Audition de Jean-Yves Le Drian par la commission des affaires étrangères du Parlement européen (Bruxelles, 25 janvier 2022)

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Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a été auditionné hier par la commission des affaires étrangères du Parlement européen, dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne et au lendemain du Conseil des affaires étrangères qui s’est tenu le 24 janvier.

Tout en rappelant que la souveraineté européenne constituait le fil rouge de la présidence française, le ministre a présenté les priorités de cette dernière dans le domaine de la politique européenne de sécurité commune et de la politique de sécurité et de défense commune, L’affirmation de la souveraineté dans ces domaines est d’autant plus nécessaire que les relations internationales sont caractérisées par un retour des jeux de puissance et des défis globaux, qui nécessitent que l’Union européenne soit en mesure d’agir fortement pour défendre ses intérêts et promouvoir ses valeurs.

Le ministre a également évoqué les grandes crises d’actualité, où les intérêts européens sont en jeu.

Face à la montée des tensions dans le voisinage oriental de l’Union, il a rappelé les conclusions du Conseil Affaires étrangères qui mettent en exergue l’indivisibilité de la sécurité européenne, l’unité et la solidarité des Etats membres de l’Union et leur détermination à renforcer leur posture dissuasive avec des conséquences massives et des coûts sévères en cas d’atteinte à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Ukraine. Les Européens continueront à contribuer activement et substantiellement à tous les processus de discussion en cours dans lesquels leurs intérêts de sécurité sont en jeu, avec nos partenaires, en particulier les Etats-Unis et l’OTAN. Le Conseil de l’UE a également appelé la Russie à participer de manière constructive au dialogue dans le cadre des mécanismes internationaux établis. A ce titre, le ministre a confirmé qu’une réunion en format Normandie se tiendra ce mercredi 26 janvier au niveau des conseillers diplomatiques. Il a précisé qu’il se rendrait dans les prochains jours avec son homologue allemande en Ukraine.

S’agissant du Sahel, le ministre a rappelé que les Européens restaient déterminés à poursuivre la lutte contre le terrorisme. Face à la fuite en avant de la junte malienne, le Conseil de l’UE avait confirmé son soutien aux décisions de la CEDEAO en engageant un travail pour adopter rapidement des sanctions ciblées contre certains responsables du blocage de la transition politique. Il a fait état du nouveau contexte marqué à la fois par la rupture du cadre politique qui entourait la transition malienne et par le déploiement désormais effectif de mercenaires russes de Wagner dans plusieurs zones du territoire malien ainsi que des mesures d’entrave des autorités maliennes à l’action de la communauté internationale. Le ministre a précisé que, s’agissant des conséquences à en tirer, les décisions devaient être collectives avec l’ensemble des partenaires européens et africains concernés. Il a également condamné avec fermeté le coup d’Etat contre le Président Kaboré au Burkina Faso.

Le ministre a enfin rappelé que la présidence française du Conseil de l’UE s’attacherait à renforcer ses partenariats avec l’Union africaine à l’occasion du sommet UE-UA des 17 et 18 février prochains, avec les pays de l’Indopacifique dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie européenne pour l’Indopacifique et du forum ministériel dédié à cette région le 22 février à Paris. Il a conclu sur l’importance pour l’Union européenne et ses Etats membres de repenser leurs relations avec les pays des Balkans occidentaux dont la perspective européenne est claire et avec lesquels il faut développer des coopérations concrètes en vue de favoriser l’intégration régionale. Ce sera l’objet de la conférence que la présidence française organisera dans la seconde partie du semestre.