Recyclage : vers une économie circulaire

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Taïwan | Science de la terre, de l’univers et de l’environnement : énergie, transports, espace, environnement
15 mai 2018

Véritable génie en gestion des déchets, Taïwan fait un pas de plus en avant : de plus en plus de petites et moyennes entreprises (PME) recyclent leurs déchets, appliquant ainsi le concept d’économie circulaire.

D’après l’ADEME, le recyclage vise « à utiliser les matières premières issues de déchets ». Plus précise, la définition du Code français de l’environnement caractérise le recyclage comme « toute opération de valorisation par laquelle les déchets, y compris les déchets organiques, sont retraités en substances, matières ou produits aux fins de leur fonction initiale ou à d’autres fins. Les opérations de valorisation énergétique des déchets, celles relatives à la conversion des déchets en combustible et les opérations de remblaiement ne peuvent pas être qualifiées d’opérations de recyclage. »

L’administration des PME taïwanaises (SMEA) a aidé plus de 100 entreprises depuis 2013 à développer ce concept de durabilité et d’économie circulaire. Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises taïwanaises sont économes en énergie, durables et respectueuses de l’environnement. Et les produits fabriqués à partir des déchets recyclés peuvent être également recyclés à leur tour, ce qui est conforme à l’« économie circulaire », permettant de régénérer d’autres produits et matériaux à la fin de chaque cycle de vie. Au cours des six dernières années, la valeur de la production de l’« industrie verte » de Taïwan a atteint 6,1 milliards de dollars taïwanais (170 millions d’euros), les exportations atteignant 10 milliards de dollars taïwanais (280 millions d’euros).

C’est le cas notamment de Get Green Energy Corp (GGE), installé à Taichung, qui développe une technique permettant d’extraire la poudre de silicium pure et le carbone de silicium des déchets produits par les secteurs des semi-conducteurs et de l’énergie solaire, et aide à recycler plus de 6000 tonnes de boues d’épuration chaque mois. En effet, sous sa forme amorphe, la silice est utilisée pour la production de matériaux tels que les silicones ou pour fabriquer des panneaux photovoltaïques. La poudre de silicium, l’hydrogène, le carbone de silicium et le dioxyde de silicium extraits des boues sont ensuite utilisés dans la production de batteries au lithium, de fibres synthétiques et d’autres produits. S’exprimant lors d’une conférence de presse, le président de GGE, Lee Lung-chin, a déclaré que les matériaux à base de silicium ont un large éventail d’utilisations, y compris la fabrication de patins et de pneus de véhicules. Enrestec Inc, société de technologie basée dans le comté de Pingtung, recycle également ses déchets, en extrayant l’huile, le carbone et le fil des pneus usés, utilisés pour fabriquer du carburant, du fil neuf, des combinaisons de plongée, etc.

En mai 2016, le Wall Street Journal a publié un article intitulé : « Taïwan, génie de la gestion des déchets », présentant sa transformation d’une « île poubelle » en « véritable modèle international  », avec un taux de recyclage de 55% en 2015, aussi élevé qu’en Australie, Allemagne, ou en Corée du Sud. Force est de reconnaitre que la réussite du modèle taiwanais de tri et de recyclage des déchets est essentiellement due à l’engouement de la population pour ces comportements plus responsables. A Taipei, capitale de l’île de Taïwan, la culture du tri et du recyclage est un rituel quasi-religieux, respectueusement suivi par l’ensemble de la population. Confronté à une grave crise des déchets à la fin des années 1980, faute d’espaces de stockage suffisants, le gouvernement de Taïwan a fait de sa politique de tri et de recyclage des déchets une priorité nationale au milieu des années 1990. En 2003, le gouvernement taiwanais a même été jusqu’à inscrire son action publique dans une politique du ‘‘zéro déchet et zéro enfouissement’’. Chaque jour, au passage des camions de ramassage des ordures ménagères, les habitants patientent tranquillement sur la devanture de leur maison, jetant eux-mêmes leurs sacs poubelles dans les larges bennes à ordures motorisées. Les déchets de Taïwan sont répartis en 11 flux (contre 5 en France), collectés par des camions spécifiques, un système parfois complexe mais qui a fait ses preuves. Pour ceux que leur emploi empêche de participer à cette activité citoyenne, des postes de concierge ont été spécialement créés. Annoncés par quelques notes de la Lettre à Elise de Beethoven, ces camions couleur jaune canari attirent inévitablement l’attention, amusent les passants, encouragent les photographies des touristes et nourrissent les discussions. Ils fondent surtout l’engagement des petits et des grands à recycler, en les incitants à participer à un acte à la fois écologique et ludique.

Sources :

Rédactrice :
Morgane Schuhmann, morgane.schuhmann[at]diplomatie.gouv.fr
https://www.france-taipei.org/