Q&R - Point de presse live (1er juin 2023)

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Questions / réponses

Q - J’ai deux questions. Sur le Liban : Emmanuel Macron a rencontré cette semaine le patriarche et je voulais savoir si vous aviez des éléments autres que ceux que l’Élysée a communiqués et quelle était la position de la France sur un éventuel soutien à des candidats dont les noms circulent. On a beaucoup parlé de M. Frangié, mais il y a aussi nouveau nom, dont certaines sources libanaises nous font part, qui serait Jihad Azour, qui travaille actuellement au FMI. Et la seconde question concerne… C’est un petit peu un follow-up à ce qu’a dit M. Macron, hier, concernant les garanties de sécurité à l’Ukraine. Il a évoqué un scénario qui serait entre, je cite, « la garantie de sécurité à Israël, sous-entendu : par les États-Unis, et l’adhésion à l’OTAN. » Est-ce que vous auriez des éléments sur ce que pourrait être cette troisième voie pour offrir des garanties à l’Ukraine ? Concrètement, de quoi il s’agit ?

R - Je commence par le Liban. Vous savez que le Président de la République a, de fait, rencontré le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, le 30 mai dernier. Il ont eu l’occasion, à cet égard, de partager leur vive préoccupation face à la crise politique que connaît, que traverse le Liban et l’importance de trouver une issue au blocage politique actuel, qui constitue un obstacle, notamment aux réformes indispensables à une sortie de crise que demandent avidement les Libanais. Ils se sont accordés sur la nécessité qu’un président soit élu sans délai. Et vous savez que le Président a rappelé, à cette occasion, que la France avait des liens profonds avec les Chrétiens du Liban et rappelé évidemment leur place centrale dans l’équilibre confessionnel et institutionnel du pays.

S’agissant de l’élection présidentielle, comme le Président l’a rappelé, le blocage institutionnel doit être levé et il est de la responsabilité des députés et acteurs politiques libanais qu’un Président de la République soit élu, qu’un Premier ministre soit désigné et qu’un gouvernement de plein exercice permette au Liban d’engager les réformes et de répondre à tous les enjeux qui mettent en cause aujourd’hui la stabilité et la prospérité de ce pays et du peuple libanais. Voilà, je n’ai pas plus de commentaires à faire là-dessus.

Q – Et sur le candidat ?

R - Pas plus de commentaires à faire là-dessus. On a déjà eu l’occasion de s’exprimer à de nombreuses reprises.

Sur les garanties de sécurité, le Président de la République a eu l’occasion de s’exprimer très longuement hier. La Ministre est aussi revenue sur ce sujet ce matin, en amont de la ministérielle de l’OTAN. Vous avez entendu le Président, il s’agit, pour nous, de nourrir une discussion en amont du sommet de Vilnius pour garantir, pour apporter des garanties de sécurité à l’Ukraine qui soient des garanties de sécurité tangibles et crédibles, pour deux raisons, qu’a soulignées le Président de la République hier à GLOBSEC. Pour la première raison qui est qu’aujourd’hui c’est l’Ukraine qui protège la sécurité de l’Europe et qui apporte de facto, à travers le combat qu’elle mène extraordinairement et courageusement, des garanties de sécurité à l’Union européenne et à tous les membres de l’Union européenne. Par ailleurs, le Président de la République soulignait que le fait que l’Ukraine soit aujourd’hui dotée d’une grande quantité d’armements, du fait du soutien que nous lui apportons, présentait aussi l’intérêt de l’inclure dans des garanties de sécurité crédibles, dans un cadre multilatéral. Le Président a souligné l’importance de pouvoir inclure l’Ukraine dans un débat stratégique de sécurité et dans une architecture de sécurité crédible à l’échelle du continent européen. Ces discussions se poursuivent aujourd’hui à l’OTAN ; la Ministre est donc en discussion avec les partenaires de l’Alliance pour avancer dans cette discussion et elle va se poursuivre jusqu’au sommet de Vilnius en juillet. Donc il n’est pas aujourd’hui dans mes compétences de pouvoir élaborer sur les différentes options qui sont évoquées.

Q - Une question s’il vous plaît sur le rapport d’hier de l’Agence internationale de l’énergie atomique et sur l’Iran. Si vous le permettez, je vais lire une petite phrase en anglais : « Iranian stockpile of enriched uranium had reached more than 23 times the limit set out in the JCPOA. » Est-ce que vous pourriez commenter ça ? Est-ce que, pour vous, les Iraniens sont encore des partenaires fiables ? Est-ce qu’on peut encore espérer discuter avec eux de quelque chose ?

R - Nous avons en effet pris connaissance du rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Ces rapports font état d’une poursuite de l’escalade nucléaire extrêmement préoccupante de la part de l’Iran et d’une coopération que nous jugeons encore très insatisfaisante avec l’Agence internationale de l’énergie atomique pour mettre en oeuvre les engagements pris par l’Iran à coopérer. Ces engagements, dont je vous rappelle qu’ils ont été pris le 4 mars dernier en matière de surveillance et de garantie. Donc toutes ces questions seront abordées à l’occasion du conseil des gouverneurs de l’agence qui se tiendra la semaine prochaine, le 5 juin. Et vous savez que nous demeurons, la France et nos partenaires, pleinement mobilisés pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. Nous nous coordonnons avec nos partenaires internationaux sur la meilleure façon de répondre à cette escalade extrêmement préoccupante, et pour trouver une solution diplomatique à cette situation.

Q - J’ai deux questions, s’il vous plaît. La semaine dernière, votre homologue russe a fait référence à l’usage fait par les forces de l’ordre françaises vendredi dernier de gaz lacrymogènes contre des militants pour le climat qui manifestaient près du bâtiment où se tenait l’assemblée des actionnaires de TotalEnergies. En réaction à cet usage de force, Mme Zakharova a estimé que la France n’a le droit de critiquer aucun pays pour non-respect des droits de l’Homme et recul des libertés et des libertés démocratiques. Elle a ajouté quelques autres commentaires ; quelle est la réaction du Quai d’Orsay à cette déclaration de madame Zakharova ?

Et la deuxième question, je voudrais avoir s’il vous plaît votre réaction sur l’issue du second tour de l’élection présidentielle en Turquie dimanche dernier et l’avenir des relations bilatérales avec ce pays ?

R - S’agissant de l’élection présidentielle en Turquie le Président de la République a eu l’occasion de s’exprimer et également de s’entretenir avec le président turc depuis sa réélection. Il a mentionné les immenses défis que la France et la Turquie avaient à relever ensemble, et parmi ces défis, au premier chef, le retour à la paix en Europe, l’avenir de l’alliance euro-atlantique, ainsi que les défis auxquels nous faisons face en mer Méditerranée. Le Président de la République a félicité le président Erdogan pour sa réélection et indiqué notre volonté de continuer à avancer dans cette relation. Ces sujets ont été abordés lors de l’entretien entre le Président de la République et son homologue turc, et ils sont convenus de se rencontrer prochainement. Voilà pour votre question sur l’élection en Turquie.

S’agissant des déclarations de Mme Zakharova nous sommes habitués à des déclarations sans fondement. Mme Zakharova est très mal placée pour parler des droits de l’Homme quand des mandats d’arrêt ont été émis contre des responsables russes pour des crimes de guerre, voire des crimes contre l’humanité.

Q - J’ai trois petites questions, d’abord sur le Kosovo. J’aimerais avoir quelques précisions là-dessus. Vous avez pointé hier la responsabilité des autorités kosovares, est-ce que vous pourriez éclaircir ce point ?

Concernant le Sénégal, Ousmane Sonko vient d’être condamné, il y a quelques minutes, à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse. L’opposant a toujours dénoncé un complot pour l’écarter de la présidentielle prévue en février 2024. Comment est-ce que vous réagissez à cette annonce ? Et par ailleurs comment est-ce que vous réagissez à l’hypothèse d’une candidature du président Macky Sall à un troisième mandat ?

Et la dernière question : quel regard est-ce que vous portez sur ce projet de mission africaine de paix entre l’Ukraine et la Russie, mission qui pourrait être montée par six pays du continent africain ?

R - Merci pour toutes ces questions. Je vais commencer par le Kosovo. La ministre a à nouveau eu l’occasion de s’exprimer ce matin sur la situation préoccupante au Nord-Kosovo, qui mérite en effet que les deux parties soient appelées à la responsabilité et s’abstiennent de tout acte qui pourrait alimenter les tensions. Vous avez noté que nous avions en effet pointé la responsabilité de la partie kosovare, et il est de notre analyse que le résultat des élections ne pouvait pas constituer une solution politique à long terme pour les municipalités concernées. C’était la raison pour laquelle nous avions appelé à appliquer l’accord d’Ohrid et à travailler, y compris avec les communautés locales, vers une solution qui permette un progrès pour établir l’Association/Communauté des municipalités à majorité serbe. Ce dialogue va se poursuivre aujourd’hui, en marge de la Communauté politique européenne, à Chisinau. Nous espérons que ce sera l’esprit de responsabilité qui prévaudra de part et d’autre.

S’agissant du Sénégal, comme les autres partenaires du Sénégal, vous savez que la France est attachée au respect des acquis démocratiques du Sénégal et du principe de l’État de droit. À ce titre, je peux exprimer notre préoccupation face à des violences qui peuvent menacer ces acquis. Nous faisons valoir, à chaque occasion, cet attachement à tous nos interlocuteurs sénégalais, et nous échangeons à ce sujet avec l’ensemble des acteurs de la classe politique sénégalaise.

S’agissant de la mission africaine de paix, en effet, nous avons pris connaissance des propositions faites en ce sens, notamment par l’Afrique du Sud. Vous savez que la Ministre a pu s’entretenir avec son homologue, il y a encore quelques jours, puisque Mme Naledi Pandor était à Paris, vendredi dernier. La Ministre a eu l’occasion de dire à Mme Naledi Pandor ce que nous indiquons à d’autres partenaires : que tout effort en faveur d’une paix juste et durable, qui respecterait l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine, est le bienvenu. Les deux ministres ont eu l’occasion d’échanger sur leur analyse de la situation, et la Ministre de revenir sur les responsabilités de chacun, à savoir la Russie qui est l’agresseur et qui viole de façon flagrante le droit international, dans le cadre d’une agression caractérisée par la Cour internationale de justice (CIJ), et un agressé, qui est l’Ukraine, qui aujourd’hui exerce son droit à la légitime défense, et nous le soutenons en ce sens.

Je voudrais à ce sujet revenir sur un point qu’a fait le Président de la République à GLOBSEC. Il l’avait déjà fait au G7 d’Hiroshima, et c’est le message que nous passons à tous nos partenaires, qui sont engagés dans des efforts de paix : la paix ne saurait être une transformation de la situation en conflit gelé. La paix durable ne peut venir que du principe du respect du droit international, du fait que la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine soient à son fondement. Cela ne saurait donc être un cessez-le-feu qui, malheureusement, ne pourrait mener qu’à la réitération des épisodes que nous avons vus, ces quinze dernières années, puisque le Président de la République a rappelé que l’agression contre l’Ukraine, que nous connaissons en ce moment, vient à la suite d’agressions précédentes sur la Crimée et contre la Géorgie.