Prise en charge de patients en détresse respiratoire : la ventilation entérale à l’étude

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Japon

Brève
Japon | Biologie : médecine, santé, pharmacie, biotechnologie
4 juin 2021

Des chercheurs japonais ont montré que l’administration d’oxygène par le rectum sous forme de gaz ou de liquide riche en oxygène chez des souris et des cochons en insuffisance respiratoire améliorait leurs constantes vitales et augmentait leur durée de vie.

L’étude des mécanismes de survie en milieux hypoxiques fait partie des sujets de recherche essentiels au développement d’une meilleure prise en charge de patients en situation de détresse respiratoire. Plusieurs espèces non-mammifères sont déjà connues pour leur capacité à survivre dans des environnements pauvres en oxygène grâce à des mécanismes de respiration alternatifs ne reposant ni sur les poumons ni sur les branchies. Par exemple, les loches Misgumus anguillicandatus sont capables de transformer la partie postérieure de leur intestin en un site de respiration auxiliaire.

En raison de la concentration élevée de vaisseaux sanguins au niveau de l’anus chez l’homme, des chercheurs de la Tokyo Medical and Dental University et des universités de Nagoya et de Kyoto ont émis l’hypothèse que des échanges gazeux efficaces pourraient avoir lieu dans cette région, offrant une voie d’oxygénation alternative chez des patients en insuffisance respiratoire. Les tests précliniques qu’ils ont menés sur des souris et des cochons confirment leur hypothèse.

Les chercheurs ont dans un premier temps placé des souris dans une atmosphère pauvre en oxygène et évalué l’impact d’une ventilation entérale (EVA) par voie gazeuse. Ils ont observé :

  • Une augmentation de la durée de vie : 18 minutes en moyenne contre 11 minutes sans traitement ;
  • Une stabilisation des constantes vitales : arrêts cardiaques et respiration agonique moins fréquents, augmentation de la pression partielle en oxygène.

Bien que ces résultats soient très encourageants, les chercheurs estiment que la réalisation clinique d’une EVA gazeuse peut s’avérer techniquement difficile chez des patients gravement malades. Ils ont alors développé un protocole d’EVA liquide basé sur l’injection de perfluorodécaline (PFD) oxygéné. Le PFD suscite un grand intérêt en matière de recherche clinique par sa capacité à contenir une grande quantité d’oxygène dissout et son innocuité déjà prouvée dans le cadre de nombreuses autres recherches cliniques. L’EVA liquide a montré des résultats similaires et très encourageants chez les souris et les cochons.

Enfin, des contrôles ont été effectués sur des rats et n’ont révélé aucune trace d’absorption de PFD ni d’effets secondaires comme la diarrhée et la déshydratation, courants lors de telles expériences. Des analyses post-mortem sur les porcs n’ont détecté aucunes complications au niveau du foie, de la rate et du tube digestif.

L’EVA liquide pourrait ainsi constituer un dispositif médical d’assistance respiratoire complémentaire chez les patients en situation de détresse respiratoire et ainsi alléger les protocoles parfois complexes à déployer.

Source :

Ryo Okabe, Toyofumi F.Chen-Yoshikawa, YosukeYoneyama, …, Eiji Kobayashi,Hiroshi Date, Takanori Takebe, Mammalian enteral ventilation ameliorates respiratory failure, 2021, lien vers l’article

Rédactrice : Hélène Le Brun, chargée de mission du pôle Santé, Environnement et Vie au sein du Service pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France au Japon.
helene.le-brun -at- diplomatie.gouv.fr