Cancer : premier essai clinique mondial d’une virothérapie canadienne

Partager
Canada

Actualité
Canada | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie | Silver économie : l’innovation pour la longévité
15 juillet 2015

Une équipe de chercheurs canadiens a lancé le tout premier essai clinique mondial d’un nouveau traitement expérimental. Ce dernier combine deux virus pour attaquer et tuer les cellules cancéreuses tout en stimulant une réponse immunitaire anticancéreuse. Selon des recherches antérieures menées par cette équipe et des chercheurs dans le monde, cette approche pourrait être très efficace et causer moins d’effets secondaires que les traitements conventionnels de chimiothérapie et de radiothérapie. Il faudra toutefois plusieurs années pour la tester rigoureusement, notamment grâce à cet essai et à tous ceux qui suivront.

Ce traitement a été découvert et mis au point par David Stojdl, Ph.D. (Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, Université d’Ottawa), Brian Lichty, Ph.D. (Université McMaster) et John Bell, Ph.D. (L’Hôpital d’Ottawa, Université d’Ottawa), leur équipe de recherche respective et leurs collègues. L’essai clinique, qui est financé par l’Institut ontarien de recherche sur le cancer et coordonné par le Groupe des essais cliniques du NCIC, doit accueillir jusqu’à 79 patients dans 4 hôpitaux au Canada. Un maximum de 24 patients recevra un seul des deux virus ; les autres recevront les deux virus, à deux semaines d’intervalle.

L’une des premières patientes à participer à l’essai clinique est Christina Monker, 75 ans, une ancienne infirmière de Rockland en Ontario. On lui a diagnostiqué un cancer en 2012 et malgré six semaines de radiothérapie et deux cycles de chimiothérapie, le cancer s’est propagé aux poumons. Après avoir subi 30 autres cycles de chimiothérapie, elle s’est inscrite à l’essai à l’Hôpital et a reçu le traitement le 2 juin 2015.

« Les nausées causées par la chimiothérapie étaient pires que ce que j’avais pu imaginer. Avec la virothérapie, j’ai simplement ressenti les symptômes d’une grippe pendant quelques jours, et je pouvais facilement les gérer, déclare Mme Monker. Il est encore trop tôt pour savoir si je vais pouvoir profiter de ce traitement, mais je suis contente de participer à cette importante recherche. Elle pourrait améliorer les soins pour d’autres patients. »

L’idée d’utiliser des virus pour traiter le cancer est dans l’air depuis plus d’un siècle. Régulièrement, des rapports publient des cas de patients atteints de cancer qui se sont rétablis de manière remarquable après une infection virale. Cependant, ce n’est que tout récemment que la virothérapie a été mise au point et testée de façon rigoureuse. MM. Bell, Lichty et Stojdl ont commencé leurs recherches sur ce type de traitement du cancer il y a presque 15 ans lorsqu’ils travaillaient ensemble à l’Hôpital.

« Nous avons découvert que lorsque les cellules normales deviennent cancéreuses, c’est comme si elles concluaient un pacte avec le diable », explique M. Bell, scientifique principal à l’Hôpital et professeur à l’Université d’Ottawa. « Elles subissent des mutations génétiques qui leur permettent de croître très rapidement, mais qui les rendent du même coup plus vulnérables aux virus. »

Les deux virus testés dans cet essai clinique sont appelés MG1MA3 et AdMA3. Le virus MG1MA3 est dérivé d’un virus appelé Maraba, qui a été isolé à partir de phlébotomes brésiliens, tandis que le virus AdMA3 est dérivé d’un virus du rhume commun appelé l’adénovirus. Les deux virus ont été modifiés pour stimuler une réponse immunitaire contre les cellules cancéreuses qui expriment une protéine appelée MAGE A3. Le virus Maraba fournit une arme supplémentaire contre le cancer en se reproduisant à l’intérieur de plusieurs sortes de cellules cancéreuses, les tuant directement. Ces virus sont fabriqués dans des installations spécialisées à l’Hôpital et à l’Université McMaster.

« L’idée derrière cet essai est d’utiliser l’adénovirus pour activer le système immunitaire du patient afin qu’il reconnaisse le cancer, puis d’utiliser le virus Maraba pour tuer directement les cellules cancéreuses et stimuler le système immunitaire pour prévenir la réapparition du cancer », explique M. Lichty, professeur agrégé à l’Université McMaster. « Nous sommes très enthousiastes devant le potentiel de ce traitement unique. »

« Nous sommes très excités à l’idée de mener ce premier essai clinique », affirme M. Stojdl, scientifique principal au Centre hospitalier pour enfants de l’Ontario (CHEO) et professeur agrégé à l’Université d’Ottawa. « Nous continuons à travailler très fort pour mettre au point une série de biothérapies dans le but de lancer d’autres essais semblables, adaptés à d’autres types de tumeurs, dont le cancer du cerveau et plusieurs cancers pédiatriques dévastateurs. »

Les virothérapies appartiennent à un champ de recherche sur le cancer qui connaît une forte croissance et qu’on appelle biothérapie ou immunothérapie. Ce type de traitement mise sur l’utilisation du matériel biologique (cellules, gènes, anticorps, virus, etc.) pour attaquer les cellules cancéreuses et stimuler une réponse immunitaire anticancéreuse. M. Bell et ses collègues ont récemment lancé le réseau BioCanRx au coût de 60 millions de dollars, pour faire progresser ce champ de recherche.

Le virus Maraba est un élément important d’un vaste programme de mise au point d’essais cliniques biothérapeutiques au Canada. Ce programme vise à combiner des virus et des vaccins avec des traitements conventionnels et émergents pour traiter différents types de tumeurs. MM. Lichty, Bell et Stojdl et leurs établissements, en collaboration avec le Fight Against Cancer Innovation Trust, ont créé l’entreprise Turnstone Biologics afin de mobiliser le secteur privé et de contribuer au financement d’éventuels essais cliniques.

« L’immunothérapie est un domaine très excitant de la recherche sur le cancer, les thérapies à base d’anticorps représentant les traitements les plus prometteurs à ce jour lors des essais cliniques », affirme le Dr Derek Jonker, responsable général de l’essai clinique, oncologue médical à l’Hôpital et professeur à l’Université d’Ottawa. « Les virothérapies se sont également montrées prometteuses lors d’études en laboratoire, mais il est encore trop tôt pour évaluer l’impact qu’elles pourraient avoir sur les patients. L’essai clinique nous aidera à cet égard et nous sommes très reconnaissants envers les patients qui y participent. »

« L’Ontario est heureuse d’appuyer des travaux de recherche novateurs par l’entremise de l’Institut ontarien de recherche sur le cancer », a déclaré Reza Moridi, ministre ontarien de la Recherche et de l’Innovation. « Nos investissements ont permis à nos chercheurs d’être à l’avant-garde de ce nouveau traitement. L’immunothérapie pourrait améliorer grandement la façon dont on traite le cancer et constitue un autre exemple qui montre comment les investissements en recherche procurent des bienfaits tangibles aux Ontariens et aux Ontariennes ainsi qu’aux gens dans le monde entier. »

« Le Groupe des essais cliniques du NCIC se réjouit de mener cet essai, qui pourrait offrir aux patients atteints de cancer une nouvelle approche thérapeutique mise au point par des chercheurs canadiens », souligne Janet Dancey, directrice du Groupe des essais cliniques du NCIC et professeure à l’Université Queen’s, à Kingston.

« Le gouvernement s’est engagé à investir dans la recherche qui accélérera les efforts pour guérir le cancer, maladie qui tue des milliers ‎ de Canadiens chaque année. L’essai clinique annoncé aujourd’hui représente une approche novatrice pour traiter le cancer. Nous sommes fiers d’avoir contribué à la mise au point de ce traitement et souhaitons du succès aux chercheurs et aux cliniciens durant la tenue de cette importante étude », s’est réjoui l’honorable Rona Ambrose‎, ministre fédérale de la Santé.

Outre L’Hôpital d’Ottawa, trois autres centres participent à l’essai clinique : le Juravinski Cancer Centre de Hamilton Health Sciences (sous la supervision du Dr Sebastien Hotte) ; le Princess Margaret Cancer Center du Réseau universitaire de santé à Toronto (sous la supervision du Dr Albiruni R. A. Razak) et le Vancouver Centre de la BC Cancer Agency (sous la supervision du Dr Daniel Renouf).

L’essai a été approuvé par Santé Canada, par le comité d’éthique de la recherche sur le cancer en Ontario et par le comité d’éthique de la recherche de la BC Cancer Agency. De plus amples renseignements sur l’essai sont disponibles sur le site clinicaltrials.gov. Les patients qui souhaitent y prendre part doivent d’abord en parler à leur oncologue et demander une recommandation pour l’un des hôpitaux participants. D’autres renseignements sont offerts en ligne pour les patients de L’Hôpital d’Ottawa.

Bien que cet essai est en grande partie financé par le gouvernement de l’Ontario par l’entremise de l’Institut ontarien de recherche sur le cancer, de nombreux autres organismes appuient aussi les travaux de MM. Bell, Lichty et Stojdl, dont les suivants : La Fondation de L’Hôpital d’Ottawa, la Fondation du CHEO, la Société canadienne du cancer, l’Institut de recherche Terry Fox, les Instituts de recherche en santé du Canada, le ministère de la Recherche et de l’Innovation de l’Ontario, la Fondation canadienne pour l’innovation, la Fondation du cancer de la région d’Ottawa, Hair Donation Ottawa, Angels of Hope, BioCanRx, Cancer du pancréas Canada, NAV Canada et plusieurs philanthropes.

En savoir plus :
Pour des renseignements sur l’essai, consulter le site clinicaltrials.gov
http://fhs.mcmaster.ca/media/cancer-viral-therapy/

Contacts :

• L’Hôpital d’Ottawa : Jenn Ganton, 613 614 5253, jganton[a]ohri.ca
• Université McMaster : Susan Emigh, 905 525 9140, poste 22555, emighs[a]mcmaster.ca
• Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario : Adrienne Vienneau, 613 513 8437, avienneau[a]cheo.on.ca
• Institut ontarien de recherche sur le cancer : Christopher Needles, 416 673 8505, christopher.needles[a]oicr.on.ca
• Groupe des essais cliniques du NCIC : Heather Stanton, 613 533 6430, hstanton[a]ctg.queensu.ca

Source :
Communiqué de l’Institut de Recherche de l’Hôpital d’Ottawa : http://www.irho.ca/newsroom/newsstory.asp?ID=649

Relayé par :
Armelle Chataigner-Guidez, Assistante du Conseiller pour la Science & la Technologie, Ambassade de France au Canada- armelle.chataigner-guidez[a]diplomatie.gouv.fr