ambition commune de renforcer encore la relation bilatérale sur les questions maritimes, mais également de renforcer notre dialogue maritime global avec ce pays. Cela a été l’occasion de parler des crises dans la région, ainsi que de la guerre en Ukraine.

Plus précisément, sur la question du Japon et de la Corée, nous saluons le souhait de la République de Corée et du Japon d’ouvrir un nouveau chapitre de leur relation bilatérale. Le Japon et la Corée du Sud sont deux grandes démocraties, sont deux pays amis et des partenaires prioritaires pour la France dans l’espace indopacifique. Cette dynamique positive contribue, de notre point de vue, à la stabilité et à la paix dans la région.

Q - Bonjour, Madame la Porte-parole, j’aurais deux questions sur le Liban, mais brèves. La première concernant le blocage que tout le monde connaît et… Il s’agit d’envisager, si c’était possible, un contact ou des contacts avec la société civile, la classe politique étant ce qu’elle est. Est-ce qu’il est possible, ou est-ce que quelqu’un en France, grande amie du Liban, a envisagé de prendre contact avec la société civile, qui est transcommunautaire et qui contient des élites intéressantes ? La deuxième question : malgré votre déclaration sur le fait que vous n’avez pas de candidat, cette rengaine de Sleiman Frangié est encore en cours. Est-ce qu’il s’agit de médias, de manoeuvres de médias, ou est-ce qu’il reste encore en France une possibilité ou des préférences ou des personnes qui préfèrent ce candidat ?

R - J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer à plusieurs reprises à ce sujet et à la position de la France à cet égard est constante et elle est bien connue : le blocage institutionnel actuel, qui est alimenté par une vacance présidentielle depuis maintenant sept mois, participe à aggraver la grave crise que connaît le Liban et dont souffre la population libanaise au premier chef. Il y a en effet urgence à ce qu’un Président de la République soit élu, urgence à ce qu’un Premier ministre soit désigné et urgence à ce qu’un gouvernement de plein exercice puisse engager les réformes dont le Liban a besoin pour redresser sa situation, mais aussi pour assurer sa stabilité ainsi que la prospérité de tous les Libanais. C’est dans ce cadre et en concertation avec tous nos partenaires et toutes les parties que la France poursuit ses efforts pour que les députés et les acteurs politiques libanais à qui incombe la responsabilité de cette élection s’engagent, enfin, à trouver une solution consensuelle, dans le respect des accords de Taef et en tenant compte de la réalité du Parlement tel qu’il a été élu par les Libanais il y a un an.

Vous évoquez la société civile : c’est évidemment le travail au quotidien et de tout temps de notre ambassade que d’être en contact avec la société civile, sur toutes les questions qui importent à notre relation bilatérale.

Q - Bonjour. J’ai une première question sur le Soudan. Ce jeudi, le Haut-Commissaire aux droits de l’Homme a appelé les pays à faire pression par tous les moyens possibles pour résoudre la crise qui touche le pays. Quel regard portez-vous sur l’évolution de la situation sur place ? La France intervient-elle auprès des belligérants pour tenter de mettre fin aux combats ? Ça, c’est ma première question. La seconde, sur Haïti : mardi, à l’occasion de la Journée de l’Europe, les diplomates européens encore présents à Port-au-Prince, dont l’ambassadeur de France, Fabrice Mauries, ont convié des membres du gouvernement haïtien et des représentants de la classe politique du pays à un cocktail. Parmi ces invités, l’ancien Président Jocelerme Privert et l’ex-Premier ministre Jean-Henry Céant. Or tous deux ont été sanctionnés récemment par les États-Unis et le Canada pour financement présumé des gangs armés qui sèment la terreur dans la capitale et dans le reste du pays. La France estime-t-elle que, pour sortir de la crise haïtienne, il faut obtenir le soutien d’anciens responsables politiques haïtiens accusés par le Canada et les États-Unis de liens directs avec les gangs armés ?

R - Sur le Soudan, notre préoccupation est majeure, du fait de la dégradation de la situation, qui fait suite à la poursuite des violences, et il y a eu, vous le savez, toute une série d’appels au cessez-le-feu. À ce stade, tous ces cessez-le-feu et ces appels à la trêve ont malheureusement été violés. Notre appel reste clair, il reste constant : consolider un cessez-le-feu est absolument indispensable dans le plus court délai, pour permettre à la fois de protéger les populations civiles et d’assurer la sécurité du peuple soudanais, avant de pouvoir envisager une sortie de crise politique, que nous appelons de nos voeux.

Dans ce contexte-là, notre ambassadrice, comme vous le savez, a repris son travail dans le cadre d’une Task Force qui s’est réunie à Paris. Elle poursuit évidemment les contacts diplomatiques qui sont les nôtres depuis le début de la crise, pour faire en sorte que les deux parties cessent les combats sur le terrain. Par ailleurs, nous soutenons tous les efforts en cours en ce sens, qu’il s’agisse des partenaires régionaux ou de nos partenaires internationaux.

Vous évoquez le HCR ; je voyais à l’instant que notre représentant permanent à Genève auprès des Nations unies apportait son soutien publiquement à une résolution qui appellerait à une cessation des combats immédiate - et donc réitérait, y compris dans cette enceinte, l’appel qui est le nôtre à la cessation des combats. Je tiens à souligner, par ailleurs, qu’au-delà de ce travail politique et diplomatique, la France travaille d’ores et déjà avec les ONG sur le terrain et agences des Nations unies, via les canaux multilatéraux et via les ONG qui ne sont pas encore présentes au Soudan, pour apporter une aide humanitaire au peuple soudanais, au Soudan, puisque vous savez que près de 700.000 Soudanais sont aujourd’hui déplacés, mais également dans les pays avoisinants, puisque les Nations unies évoquent aujourd’hui 150.000 réfugiés qui ont déjà franchi les frontières du Soudan avec les pays voisins. Notre aide se porte à la fois à l’intérieur du pays et auprès de ces pays voisins pour répondre aux besoins de première nécessité des Soudanais.

S’agissant d’Haïti, notre préoccupation là-dessus est très grande également ; j’avais eu l’occasion de m’exprimer la semaine dernière à cet égard. Vous savez que nous avons, avec les autres membres du Conseil de sécurité des Nations unies, adopté le 8 mai une déclaration pour rappeler à la fois notre préoccupation, condamner l’escalade des violences, condamner tout particulièrement les gangs, et appeler à un rétablissement de la sécurité en Haïti mais également à un rétablissement de la justice et la nécessité de lutter contre les exactions et les violences auxquelles se livrent ces gangs. C’est une priorité de la France. C’est dans ce cadre-là que nous soutenons la police nationale haïtienne, et vous savez que nous avons récemment renforcé notre soutien à la police haïtienne face à ces violences qui s’aggravent. Dans ce contexte-là, je n’ai pas de commentaire à faire sur cette réception, dont je n’ai pas le détail, et nous pourrons revenir vers vous sur ce sujet si vous le souhaitez.

Q - Bonjour, l’Assemblée nationale française a récemment voté une résolution appelant le gouvernement français à se mobiliser diplomatiquement pour que le groupe paramilitaire Wagner soit inscrit à la liste des organisations terroristes de l’UE. Avez-vous engagé, ou projetez-vous d’engager des efforts diplomatiques en ce sens ? Et en lien avec cette question, le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, a lié cette résolution au fait que son groupe, au fait avéré ou non, que son groupe nuit aux intérêts français, notamment en Afrique. Puis-je avoir votre réaction s’il vous plait ?

R - À cet égard la Ministre a eu l’occasion de s’exprimer devant l’Assemblée nationale, en soulignant que les exactions du groupe Wagner ne pouvaient en effet rester sans réponse. Vous savez que nous avons depuis décembre 2021 adopté toute une série de sanctions à différents titres contre le groupe Wagner, au titre notamment du régime droits de l’Homme de l’Union européenne, puisque le groupe Wagner s’est rendu coupable de nombre d’exactions, de pillages, de prédations, dont les rapports des Nations unies ont pu documenter le détail dans un certain nombre de pays, à commencer par la Centrafrique, le Mali, mais bien évidemment en Ukraine également. On voit que ces exactions sont le fruit d’une doctrine qui vise à instaurer le régime de terreur, et dans ce cadre-là, il n’y a pas de tabou, comme l’a dit la Ministre sur cette question des désignations. Je n’ai pas, à ce stade, d’éléments à faire état sur la poursuite de nos efforts en ce sens, mais vous savez que nous continuons à discuter dans les enceintes européennes sur les questions de sanctions applicables au groupe Wagner, y compris au titre des autres régimes déjà existants.

S’agissant des propos de M. Prigojine, je ne vais pas les commenter, je pense que plus personne ne prête attention aux types d’élucubrations dont M. Prigogine est tout à fait coutumier.

Q - Avez-vous un commentaire sur la décision de la Ligue arabe de réintégrer le régime syrien au sein de la ligue ? Les États-Unis ont dénoncé cette décision ; quelle est la position de la France là-dessus ?

R - Nous avons déjà eu l’occasion de nous exprimer à de multiples reprises sur la Syrie et sur les conditions d’une éventuelle normalisation. Vous savez que pour la France, il ne saurait y avoir de retour durable à la stabilité en Syrie et dans la région sans une solution politique qui réponde aux aspirations légitimes de tous les Syriens et leur permette de vivre en paix dans leur pays. Ce propos est tenu sur les bases d’une résolution, la résolution des Nations unies 2254, qui est notre cadre commun d’une résolution de la crise syrienne. Par ailleurs, nous avons pu noter que la Ligue arabe avait des attentes supplémentaires, en termes de retour des réfugiés et de lutte contre le trafic de drogue. Or, force est de constater, que ce soit sur le plan politique ou sur ces demandes supplémentaires, qu’aucun progrès n’a été noté de la part du régime de Damas qui est enfermé dans une logique d’intransigeance. De notre côté, nous demeurons engagés sur ces mêmes bases.