Conclusions du rapport Stern sur l’évaluation de la recherche britannique

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Royaume-Uni | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
10 août 2016

Jo Johnson, secrétaire d’état à la science et aux universités, a commandité en novembre 2015 une étude indépendante sur l’excellence de la recherche : la « Stern review », dont les conclusions ont été récemment publiées.

En décembre 2014, Greg Clark (alors Minister of Universities, Science and Cities) avait initié une modification profonde de la stratégie en science et innovation.

Après une évaluation des conseils de recherche, un green paper, un white paper, une loi parlementaire actuellement à l’étude et finalement un réarrangement de la responsabilité de Whitehall, les conclusions de l’étude indépendante sur l’excellence de la recherche et son exercice d’évaluation (le Research Excellence Framework, abrégé REF), appelée la « Stern review » et commanditée par Jo Johnson en novembre 2015, ont été publiées.

Sous la direction de Lord Stern, ce travail rend compte de l’état de la recherche et de l’enseignement supérieur britannique et émet des recommandations pour améliorer cet outil.

La revue souligne un certain nombre des raisons du succès du Royaume-Uni en matière de recherche :
1) Il est dû à un mode de financement de la recherche basé sur la qualité des projets de recherche (competitive grant funding) ;
2) Il est dû à l’attribution de financements sur le long terme, permettant aux universités de dresser un budget.

Ce modèle choisi par le Royaume-Uni nécessite un outil de contrôle. C’est le rôle donné successivement au RAE (Research Assessment Exercice) jusqu’en 2013 puis au REF en 2014 ; s’il est nécessaire, un tel processus n’en reste pas moins onéreux avec un budget de 246m£ en 2014 (soit 3.5 fois le budget de 2008). Cette revue a pour but de répondre à la question suivante : comment faire pour que cet outil soit plus efficace et moins coûteux ?

Les auteurs ont examiné différents aspects :
1) L’intérêt et les bénéfices apportés par le REF ;
2) Les problèmes du système actuel ;
3) Les recommandations souhaitables pour une version future ;
4) Le devenir du REF au sein de la nouvelle structure de la recherche et de l’innovation : UKRI.

Le point de départ de l’étude a été d’établir des faits ou conclusions issus de la version 2014 du REF :
1) La dualité du mode de financement de la recherche est un atout (financement en bloc, et financement basé sur la qualité du projet) ;
2) Le REF est un outil indispensable pour juger de la pertinence des thématiques de recherche ;
3) Les campagnes précédentes ont contribué à une dynamique de la recherche vers son excellence ;
4) La mesure de l’« impact » est une donnée importante et elle a eu une contribution certaine dans le programme REF 2014.

Le panel de la « Stern review » a proposé un certain nombre de recommandations pour améliorer l’outil :
1) L’exercice du REF doit concerner l’ensemble du personnel académique ;
2) La production scientifique doit être soumise de manière globalisée ou en groupe par unité de recherche ;
3) La production scientifique doit rester rattachée à l’unité dans le cadre de cet audit (cas ou un chercheur quitte l’établissement) ;
4) L’évaluation doit se faire sur la base du système de « peer-review » ;
5) Les unités doivent montrer leurs actions collaboratives et interdisciplinaires, ceci en soumettant les résultats issus de projets multidisciplinaires ;
6) L’impact doit être établi en fonction de la qualité de la recherche ;
7) L’impact ne doit pas être limité à la recherche en elle-même, mais doit aussi prendre en compte l’impact politique, de vulgarisation, culturel, d’enseignement et l’impact possible sur des disciplines connexes ;
8) L’évaluation doit tenir compte de la stratégie de recherche (future) de l’établissement ;
9) Les données et paramètres du REF doivent être harmonisés avec les autres organismes de financement de la recherche afin de faciliter les échanges et diminuer les coûts ;
10) Le gouvernement et l’UKRI doivent faire un usage plus imaginatif et stratégique du REF pour mieux suivre la « santé » de la recherche et donc permettre des investissements plus judicieux ;
11) Le gouvernement doit faire en sorte qu’il n’y a pas de charge administrative supplémentaire entre le Teaching Excellence Framework (TEF) et le REF pour ainsi optimiser les échanges entre l’enseignement et la recherche dans les HEI (Higher Education Institutions).

Ces recommandations ont été présentées par leur auteur comme constituant un tout destiné à optimiser l’efficacité de l’outil REF et à intégrer cette évaluation dans un contexte plus large. Le gouvernement, saisi, n’a pas encore indiqué les suites qu’il entendait donner à ce rapport.

Sources :

Rédacteur : Dr Ludovic Drouin, attaché scientifique, ludovic.drouin[at]ambascience.co.uk