Déclaration des ministres des Affaires étrangères du G7 sur le climat, l’environnement, la paix et la sécurité (14 mai 2022)

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(Traduit de l’anglais)

Nous, ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Italie, du Japon, du Royaume-Uni, et haut Représentant de l’Union européenne, unis dans notre détermination à maintenir à notre portée l’objectif de limitation de la hausse de la température à 1,5° C, à mettre fin à la perte de biodiversité et à renverser la tendance d’ici 2030, ainsi qu’à atteindre l’objectif de zéro émission nette dans le monde d’ici la moitié du siècle :
• Reconnaissons que les effets des crises du climat et de la biodiversité font peser une menace sur la paix et la stabilité internationales lorsque la survie des populations et des écosystèmes est en péril, avec des effets disproportionnés sur les populations des États en développement, à faible revenu, fragiles ou touchés par un conflit, et lorsque l’ordre international que nous connaissons est de plus en plus mis à l’épreuve ;
• Comprenons que, parce que les nations partagent le même climat et les mêmes écosystèmes, la sécurité de chacune d’elle est indissociablement liée à celle des autres ; les conséquences des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement, terrestre ou marine, ne connaissent pas de frontières ;
• Soulignons que ces enjeux sont autant d’opportunités d’action collective transversale et de coopération multilatérale pour comprendre et traiter les implications des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement pour la paix et la sécurité ;
• Mettons en garde sur le fait que, plus les effets des changements climatiques, de la perte de biodiversité et de la dégradation de l’environnement sont importants, plus les risques qui pèsent sur la paix et la stabilité sont forts, notamment dans les États déjà fragiles, et que ce cercle vicieux risque à son tour d’avoir une influence sur les émissions de gaz à effet de serre, la perte de biodiversité et la déforestation, et d’empêcher les gouvernements d’agir efficacement pour y remédier ;
• Soulignons le fait que la paix et la stabilité sont souvent décisifs en termes d’atténuation et d’adaptation face aux conséquences des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement ainsi que pour réduire les pertes et les dommages causés par les changements climatiques, tout comme l’action en faveur du climat et de l’environnement constitue un aspect crucial d’une paix durable.
Dans le prolongement de la Déclaration de La Haye sur la sécurité planétaire, de l’appel à l’action pour le climat et la sécurité lancé à Berlin et des travaux du Groupe d’amis sur le climat et la sécurité à New York, nous entendons œuvrer avec les partenaires affinitaires en vue d’une initiative sur le climat, l’environnement, la paix et la sécurité. Ce groupe portera et entreprendra des actions, approches et solutions concrètes et opérationnelles pour contribuer à la lutte contre les risques climatiques et environnementaux qui pèsent sur la sécurité et la stabilité partout dans le monde. À cet effet, la présente déclaration constitue un programme d’action en sept points qui énonce des mesures permettant de réagir rapidement et efficacement aux risques que font peser les changements climatiques et la dégradation de l’environnement sur la stabilité et la paix en :
1. Harmonisant nos mesures et nos pratiques à l’échelle de l’ensemble de l’administration pour mieux comprendre et traiter les implications des changements climatiques pour la paix et la sécurité, pour respecter totalement l’Accord de Paris et atteindre les objectifs qui y sont fixés, ainsi que le Pacte de Glasgow sur le climat, les engagements internationaux en matière d’environnement et conserver ou protéger au moins 30% de nos terres et de nos océans, y compris les eaux terrestres et intérieures, et les zones côtières et marines, en poursuivant notamment les efforts déployés pour limiter la hausse de la température à 1,5° C, mettre fin à la perte de biodiversité et renverser la tendance ;
2. Soutenant les États et les régions dont la stabilité et la paix sont le plus touchés par des risques liés au climat et à l’environnement, et en mobilisant des moyens de financement pour le climat et la biodiversité tout en favorisant la résilience, l’égalité entre les femmes et les hommes, la prévention des conflits, la paix et le renforcement des capacités dans les régions touchées. Cela implique notamment d’augmenter les moyens de financement de l’adaptation dans le prolongement de l’appel à au moins doubler d’ici 2025 la fourniture collective de moyens de financement de l’adaptation par rapport aux niveaux de 2019, lancé à Glasgow, afin d’atteindre un équilibre entre l’atténuation et l’adaptation dans la mise à disposition de ressources financières renforcées, rappelant l’article 9, paragraphe 4, de l’accord de Paris ;.
3. Améliorant la résilience et l’adaptation aux changements climatiques et environnementaux (ainsi qu’aux problématiques sécuritaires, économiques, humanitaires, environnementales et sociétales plus larges qui en résultent) à l’échelle mondiale en plaçant l’évaluation de la sécurité climatique et des risques environnementaux, l’adaptation aux changements climatiques, la prévention des risques de catastrophes naturelles et les solutions fondées sur la nature au cœur de nos actions, en plus des efforts d’atténuation, et en utilisant des approches et analyses plurisectorielles globales reposant sur la science et sur les données ;
4. Collaborant pour améliorer les réponses opérationnelles afin de soutenir la stabilité et la paix en intégrant résolument les changements climatiques et la dégradation de l’environnement et leurs effets dans les mesures d’alerte rapide et de médiation, et les opérations de maintien ou de consolidation de la paix, afin de promouvoir la résilience et d’éviter d’enclencher un cercle vicieux dans lequel les changements climatiques et la dégradation de l’environnement aggravent les facteurs de conflit qui augmentent à leur tour la vulnérabilité aux effets des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement ;
5. Procédant à un partage d’expérience et d’expertise au niveau international et entre les services gouvernementaux nationaux et régionaux pour concevoir et mettre en œuvre des mesures et pratiques coordonnées qui soient globales, tiennent compte du contexte et des facteurs de conflit, respectent l’égalité entre les femmes et les hommes et soient adaptées à la situation locale et aux besoins des parties prenantes ;
6. Développant des approches cohérentes et complémentaires sur le climat, l’environnement, la paix et la sécurité, et en facilitant la collaboration multilatérale, par exemple en réunissant régulièrement les acteurs des États et des organisations internationales, de la société civile et du secteur privé, par exemple à la conférence de Berlin sur le climat et la sécurité ;
7. Veillant à ce que les risques que font peser les changements climatiques, la perte de biodiversité et la dégradation de l’environnement sur la stabilité et la paix, ainsi que l’atténuation et l’adaptation en matière climatique, soient traités au plus haut niveau de l’État.