Q&R - Point de presse live (4 mai 2023)

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Q - Moscou accuse Washington d’avoir donné l’ordre à Kiev de s’attaquer, d’être responsable de l’attaque sur le Kremlin. Quelle lecture faites-vous, la France, de ces accusations russes ? Pour prolonger ma question, est-ce qu’il y a eu récemment des contacts avec la Russie, ou bien les contacts sont toujours au point mort entre la France et la Russie ? Merci.

R - Merci pour cette question, sur laquelle je vous renvoie à l’expression qu’a eue Mme Colonna ce matin sur France Inter : elle a rappelé que les Ukrainiens avaient démenti toute implication dans cet événement qui reste inexpliqué et qui, à ce stade, n’a pas fait l’objet de clarifications. Je n’ai pas de commentaire supplémentaire à faire, sauf que nous prenons avec une bonne dose de prudence les déclarations qui viennent de Moscou et qui accusent nos partenaires de quelconque fait.

S’agissant des contacts avec la Russie, vous le savez, notre position là-dessus est constante : nous considérons que le maintien de la possibilité de canaux ouverts est important et sera indispensable dans la perspective où nous pourrions entrer dans des négociations. Nous savons qu’à ce stade, malheureusement, les conditions ne sont pas réunies sur le terrain, et je crois que l’escalade, avec les frappes que je viens de mentionner contre des infrastructures civiles, vient montrer à quel point la Russie maintient ses buts de guerre totale contre l’Ukraine, sans parler des déclarations escalatoires de M. Medvedev ce matin.

Q - Vous avez mentionné une conversation téléphonique entre la ministre Mme Colonna et son homologue jordanien, mardi, est-ce que vous pourriez élaborer un peu le sujet qui était discuté ? Et je n’ai pas tout à fait compris, c’est sûrement moi, le 11 mai, à Berlin, est-ce que les ministres et d’autres personnalités jordaniennes et égyptiennes sont sur place pour cette discussion avec l’homologue allemand sur le sujet du Proche-Orient ? Et après, j’aimerais avoir votre commentaire sur des incidents. D’abord la saisie par l’Iran de pétroliers dans le détroit d’Ormuz, est-ce que vous pourriez commenter sur ça ? Et est-ce que vous pouvez commenter aussi sur les tirs de roquettes de Gaza ? 104 roquettes étaient tirées vers Israël dans la nuit entre mardi à mercredi.

R - S’agissant du 11 mai, il s’agit en effet d’un entretien de Mme Colonna avec ses homologues allemande, jordanien et égyptien, dans le format qui a été appelé communément de Munich ou d’Amman. Il s’agira d’évoquer la situation en ce moment au Proche-Orient et de travailler à ce qui est notre objectif, comme vous le savez, la relance d’un dialogue qui permette de redonner une perspective politique dans le cadre de ce conflit, puisque la position de la France est inchangée : la seule voie en la matière est une négociation menant à un État palestinien viable, dans des frontières sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale et vivant dans la paix et la sécurité avec Israël. Ce sera l’objet des discussions qui se tiendront le 11 mai et auxquelles participera Mme Colonna. Cette question du Proche-Orient a évidemment été à l’ordre du jour de la conversation téléphonique avec son homologue jordanien, de même que les autres développements dans la région. Je n’ai pas davantage de commentaires à faire sur le contenu.

S’agissant des incidents, dont vous avez fait la mention, et de l’accroissement des tensions au Proche-Orient, la France a marqué sa préoccupation sur la poursuite des tensions. Nous condamnons fermement les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza, qui ont fait plusieurs blessés en territoire israélien, et nous rappelons le droit d’Israël à se défendre en la matière, dans le respect du droit international humanitaire et d’un usage proportionné de la force. La France appelle toutes les parties à respecter la trêve qui est entrée en vigueur le 3 mai grâce, comme vous le savez, aux efforts de médiation menés par l’Égypte, avec le soutien du Qatar et des Nations unies. Nous appelons toutes les parties à éviter toute mesure susceptible de conduire à une nouvelle escalade dans la région.

Q - et sur l’Iran ?

R - Nous marquons notre profonde préoccupation, s’agissant de la saisie, en moins d’une semaine, par la marine iranienne, de deux navires commerciaux dans les eaux du Golfe. Nous appelons l’Iran à libérer immédiatement les pétroliers saisis dans le Golfe ainsi que leurs équipages et à respecter le droit international. L’Iran doit cesser ses activités déstabilisatrices, dans les eaux du Golfe comme ailleurs dans la région. Et nous rappelons notre attachement, l’attachement de la France au respect du droit international, y compris coutumier, de la mer.

Q - Bonjour, j’ai deux questions. D’abord, sur Mayotte : dix jours après le début de l’opération Wuambushu à Mayotte, elle est suspendue jusqu’à nouvel ordre. Comment se positionne Paris ? Est-ce qu’il y a des discussions prévues ou en cours avec les autorités des Comores ? Ensuite, deuxième question concernant Haïti et le mouvement « Bwa kale » de traque de présumés bandits qui prend de l’ampleur là-bas. Le ministère des affaires étrangères dénonce le blocage de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU pour une action de communauté internationale. Est-ce que la France a, elle, vocation à agir dans ce dossier ?

R - S’agissant de Mayotte, vous savez que la Ministre a eu l’occasion de s’exprimer mardi à l’Assemblée nationale, en séance des questions au Gouvernement (QAG). Elle a marqué clairement notre position. Il y a eu plusieurs expressions du Gouvernement, donc je vous renvoie à ces expressions, qui sont revenues très largement sur cette situation.

Sur Haïti, c’est une préoccupation, et une préoccupation prioritaire pour la France. Nous faisons face en Haïti à une profonde crise politique et sécuritaire, qui a de graves conséquences sur la population, et qui par ailleurs entrave l’accès humanitaire, dans un contexte économique et social de plus en plus dégradé. La France est mobilisée, avec le reste de la communauté internationale, tant sur les volets sécuritaire et politique qu’humanitaire. Selon le réseau national de défense des droits humains en Haïti, les groupes criminels contrôleraient toute la capitale. Et c’est dans ce contexte que nous avons donné la priorité au rétablissement de la sécurité et accru fortement notre soutien à la Police nationale haïtienne. Il importe que la résolution 2653 du Conseil de sécurité soit mise en œuvre. Vous savez qu’elle a instauré un régime de sanctions qui cible les personnes impliquées dans des activités criminelles. Nous travaillons par ailleurs à l’adoption d’un cadre européen de sanctions qui viendraient compléter ces sanctions onusiennes. Voilà pour le volet sécuritaire de cette crise.

Par ailleurs, nous avons évidemment une mobilisation sur les questions de dialogue politique. Il y a eu un accord le 21 décembre 2022. Il s’agit maintenant pour les acteurs politiques haïtiens de revenir à ce dialogue, pour nommer rapidement un conseil électoral provisoire qui permettra enfin d’avancer vers des élections.

Sur le volet humanitaire, sur lequel la France est également mobilisée, nous avons augmenté notre aide humanitaire, qui s’élève pour 2023 à 9 millions d’euros, dont 5,5 millions d’aide alimentaire, qui est particulièrement critique dans la situation. Nous travaillons par ailleurs sur les questions sanitaires, avec un accroissement de notre aide en matière de lutte contre le choléra, qui sévit aussi en Haïti.

Vous le voyez, la mobilisation de la France sur ce dossier est totale, et concerne la totalité de ces aspects.

Q - Concernant le 2+2 avec le Japon qui est prévu le 9 mai, quelques questions : est-ce qu’on peut savoir à quelle heure commence la vidéoconférence ? Et est-ce que vous prévoyez de donner un communiqué ensemble, après ? Et est-ce que la discussion sera concentrée autour de la stratégie Indopacifique ? Est-ce qu’il y aura des discussions pour les sanctions envers la Russie ?

R - Je n’ai pas l’horaire précis du dialogue 2+2, mais nous pourrons revenir vers vous. Les questions porteront, comme je l’indiquais, principalement sur les questions bilatérales, de renforcement de notre coopération en matière de sécurité et de défense, dans le cadre du partenariat d’exception et de son dixième anniversaire. Mais évidemment, ce sera l’occasion de traiter de toutes les questions, à la fois régionales et des stratégies Indopacifique, mais aussi des conflits et des foyers de tension en Asie et en Europe, avec évidemment un focus sur la guerre en Ukraine.

On reviendra vers vous sur les horaires, et il y aura un communiqué à l’issu de cette rencontre qui permettra d’en donner les principales conclusions.

Q - Je voudrais d’abord revenir sur les déclarations du Président Macron à propos de Taïwan à son retour de Chine. Est-ce que cela marque une volonté d’affranchissement de la France dans ses relations avec Washington, ou comme le disent certains spécialistes, un défi lancé par la France à Washington ? Et toujours en lien avec les États-Unis, interrogé hier par la Commission parlementaire d’enquête sur les ingérences étrangères, l’ancien Premier ministre François Fillon a déclaré que l’ingérence la plus fréquemment constatée dans les affaires internes à la France provenait des États-Unis, François Fillon rappelant notamment les écoutes du Premier ministre et du Président français par la NSA. Quels sont vos commentaires ?

R - Sur la Chine et Taïwan, nous avons abondamment eu l’occasion de commenter ce point, l’alliance avec les États-Unis est, vous le savez, un des piliers de la sécurité européenne, notamment dans le cadre de l’OTAN. Elle n’empêche pas de développer une souveraineté et une autonomie européenne. Il s’agit pour les Européens de développer une maîtrise de leur destin, notamment s’agissant de la situation dans l’Indopacifique.

S’agissant des déclarations du Premier ministre Fillon, je n’ai pas de commentaire à faire sur une déclaration de cette nature.