Vers un diagnostic précoce de la maladie de Parkinson ?

Partager
Slovaquie

Actualité
Slovaquie | Politiques de recherche, technologiques et universitaires | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
9 février 2018

Dans le cadre d’un projet VEGA, les chercheurs en neurologie de la Faculté de médecine de l’Université Pavol Jozef Safarik (UPJS) et de l’Hôpital universitaire L. Pasteur (UNLP) de Košice travaillent sur le développement d’une méthode de détection de la maladie de Parkinson.

La maladie de Parkinson : caractéristiques, symptômes, traitement

La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neurodégénérative la plus courante dans le monde, après la maladie d’Alzheimer, et la deuxième cause de handicap moteur chez l’adulte après les accidents vasculaires cérébraux. Cette maladie se manifeste par la dégénérescence progressive d’une population spécifique de neurones : les neurones à dopamine (hormone impliquée dans le contrôle de la motricité notamment) dans la substance noire du cerveau. De plus, des amas pathogènes (corps de Lewy) sont retrouvés dans cette substance noire et se répandent aussi dans d’autres zones du cerveau. Ils sont formés par une protéine appelée α-synucléine. Cette dernière est naturellement présente chez les sujets sains, mais dans certaines circonstances, sa conformation peut être modifiée entraînant une agrégation anormale. Les symptômes de la maladie sont majoritairement moteurs : lenteur dans la mise en œuvre et la coordination des mouvements (akinésie), raideur musculaire (hypertonie), tremblements. Les patients atteints de cette maladie présentent également des symptômes non moteurs, qui peuvent apparaître en premier lieu, tels que des problèmes digestifs, urinaires, des troubles cognitifs, du sommeil et de l’humeur. Bien que les causes de la maladie semblent être génétiques et environnementales, elles restent aujourd’hui incertaines. Les traitements actuels permettent alors de contrôler les symptômes moteurs associés à la maladie, mais ils sont sans effet sur les autres symptômes et sur la progression de la dégénérescence.

Les pistes de recherche à Košice

A Košice, les scientifiques en neurologie de l’UPJS et de l’UNLP ont reçu un financement du Ministère de l’éducation, de la science, de la recherche et des sports de la République slovaque pour un projet de recherche (APVV-14-0415) qui porte sur l’identification de nouveaux biomarqueurs pour le diagnostic précoce de la maladie de Parkinson. Ce projet, lancé en janvier 2015 et qui devrait être achevé en juin 2019, est mené en collaboration avec des chercheurs de l’Institut de Neurologie de l’Université de médecine de Vienne et une banque de tissus neurologiques située à Barcelone (IDABAPS).

L’une des stratégies pour tenter de ralentir la progression des dégénérescences des neurones est d’administrer au plus tôt un traitement au patient, ce qui nécessite d’effectuer un diagnostic précoce de la maladie. Les scientifiques impliqués dans le projet APVV-14-0415 travaillent sur cette problématique. Leurs travaux de recherche portent sur la protéine α-synucléine, utilisée comme principal marqueur de diagnostic de la maladie.

Illust: Présentation du (...), 53.9 ko, 800x530
Présentation du projet de recherche à la presse slovaque, au sein de la Faculté de médecine de l’UPJS, le 7 décembre 2018. Crédits photo : UPJS.

De précédentes études scientifiques ont mis en évidence la présence de corps de Lewy dans le système nerveux entérique (SNE) chez des patients atteints de la maladie de Parkinson, mais pas dans celui de sujets sains. L’étude menée par les scientifiques de l’UPJS et de l’UNLP consiste alors à détecter la formation de ces amas pathogènes d’α-synucléine au sein du SNE pour tenter de diagnostiquer la maladie avant l’apparition des symptômes moteurs. Cette étude a impliqué 140 patients affectés par des troubles gastro-entérologiques mais ne présentant pas de troubles de la motricité. En plus d’examens neurologiques classiques et d’une surveillance de leur sommeil (analyse des mouvements oculaires), des coloscopies et des biopsies du côlon ont été réalisées chez ces mêmes patients pour détecter la présence d’α-synucléine pathogène dans le SNE. Selon les résultats de l’étude, les chercheurs ont diagnostiqué la maladie de Parkinson chez 7 de ces patients, à un stade précoce. En analysant ces différents facteurs de risque, les chercheurs ont estimé à 80% la probabilité que ces 7 patients développent la maladie de Parkinson dans les prochaines années avec ses symptômes moteurs. Cette méthode spécifique de détection de la maladie à un stade où elle est encore peu développée favoriserait à l’avenir sa prise en charge précoce et l’efficacité des différents traitements.

Pour poursuivre leurs travaux, les scientifiques de Košice recherchent aujourd’hui des patients âgés de plus de 50 ans ayant des troubles du sommeil et étant intéressés pour prendre part à ces études soit à Kosice, soit à Bratislava (étude nationale, implication de la Faculté de médecine de l’Université Comenius et de l’Hôpital universitaire de Bratislava).

Pour en savoir plus :

Rédactrice : Adèle Picquet, Chargée de mission pour la Coopération Scientifique et Universitaire, Ambassade de France en Slovaquie, http://sk.ambafrance.org

Contact : adele.picquet[a]diplomatie.gouv.fr