Sécurité alimentaire, nutrition et agriculture durable

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À l’occasion de la conférence préparatoire au Sommet sur les systèmes alimentaires, Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, est intervenu pour souligner le lien étroit entre systèmes alimentaires durables et le travail des 3 Conventions des Nations-Unies dites « de Rio » (climat, biodiversité, désertification), soutenues fortement par la France.

Ce pré-sommet qui s’est tenu à Rome entre le 26 et le 28 juillet 2021 avait pour but de préparer le Sommet sur les systèmes alimentaire -qui se tiendra à New-York en septembre 201 sous l’égide du Secrétaire général des Nations unies-et abordera les enjeux liés à l’alimentation (sécurité alimentaire, nutrition, santé, environnement, aspects socio-économiques…) afin de mettre en œuvre les Objectifs de développement durable.

L’état de la faim dans le monde se dégrade depuis 2014. Selon le dernier rapport sur « L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde » (dont l’acronyme anglais est « SOFI »), publié conjointement par la FAO, le PAM, le FIDA, l’UNICEF et l’OMS, près de 690 millions de personnes souffraient de sous-alimentation chronique en 2019 (8,9 % de la population mondiale) : soit une hausse de 12 millions par rapport à 2018, et de 60 millions depuis 2014. L’Afrique est la région où la prévalence de la sous-alimentation est la plus élevée, avec 18,8 % de la population touchée en 2019, soit 239,6 millions de personnes. L’Asie est quant à elle la région hébergeant le nombre le plus important de personnes sous-alimentées (378,7 millions).

En 2020, les conséquences de la crise des criquets pèlerins en Afrique de l’Est et de la pandémie mondiale de Covid-19 ont encore aggravé ces chiffres. Selon les différents scénarios de croissance retenus, les effets à long terme de la crise liée à la pandémie de Covid-19 pourraient faire basculer entre 83 et 132 millions de personnes supplémentaires dans la faim. Le prix Nobel de la paix récemment accordé au PAM, premier partenaire de l’aide alimentaire française, souligne l‘importance de l’enjeu des crises alimentaires.

Sécurité alimentaire et nutritionnelle : définition

La France partage la définition de la sécurité alimentaire et nutritionnelle adoptée par le Comité de la sécurité alimentaire en septembre 2012 : La sécurité alimentaire et nutritionnelle existe lorsque les êtres humains ont, à tout moment, la possibilité physique, sociale et économique de se procurer une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins et préférences alimentaires pour mener une vie saine et active.

La France identifie 4 piliers dans cette définition :

  • l’accès physique, économique, social à l’alimentation,
  • la disponibilité de la nourriture,
  • la qualité sanitaire et nutritionnelle des produits,
  • la régularité de l’accès, de la disponibilité et de la qualité.

La malnutrition est également un problème grave et persistant. Il existe 3 principales formes de malnutrition : la sous-nutrition (chronique ou aiguë), les carences en micronutriments et l’obésité. Dans le monde, la malnutrition chronique touchait 21,3 % des enfants de moins de 5 ans en 2019, soit 144 millions. L’obésité est également devenue un enjeu central, touchant 675,7 millions d’adultes dans le monde.

Au vu de ces chiffres en augmentation, il existe un risque réel de ne pas atteindre l’Objectif de développement durable (ODD) n° 2, visant à l’élimination de la faim d’ici à 2030.

Des enjeux multiples

Ces dernières années, le rapport SOFI s’est penché plus spécifiquement sur les liens entre insécurité alimentaire, conflits (SOFI 2017), changement climatique (SOFI 2018) et ralentissement de la croissance (SOFI 2019) ; en 2020, le rapport se concentre sur l’analyse des « coûts cachés » des régimes alimentaires sur la santé publique et le changement climatique, qui s’élèveraient respectivement à 1 300 et 1 700 milliards de dollars par an d’ici à 2030 si le monde conservait ses modes de consommation alimentaire actuels.
Le rapport SOFI 2020 souligne également l’accroissement des inégalités entre hommes et femmes face à l’insécurité alimentaire entre 2018 et 2019.

La situation dépeinte par le SOFI est sérieuse : l’exposition à des extrêmes climatiques plus complexes, plus fréquents et plus intenses menace d’éroder les progrès réalisés dans la lutte contre la faim et la malnutrition. En outre, le changement climatique a des conséquences négatives sur la nutrition des populations vulnérables : baisse de la qualité des nutriments et de la diversité des aliments, effets sur l’eau et l’assainissement, risques sanitaires …

Par ailleurs, on observe un lien à double sens entre insécurité alimentaire et conflits ; d’une part, l’instabilité et les conflits créent ou aggravent l’insécurité alimentaire et, d’autre part, l’insécurité alimentaire, la hausse des prix agricoles peuvent déclencher ou aggraver des situations conflictuelles et instables. Aujourd’hui, 6 personnes sur 10 souffrant de la faim vivent dans des pays affectés par un conflit.

Enfin, il convient de prendre en compte l’importance du secteur agricole dans les pays du Sud : au Sahel, par exemple, 80 % de la population est rurale et le secteur fournit 66 % des emplois. Par rapport à d’autres secteurs, la croissance de l’agriculture a des effets deux à quatre fois plus efficaces sur l’augmentation du revenu des populations les plus démunies. À l’échelle du continent, les pertes économiques liées à la malnutrition sont estimées à 11 % du PIB.

L’action de la France

La nouvelle stratégie internationale de la France pour la sécurité alimentaire, la nutrition et l’agriculture durable pour la période 2019-2024 est le fruit d’une concertation avec les acteurs français impliqués dans cette thématique et définit le cadre de référence pour les institutions françaises de développement. Cette nouvelle stratégie poursuit 5 objectifs principaux :

  • Renforcer la gouvernance mondiale de la sécurité alimentaire et de la nutrition. La France souhaite jouer un rôle moteur pour améliorer l’efficience des instances de gouvernance dans le domaine de la sécurité alimentaire et de la nutrition, en particulier en définissant une vision claire et partagée des objectifs et des moyens d’action dans ces domaines et en favorisant une meilleure harmonisation et une meilleure coordination des instances et des bailleurs.
  • Développer des systèmes agricoles et alimentaires durables. Face aux conséquences du changement climatique et à l’érosion de la biodiversité, un enjeu crucial sera de développer et de promouvoir la transition vers des systèmes agricoles et alimentaires durables, d’un point de vue économique, social et environnemental, répondant aux défis du changement climatique afin d’assurer la sécurité alimentaire et la nutrition des populations.
  • Renforcer l’action française sur la nutrition. L’approche promue par la France est multisectorielle, afin d’agir de manière intégrée sur les différents facteurs menant à la sous-nutrition. Elle vise un impact sur la sous-nutrition significatif et durable.
  • Appuyer la structuration de filières agroalimentaires durables pour favoriser la création d’emplois décents dans les territoires ruraux, notamment pour les jeunes. Le secteur agricole et rural représente souvent le cœur de l’activité socio-économique des pays en développement et un gisement d’emplois important qu’il convient de soutenir. L’inclusion des agricultures familiales dans ces filières est un enjeu clé.
  • Renforcer les actions d’assistance alimentaire aux populations vulnérables et améliorer leur résilience aux causes de l’insécurité alimentaire, que ce soit dans des contextes d’urgence ou dans les contextes d’insécurité alimentaire chronique.

La contribution de la recherche dans le domaine agricole et rural sera également cruciale pour accompagner les profondes transformations qu’appelle l’atteinte des Objectifs du Développement Durable, face au double défi de la croissance démographique et du dérèglement climatique.

La France travaille étroitement avec des partenaires nationaux et internationaux

La France est fortement mobilisée dans le fonctionnement du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA) et soutient le secrétariat du Mouvement pour le renforcement de la nutrition (SUN). Elle travaille étroitement avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM) et le Fonds international de développement agricole (FIDA).
Au niveau français, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères s’appuie notamment sur un groupe de travail, le Groupe interministériel français sur la sécurité alimentaire (GISA). Celui-ci associe l’ensemble des acteurs français (ministères, Agence française de développement, institutions de recherche, organisations non gouvernementales, profession agricole et fondations). Il est co-présidé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Consulter la Stratégie internationale de la France pour la sécurité alimentaire, la nutrition et l’agriculture durable pour la période 2019-2024

Mise à jour : juillet 2021