Forum ministériel pour la coopération dans l’Indopacifique (Paris, 22 février 2022)

Partager

Le Forum ministériel pour la coopération dans l’Indopacifique, qui se tiendra à Paris le 22 février 2022, sera l’occasion de mettre en valeur la stratégie de l’Union européenne pour la région et de la décliner sur le plan opérationnel en projets concrets. Il rassemblera les ministres des affaires étrangères des Etats membres de l’Union européenne et d’une trentaine de pays de la zone Indopacifique, des représentants des institutions européennes ainsi que les représentants des principales organisations régionales.

Communiqué - Forum ministériel pour la coopération dans l’Indopacifique

Le 22 février 2022, la présidence française du Conseil de l’Union européenne (UE) et le Haut Représentant pour les Affaires Étrangères et la Politique de Sécurité et Vice-Président de la Commission européenne, Josep Borrell Fontelles, ont co-organisé à Paris un Forum ministériel pour la coopération dans l’Indopacifique réunissant les institutions européennes, les ministres des affaires étrangères, ou leur représentant, des 27 Etats membres de l’UE, et d’une trentaine d’Etats de l’Indopacifique, ainsi que des représentants des organisations régionales de l’Océan Indien et de l’Océan Pacifique (voir la liste des participants en annexe). Cet événement a été organisé à l’occasion de la présidence française du Conseil et suite à l’adoption, en septembre 2021, de la stratégie de l’UE pour la coopération dans l’Indopacifique.

Le Forum ministériel était coprésidé par S.E. M. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères de la France, et par M. Josep Borrell, Haut Représentant de l’UE pour les Affaires Étrangères et la Politique de Sécurité et Vice-Président de la Commission européenne.

Les discussions au cours de la réunion ont permis d’identifier des idées et des pistes de coopération entre l’UE et ses partenaires de l’Indopacifique à la lumière de la stratégie Indopacifique de l’UE et de la stratégie Global Gateway récemment adoptées.

Le Forum ministériel pour la coopération dans l’Indopacifique a mis en évidence l’ambition partagée par les participants de :

  • Travailler ensemble pour la paix, la prospérité et le développement durable et inclusif en Europe et dans l’Indopacifique ;
  • Réaffirmer leur attachement à un ordre international fondé sur des règles, aux valeurs et principes démocratiques, ainsi qu’au renforcement du multilatéralisme et de l’État de droit, au respect du droit international et à la liberté de navigation, conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) ;
  • Promouvoir le développement de la région Indopacifique et renforcer les liens entre l’UE et les partenaires de la région Indopacifique par des actions de coopération et de solidarité s’appuyant sur nos engagements communs, y compris l’Agenda 2030 pour le Développement durable, l’Accord de Paris sur le changement climatique, et la Convention sur la diversité biologique ;
  • Renforcer leur coopération dans un certain nombre de domaines et poursuivre leurs échanges sur les pistes identifiées, notamment dans le cadre de trois tables rondes organisées lors du Forum ministériel, sur : i) la sécurité et la défense ; ii) la connectivité et les questions numériques et ; iii) les enjeux globaux tels que le changement climatique, la préservation de la biodiversité et des océans, ainsi que la santé.

Les participants de l’UE ont réitéré l’importance de la région Indopacifique pour l’Europe et ont souligné leur soutien à un engagement accru et à long terme de l’UE et de ses États membres par le biais d’actions concrètes. Le rôle des régions ultrapériphériques et des pays et territoires d’outre-mer européens dans l’Indopacifique a été souligné à cet égard.

Dans le domaine de la sécurité et de la défense, l’UE a annoncé l’extension du concept d’une présence maritime coordonnée dans le nord-ouest de l’océan Indien. Cela permettra à l’UE de soutenir davantage la stabilité et la sécurité dans la région Indopacifique, d’optimiser les déploiements navals, de promouvoir la cohérence de l’action européenne et de faciliter l’échange d’informations et la coopération avec les partenaires de l’Indopacifique, notamment en organisant des exercices maritimes et des escales conjointes. En outre, l’UE a réaffirmé sa détermination à accroître son engagement en matière de sécurité et de défense avec ses partenaires de la région, par exemple en renforçant ses dialogues et ses relations bilatérales. En outre, l’UE a réaffirmé son engagement à :

  • approfondir les programmes de coopération existants, visant à mener des actions de renforcement des capacités avec les partenaires de l’Indopacifique, en particulier par le biais du programme ESIWA (Enhancing Security Cooperation In and With Asia), dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, de la cybernétique, de la sécurité maritime et de la gestion des crises ;
  • promouvoir la connaissance du domaine maritime, notamment par le biais de la plateforme d’échange d’informations IORIS, du projet CRIMARIO (Critical Maritime Routes in the Indo-Pacific), dont l’extension à l’océan Pacifique sera étudiée dans les prochains mois.

En matière de cyber sécurité, il a notamment été question de l’importance du cadre normatif des Nations unies pour un comportement responsable des États, du cadre des instruments internationaux et régionaux sur la criminalité organisée et la cybercriminalité, y compris la Convention de Budapest sur la Cybercriminalité, ainsi que du renforcement de la cyber-résilience. L’UE a saisi cette occasion pour promouvoir sa boîte à outils 5G et les perspectives de coopération avec les pays de l’Indopacifique qu’elle offre.

Dans le domaine de la connectivité, l’importance d’une approche durable, inclusive et fondée sur des règles a été réaffirmée, tout comme la nécessité de renforcer la coopération sur les cadres réglementaires clés et le déploiement d’infrastructures physiques sûres et résilientes, en lien avec les principes du G20 pour des investissements en infrastructures de qualité (QII).

L’UE s’efforcera de promouvoir toutes les dimensions de la connectivité de qualité avec les partenaires de l’Indopacifique d’une manière stratégique, en s’appuyant sur Global Gateway, la stratégie de l’UE pour la coopération dans l’Indopacifique et la stratégie de l’UE pour Relier l’Europe et l’Asie. Global Gateway repose sur les principes de bonne gouvernance (comprenant la transparence, la viabilité budgétaire et financière, la concurrence loyale et le recours aux outils multilatéraux) et d’ambition écologique (soutien aux infrastructures plus propres, assurant de réelles évaluations environnementales et sociales, et soutien à une transition équitable vers la neutralité climatique). Le Global Gateway soutiendra le déploiement d’infrastructures sûres, durables et de qualité, en favorisant la résilience des chaînes d’approvisionnement mondiales et en renforçant l’autonomie décisionnelle des partenaires de l’UE. Afin d’optimiser les processus, les délégations de l’UE, ainsi que la nouvelle branche de développement de la BEI et ses bureaux récemment ouverts à Jakarta, Suva et Nairobi, soutiendront la mise en œuvre de Global Gateway et des projets de connectivité de qualité sur le terrain.

L’UE a souligné le potentiel de l’Initiative Équipe Europe pour une connectivité durable dans l’ASEAN, pour développer des projets concrets en coopération avec des partenaires d’Asie du Sud-Est et se réjouit de la réussite de son lancement dans un avenir proche.

En outre, l’accord global de transport aérien (CATA) entre l’UE et les États membres de l’ASEAN a été présenté comme un exemple d’initiative majeure, qui renforcera la connectivité entre les personnes des deux régions et créera de nouvelles opportunités commerciales pour leurs acteurs économiques. L’UE s’est félicitée de la conclusion des négociations et a exprimé l’espoir que l’accord soit signé prochainement. Le potentiel d’approfondissement et de diversification des relations commerciales de l’UE dans la région Indopacifique a été noté, en s’appuyant notamment sur le réseau existant d’accords de libre-échange ambitieux et mutuellement bénéfiques.

Le rôle important de l’éducation et de la jeunesse dans les deux régions a été souligné. Le programme d’échanges universitaires Erasmus+ de l’UE, les actions Marie Skłodowska-Curie et leurs subventions et bourses renforceront les liens et les relations durables entre l’UE et la région Indopacifique. Entre 2014 et 2020, plus de 50 000 personnes ont bénéficié de la mobilité Erasmus+ entre l’UE et les pays de l’Indopacifique. Les projets de coopération Erasmus+ dans le domaine de l’enseignement supérieur continueront à développer les capacités, les compétences et le savoir-faire pour faire face aux problèmes mondiaux qui sont cruciaux pour l’Indopacifique.

Dans le domaine de la recherche et de l’innovation, l’importance d’adhérer aux valeurs clés de la R&I a été soulignée pour garantir une coopération équitable et réciproque, comme cela sera examiné lors de la conférence de Marseille sur l’approche globale de la R&I sous la présidence française en mars 2021. Ce travail est important pour bénéficier pleinement des actions de recherche et d’innovation dans le cadre d’Horizon Europe, qui offre de nombreuses possibilités de coopération pour la région Indopacifique.

Conformément à l’approche globale de la coopération internationale en matière de R&I et à la stratégie Global Gateway, le lancement d’une plateforme mondiale d’innovation est à l’étude, dans le but de mettre en relation des innovateurs du monde entier afin de trouver des solutions pour relever les défis mondiaux. Cette plateforme contribuerait à encourager l’innovation entre les pays européens et la région Indopacifique.

Sur les questions numériques, le Forum ministériel a discuté de la contribution de l’économie, des infrastructures et de l’éducation numériques à la transformation de l’économie et de la société. Les participants ont également échangé leurs points de vue sur la nécessité d’un internet ouvert, sûr, sécurisé et centré sur l’humain. Les questions de sécurité des réseaux, notamment celles liées à la 5G, ont été discutées, et la nécessité d’adopter les normes de sécurité les plus élevées a été réaffirmée. L’UE a annoncé son intention de lancer une branche régionale pour l’Asie-Pacifique au sein de la plateforme du Hub Digital4Development, en vue de favoriser la coopération numérique entre l’UE et ses États membres et partenaires dans la région pour soutenir une transformation numérique durable et inclusive. Le Forum ministériel a réaffirmé l’importance de garantir un niveau élevé de protection des données personnelles, comme le reflète la déclaration entre l’UE et neuf pays de la région Indopacifique (Australie, Comores, Ile Maurice, Inde, Japon, Nouvelle-Zélande, République de Corée, Singapour, Sri Lanka) sur la vie privée et la protection des données personnelles, afin de renforcer la confiance dans l’économie numérique et de poursuivre la coopération sur les flux de données en toute confiance. Le Forum ministériel a salué le lancement de la négociation des partenariats numériques entre l’UE et le Japon, Singapour et la Corée du Sud, sur la base de valeurs partagées et d’une approche commune d’une transformation numérique centrée sur l’humain.

Sur les enjeux globaux, les discussions de la table ronde ont porté sur trois grandes priorités.

En ce qui concerne la lutte contre le changement climatique et la transition énergétique durable, les discussions ont porté sur les moyens requis pour mettre en œuvre des mesures d’atténuation ambitieuses, sur les vulnérabilités de nombreux pays de la région Indopacifique et l’importance de l’adaptation, ainsi que sur la manière d’assurer une transition énergétique équitable. L’UE et les partenaires de la région Indopacifique ont fait preuve d’un engagement commun à relever efficacement les défis communs en matière de durabilité, y compris des chaînes d’alimentation, et à continuer à partager les meilleures pratiques en matière de réglementation et d’innovation, en mettant l’accent sur les technologies vertes et les mécanismes de tarification du carbone. Des outils axés sur la coopération, tels que l’initiative "Green Team Europe" en partenariat avec l’ASEAN et l’Asie du Sud-Est, peuvent également être mis à profit pour favoriser une transition énergétique ambitieuse et équitable dans la région Indopacifique. L’intérêt de s’engager, conjointement avec des partenaires internationaux, dans des projets similaires à l’approche du « Partenariat pour une transition énergétique juste avec l’Afrique du Sud » dans la région Indopacifique a été souligné.

En outre, le rôle des villes en tant que moteurs de l’action climatique et de la transition vers une énergie propre a été souligné et les participants de l’UE ont salué le soutien continu de la Commission européenne à la Convention mondiale des maires pour le climat et l’énergie (GCoM) dans la région Indopacifique.

Dans le domaine de la préservation de la biodiversité et de la protection des océans, les discussions ont porté sur l’avancement d’une coalition de grande ambition sur la biodiversité au-delà des juridictions nationales "Protecting the Ocean : time for Action", afin d’obtenir un résultat ambitieux des négociations en cours sur un traité de la haute mer sous les auspices des Nations unies. À la suite du One Ocean Summit qui s’est tenu à Brest le 11 février, trois principaux objectifs ont été annoncés : (i) l’adoption d’objectifs clés en matière de biodiversité par les pays de la région, tels que la protection de 30 % des zones terrestres et marines d’ici 2030 en vue de promouvoir l’utilisation durable des ressources naturelles dans une région où l’économie est fortement dépendante des ressources naturelles, (ii) l’association à l’UE pour l’adoption d’un cadre mondial ambitieux pour la biodiversité dans le contexte de la COP 15 de la Convention sur la diversité biologique, et (iii) l’obtention de résultats transformateurs lors de la Conférence des Nations Unies sur les océans à Lisbonne.

À cet égard, l’UE a souligné l’importance de consolider les Initiatives Équipe Europe telles que l’Alliance verte et bleue pour le Pacifique et le Timor-Leste. L’UE a également annoncé une augmentation de sa contribution à l’initiative KIWA, à laquelle contribuent déjà des pays de l’Indopacifique (Australie, Nouvelle-Zélande), afin de renforcer l’adaptation des territoires aux effets néfastes du changement climatique et de préserver le caractère unique de la biodiversité dans l’océan Pacifique. Les ministres et les représentants de l’UE présents ont mis en avant le projet Varuna et l’initiative MarEco, tous deux soutenus par l’Agence française de développement, qui permettent une meilleure gestion des écosystèmes et des ressources marines, ainsi que la promotion d’une économie bleue durable.

L’annonce par l’UE de son adhésion à la Commission des pêches du Pacifique Nord témoigne de sa volonté de jouer un rôle accru dans la gouvernance des océans. Afin de lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) et de contribuer à la gestion durable et à la conservation des ressources marines, l’UE a rappelé son dialogue avec les pays côtiers et son soutien aux initiatives visant à renforcer la coopération internationale, ainsi que les systèmes de contrôle et de gestion des pêches par le biais de programmes tels que ECOFISH dans l’océan Indien et le partenariat maritime Pacifique-UE, et notamment en contribuant au développement d’un "ASEAN IUU Network".

Dans le domaine de la coopération en matière de santé, les discussions ont porté sur le renforcement des capacités et de la souveraineté sanitaire des partenaires de l’Indopacifique en promouvant la coopération multilatérale dans le domaine de la recherche et de l’innovation, et en soutenant les projets visant à développer les capacités de production pharmaceutique dans la région, notamment dans le champ de la production de vaccin à ARNm. Les perspectives de partenariats visant à renforcer les institutions et organisations régionales Indopacifique en matière de préparation et de réponse aux pandémies, telles que le Centre de l’ASEAN pour les urgences de santé publique et les maladies émergentes (ACPHEED), ont été évoquées.
Le rôle de l’initiative internationale PREZODE, qui vise à renforcer la coopération et à établir des réseaux de recherche à l’échelle mondiale pour la mise en œuvre de l’approche "Une seule santé", a été mis en avant.
L’UE a souligné son soutien dans la lutte contre le COVID-19, notamment en fournissant 117 millions de doses de vaccin (livrées à ce jour) aux pays de la région Indopacifique via COVAX.
En outre, plusieurs partenaires, dont la Nouvelle-Zélande, Singapour, la Thaïlande, Taïwan, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et le Vietnam, ont connecté ou sont en train de connecter leurs systèmes de certificats COVID numériques au système de l’UE et ont souligné les avantages de l’utilisation transfrontalière des certificats COVID numériques.

Ces domaines de coopération bénéficieront des programmes de coopération Global Europe en cours ainsi que de la coordination entre les banques de développement européennes et d’autres institutions financières actives dans la région dans les domaines abordés lors du forum.

Le Forum ministériel pour la coopération dans la région Indopacifique a été un lieu de réflexion et d’échange pour construire une vision commune entre l’Union européenne, ses Etats membres et les pays de la région Indopacifique, fondée sur les principes de durabilité et d’ouverture. Le ministre Le Drian et le Haut représentant Borrell ont salué la volonté de la République tchèque de faire également de l’Indopacifique une priorité de sa présidence tournante du Conseil de l’UE, un engagement salué par l’ensemble des participants européens.


Liste des participants

1. France
Collectivités d’outre-mer : Polynésie française ; La Réunion
2. Afrique du Sud
3. Allemagne
4. Australie
5. Autriche
6. Bangladesh
7. Belgique
8. Brunei
9. Bulgarie
10. Cambodge
11. Chypre
12. Comores
13. Corée du Sud
14. Croatie
15. Danemark
16. Djibouti
17. Émirats arabes unis
18. Espagne
19. Estonie
20. Finlande
21. Grèce
22. Hongrie
23. Inde
24. Indonésie
25. Irlande
26. Italie
27. Japon
28. Kenya
29. Laos
30. Lettonie
31. Lituanie
32. Luxembourg
33. Madagascar
34. Malaisie
35. Maldives
36. Malte
37. Maurice
38. Nouvelle Zélande
39. Oman
40. Pays Bas
41. Philippines
42. Pologne
43. Portugal
44. Roumanie
45. Seychelles
46. Singapour
47. Slovaquie
48. Slovénie
49. Sri Lanka
50. Suède
51. Tchéquie
52. Thaïlande
53. Viêtnam
54. Banque européenne d’investissement
55. Commission européenne
56. Commission de l’océan Indien
57. Communauté du Pacifique
58. Forum des îles du Pacifique
59. Indian Ocean Rim Association

Déclaration conjointe de l’Union européenne, de l’Australie, des Comores, de la Corée du Sud, de l’Ile Maurice, de l’Inde, du Japon, de la Nouvelle-Zélande, de Singapour et de Sri Lanka sur la vie privée et la protection des données personnelles

Renforcer la confiance dans l’environnement numérique

Les évolutions technologiques rapides, en particulier dans le domaine des technologies de l’information et du numérique, ont apporté des avantages à nos économies et à nos sociétés, mais aussi de nouveaux défis pour la vie privée et la protection des données à caractère personnel.

Pour favoriser la libre circulation des données en toute confiance qui, comme le reconnaît également la déclaration des dirigeants du G20 à Rome, est essentiel au développement économique et à l’exploitation des possibilités offertes par l’économie numérique, il est vital d’assurer, comme garanti par nos cadres juridiques respectifs, le respect du droit des personnes à la vie privée et à la protection des données personnelles en tant que valeur essentielle et liberté fondamentale. Le manque de confiance le traitement des données a eu un impact négatif sur nos sociétés et économies diversifiées, car les individus et les communautés peuvent être réticents à adopter de nouvelles technologies, les autorités publiques peuvent hésiter à partager des données personnelles avec des partenaires étrangers, et les échanges commerciaux peuvent rencontrer des obstacles. En somme, sans confiance, nos sociétés ne sont pas en mesure de se saisir pleinement et de prendre conscience des avantages de la révolution numérique, qui sont eux-mêmes lés pour le développement, et particulièrement pour la réalisation de l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le Développement Durable et ses Objectifs.

Ensemble, nous partageons une vision commune d’une approche centrée sur l’humain de cette transformation, dans laquelle la protection efficace des données à caractère personnel joue un rôle crucial et constitue un facteur clé de la coopération transfrontalière.

Pour atteindre cet objectif, nous entendons favoriser la coopération internationale afin de promouvoir des normes élevées en matière de protection des données et de vie la privée, sur la base de certains éléments fondamentaux partagés de façon croissante dans la région Indo-Pacifique, en Europe et au-delà, tels que :

  • Un cadre politique et juridique complet couvrant à la fois les secteurs public et privé ;
  • Des principes fondamentaux tels que la légalité, l’équité, la transparence, la limitation des objectifs, la minimisation des données, la conservation limitée des données, la sécurité des données et la responsabilité ;
  • Des droits exécutoires pour les personnes, tels que l’accès, la rectification, l’effacement et la possibilité de contester la prise de décision automatisée ;
  • Des garanties pour les transferts internationaux afin de permettre des flux de données transfrontaliers, en s’assurant que la protection voyage avec les données ;
  • Une surveillance indépendante par une autorité de contrôle spécialisée et des voies de recours efficaces.

Nous nous engageons à favoriser et à développer davantage les discussions politiques internationales et la coopération concernant la protection des données et les flux transfrontaliers de données avec confiance, tant au niveau bilatéral que multilatéral, afin de promouvoir cette vision commune et d’accroître la convergence entre nos cadres de protection des données. Dans un monde où les données circulent facilement d’une juridiction à l’autre, cela nécessite aussi de plus en plus une coopération étroite, dans le respect des cadres juridiques applicables, entre les autorités de contrôle par-delà les frontières.

Forum ministériel de l’UE pour la coopération dans l’Indopacifique - Fiche descriptive des principales annonces et champs de coopération renforcée

1. SECURITE ET DEFENSE

  • Extension du concept de présence maritime coordonnée dans le nord-ouest de l’Océan Indien. Le concept des présences maritimes coordonnées permettra d’assurer une présence navale européenne significative dans la région en renforçant la coordination entre les déploiements des Etats membres et en facilitant le partage d’informations ;
  • Approfondissement du programme ESIWA (Enhancing Security Cooperation in and with Asia) dans les domaines du contre-terrorisme, du cyber, de la sécurité maritime et de la gestion de crise. ESIWA est un projet de renforcement des capacités financé par l’Union européenne et mis en œuvre par Expertise France et la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) ;
  • Extension prévue du projet CRIMARIO II (Critical maritime routes in the Indo-Pacific) au Pacifique. CRIMARIO II est un projet de renforcement des capacités dans l’océan Indien et l’Asie du sud-est pour la connaissance du domaine maritime ;
  • Soutien au programme régional de l’UE pour la sécurité maritime dans la Mer Rouge, dédié au renforcement de la sûreté maritime et portuaire, et à la sécurité de la navigation dans le Sud de la Mer Rouge et la région du Golfe d’Aden ;

2. CONNECTIVITE ET NUMERIQUE

  • Mise en avant de la stratégie de l’Union européenne « Global Gateway » incarnant une offre de projets pour une connectivité durable et inclusive et comportant cinq domaines prioritaires (numérique, climat et énergie, transport, santé, éducation et recherche), qui vise à mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros d’investissements sur la période 2021-2027 dans le cadre de l’approche Equipe Europe. Valorisation des nouvelles opportunités qui contribueront à faciliter le déploiement des projets de connectivité et d’infrastructures (nouvelles antennes de la Banque Européenne d’Investissement à Nairobi, Jakarta, Suva).
  • Soutien à l’appel à l’action et au travail en commun mené par les banques publiques de développement et les institutions financières d’Europe et de l’Indopacifique dans le contexte de leur rassemblement à Paris le 21 janvier, pour promouvoir les investissements publics et privés et catalyser le financement d’infrastructures durables dans la région Indopacifique ;
  • Préparation de l’initiative Équipe Europe (IEE) pour promouvoir une connectivité durable entre l’UE et l’ASEAN et au sein de l’ASEAN, dans le domaine des transports, de l’énergie, du numérique ou encore en renforçant la mobilité et les échanges interpersonnels ;
  • Soutien européen prévu de 5M€ à la Coalition pour des Infrastructures résilientes aux catastrophes pour des Etats insulaires résilients (IRIS), qui aidera à améliorer la résilience des petits Etats insulaires au changement climatique et aux risques de catastrophes ;
  • Perspective sur les prochaines étapes suivant la conclusion des négociations sur l’accord global sur le transport aérien entre l’UE et les pays de l’ASEAN (accord dit « CATA » - Comprehensive Air Transport Agreement). Il s’agit du premier accord aérien bi-régional qui permettra de renforcer la connectivité, les échanges économiques et interpersonnels entre l’UE et l’ASEAN ;
  • Soutien au lancement des négociations de partenariats numériques de l’UE avec la Corée du Sud, le Japon et Singapour. Ces partenariats incluront un focus sur quatre grandes thématiques : des infrastructures numériques sûres et durables, le renforcement des compétences, la transformation numérique des entreprises, et la numérisation des services publics ;
  • Lancement de la branche Asie-Pacifique du Digital4Development Hub, qui est une plateforme mettant en réseau des Etats européens et de la région, la Banque Européenne d’Investissement, le secteur privé ainsi que la société civile. Cette branche vise à offrir un « guichet unique » des politiques européennes en matière de numérique pour le développement ;
  • Déclaration conjointe entre l’UE et certains Etats de l’Indopacifique sur la vie privée et la protection des données personnelles. Ce texte vise à affirmer une ambition commune à promouvoir des standards élevés en matière de protection des données dans la région Indopacifique, afin d’accompagner la transformation numérique à l’œuvre et de promouvoir une approche centrée sur l’humain ;
  • Considérations préliminaires de l’Union européenne pour explorer une étude de faisabilité sur la construction d’un nouveau système de câbles sous-marins connectant la région Indopacifique, de l’Afrique à l’Asie ;
  • Mise en valeur du programme Erasmus+ et des actions Marie Skłodowska-Curie dans l’Indopacifique au titre d’Horizon Europe, qui constituent les programmes de référence européens pour renforcer les échanges humains et la coopération en matière de connaissance et de compétences.

3. ENJEUX GLOBAUX

*- Rehaussement envisagé à hauteur de 6 millions d’euros de la contribution européenne à l’initiative KIWA d’adaptation au changement climatique et de préservation de la biodiversité dans le Pacifique, créée à l’initiative de la France et de l’Union européenne et rassemblant nos partenaires de l’Indopacifique (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande) ;

  • Appui à l’Initiative de l’Equipe Europe (IEE) UE-ASEAN sur le Pacte vert. Elle traduit la volonté européenne de renforcer son partenariat avec la région dans les domaines tels que l’action climatique, la protection de l’environnement et de la biodiversité, la transition vers une énergie propre, la résilience aux catastrophes, les systèmes alimentaires et la prévention de l’exploitation forestière illégale. Dans le cadre de cette initiative, la ASEAN Catalytic Green Finance Facility (ACGF) propose des fonds d’investissements mixés et de l’assistance technique pour les projets d’infrastructures verts dans la région Indopacifique ;
  • Appui à l’IEE Alliance Bleue Verte pour le Pacifique et Timor-Leste. Couvrant 18 pays et territoires du Pacifique, cette IEE vise à renforcer l’ambition climatique de nos partenaires et à promouvoir une gestion durable du capital naturel ;
  • Adhésion de l’UE à la Commission des pêches du Pacifique Nord afin de contribuer à la gestion durable des stocks de pêche sous la compétence des organisations régionales de gestion des pêches, et de renforcer notre action en faveur de la lutte contre la pêche illégale, non-déclarée et non-réglementée (INN) ;
  • Soutien de l’UE à l’élaboration d’un réseau pour la lutte contre la pêche INN, via un renforcement des capacités des membres de l’ASEAN à échanger des informations pertinentes dans la lutte contre la pêche illégale (« ASEAN IUU Network ») ;
  • Soutien aux activités à venir des Initiatives Equipe Europe bilatérales dans les pays de l’Indopacifique, y compris les pays d’Afrique de l’Est et de l’Océan Indien, pour faire face aux défis dans les domaines de la transition verte et du développement humain ;
  • Promotion de l’initiative PREZODE. Cette initiative internationale associe des instituts de recherche et des Etats des deux régions, pour mettre en œuvre l’approche « Une Seule Santé » et améliorer la prévention, la détection précoce et la résilience face aux zoonoses ;
  • Promotion de la collaboration en matière de recherche et d’innovation au titre d’Horizon Europe pour renforcer les réseaux et l’excellence scientifique avec la région Indopacifique.

Quel est l’objectif du Forum ministériel ?

La région indopacifique revêt une importance stratégique croissante pour l’Union européenne et ses États membres. Son poids économique (bientôt 60% de la richesse mondiale) et démographique (trois cinquièmes de la population mondiale), la place grandissante qu’elle occupe dans les enjeux actuels et dans les équilibres géopolitiques de demain en font un espace essentiel pour les Européens. Les échanges économiques entre l’Union européenne et l’Indopacifique sont considérables et contribuent à la prospérité de ces deux régions. À travers les régions ultrapériphériques, dans l’océan Indien, et des territoires d’outre-mer, dans le Pacifique, de ses Etats membres, l’Union européenne fait aussi partie de cette région dont elle partage intimement le destin.

Traduire en actes la volonté d’un engagement renforcé des Européens à l’égard de la région est l’une des priorités de la Présidence française du Conseil de l’UE. Cette priorité s’inscrit dans le droit fil de la publication de la stratégie de l’UE pour la coopération dans l’Indopacifique qui a été endossée par le Conseil européen en octobre 2021. Sept domaines d’action y sont identifiés sur lesquels la présidence française a souhaité ouvrir le dialogue avec les partenaires de la région indopacifique : la prospérité durable et inclusive ; la transition écologique ; la gouvernance des océans ; les partenariats numériques ; la connectivité ; la sécurité et la défense et la sécurité humaine.

Dans cette perspective, le Forum ministériel pour la coopération dans l’Indopacifique sera l’occasion de témoigner de la force des liens qui existent entre les pays de l’UE et ceux de l’Indopacifique et de notre volonté, dès à présent, de les approfondir. Il s’agira ainsi de proposer un modèle européen de coopération, fondé sur le multilatéralisme et la règle de droit, mettant en pratique les principes de soutenabilité, d’ouverture et de réciprocité. Les ministres réfléchiront ensemble et pour la première fois dans ce format, aux initiatives et aux projets susceptibles de concrétiser et de renforcer la dynamique de partenariat entre l’UE et l’Indopacifique. Le rôle des collectivités d’outre-mer qui participent d’ores et déjà, en tant que telles, aux organisations régionales des océans Indien et Pacifique (La Réunion, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna et Polynésie française en particulier), sera également évoqué.

L’espace indopacifique : une priorité de la présidence française de l’Union européenne

Comment s’articule le programme du Forum ?

La journée du 22 février débutera par une séance plénière, co-présidée par le ministre des affaires étrangères français et le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, et au cours de laquelle interviendront plusieurs ministres des affaires étrangères de la région indopacifique, notamment le ministre Prak Sokhonn, du Cambodge, qui préside l’ASEAN, la ministre Retno Marsudi d’Indonésie, qui préside le G20, et les représentants de deux Etats qui ont un partenariat stratégique avec l’Union européenne, les ministres Subrahmanyam Jaishankar, de l’Inde, et Yoshimasa Hayashi, du Japon, ainsi que le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans. Elle sera suivie de trois tables rondes simultanées portant sur la connectivité et le numérique, sur les enjeux globaux (climat, biodiversité, océans, santé), et sur les questions de sécurité et de défense.

La première table ronde consacrée aux enjeux de connectivité et du numérique permettra de mettre en avant la stratégie « Global Gateway » adoptée par la Commission européenne en décembre 2021, en valorisant des projets phares d’infrastructures dans la région indopacifique, en promouvant le modèle européen de protection des données personnelles, et en soutenant les échanges universitaires, en particulier dans le domaine des sciences et technologies.

Focus sur la stratégie « Global Gateway »

La stratégie « Global Gateway », publiée le 1er décembre 2021, s’inscrit dans le prolongement de la stratégie de connectivité Europe-Asie de 2018 dont l’objectif est de proposer à l’échelle mondiale une offre visant à développer des liens dans les domaines du numérique, de l’énergie et des transports et à renforcer les systèmes de santé, d’éducation et de recherche dans le monde entier.

La stratégie est fondée sur des principes clés - valeurs démocratiques et respect des règles de droit international ; bonne gouvernance et transparence ; partenariats égaux, verts et propres, axés sur la sécurité ; mobilisation d’investissements du secteur privé - et une adaptation aux besoins et aux intérêts stratégiques des différentes régions. Entre 2021 et 2027, les institutions européennes et les États membres de l’UE mobiliseront jusqu’à 300 milliards d’euros d’investissements dans une approche dite « Equipe Europe ».

En conformité avec la priorité accordée à la connectivité dans la stratégie européenne pour la coopération dans la région indopacifique, l’Union européenne soutiendra une connectivité durable, globale et fondée sur des règles. La mise en œuvre des partenariats existants avec le Japon et l’Inde sera poursuivie et de nouveaux partenariats seront étudiés, y compris pour renforcer la coopération existante avec l’ASEAN dans le cadre de la déclaration ministérielle sur la connectivité du 1er décembre 2021. L’Union européenne s’attachera à accélérer la mise en œuvre de projets concrets et à fort impact, à travers notamment la signature prochaine de l’accord global sur les transports aériens entre l’ASEAN et l’UE, en accordant une importance particulière à la mobilisation des investissements privés.

La deuxième table ronde sera consacrée aux enjeux globaux (climat, biodiversité, océans et santé). Elle portera sur les projets concrets permettant de relever le défi de la lutte contre le réchauffement climatique et ses effets négatifs, de soutenir l’économie bleue et de renforcer l’action européenne en matière de lutte contre la pollution marine et la pêche illégale, notamment via la conclusion d’alliances « vertes et bleues » avec les pays de la région indopacifique. Dans le domaine de la santé, il s’agira en particulier de renforcer les systèmes de réponse aux pandémies et de développer la coopération vaccinale, y compris par la création de hubs de capacités de production pharmaceutique.

La troisième table ronde traitant des enjeux de sécurité et de défense valorisera la contribution de l’Union européenne et de ses États membres à la sécurité et à la stabilité dans la région indopacifique. Les discussions porteront sur la mise en place d’une « présence maritime coordonnée » (PMC) dans l’océan Indien ou encore sur des initiatives telles que le programme CRIMARIO, qui vise depuis 2015 à renforcer les systèmes régionaux de partage de l’information maritime et de coordination des opérations, ou encore le programme ESIWA (Enhancing Security Cooperation in and with Asia) en matière de sécurité maritime, de cybersécurité, et de lutte contre le terrorisme et la radicalisation.

La séquence sera suivie d’une conférence de presse conjointe du ministre et du haut représentant.

Le Forum sera précédé la veille d’une réunion organisée par l’Agence française de développement et l’Eximbank indienne. Cette réunion, qui rassemblera notamment plusieurs banques publiques de développement d’Etats membres de l’Union européenne, la Banque européenne d’investissement ainsi que des banques de l’Indopacifique, permettra d’évoquer les modalités de renforcement de leur partenariat en faveur de la transformation des économies et du développement durable.