Déclaration de Jean-Yves Le Drian à l’issue du Conseil Affaires étrangères (Bruxelles, 24 janvier 2022)

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Bonjour. Nous avons eu une réunion du conseil des Affaires étrangères extrêmement dense au cours de laquelle nous avons, en particulier, évoqué très longuement la question du voisinage oriental et, singulièrement, les séquences diplomatiques en cours face à l’escalade de tensions qui se produit, en particulier, à proximité de l’Ukraine.

Ce qui me frappe le plus, c’est la cohésion, la grande convergence de vues entre les Européens d’une part, et entre les Européens et l’ensemble des acteurs de la relation transatlantique, à commencer par les États-Unis d’Amérique. Cette convergence est essentielle parce que la sécurité en Europe ne se divise pas et parce que nous sommes d’accord ensemble sur les fondamentaux. Ça a été bien réaffirmé tout à l’heure dans cette rencontre.

Ce qui me frappe aussi, c’est la fermeté des Européens et la volonté de se mettre en mouvement pour afficher, ensemble, un dispositif de sanctions, de dissuasion à l’égard de la Russie pour empêcher toute incursion ou offensive, qu’elle soit militaire ou autre, à l’encontre de l’Ukraine dont nous sommes scrupuleusement veilleurs de l’intégrité territoriale.

Et puis ensuite, ce qui me frappe aussi, c’est la volonté de nous coordonner en permanence dans tous les formats et les enceintes où se déroulent aujourd’hui ces discussions, que ce soit dans la relation entre les États-Unis et la Russie sur la stabilité stratégique - les États-Unis nous tenant informés et discutant avec nous des fondamentaux qu’ils veulent proposer - ; que ce soit dans le format OTAN après la réunion OTAN-Russie pour la maîtrise, à la fois de manœuvres conventionnelles et de la question des forces nucléaires intermédiaires, et aussi de la transparence des exercices et des actions militaires dans l’environnement qui peuvent être menées par les uns et par les autres.

Et ce qui me frappe aussi, c’est cette volonté commune au sein de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, qui est sous présidence polonaise. Nous devons réaffirmer nos fondamentaux qui datent de l’acte final d’Helsinki, de la Charte de Paris de 1990. Et puis aussi dans le format Normandie. Quel que soit le format, il y a une coordination nécessaire entre Européens, entre tous les acteurs avec aussi nos alliés américains pour faire en sorte que nous parlions dans les différentes instances d’une même voix et selon les mêmes principes.

Nous avons aussi évoqué la situation au Sahel, d’abord, pour condamner avec beaucoup de fermeté la mutinerie qui se déroule en ce moment au Burkina Faso, comme l’Union africaine l’a condamné, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest l’a condamné aussi. Le Président Kaboré a été élu au terme d’un processus électoral en novembre dernier, il est légitime, et toute remise en cause de l’ordre constitutionnel est condamnée par l’ensemble des acteurs, y compris par les Européens aujourd’hui.

Et puis enfin, nous avons évoqué la question du Mali pour apporter notre soutien à la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest dans les mesures de sanctions qu’ils ont prises, il y a maintenant quelques jours, pour exiger de la junte qu’elle mette en place un nouveau dispositif de transition et pour engager des sanctions ciblées contre certains responsables. Le principe en a été acté et la mise en œuvre se fera dans les jours qui viennent.