Energies renouvelables : Des chercheurs polonais étudient la possibilité de cultiver des plantes dites énergétiques sur des terres dégradées

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11 avril 2018

D’après des chercheurs de l’Institut pour l’Écologie des Zones Industrielles (IETU) de Katowice, des terres avec des sols de mauvaise qualité et des terres post-industrielles contaminées peuvent être utilisées avec succès pour la culture de plantes dites énergétiques destinées à la production de biocarburant par exemple.

Institut de recherche relevant du Ministère de l’Environnement, l’IETU focalise sa recherche et ses services sur les défis environnementaux et l’impact du changement climatique, l’efficacité des ressources, l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets.

Depuis 1996, l’IETU étudie plus particulièrement la remédiation biologique (purification) des sols dans les zones post-industrielles, dans le but de réduire les risques résultant de la pénétration des métaux lourds du sol dans les organismes vivants.

Le contexte polonais

La culture de certaines espèces de plantes énergétiques sur des terres dégradées permettra en outre de purifier les sols contaminés par des métaux lourds, et pourrait affecter positivement la qualité des sols décrits comme pauvres. En effet, certaines plantes ont des mécanismes spécifiques qui leur permettent de collecter et d’accumuler des substances toxiques dans leurs tissus, par exemple le plomb et le cadmium, de sorte qu’elles peuvent être utilisées pour le nettoyage du sol. D’autres plantes ne collectent pas les contaminants contenus dans les sols et constituent donc de la biomasse pure, plus facile à traiter à des fins énergétiques.

Selon les données citées par l’Institut à Katowice, il y a en Pologne environ 2,3 millions d’hectares de sols de mauvaise qualité - soit 12% de toutes les terres agricoles en Pologne. 140.000 hectares sont des sols chimiquement contaminés et 50.000 hectares sont des terres dégradées ou transformées mécaniquement, dépourvues d’humus. En Silésie et dans la voïvodie de la Petite-Pologne, la contamination par des métaux lourds est la principale raison de l’exclusion de ces terres de la production de denrées alimentaires et d’aliments pour animaux. Les chercheurs sont convaincus que certaines de ces zones peuvent être utilisées efficacement pour la culture de plantes énergétiques.

Deux projets de recherche européens à l’IETU

Deux projets de recherche européens (« European Research Council grants ») sont actuellement mis en œuvre à l’IETU : MISCOMAR et PHYTO2ENERGY, dans lesquels les chercheurs développent de nouvelles méthodes de culture de plantes énergétiques sur des terres agricoles de mauvaise qualité et contaminées :

Projet MISCOMAR : dans le cadre de ce projet, l’Institut coopère avec deux universités européennes qui traitent de la biomasse croissante à des fins énergétiques depuis de nombreuses années : l’Université Aberystwyth au Royaume-Uni et l’Université de Hohenheim en Allemagne. Le projet ambitionne l’élaboration de techniques de culture du miscanthus sur des sols exclus de la production agricole, en particulier ceux contaminés par des métaux lourds (en Pologne), des sols peu profonds et pierreux (UK) et des sols périodiquement inondés avec une teneur élevée en argile (en Allemagne).

Projet PHYTO2ENERGY : dans le cadre de projet, l’institut coopère avec cinq autres partenaires dont trois dans le secteur commercial (roumain, polonais et allemand) et deux institutions publiques : le centre de recherche allemand Helmholtz Zentrum München et l’université technologique de Silésie. Le projet se concentre sur la production de plantes énergétiques sur des sols contaminés par des métaux lourds et la conversion de la biomasse végétale obtenue à des fins énergétiques par le processus de gazéification. Dans le cas de sols agricoles contaminés qui peuvent être restaurés pour la culture de denrées alimentaires, la stimulation de la croissance de la biomasse augmente l’absorption et l’accumulation de métaux lourds dans les parties aériennes des plantes. Dans le cas de terres dégradées contaminées, le développement de méthodes appropriées pour stimuler la croissance de la biomasse permettra d’utiliser ces zones pour des cultures énergétiques et permettre un renouvellement écologique et économique de ces zones.

Rédacteur :

Thibaud DUBRULE, Chargé de Mission Scientifique à Varsovie, thibaud.dubrule[at]diplomatie.gouv.fr