Climat G20 – Réunion entre le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la France, le Conseiller des affaires d’État et ministre des Affaires étrangères de la Chine et le Secrétaire général des Nations Unies (Osaka, 29 juin 2019)

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COMMUNIQUE DE PRESSE SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

Jean-Yves le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la France, Wang Yi, conseiller des Affaires d’État et ministre des Affaires étrangères de la Chine, et Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies, se sont rencontrés en marge du Sommet du G20 d’Osaka. À l’approche du Sommet action climat des Nations unies et de la 25e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 25) qui auront lieu cette année, ils ont réaffirmé leur ferme détermination à intensifier la coopération internationale sur les changements climatiques, afin de permettre la mise en œuvre intégrale et effective de l’Accord de Paris. Prenant acte du récent rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques publié par la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques et du Rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ils ont souligné qu’il était urgent de traiter les changements climatiques et la perte de biodiversité.

1. Ils ont insisté sur la menace croissante que font peser les changements climatiques sur l’ensemble des pays et sur l’urgence d’intensifier les efforts pour surmonter la crise du climat et de la biodiversité. Ils ont souligné que tous les pays devaient continuer de défendre le multilatéralisme, donner un nouvel élan politique à la coopération internationale en matière de lutte commune contre les changements climatiques et promouvoir ensemble des relations internationales basées sur le respect mutuel, l’équité, la justice et une coopération mutuellement bénéfique.

2. Ils se sont réjouis de l’adoption du programme de travail de l’Accord de Paris lors de la 24e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 24) à Katowice. Ils ont réaffirmé leur détermination à appliquer l’Accord de Paris dans le respect des principes d’équité, de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives, eu égard aux situations nationales. Ils ont souligné qu’il importait de parvenir à un équilibre entre les émissions d’origine humaine et l’absorption par les puits des gaz à effet de serre. Ils ont réaffirmé leur engagement d’actualiser leurs contributions déterminées au niveau national, en progression par rapport à leur niveau actuel et reflétant le niveau d’ambition le plus élevé possible, et de publier d’ici à 2020 leurs stratégies à long terme de développement à faible émission de gaz à effet de serre pour le milieu du siècle dans le contexte du développement durable. Ils espèrent vivement que la COP 25 sera ambitieuse et axée sur la mise en œuvre de l’Accord de Paris, et qu’elle continuera de compléter et d’améliorer le programme de travail, notamment pour conclure la négociation de l’article 6 de l’Accord de Paris et faire progresser les négociations sur des calendriers communs pour les contributions déterminées au niveau national et sur le rapport détaillé sur la transparence, afin de redynamiser le processus climatique multilatéral.

3. Ils ont souligné qu’il était important d’accroître le financement des solutions fondées sur la nature, qui offrent d’immenses possibilités d’atténuation des changements climatiques et de renforcement de la résilience aux changements climatiques et contribuent de manière significative à la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris ainsi qu’au développement durable, mais ne reçoivent qu’une faible proportion des moyens de financement de l’action climatique. Ils ont expliqué que les solutions fondées sur la nature étaient des mesures visant à protéger, gérer de manière durable et rétablir les écosystèmes naturels ou modifiés, qui traitent les défis des changements climatiques, tant l’adaptation que l’atténuation, et ont en même temps des effets bénéfiques sur la biodiversité. Ils ont souligné qu’il était important de gérer de manière durable les forêts, qui sont des puits de carbone et jouent un rôle important dans la protection de la biodiversité mondiale.

4. Ils sont convenus qu’il était important que les pays respectent à la lettre leurs engagements au titre de la CCNUCC et de l’Accord de Paris en mobilisant des ressources et en encourageant les efforts à tous les niveaux de la société, intensifient leurs actions à court terme d’ici à 2020 et accélèrent la transition vers un développement vert et sobre en carbone. Ils ont rappelé qu’il était essentiel pour stimuler l’ambition en faveur de l’action climatique, de la protection de la biodiversité et du développement durable, de mettre les flux financiers en adéquation avec les stratégies devant mener à un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques, à l’échelle et au rythme nécessaires.

5. Ils ont souligné qu’il importait de mobiliser des moyens de financement de l’action climatique au profit des pays en développement, tant en matière d’adaptation que d’atténuation, et d’encourager la mise en conformité des pratiques des institutions de développement avec les objectifs de l’Accord de Paris. Les pays développés doivent respecter l’engagement qu’ils ont pris de mobiliser, chaque année à partir de 2020, 100 milliards de dollars pour les moyens de financement de l’action climatique, de transférer des technologies de pointe aux pays en développement et de les aider à renforcer leurs capacités pour faire face aux changements climatiques.

6. Ils ont attaché une grande importance à la nécessité d’assurer le succès et le haut niveau d’ambition du processus de reconstitution du Fonds vert pour le climat, étape déterminante pour les moyens de financement de l’action climatique en 2019 et au-delà, et ils se sont engagés à collaborer pour renforcer rapidement la gouvernance du Fonds et en faire une institution plus robuste et plus efficace.

7. La France et la Chine se sont félicitées de l’organisation du Sommet action climat des Nations unies auquel elles apportent leur soutien. Les Nations unies ont apprécié les efforts déployés par la Chine et la France en tant que co-chefs de file des coalitions « Solutions fondées sur la nature » et « Financement pour le climat et tarification du carbone » respectivement. Les trois parties ont reconnu la vive importance du Sommet action climat, étape marquante du processus de gouvernance mondiale du climat, pour préserver le multilatéralisme. Elles ont encouragé tous les pays à participer activement au Sommet, à exprimer leur vision en faveur d’un niveau d’ambition plus élevé et à mettre en œuvre de véritables actions pour concrétiser cette vision. Elles ont formé l’espoir que le Sommet du G20 d’Osaka donnera un élan politique en vue du succès du Sommet Action Climat des Nations unies.

8. Elles ont souligné la nécessité de créer des emplois décents de grande qualité pour contribuer à une transition inclusive efficace vers un développement à faible émission de gaz à effet de serre et résilient aux changements climatiques et de renforcer le soutien public à la réalisation des objectifs à long terme de l’Accord de Paris.

9. La France et les Nations unies ont pris note avec satisfaction des engagements pris par la Chine concernant le verdissement de l’Initiative de la route de la soie, conformément aux normes internationales agréées en matière de viabilité environnementale. Elles se sont déclarées prêtes à coopérer avec la Chine afin de mettre les investissements dans les infrastructures en cohérence avec l’Accord de Paris et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

10. Reconnaissant que l’élimination rapide des hydrofluorocarbures et des mesures parallèles en faveur de l’efficacité énergétique pourront produire des effets bénéfiques importants pour le climat et pour l’économie d’ici à 2050, les deux pays ont rappelé leur détermination à ratifier et mettre en œuvre l’Amendement de Kigali au protocole de Montréal et à soutenir l’amélioration des normes d’efficacité énergétique dans le secteur de la réfrigération. Ils se sont félicités de la publication du Plan d’action national chinois pour une réfrigération verte très efficace. Ils sont convenus d’encourager les pays à prendre des mesures immédiates pour améliorer l’efficacité énergétique dans le secteur de la réfrigération partout dans le monde.

11. Ils sont convenus de travailler ensemble sur le lien entre changements climatiques et biodiversité pour susciter une réaction internationale face à la perte de biodiversité. La France et les Nations unies se sont déclarées prêtes à aider la Chine à faire de la 15e Conférence des parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique en 2020 un succès. Les trois parties ont réaffirmé leur détermination à contribuer activement au processus complet et participatif pour l’élaboration du cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020, lancé lors de la 14e Conférence des parties (COP) à la Convention sur la diversité biologique.

12. La France et Chine ont salué les recommandations adoptées à Nairobi le 22 mai 2019 par le groupe de travail spécial à composition non limitée créé par la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies intitulée « Vers un Pacte mondial pour l’environnement ». Elles maintiendront un dialogue pendant toute la durée du suivi de l’examen par l’AGNU des recommandations ci-dessus.