Environ 5,2 Millions d’euros de projets d’innovation européens attribués à des projets de recherche portugais

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Portugal | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Horizon 2020 : innovations et progrès techniques
17 décembre 2018

Le Conseil européen de l’innovation a alloué des fonds à quatre projets européens associant sept institutions scientifiques et des entreprises portugaises.

Sept institutions scientifiques et entreprises portugaises font partie de quatre projets européens qui ont reçu un financement du programme « FET Open » du Conseil Européen de l’Innovation (CEI), qui récompense les technologies émergentes et l’avenir. Ces quatre projets - impliquant des entités de différents pays européens – ont reçu un total d’environ 14,6 millions d’euros. Sur ce montant, quelques 5,2 millions d’euros ont été attribués au Portugal.

La création du CEI est l’une des mesures du programme de financement de la Commission Européenne (CE) pour la période comprise entre 2021 et 2027, Horizon Europe, qui a été présenté en juin. Toutefois, une phase pilote de la CEI a été lancée, qui utilisera encore le budget de son prédécesseur : Horizon 2020. Selon un communiqué de la CE, entre 2018 et 2020, la phase pilote de la CEI dispose de 2 700 millions d’euros destinés aux innovations sources de nouveaux marchés.

Le FET Open (Technologies Futures et Emergentes) est l’un des "éléments centraux de la CEI", comme le souligne le communiqué : "Il soutient les scientifiques, chercheurs, innovateurs, entrepreneurs et petites entreprises de premier plan avançant des idées brillantes." Il s’agit du premier cycle de financement FET Open et 375 propositions ont d’ores et déjà été reçues. Au total, 38 projets - impliquant 236 bénéficiaires de 23 pays européens - ont été sélectionnés pour un montant de 124 millions d’euros. Quatre de ces projets impliquent des institutions scientifiques et des entreprises portugaises.

Cette semaine a également été marquée par la nomination des lauréats pour les subventions "Synergie" du Conseil Européen de la Recherche (CER). Edgar Gomes, de l’Institut de médecine moléculaire (IMM), fait partie d’un consortium européen qui disposera de dix millions d’euros desquels environ 3,3 millions sont attribués à l’IMM.

Le scientifique Ricardo Schiappa (de l’Instituto Superior Técnico de Lisbonne - IST) fait partie d’une équipe composée de chercheurs du Danemark, de la Suisse et de la France visant à construire une (nouvelle) théorie mathématique sur la quantification. Le financement qui sera attribué à l’IST n’a toujours pas été défini. Par conséquent, en comptant la valeur de la bourse CER accordée à l’IMM et aux quatre projets EIC FET Open, ce sont environ 8,5 millions d’euros qui seront attribués au Portugal.

Concernant les financements CEI, le Laboratoire Ibérique International de Nanotechnologie (INL) est l’entité coordinatrice du premier projet : ChipAI. Ce projet compte sur la participation de la Faculté des Sciences de l’Université de Lisbonne, ainsi que sur des institutions scientifiques du Royaume-Uni, des Pays-Bas, d’Espagne et des entreprises suisses et britanniques. Il durera trois ans et coûtera environ 3,9 millions d’euros. L’INL recevra environ 650 000 euros et la faculté des sciences environ 290 000 euros.

"ChipAI a pour objectif de développer les premières puces qui permettront le traitement de l’information à la vitesse de la lumière et avec les mêmes principes de fonctionnement que les neurones et les synapses de notre cerveau", a déclaré Bruno Romeira, coordinateur du projet et chercheur à l’INL. Grâce à des méthodes de fabrication sophistiquées à l’échelle nanométrique, ChipAI développera des LEDs, des lasers et des photodétecteurs de très petites dimensions (100 fois plus petits que les technologies existantes) à haute efficacité énergétique, large bande passante (gigahertz) et capable d’émuler (ou d’imiter) les mêmes fonctions que les neurones et les synapses.

Bruno Romeira souligne que ces puces feront partie de la future génération de technologies cognitives de réseaux neuronaux utilisant la lumière comme principal moyen de transmission d’informations, contrairement aux technologies actuelles de nos ordinateurs, qui utilisent la microélectronique. Selon le chercheur, cela permettrait le développement de technologies disruptives créant de nouveaux marchés dans la révolution industrielle 4.0 tant attendue, notamment dans les domaines de l’internet des objets, du Big Data et de l’intelligence artificielle.

L’Université d’Aveiro coordonne le deuxième projet : NeuroStimSpinal. Celui-ci s’est vu attribuer un montant de 3,5 millions d’euros. Deux institutions scientifiques d’Espagne, une de Grèce et une autre des Pays-Bas sont également impliquées. Les sociétés portugaises Graphenest et Stemmatters font également partie du consortium.

Ce projet vise à développer un tissu tridimensionnel avec une nanostructure fibreuse et poreuse proche de la morphologie de la moelle épinière en utilisant des techniques de micro fabrication, comme l’expliquait Paula Marques, coordinatrice du projet et chercheuse à l’Université d’Aveiro. La chercheuse a notamment précisé que l’intention est de recréer le microenvironnement tridimensionnel de la moelle épinière en combinant des caractéristiques électriques, chimiques, mécaniques et topographiques capables de préserver la survie et d’améliorer la différenciation des cellules progénitrices ».

En ce sens, l’utilisation d’une combinaison de matrice de biopolymère décellularisée (retrait de la couche adipeuse humaine riche en protéines) et de graphène est envisagée. Une fois implantés, ces biomatériaux seront dotés d’une interface électrique qui leur permettra d’être stimulés sans fil, expliquait la chercheuse, évoquant des tests réalisés sur des cellules progénitrices neuronales, ainsi que sur des souris et des lapins.

Les résultats attendus devraient contribuer à une meilleure compréhension des principaux facteurs qui contrôlent la réparation des tissus endommagés et permettre ainsi de faire un pas en avant vers de nouvelles approches thérapeutiques pour la récupération de la moelle épinière.

L’Université d’Aveiro disposera d’environ 1,1 million d’euros et produira les biomatériaux et l’interface électrique. Graphenest et Stemmatters recevront respectivement environ 209 000 et 403 000 euros.

L’Institut de Médecine Moléculaire coordonne le troisième projet (NOVIRUSES2BRAIN) financé à hauteur de 4,2 millions d’euros. 2,1 millions d’euros sont ainsi attribués à l’IMM, dont le responsable de projet est le chercheur portugais Miguel Castanho. Ce projet est mené en collaboration avec une université d’Espagne, une autre au Brésil et une entreprise en Allemagne.

L’objectif est de développer un médicament intelligent capable d’inactiver simultanément différents types de virus capables de se loger dans le système nerveux central et de provoquer des complications neurologiques. Parmi ces virus nous pouvons compter la rougeole, le VIH-SIDA, la dengue, le zika ou le chikungunya.

"Un médicament capable d’inactiver simultanément un très large spectre d’espèces virales est nécessaire. Il est de la plus haute importance que ce médicament puisse contrer les virus accumulés dans le cerveau ", indique le communiqué.

En tant que tel, le projet souhaite développer et sélectionner des médicaments efficaces capables de traverser le placenta et la barrière hémato-encéphalique (une couche de cellules recouvrant tous les vaisseaux sanguins du cerveau et empêchant de nombreuses molécules, cellules et agents pathogènes de pénétrer dans le réseau neuronal), atteignant ainsi le cerveau des personnes infectées et le fœtus dans le cas des femmes enceintes.

Biofabics participe au quatrième projet : Fish-AI. Coordonné par l’Université de Milan (Italie), il recevra environ 3 millions d’euros et Biofabics disposera quant à elle d’un demi-million d’euros. Des institutions scientifiques israéliennes, belges, néerlandaises et norvégiennes, ainsi qu’une société norvégienne, sont également impliquées.

Le projet Fish AI consiste à développer un micro dispositif utilisant la technologie organ-on-a-chip [où se placent les cellules qui se comporteront comme si elles étaient dans le corps humain, imitant ainsi un organe], qui vise à créer un micro-intestin artificiel, comme l’explique Pedro Costa, fondateur de Biofabics.

Dans ce cas particulier, « il ressemblera à un intestin de poisson, afin de reproduire, d’étudier et d’améliorer l’efficacité de sa nutrition, en particulier dans l’aquaculture", a déclaré Pedro Costa. Biofabics jouera un rôle central dans la création du dispositif, qui sera utilisé et testé par les autres membres du consortium.

Sources :

Rédacteur : Amaury HOCQUET, Chargé de coopération scientifique à l’Institut Français du Portugal amaury.hocquet[at]ifp-lisboa.com