Déclaration commune sur la sécurité des journalistes et l’accès à l’information durant la crise du COVID-19 (15 avril 2020)

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(Traduit de l’anglais)

Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les présidents et membres soussignés des groupes des amis de la sécurité et la protection des journalistes appellent tous les États à protéger la sécurité des journalistes et des travailleurs du secteur de l’information, à préserver une presse libre et indépendante et à garantir l’accès sans entrave à l’information, en ligne et hors ligne.

Les médias libres, indépendants et pluralistes jouent un rôle indispensable dans l’information du public durant la crise actuelle du COVID-19. Chacun a droit à une information compréhensible, accessible, fiable et en temps réel concernant la nature et le niveau de la menace que le COVID-19 fait peser sur sa santé, permettant de suivre les indications sur la manière de rester en bonne santé qui reposent sur la base des données scientifiques.

La santé publique est indissociable de la confiance du public. La confiance est essentielle pour obtenir du public un soutien adéquat aux mesures prises par les gouvernements afin d’enrayer la propagation du virus et le respect de ces mesures.

La confiance ne saurait être assurée sans la transparence et l’esprit de responsabilité qu’offre et que garantit une presse libre. Parallèlement, une presse libre et indépendante a un rôle important à jouer pour faire reculer la désinformation en fournissant des informations exactes, factuelles et vérifiées. Dans ce contexte, il est essentiel que les gouvernements et les entités privées luttent contre la désinformation essentiellement en fournissant eux-mêmes des informations fiables.

Nous constatons avec une vive préoccupation l’augmentation des mesures de restriction prises par des États qui limitent de manière disproportionnée le droit à la liberté d’expression et empêchent les journalistes et les travailleurs du secteur de l’information de rendre compte de la crise du COVID-19. Les arrestations, la persécution et le harcèlement à l’encontre des journalistes et des travailleurs du secteur de l’information, en particulier les femmes, les campagnes de diffamation pour discréditer leur travail, l’expulsion des journalistes étrangers en raison de leur couverture de la crise du COVID-19, ainsi que la qualification d’infraction pénale du fait de diffuser des informations prétendument erronées, en ligne et hors ligne, peuvent constituer des violations des droits de l’Homme. L’impunité n’a pas sa place dans nos sociétés démocratiques.

L’accès à l’internet est essentiel pour que l’information parvienne à toutes les personnes touchées par le virus. Les gouvernements doivent mettre fin aux coupures de l’internet, assurer l’accès le plus large possible aux services internet et prendre des mesures pour combler la fracture numérique, y compris l’inégalité entre les sexes dans ce domaine.

En outre, les journalistes et les travailleurs du secteur de l’information subissent d’importants risques physiques et psychologiques en étant en première ligne dans les reportages sur la crise du COVID-19. Ils travaillent dans des conditions extrêmement difficiles, en partie du fait de l’absence de mesures de précaution et de formation sanitaires, mais aussi du stress psychologique lié à l’évolution rapide de la situation. La déclaration de l’état d’urgence résultant de la pandémie de COVID-19 ne doit pas servir de prétexte pour limiter la liberté d’expression et dégrader les conditions de travail des journalistes et des travailleurs du secteur de l’information. Il est essentiel pour les sociétés et la communauté internationale dans son ensemble que les gouvernements préservent un environnement libre, sûr et favorable pour les journalistes et les travailleurs du secteur de l’information et fassent en sorte que ceux-ci puissent rendre compte de la crise du COVID-19 et donner des informations sur les mesures prises en réaction et les effets constatés sans subir d’ingérences excessives.

Nous saluons la série d’initiatives prises par les organisations internationales telles que l’UNESCO et la société civile, les associations professionnelles et les réseaux sociaux, pour favoriser la sécurité des journalistes et des travailleurs du secteur de l’information dans le contexte du COVID-19. Des projets pour renforcer la presse dans les pays en développement face à la crise du COVID-19, tels que ceux mis en œuvre par le Programme international de l’UNESCO pour le développement de la communication, sont particulièrement bienvenus.
Nous nous félicitons également de la déclaration commune publiée le 19 mars par David Kaye, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression ; Harlem Désir, Représentant de l’OSCE pour la liberté des médias ; et Edison Lanza, Rapporteur spécial pour la liberté d’expression de la Commission interaméricaine des droits de l’Homme, ainsi que du communiqué de presse et des déclarations de Moez Chakchouk, Sous-Directeur général de l’UNESCO pour la communication, l’information et l’informatique, publiés le 27 mars.

Nous sommes d’accord avec leur appel pour que les gouvernements déploient des efforts exceptionnels pour protéger le travail des journalistes en cette période d’urgence sanitaire publique et nous demeurons pleinement déterminés à protéger la liberté de la presse et la sécurité des journalistes en cette période de crise.

Signé par l’Autriche, la France, la Grèce, la Lituanie et la Suède, respectivement présidente et co-présidentes des groupes des amis de la sécurité des journalistes, à New York, Genève, Vienne (OSCE) et Paris.

Annexe :
(Liste des co-signataires, membres de l’un des quatre groupes des amis de la sécurité des journalistes à l’UNESCO (Paris), aux Nations Unies (New York et Genève) et à l’OSCE (Vienne), dans l’ordre alphabétique anglais)

Albanie
Argentine
Australie
Autriche
Brésil
Bulgarie
Canada
Cabo Verde
Chili
Costa Rica
Danemark
Estonie
Finlande
France
Allemagne
Ghana
Grèce
Japon
Kenya
Koweït
Lettonie
Liban
Lituanie
Luxembourg
Monténégro
Maroc
Pays-Bas
Nigeria
Norvège
Paraguay
Pologne
Qatar
République de Corée
Sénégal
Slovénie
Suède
Suisse
Tunisie
Royaume-Uni
États-Unis d’Amérique
Uruguay