Programme Areas of Excellence 2019 : 250 millions de HKD pour la recherche fondamentale

Partager
Hong Kong

Brève
Hong Kong | Politiques de recherche, technologiques et universitaires
25 janvier 2019

Le programme Areas of Excellence (AoE) lancé par le University Grants Committee (UGC) en 1997 et régi par le Research Grants Council (RGC) depuis 2012, offre tous les 4 ans l’opportunité à des équipes de chercheurs dirigées par des universitaires de classe mondiale de bénéficier d’une bourse afin de mener à bien des projets de recherche d’excellence durant 8 ans. Le UGC, avec l’appui du Gouvernement hongkongais, a préconisé la mise en place de ces dotations pour développer les compétences des institutions universitaires de la RAS afin qu’elles restent compétitives dans le paysage Chinois, et au-delà, dans toute la zone Pacifique.

Lutter contre le diabète par la médecine métabolique

La prévalence du diabète et ses comorbidités ont atteint des niveaux épidémiques dans le monde et sont devenues un défi majeur pour la santé publique. Le diabète réduit non seulement l’espérance de vie de 10 à 15 ans, mais compromet également la qualité de vie par ses diverses complications. Afin de réduire le poids des dépenses de santé liées à sa prise en charge, les quatre universités de Hong Kong CUHK, HKBU, HKU et PolyU mettent en commun leurs compétences en formant un consortium transdisciplinaire spécialisé dans les domaines de la médecine métabolique et vasculaire, de la multi-omique, de la bio-informatique et l’intelligence artificielle, de la chimie et du génie médical, pour lutter contre l’épidémie de ces maladies chroniques.

Les membres du consortium ont déjà contribué à la découverte et à la caractérisation de plusieurs hormones métaboliques ayant un potentiel diagnostique et thérapeutique. Ils sont également les fondateurs de trois sociétés de biotechnologie cotées en Chine et aux États-Unis. De plus, les investigateurs cliniques du consortium ont déjà mis en place des biobanques, notamment la cohorte CRISPS (étude de prévalence du facteur de risque cardiovasculaire de Hong Kong) lancée en 1995/6, avec évaluation prospective du diabète et de ses complications au cours des 20 dernières années. Une biobanque de biopsies adipeuses recueillies dans différents dépôts de Chinois obèses / diabétiques ayant subi une chirurgie bariatrique a également été constituée.

Alors que les travaux précédents identifient l’obésité centrale (accumulation excessive de graisse viscérale) comme un facteur majeur de risque du diabète en Chine, le consortium émet l’hypothèse que le dysfonctionnement et la redistribution du tissu adipeux, étroitement liés à la production anormale d’adipokines sécrétées par la graisse, sont les premiers signes du développement d’un diabète.

Pour tester cette hypothèse "adipocentrique", le consortium propose d’étudier en quoi la graisse viscérale est plus nocive pour notre santé cardiométabolique que la graisse sous-cutanée en établissant une signature "multi-omique" pour différents dépôts adipeux chez les Chinois obèses / diabétiques. Cela permettra d’élucider les voies pathogènes liant le dysfonctionnement, la redistribution des tissus adipeux, les adipokines avec le diabète et ses complications cardiovasculaires chez les rongeurs et les grands animaux.

Le but de ce projet est de développer des stratégies efficaces de prévention, d’intervention précoce et de gestion personnalisée du diabète et des complications cardiovasculaires.

Ce projet est coordonné par le Prof Aimin Xu (HKU) et est financé à hauteur de 78 millions de HKD (8.7 millions d’euros)

Étudier la stabilité des pentes pour mieux prévenir les glissements de terrain

Les glissements de terrain font partie des catastrophes naturelles encore mortifères dans de nombreuses régions du monde, y compris à Hong Kong. Les précipitations extrêmes de ces dernières années ont entraîné une augmentation notable de leur nombre, de leur volume et de la distance de parcours de masses, partout dans le monde. Les enregistrements de l’observatoire de HK montrent que les précipitations horaires maximum ont considérablement augmenté au cours des dernières décennies. Une tempête de pluie inattendue en juin 2008 a littéralement bombardé l’île de Lantau et provoqué 2 400 glissements de terrain. En août 2009, le typhon Morakot a provoqué des glissements de terrain à Taiwan faisant plus de 600 morts. Le Bureau d’ingénierie géotechnique (GEO) estime que si les tempêtes de 2008 à Lantau et le Typhoon Morakot en 2009 avaient frappé l’île de HK, le nombre de glissements de terrain aurait été respectivement d’environ 2 000 et 50 000. Bien que la ville soit reconnue pour la qualité de sa gestion de la sécurité des pentes dans les conditions pluviométriques importantes, elle n’est cependant pas encore prête pour affronter des pluviométries catastrophiques probables dans l’avenir.

Dans le cadre de ce projet AoE, un centre interdisciplinaire de premier plan sur la sécurité des pentes sera mis en place afin de proposer des solutions innovantes et respectueuses de l’environnement permettant de faire face à des scénarios de pluie extrêmes. Il rassemblera des experts de CUHK, HKU, HKUST dans les domaines de la météorologie, des mathématiques, de la géotechnique, de l’informatique et des sciences de l’ingénieur, des sciences biologiques et des sciences de l’environnement (en particulier la conservation de l’eau et des sols), sciences sociales (en particulier la psychologie), sciences de l’information (pour l’espace et la terre) et enseignement de l’ingénierie.

Le centre mettra en place (i) un système d’alerte précoce à plusieurs niveaux de glissements de terrain et des mesures d’atténuation des risques écologiques ; (ii) un système avancé d’intelligence artificielle permettant de prévoir les conditions météorologiques extrêmes ayant une incidence sur la stabilité des pentes ; (iii) un système de surveillance à partir de l’analyse des données satellites, de drones et de capteurs terrestres ; (iv) une méthode de test dynamique de stress pour l’analyse et la gestion des risques de glissements de terrain ; (v) de nouveaux cours en ligne ouverts et massifs destinés au grand public et aux praticiens ; et (vi) des installations d’essais physiques de classe mondiale et un modèle multiphases pour la stabilité des pentes et les prévisions de grandes déformations.

Ce projet est coordonné par le Prof Charles Ng (HKUST) et est financé à hauteur de 92 millions de HKD (10.3 millions d’euros)

Sonder la structure fondamentale de la matière avec des collisions de particules de haute énergie

La découverte du boson de Higgs au Grand collisionneur de hadrons (LHC) au CERN a marqué le début d’un âge d’or pour la physique fondamentale. Le boson de Higgs est une particule élémentaire qui interagit avec les leptons, les quarks et les porteurs de forces faibles pour leur donner leurs masses, via une nouvelle force fondamentale. L’une des tâches les plus importantes de la physique fondamentale actuelle consiste à mesurer et à caractériser les propriétés du boson de Higgs, y compris ses interactions avec d’autres particules élémentaires. Le boson de Higgs peut également ouvrir une nouvelle fenêtre sur la physique au-delà du modèle standard (BSM) s’il est couplé à des particules cachées, telles que des particules de matière noire. Il peut y avoir plus d’une particule de Higgs, comme prédit dans de nombreuses théories BSM. Au cours de la prochaine décennie, le LHC fera l’objet de deux autres mises à niveau afin de pouvoir atteindre une énergie sans précédent du centre de masse de 14TeV, ce qui augmentera considérablement sa sensibilité à la nouvelle physique.

Issue des trois universités CUHK, HKU, HKUST, les scientifiques impliqués dans ce projet travaillent depuis de nombreuses années comme membres actifs de l’expérience ATLAS au LHC : travaux fondamentaux sur la particule de Higgs, en établissant son spin et sa parité, couplages avec les particules du modèle standard (SM), et conception de nouvelles stratégies pour l’étude de la physique des BSM.

L’objectif de ce projet est de poursuivre les recherches fondamentales dans le domaine des hautes énergies, de continuer à s’investir dans cette expérience internationale en contribuant à la mise à niveau du détecteur ATLAS et à la R & D pour le collisionneur circulaire électron-positon, et à développer de nouvelles méthodes de traitement des données.

Ce projet est coordonné par le Prof Ming-chung Chu (CUHK) et est financé à hauteur de 79 millions de HKD (8.9 millions d’euros)

Rédacteur : sciences chez consulfrance-hongkong.org