Une nouvelle « loi de la Science » validée par le Conseil des Ministres du Portugal, jeudi 15 février à Matosinhos.

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Portugal | Politiques de recherche, technologiques et universitaires | Horizon 2020 : innovations et progrès techniques
9 mars 2018

Cette loi prévoit un financement spécifique à la biomédecine, la recherche spatiale, et d’autres mesures de modernisation du régime légal du secteur de la science et de l’innovation.

Jeudi 15 février 2018, le conseil des ministres a approuvé un projet de loi appelé « Loi de la Science » visant à moderniser la politique en matière de science et d’innovation au Portugal. L’occasion de réviser de nombreux aspects de la politique scientifique en matière d’investissement, et d’objectifs à atteindre d’ici 2030, avec pour ambition de converger de manière plus appuyée vers les objectifs de l’Union Européenne.

Le Ministre de la Science, la Technologie et de l’Enseignement supérieur, Manuel Heitor, souligne que la nouvelle loi envisage également « la création éventuelle d’autres organismes de financement » sous la tutelle de la Fondation pour la Science et la Technologie (FCT), dédiée aux domaines de la recherche clinique, l’innovation biomédicale et l’innovation spatiale. Il est également question de la création d’une agence de financement de la recherche clinique qui sera gérée de manière autonome, sans l’intervention de la FCT.

Le ministre a ainsi insisté sur la nécessité de « moderniser le régime juridique » en matière de science et d’innovation, rappelant que les priorités ont changé au cours des 30 dernières années. Il a également rappelé que la valorisation de l’emploi scientifique dans tous les types d’institutions est l’une des autres priorités de la nouvelle loi.

Il ajoute notamment dans cet entretien accordé à Lusa (agence de presse portugaise), que le système a évolué et s’est développé, en rappelant par exemple que la recherche n’est plus exclusivement réservée aux universités et qu’il est primordial de prévoir « la liaison entre l’économie et la société » qui sera appuyée par des programmes tels que la création de « laboratoires collaboratifs ».

L’intention du gouvernement est également « d’inscrire dans la loi les principes de l’évaluation scientifique indépendante », réalisés à travers la FCT, garantissant à ce qu’elle ne soit pas soumise à une « intervention politique » pour évaluer les projets qui doivent être soutenus. Dans la proposition de loi, l’adoption du principe de science ouverte est également consacrée, avec des publications en régime de libre accès.

A la demande de l’exécutif, un rapport de l’Organisation pour la Coopération et le Développement Economique (OCDE) émis en février 2018, sur le secteur des sciences et de l’enseignement supérieur identifiait quelques aspects négatifs, notamment la législation obsolète. La volonté actuelle du Portugal est de s’aligner sur les objectifs communs de recherche de l’Union Européenne.

Pour le ministre, converger vers l’Europe, avec comme échéance l’année 2030, signifie « créer et valoriser environ 25 000 postes de travail qualifiés dans le secteur privé », ce qui implique d’investir judicieusement les fonds et contributions des portugais. Cela signifie également faire en sorte que le Portugal attire les meilleurs, et arrive à dialoguer avec ce qui se fait de mieux dans le monde, et selon lui, cela passe par un effort collectif national.

Manuel Heitor

Le Portugal a ainsi affiché des objectifs clairs : multiplier par quatre l’investissement en recherche et développement dans le secteur privé, et par deux dans le secteur public d’ici douze ans soit passer de 1.3% du PIB global à 3% d’ici 2030 avec deux tiers financés par le secteur privé. Egalement, le gouvernement souhaite rendre les relations entre les institutions académiques et le marché du travail plus étroites, tout en facilitant aussi la formation des adultes ayant déjà une expérience professionnelle sans pour autant avoir suivi des études supérieures. Cela passerait notamment par l’introduction d’un nouveau type de master d’une durée d’un an, en articulation avec les entreprises.

Un autre objectif que s’est fixé le gouvernement est de compter, d’ici 2030, 60% des jeunes de 20 ans en études supérieures, et 50% des 30-40 ans. Le premier Ministre Antonio Costa avait souligné l’importance de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur. Le nombre de doctorants, en baisse comme l’a constaté l’OCDE, était également l’une des préoccupations du gouvernement. La crise est l’un des facteurs notables de ce phénomène, avec peu de travail et des salaires très bas pour les jeunes qui ont pour beaucoup quitté le pays, afin d’y étudier ou y travailler dans de meilleures conditions.

Le Conseil des ministres a ainsi approuvé le même jour une série de mesures dans le domaine de la recherche et de la connaissance, qui comprend des initiatives accélérant l’attribution du doctorat. Ainsi cela cesse d’être une compétence exclusive des universités, les instituts polytechniques pouvant désormais décerner aussi des doctorats. Durant le conseil, le Premier ministre a ainsi avancé qu’il avait l’intention de « moderniser le régime juridique des diplômes des universités et des écoles polytechniques », mais aussi de « reconnaître les diplômes universitaires et autres qualifications délivrées par les établissements d’enseignement supérieur étrangers ».

L’objectif de la réforme prévue par le gouvernement est de qualifier la main-d’œuvre au Portugal. Cette recommandation figure également dans le rapport de l’OCDE.

Pour conclure, cette feuille de route que constitue la loi de la Science approuvée à Matosinhos jeudi 15 février, comporte de nombreuses mesures à mettre en place tout au long des 12 prochaines années jusqu’à l’échéance 2030. Pour Manuel Heitor, investir dans la connaissance représente un risque qu’il est nécessaire de prendre, insistant sur le fait que ce programme représente « un petit pas indispensable pour que le Portugal devienne un pays du futur ».

Source :

Rédacteur : Amaury HOCQUET, Chargé de coopération scientifique à l’Institut Français du Portugal amaury.hocquet[at]ifp-lisboa.com