Comprendre comment notre cerveau perçoit les visages

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Israël | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
15 mai 2018

Imaginez que vous marchez dans une rue animée comme Times Square à New York. Il y a énormément de gens autour. Alors que vous vous frayez un chemin à travers la foule, votre cerveau remarque plusieurs visages, mais ignore les autres. Pourquoi donc ? Quels sont les processus qui déterminent quels visages notre cerveau "choisit" de voir et ceux qu’il laisse en arrière-plan ?

Une nouvelle étude vient d’être publiée dans la prestigieuse revue Nature Human Behavior par le professeur Ran Hassin, titulaire de la chaire James Marshall de psychologie sociale de l’Université hébraïque de Jérusalem (HUJI) et membre du Centre Federmann pour l’étude de la rationalité à l’HUJI. L’étudiant Yaniv Abir, le professeur Alexander Todorov de l’Université de Princeton et le professeur Ron Dotsch, anciennement en poste à l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas, décrivent dans l’étude comment l’inconscient traite les visages humains et le type de visages qu’il choisit de voir consciemment.

Prof. Hassin et son équipe de recherche ont mené six expériences avec 174 participants. Dans ces expériences, les chercheurs ont exposé les participants à 300 séries d’images en évolution rapide. Dans un œil, les participants ont été exposés à des images de visages humains et, dans l’autre œil, ils ont été exposés à des formes géométriques. Les participants ont ensuite été invités à appuyer sur une touche d’ordinateur dès qu’ils voyaient un visage humain.
Etant exposé à de nombreuses images-stimuli et à des flashs rapides, il a fallu quelques secondes au cerveau inconscient pour comprendre qu’il voyait un visage et ensuite « transférer » ces images au cerveau conscient pour le traiter. Les chercheurs ont observé que les dimensions faciales les plus rapidement enregistrées par les participants étaient celles qui indiquaient le pouvoir et la dominance.

Depuis une dizaine d’années, Prof. Hassin concentre ses recherches sur l’inconscient humain, en particulier sur la prise de décision, la mémoire, la motivation et la formation des opinions. « Cette étude donne un aperçu des processus inconscients qui façonnent notre conscience », explique Prof. Hassin. « Ces processus sont dynamiques et souvent basés sur une motivation personnelle. Hypothétiquement, si vous cherchez un partenaire romantique, votre cerveau "verra" les gens différemment que dans le cas où vous êtes déjà en couple. Inconsciemment, votre cerveau va "donner la priorité" aux visages de partenaires potentiels et désaccentuer les autres visages. De plus, la même chose pourrait être vraie pour d’autres motivations, comme éviter le danger. Vos yeux pourraient alors distinguer certains visages "menaçants" d’une foule et les éviter ».

Pour l’avenir, Prof. Hassin espère que ces résultats ouvrent la voie vers une meilleure compréhension de l’autisme, du TSPT (Trouble de Stress Post-Traumatique) et d’autres troubles mentaux. « Il pourrait être possible de former et de détourner les gens de la perception de certaines dimensions faciales, par exemple menaçantes. Cela pourrait être utile pour ceux qui souffrent de TSPT ou de dépression. De même, nous pourrions former les personnes autistes à être plus sensibles aux signaux sociaux », conclut Prof. Hassin.

Ce travail permet de révéler le fonctionnement de nos esprits inconscients, mais aussi de fournir aux scientifiques un nouvel ensemble d’outils pour aborder les troubles mentaux et comportementaux.

Source : http://new.huji.ac.il/en/article/36180.

Rédacteur : Henri-Baptiste Marjault, doctorant à l’Université hébraïque de Jérusalem