50e anniversaire de la Francophonie (20 mars 2020)
La Francophonie multilatérale célèbre en 2020 son 50ème anniversaire. Elle est née le 20 mars 1970, date de la signature de l’accord donnant naissance à l’Agence de coopération technique et culturelle, devenue en 2005 l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Les célébrations du Cinquantenaire à travers le monde entier, sont l’occasion de remettre la Francophonie multilatérale et la langue française à l’honneur.
Un projet politique
A la fin des années 1960, les pères fondateurs de la Francophonie institutionnelle que sont Léopold Sédar Senghor (Sénégal), Habib Bourguiba (Tunisie) Hamani Diori (Niger), ainsi que le Prince Norodom Sihanouk (Cambodge) ont développé un projet bâti sur la langue française comme outil au service de la solidarité, du développement et du rapprochement entre les peuples.
Le 20 mars 1970, sur les berges du Niger, était signé le traité de Niamey, qui marqua la création de l’Agence de coopération culturelle et technique (ACCT). C’est l’aboutissement du projet de création d’une « communauté organique de la francophonie » (pour reprendre l’expression de Léopold Sédar Senghor) qui rassemblerait tous les pays francophones, notamment ceux d’Afrique.
La France fut dès l’origine associée à ce projet et faisait partie des 21 États et gouvernements signataires de la convention portant création de l’ACCT, cette nouvelle organisation intergouvernementale fondée sur le français et dont la mission était de promouvoir et diffuser les cultures de ses membres et d’intensifier la coopération culturelle et technique entre eux.
Le projet francophone a depuis évolué. En effet, la Francophonie multilatérale a su se doter des outils nécessaires à son adaptation aux enjeux du monde contemporaine. Elle s’est également structurée et modernisée. Pour être plus conforme à la dimension politique qu’elle a acquise au fil des années, la Francophonie s’est dotée d’un poste de Secrétaire général, clé de voûte du système institutionnel francophone et d’une Charte, principal texte de référence de l’Organisation. Le premier Secrétaire général est élu au Sommet de Hanoï (Vietnam) en 1997, en la personne de Boutros Boutros-Ghali, ancien Secrétaire général des Nations unies – il occupera ce poste jusqu’en 2002.
La Francophonie est aujourd’hui devenue un acteur multilatéral important et un modèle de diversité.
Se doter des structures nécessaires pour répondre aux grands défis de la Francophonie
La Francophonie, depuis l’adoption de la Charte de Hanoï en 1997, c’est notamment un Sommet qui rassemble tous les États et gouvernements membres une fois tous les 2 ans et un Secrétaire général élu ou une Secrétaire générale élue tous les 4 ans.
La Secrétaire générale est Louise Mushikiwabo, élue en 2018 à Erevan et le prochain Sommet, se tiendra en décembre 2020, à Tunis. Il aura pour thème « Connectivité dans la diversité : le numérique vecteur de développement et de solidarité dans l’espace francophone “. »
La Francophonie, ce sont aussi 4 opérateurs, qui l’aident à mettre en œuvre ses missions :
- TV5Monde
- Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), premier réseau d’universités francophones au monde, avec près d’un millier de membres
- L’Université Senghor d’Alexandrie
- Association Internationale des Maires Francophones (AIMF)
L’action de ces 4 opérateurs est épaulée par celle des différentes institutions membres de la famille francophone :
- L’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF)
- Les seize réseaux institutionnels de la Francophonie
- Les conférences ministérielles permanentes (CONFEJES, CONFEMEN)
- La Conférence des OINGs de la Francophonie.
Le Cinquantenaire de la Francophonie, une occasion de réfléchir collectivement à son avenir
Célébrer la Francophonie, ce n’est pas uniquement rappeler son histoire, c’est aussi penser son avenir.
La Francophonie s’est fixée de nombreux défis à relever :
La promotion de la langue française et du plurilinguisme
Il s’agit de défendre une image moderne et décomplexée de la langue française, en participant aux changements d’échelle et en soutenant les systèmes éducatifs, en accompagnant la transformation digitale des sociétés, en renforçant la place du français dans les organisations internationales (en particulier l’Union européenne).
La mission politique
L’objectif est de faire grandir la communauté politique francophone et lui donner un nouveau souffle, en renforçant la solidarité au sein de notre communauté et en parlant d’une seule voix sur la scène internationale. La solidarité dans l’égalité entre tous les Etats et gouvernements membres est une valeur cardinale qui doit s’exprimer face aux crises que nous traversons. La Francophonie s’est à ce titre engagée à être plus active sur le terrain de la prévention et de la résolution des conflits.
Égalité femmes-hommes
Lors du dernier Sommet de la Francophonie à Erevan en 2018, une stratégie en faveur de l’Egalité Femmes-Hommes a été adoptée. Elle marque l’engagement de la Francophonie pour un avenir qui ne saurait se construire sans les femmes. La Francophonie, c’est désormais aussi, et avant tout, la lutte pour la reconnaissance des droits des femmes, pour la fin des violences à leur encontre, pour leur accès à une formation et une éducation de qualité, pour leur entrée dans le monde du travail et de l’entreprenariat, et pour leur autonomisation politique et institutionnelle.
La jeunesse
En 2014, la Francophonie s’est dotée d’une stratégie jeunesse pour la période 2015-2022. En 2060, plus de 700 millions d’êtres humains vivront dans des pays francophones. Les 3/4 d’entre eux auront moins de trente ans et vivront en Afrique. Mais cette jeunesse, plus qu’un défi, constitue le principal atout de la Francophonie : son investissement dans des organisations, associations et mouvements alternatifs, son dynamisme, son engouement pour les technologies de l’information et de la communication, sa soif de projets novateurs, méritent d’être soutenus et encouragés. C’est cette jeunesse qui constitue le vivier des acteurs de demain. Afin de permettre son épanouissement dans les meilleures conditions possibles, la Francophonie investit dans l’éducation, dans l’emploi, la santé et le numérique.
Le numérique
La Secrétaire générale de la Francophonie a également placé au cœur de son mandat le numérique, en tant qu’outil d’innovation, de développement et de transformation du monde. Il s’agit d’accroître l’usage du français sur la toile et d’augmenter la visibilité de notre langue dans la terminologie associée à ce domaine de haute-technologie. Le défi, pour nous francophones, c’est aussi de développer un espace numérique sécurisé, qui préserve les données personnelles. Mais le numérique, ce sont également des occasions à saisir : l’occasion de développer une économie innovante et compétitive (à ce titre, 1500 jeunes porteurs de projets du Sud sont accompagnés par des dispositifs d’appui à l’innovation numérique de l’OIF) dans l’espace entrepreneurial francophone, l’occasion de développer la "découvrabilité" des contenus francophones en mettant la technologie au service de la culture, l’occasion enfin de développer de nouveaux outils éducatifs et de permettre l’accès au savoir au plus grand nombre.
L’économie
La Francophonie s’est dotée d’une stratégie économique en 2014 au Sommet de Dakar. Dans le cadre d’une lutte accrue contre les inégalités, il s’agit d’adopter les principaux enjeux des Objectifs de Développement Durable en conciliant croissance économique et sauvegarde de l’environnement. Cette stratégie vise également à impliquer davantage la société civile et les acteurs locaux, en faisant la promotion des Droits de l’Homme et de l’État de droit et en facilitant la mobilité des acteurs. L’épanouissement des individus et leur responsabilisation environnementale sont au cœur de cette stratégie : cela passe notamment par la consolidation des réseaux institutionnels, professionnels et des entreprises francophones.
La Francophonie, une priorité de la France
La France reste un acteur essentiel de la Francophonie : elle est le premier contributeur de l’Organisation internationale de la Francophonie dont le siège est à Paris.
Le 20 mars 2018, le Président de la République a présenté la stratégie internationale pour la langue française et le plurilinguisme.
Elle est l’aboutissement d’un travail participatif : la consultation citoyenne « Mon idée pour le Français » a recueilli plus de 5000 « idées » ; une conférence internationale rassemblant, 500 intellectuels, artistes, dirigeants d’entreprises, enseignants les 14 et 15 février 2018 à Paris, a fait émerger de très nombreuses propositions.
La stratégie s’articule autour de 33 mesures pour apprendre, communiquer et créer en français, dans l’objectif de faire du français l’une des grandes langues-monde de demain et un atout dans la mondialisation.
Le Président Emmanuel Macron a fait de la Francophonie l’une des priorités de son quinquennat, et a à ce titre présenté plusieurs initiatives qui sont actuellement en cours :
- Un Dictionnaire des francophones
- Un Congrès mondial des écrivains de langue française, fin septembre 2020 à Tunis
- Des États généraux de la langue française, fin septembre 2020 à Tunis
- Enfin, l’incarnation de la Francophonie en un lieu emblématique : le château de Villers-Cotterêts, qui est actuellement en cours de rénovation dans le but de devenir une Cité des cultures francophones et un laboratoire de la langue française.