Hong Kong, une sédentarité de plus en plus importante.

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Hong Kong

Rapport
Hong Kong | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
2 mars 2016

Article rédigé le 02/03/2016

Aujourd’hui dans le monde près de 415 000 millions de personnes souffrent du diabète, maladie qui représente environ de 5,1 millions de décès par an, soit 14 000 morts par jour, ou encore 1 mort toutes les 7 secondes. Selon la Fédération Internationale du Diabète (FID), en 2035, le diabète touchera 592 millions de personnes devenant ainsi la 7ème cause de décès dans le monde [1]. Entre aujourd’hui et 2035, la prévalence de diabète passerait de 8,3 % à 10,1 % de la population mondiale [2].

A Hong Kong, après une tendance haussière sur la période 1981 à 2000 (passant de 1 % à 2,5 % du nombre de décès total), on constate depuis 2001 une diminution du taux de mortalité lié au diabète. En effet, en 2013 , le diabète était, à Hong Kong, la 10ème cause de mortalité locale avec 0,8 % du nombre total de décès [3]. Malgré cette légère décroissance du taux de mortalité lié au diabète, il y avait 582 500 cas de diabète ou d’intolérance au glucose, dit IGT pour « Impaired Glucose Tolerance », avérés chez les personne âgées de 20 à 79 ans selon le International Diabetes Federation, en 2015, ce qui représente une prévalence moyenne l’ordre de 10,2 %. Cette même fédération prévoit qu’en 2030 ce taux monte à 11,9 % dans le cas du diabète et à 16,8 % dans le cas de l’IGT [4]. Il faut noter que l’IGT est un problème de santé publique car elle constitue un stade fréquent de transition vers le diabète de type 2 ou facteur de risque aggravant le développement de maladie cardiovasculaire (MCV).

Dans la population, il existe deux types de diabète principaux. Leurs causes et conséquences sont expliquées en détails dans un des Bulletins de Veille Scientifique et Technologique (BVST) publié le 30/09/2015 par notre équipe scientifique [5].

De nombreuses études ont prouvé que la population hongkongaise est l’une des plus sédentaire du monde. Voici les résultats majeurs de quelques études représentatives :

  • Une étude réalisée en 2006 par une équipe de l’Université de Hong Kong (HKU) dirigée par le docteur Macfarlane indiquait que 59 % de la population de Hong Kong peut être considérée comme très sédentaire et qu’à peine un tiers de la population réalisait une activité physique bénéfique pour la santé. Le rapport indique aussi que les enfants en école primaire à Hong Kong sont considérés comme les moins actifs du monde [6].
  • L’étude « The Hong Kong Cardiovascular Risk Factor Prevalence Study » réalisée par le gouvernement de Hong Kong en 2008 auprès de 8 000 participants âgés de 25 à 74 ans a montré de 57 % des hommes et 61 % des femmes n’avaient pratiqué aucune activité sportive sur une période d’un mois précédent l’enquête. Plus d’un tiers de participants affirmaient faire du sport en quantité moins importante que les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) [7]. Un autre sondage réalisé par cette même agence en 2012 révélait que 36,6 % de la population âgée de 18 à 64 ans pouvait être considérée comme en sur-poids dont 18,8 % présentait même les critères d’obèsité. En 2014, 60 % de la population hongkongaise ne réalisait toujours pas les 150 minutes minimum d’activité physique hebdomadaire recommandée par l’OMS [8,9,10,11].
  • Selon l’enquête « Behavioural Risk Factor Survey » réalisée par le gouvernement de Hong Kong en 2009, 85,9 % des personnes âgées de 18 à 64 ans ne pratiquent pas d’activité physique hebdomadairement de forte intensité, 75,5% n’en font pas modérément et 29 % des sondés ne réalisent même pas 10 minutes de marche quotidienne. Ce dernier pourcentage a grimpé à 39,8 % dans la dernière enquête réalisé par le gouvernement en avril 2014 [12].
  • En mai 2015 une étude réalisée par l’Université de Hong Kong classait la moitié de la population hongkongaise comme physiquement inactive d’après les standards internationaux [13].
  • Dans une enquête réalisée par My3q (un site de sondage local) en 2014, des questions relatives à la sédentarité et ses conséquences à Hong Kong ont été adressées à 41 adolescents locaux. Bien que ce petit échantillon ne soit pas totalement représentatif de la population générale, voici les principaux résultats qui en ressortent [14] :

La sédentarité, avec l’augmentation du tabagisme ainsi que les déséquilibres alimentaires, prend une part croissante dans le mode de vie actuel et entraîne une augmentation rapide de la fréquence des maladies comme les infections cardiovasculaires, le diabète ou l’obésité. Le problème majeur de Hong Kong est donc de coupler un mode de vie de plus en plus sédentaire avec une alimentation de moins en moins équilibrée. D’après une enquête réalisée par le gouvernement de Hong Kong en avril 2009, seulement 9,8 % des étudiants de Hong Kong n’ont pas consommé dans la semaine qui a précédé l’enquête d’aliments riches en mauvaises graisses et sucre. 79 % des personnes ayant répondu à l’enquête ont affirmé ne pas consommer 400 g de fruit et légumes quotidiennement comme le recommande l’OMS. Ce sont les hommes de 18 à 24 ans qui ont le moins tendance à en consommer (85,6 % d’entre eux) [15 ; 16].

Considérée comme le “fléau du XXIème siècle” par la Fédération Internationale du Diabète, la sédentarité est un problème complexe et systémique. Heureusement, il existe de nombreuses solutions simples et efficaces à mettre en oeuvre si l’on veut lutter contre son expansion toujours plus grande dans nos sociétés modernes. Maintenir une activité physique régulière et de moyenne intensité mais aussi une alimentation saine et équilibré en sont par exemple de très bons éléments de réponses. Avec le vieillissement important de sa population, Hong Kong a tout intérêt à mettre en œuvre des politiques favorisant la santé publique mais aussi l’accès à l’activité physique pour ses citoyens. Des premiers changements semblent apparaître comme par exemple la mise en place d’un espace “Change4Health” au sein du site web du Ministère de la Santé local [17] A long terme, cela devrait permettre de réduire le fardeau de plus en plus lourd du système de santé locale. Comme l’indique ci bien le Professeur François Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes (France) : « si nous ne changeons pas d’attitude, pour la première fois de l’histoire de l’humanité nous vivrons moins vieux que nos parents » [18].

Sources :

[1] http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs312/fr/
[2]http://www.santediabete.org/fr/le-diabete-en-chiffres
[3]http://www.chp.gov.hk/en/content/9/25/59.html
[4] http://www.idf.org/membership/wp/hong-kong
[5]https://hongkong.consulfrance.org/Focus-Sante-Societe-Kiss-Tell-une-innovation-en-matiere-de-prevention-du-9094
[5]http://care.diabetesjournals.org/content/34/Supplement_2/S202.full
[6]http://hub.hku.hk/handle/10722/53545
[7]http://www.gov.hk/en/residents/health/healthadvice/healthcare/exercise.htm
[8] http://www.chp.gov.hk/en/data/1/10/280/1331.html
[9] http://www.chp.gov.hk/en/content/9/25/8802.html
[10]http://www.dh.gov.hk/english/statistics/statistics_hs/files/Health_Statistics_pamphlet_E.pdf
[11] http://www.who.int/dietphysicalactivity/factsheet_adults/en/
[12]http://www.chp.gov.hk/en/content/9/25/8804.html
[13]http://www.scmp.com/news/hong-kong/health-environment/article/1796433/sedentary-hongkongers-must-get-active-healths-sake
[14]http://www.my3q.com/research/blueskytracy/1214.phtml
[15]http://www.change4health.gov.hk/filemanager/common/image/strategic_framework/action_plan/action_plan_2_e.pdf
[16 ]https://hongkong.consulfrance.org/Focus-Sante-Societe-Etude-de-l]
[18] http://www.change4health.gov.hk/en/home/index.html

Rédacteur :

Justin MONIER, Chargé de mission scientifique - Hong Kong