Journée mondiale de lutte contre la tuberculose (24 mars 2018)
À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose, la France réaffirme son engagement à mettre fin à cette pandémie d’ici 2030, conformément aux objectifs du développement durable.
La tuberculose reste la première cause de décès due à un agent infectieux unique, responsable d’1,7 million de décès en 2016, dont 95% dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Malgré les progrès réalisés depuis vingt ans, qui ont permis d’éviter 53 millions de décès entre 2000 et 2016, les défis restent immenses. Le développement de formes de tuberculose résistantes aux antimicrobiens, qui ont triplé depuis 2010, met en péril les progrès réalisés.
Cet engagement passe en particulier par notre action au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui assure plus de 65% du financement international des programmes de lutte contre la tuberculose, ainsi qu’à UNITAID, qui y consacre plus de 20% de ses financements. Expertise France, l’Agence française de développement, la société civile, la recherche et l’industrie pharmaceutique participent en outre activement à l’innovation et à la recherche en matière de lutte contre la tuberculose et apportent leur concours pour renforcer les systèmes de santé dans les pays les plus affectés.
Après la tenue de la première conférence mondiale sur la tuberculose organisée par l’Organisation mondiale de la santé à Moscou en novembre 2017, la première réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations unies sur la tuberculose aura lieu le 26 septembre à New York. Cet événement auquel participera la France devra aboutir à des engagements ambitieux pour porter un coup d’arrêt à la tuberculose.
La tuberculose est la maladie infectieuse causant le plus de décès chaque année dans le monde
Traitable et guérissable, la tuberculose reste aujourd’hui la première cause de décès due à un agent infectieux unique. En 2016, 10,4 millions de personnes ont développé la tuberculose dans le monde, dont un million d’enfants. 1,7 million en sont décédées , dont 95% dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. La pauvreté, la sous-nutrition, l’urbanisation et la mobilité accrue des populations continuent de favoriser la transmission de la tuberculose.
De formidables progrès dans la lutte contre la tuberculose ont été réalisés depuis deux décennies, qui ont permis d’éviter le décès de 53 millions de personnes entre 2000 et 2016 . Mettre fin à la tuberculose en tant que menace à la santé publique d’ici à 2030, comme la communauté internationale s’y est engagée dans le cadre de l’Objectif du développement durable 3, reste pourtant un immense défi.
Le défi est d’abord celui de la détection des personnes affectées : en 2016, plus de 4 millions de personnes souffrant de la tuberculose n’ont pas été diagnostiquées. Le développement de formes de tuberculose résistantes aux antimicrobiens, qui a triplé depuis 2010, met également en péril les progrès réalisés. Des avancées en matière de recherche et développement sont nécessaires pour changer la donne dans la lutte contre la tuberculose.
Face à l’ampleur du défi et aux enjeux de justice sociale et de sécurité sanitaire internationale qu’il représente, la France poursuit son engagement, aux côtés des pays affectés et de l’ensemble des acteurs engagés, pour améliorer l’accès à la prévention, au diagnostic et à des traitements adaptés.
2018 : une année charnière pour la lutte contre la tuberculose. Après la tenue de la première Conférence mondiale sur la tuberculose organisée par l’OMS à Moscou en novembre 2017, la première Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la tuberculose aura lieu en septembre 2018 : un évènement clé pour l’engagement de l’ensemble des acteurs de la communauté internationale dans la lutte contre la tuberculose, auquel prendra part la France.
La France engagée au plus haut niveau dans la lutte contre la tuberculose
La France est le deuxième contributeur international à la lutte contre la tuberculose. Elle apporte un soutien de premier plan aux organisations internationales engagées de manière complémentaire dans la lutte contre la tuberculose. Elle est le second contributeur historique au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (Fonds mondial), qui, avec plus de 5,8 milliards de dollars US investis dans la lutte contre la tuberculose, assure plus de 65 % du financement international des programmes ciblant cette pandémie. Son action a permis à 17,4 millions de personnes de bénéficier d’un traitement contre la tuberculose et a facilité la mise en place de traitements plus courts pour le traitement de la tuberculose multi-résistante dans plus de 35 pays.
La France est également membre fondateur et premier bailleur d’Unitaid, qui développe de nouvelles manières de prévenir, de diagnostiquer et de traiter la tuberculose plus rapidement, plus efficacement et à moindre coût. L’action d’Unitaid et de ses partenaires a notamment permis :
- D’accélérer l’accès à de nouveaux antibiotiques contre la tuberculose multi-résistante
- De développer de formulations pédiatriques abordables et de haute qualité
- D’atteindre une réduction de prix de 40 % pour un test innovant pour la tuberculose.
Expertise France, l’Agence Française de Développement, l’industrie pharmaceutique, la société civile et la recherche participent également à cet engagement français de premier plan.
A travers l’Initiative 5% (expertise technique aux pays francophones en appui des actions du Fonds mondial) mise en place par Expertise France, la France soutient les pays francophones bénéficiaires du Fonds mondial dans la lutte contre la tuberculose, à travers : des missions d’assistance technique (appui à l’accès aux financements de la lutte contre la tuberculose, renforcement des capacités des acteurs locaux…), et des projets de long terme (renforcement des capacités des acteurs locaux, études épidémiologiques pour mieux connaître la pandémie, recherche opérationnelle…). Depuis 2011, plus de 8,4 millions d’euros ont été engagés sur le sujet.
La France participe aux efforts internationaux de recherche et d’innovation pour accélérer la réponse à la tuberculose
- La faiblesse du diagnostic de la tuberculose est un défi majeur. L’OMS estime qu’en 2016, plus de 4 millions de personnes affectées n’ont pas été diagnostiqués et n’ont pu être traitées. La tuberculose est particulièrement difficile à diagnostiquer chez l’enfant. La France, à travers Unitaid et l’Initiative 5 %, soutient le projet TB-Speed, qui vise à réduire la tuberculose infantile en Afrique et en Asie, en améliorant le dépistage et en facilitant l’accès au traitement. Mis en œuvre par un consortium international coordonné par l’Université de Bordeaux, ce projet vise à renforcer la détection et l’accès au traitement contre la tuberculose pédiatrique dans des zones fortement touchées et à faibles ressources, afin de faire baisser la mortalité infantile due à la tuberculose.
- L’émergence de formes multi et ultrarésistante de tuberculose, particulièrement difficiles à diagnostiquer et à traiter constituent une crise de santé publique. L’engagement de la France dans la lutte contre l’émergence et la diffusion de la multi-résistance est exemplaire. Plusieurs équipes françaises de recherche mènent des travaux pour décrypter les mécanismes de résistance aux antituberculeux, comprendre l’évolution génomique liée à la virulence et à la diffusion des souches multi-résistantes, et découvrir de nouveaux antituberculeux. A titre d’exemple, une équipe de l’Institut Pasteur de Lille a récemment développé des molécules capables de bloquer la résistance à un antituberculeux.
- La tuberculose de la femme enceinte et du nouveau-né est l’un des domaines les plus négligés en termes de santé publique et de recherche appliquée. Pourtant, la tuberculose est la première cause non obstétricale de mortalité maternelle et on estime que 15% des nouveau-nés d’une mère atteinte de tuberculose développent une tuberculose sévère avant l’âge de 3 mois, mortelle dans plus de 50% des cas. La prévention et la prise en charge de la tuberculose chez la femme enceinte ou ayant récemment accouché et leur nouveau-né nécessitent l’adoption de nouveaux outils de prévention et traitements. Plusieurs structures de recherche françaises (INSERM, Institut de recherche pour le développement (IRD), Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Universités) participent, dans le contexte d’un partenariat international (OMS, Union Européenne/EDCTP, Union Internationale contre la tuberculose et les Maladies Respiratoires) à la conceptualisation, à l’évaluation et à la mise en œuvre de ces nouvelles stratégies.
- La coïnfection tuberculose-VIH demeure une problématique clé dans la lutte contre les deux pandémies, la tuberculose restant la première cause de mortalité des personnes vivant avec le VIH (environ 40 % des décès en 2016). Récemment, l’essai international STATIS mené par l’ANRS a comparé les bénéfices d’un dépistage intensif, systématique et continu de la tuberculose chez des personnes vivant avec le VIH sévèrement immunodéprimées par rapport à la mise systématique sous traitement antituberculeux sans dépistage. Cet essai a démontré qu’une mise systématique sous traitement antituberculeux n’était pas supérieure à un dépistage intensif de la tuberculose réalisable en une journée pour réduire la mortalité chez ce type de patients lors de leur entrée dans le système de soins. Des chercheurs français travaillent actuellement sur ce thème pour approfondir ces résultats afin de réduire significativement la mortalité liée à la coïnfection tuberculose-VIH dans les pays du Sud.
- L’élimination de la tuberculose ne sera possible que grâce au développement de nouveaux vaccins, traitements et outils de diagnostic. La recherche fondamentale joue un rôle central dans ce développement. L’Institut Pasteur travaille notamment sur de nouveaux diagnostics. En collaboration avec Genoscreen, l’Institut Pasteur de Lille a développé un test diagnostic moléculaire de nouvelle génération appelé Deeplex-MycTB® entrant en phase d’évaluation clinique. Par ailleurs, les chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille et de l’Inserm, en collaboration avec l’Université Libre de Bruxelles, développent un nouveau test visant à diagnostiquer les personnes porteuses d’une tuberculose latente et à identifier parmi elles, les plus à risque de développer une tuberculose active. En termes de nouveaux traitements, l’Institut Pasteur de Lille a identifié un gène de M. tuberculosis permettant de contrôler sa sensibilité à certains antibiotiques. Des chercheurs ont conçu, synthétisé et testé une molécule capable de rendre la bactérie de la tuberculose hyper-sensible au traitement existant. Cette approche augmente l’efficacité d’un des antibiotiques clé du traitement de la tuberculose, l’éthionamide, ouvrant la voie à une réduction de la dose utilisée. Mieux encore, les chercheurs ont montré que la co-administration de l’éthionamide avec la molécule qu’ils ont synthétisé permet de contourner les mécanismes de résistances connus et donc de tuer des souches de tuberculose multi-résistantes. Cette molécule pourrait être testée chez l’homme dès 2018. Enfin, plusieurs équipes françaises dont celles du CNRS à Toulouse, de l’Institut Pasteur et de l’Institut Pasteur de Lille/Inserm, travaillent activement à la recherche d’un nouveau vaccin permettant d’augmenter le pouvoir protecteur du B.C.G., seul vaccin actuellement disponible contre la tuberculose.
- Enfin, la prévention de la tuberculose ne peut être efficace sans la mise à disposition des molécules nécessaires et de meilleurs outils de diagnostic et de prise en charge. Sanofi collabore avec de nombreux partenaires afin d’améliorer la prévention, notamment en simplifiant le traitement de la tuberculose latente. Mais également dans le champ des traitements, pour en maximiser les résultats, à travers par exemple l’identification de nouvelles options de traitements. Biomérieux développe également des solutions de diagnostic accessibles et adaptées à différents types de structures de santé.
1 Données OMS
2 Idem