Comment combattre la dépression ?

Partager
Israël

Actualité
Israël | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Médecine individualisée
5 février 2016

Le professeur Raz Yirmiya est le directeur du laboratoire de recherche psycho-neuro-immunologie du département de Psychologie, de l’Université Hébraïque de Jérusalem. Il concentre sa recherche sur le rôle des processus inflammatoires au niveau du cerveau dans la régulation de la cognition, l’émotion, la plasticité neuronale et la neurogène. En octobre 2015dernier, le Pr. Raz Yirmiya et son équipe ont publié une étude portant sur un nouveau traitement pour combattre la dépression.

La dépression, qu’est-ce que c’est ?

La dépression est souvent une pathologie mal acceptée par l’entourage des patients. Il s’agit d’une maladie chronique, répondant à des critères diagnostiques bien précis. Ces derniers souffrent d’une grande tristesse, d’un sentiment de désespoir, d’une perte de motivation et une diminution des facultés de décision, du sentiment de plaisir… La dépression s’accompagne également de troubles alimentaires et du sommeil. Il s’agit souvent d’un épisode périodique qui peut durer de quelques semaines, jusqu’à des années. Selon l’intensité des symptômes, la dépression sera qualifiée de légère, modérée ou majeure (grave). Dans les cas les plus graves, la dépression peut conduire au suicide.

Au niveau physique, la dépression peut également s’exprimer par un mal de dos, des maux de ventre, de tête ; cCela explique aussi qu’une personne qui souffre de dépression puisse se révéler plus vulnérable aux rhumes et aux autres infections, son système immunitaire étant affaibli. D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), d’ici 2020, la dépression deviendra la 2e deuxième cause d’invalidité à travers le monde, après les troubles cardiovasculaires. Une personne sur six, a souffert, souffre ou souffrira de dépression. Elle est la première cause de suicide : environ 70 % des personnes décédant par suicide souffraient d’une dépression. Les hommes dépressifs de plus de 70 ans sont les personnes les plus à risque de se suicider. Les idées de suicide appelées parfois « idées noires » sont un des signes de dépression. Même si la plupart des personnes ayant des idées de suicide ne font pas de tentative, c’est un signe d’alarme. Les personnes dépressives pensent au suicide pour arrêter une souffrance qui leur paraît insupportable.

La dépression est une maladie complexe faisant intervenir plusieurs facteurs liés à l’hérédité, à la biologie, aux événements de la vie ainsi qu’au milieu et aux habitudes de vie. Chez les personnes dépressives, un déficit ou un déséquilibre de certains neurotransmetteurs comme la sérotonine ont été étudiés ; il entraine , entraînant une altération du fonctionnement et de la transmission entre les cellules nerveuses (neurones). D’autres problèmes, comme une perturbation hormonale peuvent aussi contribuer à la dépression. Elle a des liens physiques ou psychologiques avec d’autres problèmes de santé à savoir l’anxiété, la dépendance (alcool, tabac, médicaments…) ou encore les maladies cardiovasculaires et de diabète.

Dans la majorité des études portant sur la dépression, les chercheurs se concentrent sur le rôle des neurones, cellules responsables des facultés de pensée du cerveau et lui qui permetteant de contrôler le corps. Le Pr Raz Yirmiya et son équipe ont porté leur intérêt sur un autre type cellulaire : les cellules de la microglie. Ils suggèrent une nouvelle ligne d’action pour l’étude et le traitement de la dépression.

La microglie, les cellules de défense du système nerveux central )

La microglie est une population de cellules gliales (cellules formant l’environnement des neurones) constituée de macrophages résidents du cerveau et de la moelle épinière formant la principale défense immunitaire active du système nerveux central. Elles représentent de 5 à 25 % de toutes les cellules du SNC.système nerveux central. Ces petites cellules, généralement de forme étoilée, sont mobiles. Lorsqu’une lésion intervient dans le SNCsystème nerveux central, elles sont capables de proliférer et de devenir des cellules présentatrices d’antigènes.

Le Pr Raz Yirmiya et son équipe travaillent sur le rôle de ces cellules et des cytokines inflammatoires dans l’hippocampe pour mieux cibler les traitements en cas de dérèglements. Ils ont ainsi montré que les cellules de la microglie jouent un rôle dans la formation des synapses (connections entre les neurones) et dans leurs changements au cours du temps. Ces rôles sont importants pour maintenir les fonctions cérébrales et comportementales normales (douleurs, humeur, et capacités cognitives). Pour leur étude, les chercheurs ont utilisés des tissus cérébraux humains post mortem ou des modèles animaux murins souffrant de dépression et des techniques de microscopie très précises. Ils ont montré que lorsque la structure et la fonction des cellules de la microglie sont modifiées elles ne peuvent plus réguler le processus cérébral et le comportant normal, ce qui induit la dépression. Dans une étude clinique, il a été montré que la sévérité de la dépression peut être corrélée aux variations de la microglie induites par une infection, une blessure, un traumatisme, le vieillissement, les maladies auto-immunes telles que la sclérose en plaques ou les maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson. Les cellules de la microglie changent alors de forme et secrètent des cytokines qui peuvent conduire à une inflammation du cerveau. Des modifications de la microglie peuvent également avoir lieu après un stress psychologique imprévisible chronique, qui est l’une des principales causes de la dépression, induisant des dégénérescences ou la mort cellulaires ou des dégénérescences.

Une nouvelle voie de traitement pour la dépression

Ainsi la dépression pourrait être liée à une hyperactivité des cellules de la microglie ou une diminution de leur activité. Les médicaments, en cours de développement, inhibant ces deux phénomènes, pourraient donc être la clé de nouveaux traitements efficaces et rapides. En effet, les médicaments actuels ne présentent pas toujours l’effet escompté sur les patients. Les nouveaux médicaments qui restaurent la fonction de la microglie malade pourraient se révéler plus efficaces que les anti-dépresseurs et présenter une action rapide.

Sources :
http://pluto.huji.ac.il/~msrazy/
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0166223615001769

Auteur : Cortial Angele, Volontaire internationale chercheuse à l’Institut de Recherche des Médicaments – Ecole de Pharmacie, Faculté de Médecine, Université Hébraïque de Jérusalem.