Hépatite B : une nouvelle stratégie pour éliminer la transmission de la mère à l’enfant

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Thaïlande

Actualité
Thaïlande | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
16 mars 2018

Une étude clinique coordonnée par l’IRD et l’Université de Chiang Mai, avec leurs partenaires thaïlandais, américains et français, renforce l’intérêt pour une nouvelle stratégie de prévention de la transmission du virus de l’hépatite B de la mère à l’enfant.

Les résultats de cet essai clinique, conduit en Thaïlande pendant cinq ans, ont été publié le 8 mars 2018 dans le New England Journal of Medicine .

Dans les pays d’Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis, l’hépatite B est une infection aigüe acquise à l’âge adulte. Habituellement, les patients en guérissent. Cependant, en Asie, l’hépatite B est le plus souvent acquise à la naissance ou dans la petite enfance, et devient fréquemment une maladie chronique, entraînant cirrhose et cancer du foie à l’âge adulte. Sur ce continent, l’hépatite B affecte plus de 100 millions de personnes et constitue un problème de santé publique majeur.

En Thaïlande, plus de 2 millions d’adultes sont infectées par ce virus, soit environ 5 fois plus que par le VIH. Les pouvoirs publics, qui ont réussi à éliminer la transmission du VIH et de la syphilis de la mère à l’enfant, affichent désormais leur volonté d’éliminer la transmission périnatale du virus de l’hépatite B.

Une stratégie combinant efficacité et tolérance

Dans cette étude, l’équipe internationale dirigée par Gonzague Jourdain (médecin épidémiologiste à l’IRD), mobilisant des partenaires thaïlandais, américains et français, a cherché à évaluer l’efficacité et la tolérance d’une nouvelle approche pour prévenir la transmission du virus de l’hépatite B chez des mères à haut risque de transmission. En effet, du fait de leur très forte charge virale, ces mères risquent de transmettre le virus à leur enfant, malgré l’injection de vaccin et d’immunoglobulines au nouveau-né.

L’équipe scientifique s’est intéressée à la possibilité de renforcer la stratégie actuelle (vaccin et immunoglobulines) par l’adjonction d’un antiviral à la mère (le disoproxil fumarate de ténofovir), une fois par jour à partir du début du troisième trimestre de grossesse et jusqu’à 2 mois après l’accouchement. Double objectif pour l’équipe : limiter au maximum le nombre d’enfants infectés à la naissance et vérifier la bonne tolérance des femmes au traitement.

331 femmes ont participé à cet essai, réparties au hasard en deux groupes : elles recevaient soit le nouveau traitement, soit un placebo d’apparence identique. Les résultats de cet essai ont montré qu’aucun enfant né dans le groupe des femmes ayant reçu le nouveau traitement n’avait été infecté par le virus. De plus, le traitement a été très bien toléré par les mères. Dans le groupe placebo, seulement 2 % des enfants ont été infectés, alors que les études antérieures, la plupart menées en Chine, faisaient état de plus de transmissions.

Vers l’élimination de la transmission périnatale en Thaïlande ?

Pour Gonzague Jourdain, qui a coordonné cette étude, ces résultats "apportent l’espoir de pouvoir mettre en œuvre une stratégie simple et peu coûteuse, permettant aux mères infectées par le virus de l’hépatite B et dont la charge virale est élevée de limiter le risque de transmettre ce virus à leurs enfants, en Asie et plus généralement dans le monde".

Cette étude a été financée par le National Institute of Child Health and Human Development « Eunice Kennedy Shriver » (NICHD), National Institutes of Health (NIH), Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux Etats-Unis et l’Institut de recherche pour le développement (IRD) en France. Elle a été soutenue par le Ministère de la santé publique et la Thai International Cooperation Agency (TICA) en Thaïlande.

Source : http://www.thailande.ird.fr/toute-l-actualite/communiques-de-presse/hepatite-b-une-nouvelle-strategie-pour-eliminer-la-transmission-de-la-mere-a-l-enfant
Rédacteur : vincent.drapeau[at]diplomatie.gouv.fr