L’Alliance solaire internationale (ASI)

Partager

L’Alliance solaire internationale (ASI) est une initiative conjointe de la France et de l’Inde, lancée lors de la COP 21, aux fins d’un effort inédit en faveur de l’énergie solaire.
L’objectif de l’ASI est de produire les règles du jeu, normes et standards de l’énergie solaire, afin d’obtenir un déploiement rapide et massif dans les pays riches en rayonnement solaire mais où les risques sont encore perçus comme élevés. L’ASI met en place des outils concrets, des mesures de renforcement des capacités et des instruments financiers innovants. Un exemple est l’harmonisation des politiques publiques, des réglementations et des tarifs entre les pays qui
permet de réduire les incertitudes, de renforcer la viabilité économique des projets solaires et de rassurer les investisseurs.

L’ASI projette de faciliter l’installation de plus de 1000 GW de capacité supplémentaire d’ici 2030, avec un financement estimé à 1000 Mds$ sur la même période.

Des étapes importantes franchies

Son sommet fondateur a été présidé le 11 mars 2018 en Inde par le président de la République, Emmanuel Macron, et le Premier ministre indien, Narendra Modi. Sa première assemblée a eu lieu le 3 octobre 2018.

La seconde assemblée a eu lieu les 30 et 31 octobre 2019, sous la co-présidence de Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire et de son homologue indien.

br >

Comment est née l’Alliance solaire internationale ?

L’initiative a été lancée par la France et l’Inde lors de la conférence de Paris pour le climat en décembre 2015 avec pour objectif de dépasser les obstacles et accélérer le déploiement de l’énergie solaire.

L’ASI est aujourd’hui la première organisation intergouvernementale basée sur le sol indien. 83 États ont signé son accord-cadre (dont Australie, Japon, Royaume-Uni, Pays-Bas, Égypte ; 31 pays africains ; 7 États du Pacifique, 9 pays d’Amérique Latine et Caraïbes, 3 d’Asie méridionale)). L’ASI sera ouverte à tous les membres de l’ONU suite à l’amendement de son accord-cadre, actuellement restreint aux 121 pays intertropicaux.

Quels sont les objectifs de l’Alliance ?

L’Alliance solaire vise à réduire massivement les coûts de l’énergie solaire afin de rendre possible le « changement d’échelle » dans le déploiement de l’énergie solaire dans les pays à fort ensoleillement situés entre les deux tropiques.

Les objectifs poursuivis sont donc multiples  :

  • réduire massivement les coûts de l’énergie solaire
  • répondre à la forte demande énergétique dans les pays en développement
  • contribuer à la lutte contre le changement climatique

Comment atteindre ces objectifs ?

Établir un environnement politique, règlementaire et contractuel propice aux investissements dans l’énergie solaire

L’harmonisation des politiques publiques et la mise à niveau des réglementations et des cadres contractuels entre les pays permettent de réduire les incertitudes, de renforcer les business models des projets solaires et de rassurer les investisseurs.
C’est dans ce cadre que des contrats-types universels appelés « Open Solar Contracts » ont été créés par l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA) afin d’avoir la même base d’accords juridiques, plus simples et rapides à mettre en œuvre dans chaque pays. Cela permet ainsi de réduire les coûts de transaction pour les opérateurs publics et de donner plus de visibilité aux porteurs de projets.

Une initiative pilote est menée dans laquelle le Togo, le Mali, le Bénin, le Burkina Faso, le Niger et le Gabon ont défini des dispositions réglementaires et contractuelles communes pour accélérer et renforcer la confiance dans les investissements solaires dans leurs pays. L’Agence française de développement(AFD) finance à hauteur de 350 000 euros une étude préparatoire de faisabilité pour définir une approche commune pour les projets solaires.

Mobiliser les financements à l’échelle internationale

L’objectif de l’ASI est de faciliter l’accès des pays membres à des financements à bas coût pour les projets solaires. En partenariat avec l’ASI, la Banque mondiale et l’AFD ont pour cela lancé une initiative pour la réduction des risques solaires (Solar Risk Mitigation Initiative ou SRMI) à la COP24 en 2018.

Alors que les coûts du photovoltaïque ne cessent de chuter, le déploiement du solaire reste cependant lent dans certains marchés émergents, notamment en Afrique, où le secteur privé considère que le financement de projets solaires comporte trop de risques : cette initiative SRMI vise à inverser cette tendance. Il s’agit de créer :

  • un volet d’assistance technique au développement de projets solaires soutenables (aide à la planification, à la cartographie des ressources et sur les réformes du secteur de l’électricité) ; un guide pour le déploiement du solaire pour permettre aux pays d’identifier des objectifs solaires clairs et stables a été publié en septembre dernier et des premiers appuis prendront place dans les pays d’Afrique de l’Ouest ;
  • une nouvelle plateforme des marchés publics qui sera lancée sur Internet, de façon à faciliter et regrouper les enchères de projets solaires ;
  • des outils de couverture contre les risques financiers sur les projets de production d’énergie renouvelable pour garantir la solvabilité des fournisseurs.

La France mobilise 50 millions d’euros d’outils financiers de garantie pour ainsi mobiliser l’investissement privé vers des projets d’énergie renouvelable à hauteur de 3,9 milliards de dollars et l’installation de 1,6 GW de nouvelles capacités d’énergie renouvelable, principalement solaire pour des projets inférieurs à 50 MW en Afrique.

Illust: Installation solaire, 1.8 Mo, 1011x750
Installation solaire de désalinisation à Bora Bora, Polynésie française
© Mascara Renewable Water

Consolider l’offre du réseau de formation, de recherche et d’innovation

La formation des techniciens et des ingénieurs sur le terrain est essentielle pour établir des filières d’énergie solaire locales. C’est dans cette optique que l’ASI, soutenue par l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), mobilise 9 centres régionaux d’énergie renouvelables et d’efficacité énergétique, ainsi que près de 70 instituts nationaux afin de soutenir la formation, la recherche et l’innovation dans les pays membres, facilitant ainsi le transfert de technologie. La France a pour cela soutenu financièrement et techniquement la mise en place d’un premier programme de formation pour l’Académie solaire d’Afrique de l’Est (annoncé lors du One Planet Nairobi). Ce cursus propose les dernières connaissances théoriques et pratiques sur la fabrication et l’installation de systèmes photovoltaïques autonomes qui permettent d’avoir accès à l’électricité dans des endroits isolés, non raccordés au réseau.

L’ASI poursuit en outre son programme de formation de formateurs, financé par l’Inde. 133 professionnels de profils divers venant de 25 pays membres ont été formés par le National Institute of Solar Energy entre septembre 2018 et mars 2019. L’ASI a lancé en août un programme de bourses pour les professionnels techniciens à mi-carrière. La première promotion concerne 21 personnes de 18 pays membres (80 candidatures de 38 pays ont été reçues). La formation est assurée par l’India Institute of Technology (IIT) de New Delhi pendant un an et demi. Les boursiers effectueront en outre un stage de 6 mois au secrétariat de l’ASI.

Quel rôle pour la France ?

La France est co-fondatrice de l’ASI et co-présidente de l’assemblée de l’ASI. Elle contribue au fonctionnement du secrétariat de l’ASI, composé d’une vingtaine de personnes, dont le rôle est de piloter les programmes. Au sein de cette équipe, une experte française, en poste depuis plus de deux ans, contribue à la stratégie, à la mise en œuvre des programmes (en particulier en matière de formation) et à l’animation du réseau de l’ASI, en partenariat avec les États membres ou les organisations externes.

La France utilise son réseau diplomatique pour porter les priorités de l’ASI au sein du One Planet Summit, dans l’ensemble des enceintes multilatérales concernées (au Sommet Climat du secrétaire général des Nations unies, à la COP25, auprès de l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA), auprès de l’Initiative de l’Afrique sur les énergies renouvelables (AREI), ou encore de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), etc.) et auprès des banques multilatérales de développement.

La France mobilise aussi le secteur privé. Le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et le MEDEF International co-président avec leurs homologues indiens un comité international des chambres de commerce qui formule des recommandations à l’ASI sur les conditions favorables aux investissements privés dans l’énergie solaire.

Réalisations

À ce jour, l’AFD a engagé près de 900M€ pour 44 projets dans 25 pays. Il s’agit pour l’essentiel, en volume, de projets de centrales solaires photovoltaïques connectées au réseau. Ces fonds ont contribué à développer plus de 2,5 GW de capacité solaire. Sur ces volumes, 380 M€ ont été investis dans des projets sur le continent africain pour 650 MW de capacités installées.
La Banque Mondiale et l’AFD ont lancé l’initiative Solar Risk Mitigation à la COP24, qui comprend un volet d’appui au développement de conditions propices et d’une plateforme de marchés publics en ligne qui facilitera l’accès aux financements en regroupant les enchères de projets solaires. L’objectif visé est d’aboutir à des appels d’offre communs et multi-pays. La France apportera 50 M€ dans une facilité de garantie en faveur de projets de centrales d’énergies renouvelables de petite taille dans les pays de l’ASI. Ces fonds permettront de mobiliser un investissement privé de 3,5 Mds€ et 1.6 GW d’énergie solaire

Mise à jour : 11.19