Satisfaction de la communauté de recherche japonaise sur le financement et l’organisation de la recherche

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Japon

Japon | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
10 octobre 2018

Le National Institute of Science and Technology Policy (NISTEP) a publié le bilan d’un sondage d’opinion sur l’organisation actuelle de la science, de la technologie et de l’innovation au Japon afin d’évaluer le niveau de satisfaction des chercheurs et des experts scientifiques.

Cette enquête est destinée à plus de 2 100 chercheurs, incluant des présidents, professeurs, et responsables de chaires au sein d’universités, des chercheurs de haut niveau d’ instituts de recherche, des responsables de grands projets nationaux ainsi qu’à 700 experts scientifiques du monde industriel et des agences de financement. Elle vise à suivre le niveau de satisfaction de la communauté scientifique vis-à-vis du système d’organisation.

Un des éléments à relever de ce bilan est l’augmentation du nombre de chercheurs considérant l’environnement de la recherche insuffisamment aménagé. Le budget alloué à la science et la technologie, est également jugé trop faible pour couvrir les dépenses liées à la recherche et aux ressources humaines, notamment à l’emploi des personnels administratifs de soutien à la recherche.

Concernant la recherche fondamentale, le niveau de satisfaction des acteurs de la recherche et de l’innovation s’est considérablement dégradé. Les réponses témoignent d’un manque de connexions entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée, freinant les innovations. Les répondants évaluent sévèrement le niveau de production scientifique du Japon, en particulier les publications à très fort impact.

Le montant des subventions attribuées aux universités nationales a diminué d’environ 150 milliards de yens (1,14 milliard euros) en 12 ans, de 2004 à 2016. En comparant les budgets publics liés à la science et la technologie en pourcentage du PIB, le Japon se positionne derrière la Corée (1,21%), la Chine (1,02%), l’Allemagne (0,88%) et les États-Unis (0,80%). Malgré une faible croissance du budget entre 2007 et 2012, celui-ci a finalement diminué jusqu’à atteindre en 2016 le même niveau que le budget de 2005.

Par conséquent, le recrutement des chercheurs permanents est devenu difficile. La situation de l’emploi, particulièrement chez les jeunes chercheurs ayant de l’expérience, ne s’est pas suffisamment améliorée, précisent-ils.

Le sondage met en évidence la nécessité pour les universités d’employer des chercheurs en CDI d’une part, et de développer le système de titularisation (tenure-track system) des chercheurs d’autre part, pour qu’ils puissent maintenir le développement de leurs activités au-delà de 5 ans. Des sources de financement telles que les revenus générés aux cours des collaborations entre académiques et industriels, les donations, le crowd-funding etc., devraient être de plus en plus sollicitées.

En parallèle l’enquête rapporte une amélioration du système de recrutement et de promotion des chercheurs féminins dans les carrières scientifiques au sein des universités et des instituts de recherche publics. La part des femmes dans la recherche a atteint 15,7% en 2017, soit une augmentation de 2,7 points en 10 ans.

En revanche, les réponses libres au questionnaire traduisent une crainte partagée par les professeurs des universités et les chercheurs d’instituts de recherche publics sur l’avenir de la recherche au Japon, au vu de l’instabilité de l’emploi des jeunes chercheurs. Le NISTEP en conclut que le soutien de l’Etat sera indispensable, en plus des efforts que chaque université devra fournir, pour parer à ces difficultés.

Sources :

Rédactrice : Aki SATO (aki.sato chez diplomatie.gouv.fr)