L’action de la France pour les droits et santé sexuels et reproductifs

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Les droits et santé sexuels et reproductifs

Les droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR) se sont progressivement imposés dans les débats au sein des enceintes internationales depuis les années 2000. En effet, les DSSR renvoient à un triple enjeu : de droits humains et de libertés individuelles, d’égalité de genre et de développement durable des sociétés, et enfin de santé publique.

En 2016, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères publiait la première Stratégie sur l’action extérieure de la France sur les enjeux de population, de droits et santé sexuels et reproductifs 2016-2020, en soutien à la mise en œuvre du Programme d’action du Caire (1994).

En 2021, la France, en tant que co-leader de la coalition d’action du Forum Génération Egalité sur l’autonomie corporelle et les droits et santé sexuels et reproductifs, a pris plusieurs engagements en matière de droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR). La France s’est engagéé à consacrer 400M€ aux DSSR au cours des cinq années du Forum par le biais de différents programmes, y compris au programme Supplies d’UNFPA, ou au centre ODAS pour l’avortement sûr en Afrique de l’Ouest.

En 2023, La France lance sa nouvelle Stratégie internationale en matière de droits et santé sexuels et reproductifs 2023-2027. Trois changements clés la distinguent de la précédente :

  • L’approche par les droits, plaçant les individus et leurs droits au centre de la stratégie
  • Six priorités thématiques qui guideront l’action de la France
  • Les DSSR, pierre angulaire de la diplomatie féministe française

Contexte et enjeux en matière de droits et santé sexuels et reproductifs

Les droits et santé sexuels et reproductifs (DSSR) se sont progressivement imposés dans les débats au sein des enceintes internationales depuis les années 2000. En effet, les DSSR renvoient à un triple enjeu  : de droits humains et de libertés individuelles, d’égalité de genre et de développement durable des sociétés, et enfin de santé publique. La dernière étape dans la définition des DSSR a été l’ouverture de ces droits aux personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres + (LGBT+) dans les années 1990.

Grâce au soutien et à l’expertise de la société civile, la définition suivie et adoptée par la France depuis 2018 est celle de la Commission Guttmacher-Lancet qui la caractérise comme « un état de bien-être physique, affectif, mental et social, concernant tous les aspects de la sexualité et de la reproduction, et pas seulement l’absence de maladie, de dysfonctionnement ou d’infirmité. Ainsi, une approche positive de la sexualité et de la reproduction doit reconnaître le rôle joué par les relations sexuelles sources de plaisir, la confiance et la communication dans la promotion de l’estime de soi et du bien-être général. Chaque personne a le droit de prendre les décisions qui concernent son corps et d’accéder à des services qui appuient ce droit. »

Ces évolutions ont également eu lieu dans les textes internationaux et les programmes d’action reconnus par les États, notamment sous l’impulsion de mouvements de droits humains et féministes.

Pourtant, ces évolutions se font dans un contexte international fragile. Les DSSR sont confrontés à de nombreux défis :

  • une reconnaissance et un suivi politique et financier encore difficiles malgré de réels progrès ;
  • la montée des conservatismes et des mouvements antichoix qui mettent en péril les progrès difficilement acquis ;
  • la multiplication des crises humanitaires, climatiques et sanitaires, lors desquelles les DSSR sont souvent relégués au second plan.

L’approche française en matière de droits et santé sexuels et reproductifs

La stratégie recouvre 6 priorités thématiques : l’accès à l’avortement sécurisé, l’accès aux services et produits de santé sexuelle et reproductive de qualité ; la lutte contre les violences sexuelles et fondées sur le genre ; l’accompagnement au changement social et comportemental à travers l’éducation complète à la sexualité et les actions en faveur de transformation des masculinités ; l’égalité et l’accès aux droits pour les personnes LGBT+, et la défense des droits et santé sexuels et reproductifs en période de crise.

Par cette stratégie, la France s’engage à honorer les engagements financiers pris à l’occasion du Forum Génération Égalité, à amplifier son plaidoyer en faveur des DSSR à l’international y compris en situation de crise et de conflit, à renforcer les partenariats multi-acteurs et à diffuser ces ambitions à l’ensemble des acteurs de sa politique étrangère.

La France s’attachera à porter ses valeurs à travers sa diplomatie féministe et une approche intégrée au croisement de plusieurs enjeux sectoriels prioritaires :
la Stratégie internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes :

à travers sa diplomatie féministe, la France souhaite porter un plaidoyer ambitieux dans tous les espaces internationaux, multilatéraux et bilatéraux, afin de garantir les droits à disposer de son corps et la santé sexuelle et reproductive comme une condition essentielle pour une égalité entre les femmes et les hommes ;

→ la stratégie française Droits humains et développement : la France appuie des projets d’éducation et de sensibilisation portant sur la corrélation entre droits humains et DSSR à destination de l’ensemble des acteurs et actrices du réseau diplomatique français ;

→ la Stratégie de la France en santé mondiale : la santé sexuelle et reproductive est présente dans cette stratégie. Plusieurs initiatives en découlent : la création du Fonds français Muskoka, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ou encore l’Initiative ;

→ la Stratégie française pour l’éducation, la formation professionnelle et l’insertion : l’éducation des filles et l’intégration de l’égalité de genre par et pour l’éducation resteront une priorité ;

→ la Stratégie internationale de la France pour la sécurité alimentaire, la nutrition et l’agriculture durable : la France entend notamment lutter contre la malnutrition de façon globale, multisectorielle et en format multi-acteurs, en donnant la priorité à l’action contre la sous-nutrition et à la période cruciale des 1 000 premiers jours (femmes enceintes et allaitantes et enfants de moins de 2 ans) ;

→ la Stratégie humanitaire de la République française :
en cours de renouvellement, plusieurs engagements renforceront la prise en compte de l’égalité de genre et des DSSR, en particulier l’accès au Dispositif minimum d’urgence.

Proposition d’encadrés :

Le Fonds français Muskoka

Le Fonds Français Muskoka (FFM) opère depuis 2011 en Afrique de l’Ouest et Centrale, afin d’accélérer la réduction de la mortalité maternelle et infantile et d’améliorer les santés reproductive, sexuelle, maternelle, néonatale, infantile et de l’adolescent, ainsi que la nutrition (SRMNIA-N).

Grâce au financement de la France, ce mécanisme innovant de coordination, d’appui technique et de mise en œuvre, aux niveaux régional et national, réunit les mandats complémentaires et les avantages comparatifs distincts de : OMS, ONU Femmes, FNUAP et UNICEF. Le FFM constitue aujourd’hui un modèle de fonctionnement permettant de mieux coordonner les stratégies régionales et nationales, d’harmoniser l’appui technique dans les pays et de mobiliser des partenaires et des fonds pour la SRMNIA-N dans neuf pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo).

Depuis 2011 ans, la France a investi plus de 160 millions d’euros à travers le Fonds Français Muskoka pour des interventions sur le terrain, en lien avec les autorités locales, qui s’organisent autour de quatre thèmes principaux : (i) la santé maternelle, néonatale, infantile et la planification familiale, (ii) la santé sexuelle et reproductive des jeunes et des adolescent(e)s, (iii), le renforcement des systèmes de santé et (iv) la nutrition. Le Danemark a également contribué à hauteur de 3 millions d’euros en 2019 et 2020.

Ainsi, entre 2010 et 2017, tous les pays Muskoka ont connu une réduction importante de leur taux de mortalité maternelle, avec une réduction de taille pour la Guinée (44%), le Sénégal (43%) et le Burkina Faso (38%). Toutes les activités développées dans le cadre du Fonds Français Muskoka, conformes aux plans nationaux de développement sanitaire des pays, s’intègrent dans la stratégie mondiale pour la santé de la femme, du nouveau-né, de l’enfant et de l’adolescent (2016-2030).

En juillet 2021 lors du Forum Génération Égalité, la France a réitéré son soutien politique, technique et financier à destination du FFM jusqu’en 2026 inclus, à hauteur de 10 millions d’euros par an.

“C’est la vie”, la sitcom d’éducation à la santé sexuelle et reproductive par le divertissement

L’ONG RAES, Réseau africain pour l’éducation et la santé, a initié en 2011 la création d’une sitcom panafricaine appelée " C’est la vie ! ", qui dépeint l’histoire d’un centre de santé fictif d’une ville d’Afrique de l’Ouest. En abordant tour à tour les défis politiques, socio-économiques et sanitaires, cette sitcom traite des thèmes allant de la santé sexuelle et reproductive, aux questions de sexualité à l’école en passant par les violences faites aux femmes.
L’objectif est d’outiller les populations cibles dans leurs choix, promouvoir des pratiques responsables et ainsi ouvrir la voie à une réflexion personnelle, au dialogue communautaire et au changement social de comportement par le biais du divertissement.

Appuyé notamment par des financements français et de la Fondation Gates, C’est la vie ! est depuis devenu un programme plus large d’éducation par le divertissement (série TV, podcast, web-séries…) associé à des campagnes communautaires permettant d’accompagner le changement de comportement.

Le financement des saisons 1 et 2 a été assuré à 75% par le Fonds Français Muskoka et à 25% par les chaînes A+, Canal France International et TV5Monde Afrique.
Le Fonds Français Muskoka a apporté son soutien technique sur la saison 3, son support technique et financier pour la création, production et diffusion du Kit pédagogique dans les 8 pays. Depuis 2017, l’AFD, ainsi que la Fondation Bill et Melinda Gates ont financé la production des saisons 3 et 4, à hauteur de trois millions d’euros chacun, ainsi que les activités permettant d’atteindre les populations les plus vulnérables ou éloignées des grands médias.

Ces financements ont permis :

  • la création de fictions réalistes issues du quotidien avec une juste dose des messages de santé et de divertissement : une série télévisée C’est la vie (3 saisons, 92 épisodes de 26 minutes) et un feuilleton radiophonique (1 saison, 31 épisodes de 20 minutes) diffusés sur le continent (TV5 Monde, A+, RFI, chaînes nationales et radios communautaires).
  • le doublage de la série télé et du feuilleton radiophonique en 5 langues (anglais, wolof, bambara, peul, haoussa.)
  • la production de contenus innovants pour le digital.
  • la création d’un kit pédagogique inédit et innovant, qui accompagne les animateurs communautaires dans le déploiement d’activités ludiques, participatives et impactantes au niveau local.

En 2022, l’AFD a financé une nouvelle phase du projet C’est la vie ! pour la production de la saison 4 et la poursuite des activités communautaires dans 4 pays (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Niger, Sénégal), à hauteur de 5 millions d’euros. La Fondation Gates apporte un financement parallèle de 4,5 millions d’euros, axé sur l’accès à la SSR par le numérique.

Pour en savoir plus :

Mise à jour : Juillet 2023