Rapport final sur la résistance antimicrobienne commandé par le gouvernement britannique

Partager
Royaume-Uni

Actualité
Royaume-Uni | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
16 juin 2016

En 2014, le Premier Ministre David Cameron commandait une revue indépendante sur la résistance antimicrobienne (RAM) à l’éminent économiste Jim O’Neill. L’objectif était d’évaluer, selon une perspective économique, les menaces croissantes engendrées par la RAM et d’émettre des recommandations et solutions.

Illust: Micrographie d'un, 113.3 ko, 420x299
Micrographie d’un staphylocoque aureus résistant à la méticilline (SARM) et d’un neutrophile humain mort (crédit : Jacopo Werther)
Jacopo Werther

Depuis 2014, le groupe de travail a rendu public plusieurs papiers thématiques traitant différents aspects du problème de la RAM dont les deux principaux ont déjà fait l’objet d’une brève en 2015.

Les deux rapports principaux sont Antimicrobial Resistance : Tackling a crisis for the health and wealth of nations (décembre 2014) et Tackling a global health crisis : Initial steps (février 2015).

Le dernier rapport, rendu public en mai 2016, Tackling drug-resistant infections globally : final report and recommendations, reprend l’ensemble des résultats obtenus et finalise les recommandations en quelques actions à prendre au plan mondial.

Pour rappel :

  • 10 millions de vies par an sont menacées à travers le monde et on estime à 100 billions $ (mille milliards) le manque à gagner de PIB équivalent d’ici 2050 ;
  • 700 000 personnes meurent chaque année des suites d’infections générées par des agents microbiens résistants à tous les antibiotiques actuels.

Pour endiguer l’accroissement d’infections résistantes aux agents antimicrobiens actuels, il faut résoudre la question essentielle de l’offre et de la demande : il n’existe pas assez de nouveaux médicaments et la demande est très mal gérée. En d’autres termes, il est impératif de modifier la manière avec laquelle les antibiotiques sont prescrits et consommés (à la fois chez l’Homme, chez l’animal et en agriculture). Un changement radical recommandé est que les gouvernements et les secteurs responsables de la plus grosse consommation d’antibiotiques (santé, pharmaceutique, agriculture, alimentation) soient tenus responsables de l’atteinte des objectifs préfixés de réduction d’utilisation des antibiotiques.

Pour réduire cette demande en antibiotiques, les étapes suivantes spécifiques sont recommandées par Jim O’Neill :
1. Mener une campagne de prise de conscience de grande envergure auprès de l’ensemble de la population.
2. Améliorer l’hygiène pour réduire la dissémination des infections.
3. Réduire l’utilisation non nécessaire d’antimicrobiens dans le secteur de l’agriculture et ainsi leur dissémination dans l’environnement.
4. Améliorer la surveillance mondiale de la résistance et de la consommation d’antimicrobiens chez l’Homme et l’animal.
5. Promouvoir les diagnostics rapides et innovants pour réduire l’utilisation non nécessaire.
6. Promouvoir le développement et l’utilisation de vaccins et autres alternatives.
7. Accroître le nombre, le salaire et la reconnaissance des personnels travaillant dans le secteur des maladies infectieuses.

Pour accroître le nombre d’agents antimicrobiens efficaces contre les infections devenues résistantes aux médicaments actuels, le rapport stipule les actions suivantes :
1. Mettre en œuvre un Fonds d’innovation mondial (Global Innovation Fund) pour la recherche fondamentale et/ou pré-commerciale.
2. Créer de meilleures incitations pour promouvoir les investissements vers le développement de nouvelles molécules et l’amélioration des molécules existantes.

Selon Jim O’Neill, l’ensemble de ces actions n’aura aucun effet si n’est pas créée dans le même temps une coalition mondiale pour la résistance antimicrobienne, et qui possède une réelle capacité d’action (via le G20 ou l’Organisation des Nations Unies).

Pour terminer, le rapport annonce que les estimations de coûts engendrées par ces actions s’élèvent à 3-4 Mds$ annuels. La majorité des incitations recommandées correspond à des paiements par résultat et n’implique donc pas d’investissements en amont.

Dans ce cadre, une option de financement potentiellement efficace pour modifier le déséquilibre entre l’offre et la demande pourrait être d’imposer à l’industrie pharmaceutique des frais d’investissement pour les antibiotiques, selon un modèle ‘payer ou participer’. Les entreprises auraient ainsi le choix de payer si elles ne souhaitent pas investir dans la R&D dans ce secteur spécifique. Les fonds collectés serviraient à améliorer le marché commercial des molécules efficaces (médicament, vaccin, diagnostic, etc.).

Source :

Rédacteur : Dr Claire Mouchot, claire.mouchot[at]ambascience.co.uk.