La Pologne se dote d’une carte génomique

Partager
Pologne

Actualité
Pologne | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Médecine individualisée
27 novembre 2018

En décembre prochain le centre polonais de recherche sur l’ADN lancera un projet de création de la première carte génomique du pays. Elle implique le séquençage entier du génome de 5 000 habitants de Pologne. Sur la base de ces génomes sera créée la carte génomique.

C’est un projet à la frontière de la génétique, de la bio-informatique et de la médecine. Il s’agira de séquencer le génome entier en lisant l’ordre des paires de nucléotides dans l’ADN. Le génome humain contient plus de 3 milliards de paires de bases, mais seules certaines d’entre elles, à peine 2%, sont des séquences codant pour les 20 000 à 25 000 gènes que contient notre ADN.

A noter que la génétique peut aider à prédire les risques de développer un cancer, alors que la génomique peut aider à choisir un traitement une fois le cancer déclaré et quantifier le risque de rechute.

Une carte génomique pour aider à soigner

La mise en œuvre et les résultats de ce projet permettront à la Pologne de rejoindre une petite communauté de pays, tels que les États-Unis, l’Islande (toute la population séquencée), le Japon et la Grande-Bretagne (100 000 personnes séquencées depuis 2012), dans lesquels des projets similaires ont déjà été lancés ou réalisés.

La carte génomique servira de modèle génétique spécifique (le génome de référence ou le génome le plus souhaitable c’est-à-dire exempt de mutations dangereuses) pour les habitants d’une région donnée en Pologne.

La comparaison du génome de référence avec l’ADN d’un patient particulier facilitera son diagnostic et permettra la sélection d’un traitement approprié. En effet certains patients métabolisent les médicaments différemment et ont besoin de doses plus ou moins élevées pour que le traitement soit efficace.

Un projet européen et transversal

La réalisation de cette carte génomique requiert la participation et la coopération d’experts dans les domaines de la bio-informatique, de la biologie et de la chimie. Le projet sera mis en œuvre par le consortium European Centre for Bioinforamtics and Genonimcs (ECBiG), qui comprend entre autres l’Institut de Chimie Bio organique de l’Académie des Sciences Polonaises, l’Université Technique de Poznań et le Centre polonais de recherche sur l’ADN.

Il convient également de souligner qu’une condition nécessaire pour mener toutes ces recherches génétiques de haute qualité est l’implication de ressources de calcul importantes et le support d’algorithmes avancés, à tous les stades du traitement des données biologiques et de l’analyse des données. Ce projet impliquera le centre de calcul et réseau de Poznań.

L’enveloppe adressée à ce projet est estimée à 25 millions d’Euro.

Des données qui valent de l’or

En échange du partage de leur ADN, les volontaires recevront le séquençage complet de leur génome. Cela permettra de déterminer quelles mutations ils ont et à quelles maladies ils pourraient être exposés dans un futur proche. Les participants découvriront également la provenance de leurs ancêtres lointains.

La longue histoire de la Pologne, à travers les nombreuses guerres et migrations de population, a entraîné le brassage de nombreux groupes ethniques et offre ainsi au peuple polonais une des plus grandes diversités génétiques d’Europe.

Les données des participants seront également mises à la disposition d’entreprises, principalement pharmaceutiques, et à la recherche scientifique.

Ces données suscitent un très grand intérêt des entreprises du secteur. Par exemple en 2012, l’entreprise américaine de biotechnologie Amgen a déboursé 415 millions de dollars pour l’acquisition de la base de données DeCode en Islande. Plus récemment, en août dernier, la société américaine 23andMe a cédé l’intégralité des données génétiques de ses 5 millions de clients au groupe GSK pour 300 millions de dollars.

Rédacteur :
Thibaud DUBRULE, Chargé de Mission Scientifique à l’Ambassade de France en Pologne, thibaud.dubrule chez diplomatie.gouv.fr