L’activation prolongée des Lymphocytes T entraine des changements bien au-delà du système immunitaire

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Japon

Brève
Japon | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
30 octobre 2017

Si l’on sait que les cellules T ont la capacité d’adapter individuellement leur métabolisme en fonction de leur besoin énergétique après avoir été activées, aucun effet comparable d’une activation du système immunitaire n’a jusqu’à présent été observée sur l’ensemble de l’organisme.

Le groupe de chercheurs japonais (Riken, université Keio et université de Kyoto) s’est intéressé à cette activation en se basant sur des souris n’exprimant pas le récepteur de surface PD-1, connu pour son action inhibitrice des lymphocytes T et cible clef en immunothérapie.

Comme chez les personnes atteintes de maladies auto-immunes, les lymphocytes T (LT) de ces souris restent activés même en l’absence du récepteur. Par ailleurs, les chercheurs ont remarqué une augmentation de la concentration en acides aminés (AA) dans les cellules T alors que le sang en était dépourvu.

Après avoir réalisé plusieurs investigations dans différents organes, ils ont trouvé que cette baisse d’AA dans le sang était le résultat de leur accumulation dans les LT aux niveaux des ganglions lymphatiques. S’interrogeant ensuite sur l’impact systémique de cette déplétion sanguine en AA, ils ont effectué une analyse biochimique au niveau du cerveau. Des concentrations plus faibles en AA tryptophane et tyrosine ont alors été observées dans le cerveau, limitant alors la production de sérotonine et de dopamine, deux neurotransmetteurs dont ils sont précurseurs.

Les scientifiques ont ensuite mis en évidence un changement de comportement chez les souris dépourvues du récepteur PD-1, caractérisé majoritairement par de l’anxiété et des réactions de peur exacerbées.

La sérotonine et la dopamine étant connues pour jouer un rôle important dans le contrôle des émotions, la motivation ou encore la peur, ces résultats apportent une preuve précise qu’une activation prolongée des LT a des effets systémiques dépassant largement le seul champ de la réponse immunitaire.

Source : Miyajima M. et al. Metabolic shift induced by systemic activation of T cells in PD-1-deficient mice perturbs brain monoamines and emotional behavior. Nat. Immunol. 2017.

Rédaction : Thibaut Dutruel, ch.mission.sdv chez ambafrance-jp.org