La lutte contre la malnutrition : un enjeu majeur pour le développement durable

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La malnutrition sous toutes ses formes est un enjeu universel : tous les pays sont concernés. Selon de récents rapports internationaux, en 2019 un adulte sur trois dans le monde était obèse ou en surpoids ; chez les enfants de moins de cinq ans, 22% (144 millions) souffraient de malnutrition chronique, 7 % de malnutrition aigüe et près de 6 % étaient en surpoids.

Une nutrition adéquate est essentielle à la bonne santé des individus et au développement social et économique des communautés et des nations. La réduction de la malnutrition est une intervention particulièrement efficace pour sauver des vies et peut contribuer à augmenter le produit intérieur brut (PIB) par habitant jusque plus de 11 points. Selon la Banque africaine de développement, ne pas résoudre les problèmes de malnutrition peut coûter entre 1,9 % et 16,5 % du PIB des pays africains ).

La malnutrition perpétue un cycle de pauvreté et d’inégalités. Les individus touchés par la malnutrition dans leur enfance auront plus de difficultés d’apprentissage, plus de problèmes de santé tout au long de la vie, auront des revenus plus bas à l’âge adulte et auront à leur tour des enfants malnutris. Au cœur de multiples problématiques, la lutte contre la malnutrition constitue un élément essentiel à l’atteinte à l’horizon 2030 des Objectifs de développement durable.

La malnutrition : de quoi parle-t-on ?

La malnutrition est la conséquence d’un apport en nutriments insuffisant en quantité et en qualité ou d’une mauvaise assimilation des nutriments par l’organisme. Il existe trois principales formes de malnutrition :

  • La sous-nutrition (chronique ou aiguë) : la sous-nutrition chronique chez les enfants signifie qu’ils ont une taille insuffisante par rapport à leur âge. On parle de « retard de croissance ». La sous-nutrition aiguë signifie que les enfants ont un poids insuffisant par rapport à leur âge. On parle d’« émaciation ».
  • Les carences en micronutriments désignent un apport insuffisant en vitamines et minéraux. En matière de santé publique, les carences les plus préoccupantes sont celles en vitamine A, en fer et en iode.
  • L’excès pondéral ou l’obésité : on parle aussi d’« excès d’alimentation », qui peut entraîner des maladies telles que le cancer, les maladies cardio-vasculaires ou le diabète.

On considère que le risque pour la santé posé par un régime alimentaire déséquilibré est désormais plus important que les risques combinés causés par les rapports sexuels non protégés, les drogues et le tabac (Commission mondiale sur les systèmes agricoles et alimentaires pour la nutrition - GLOPAN, 2016)

L’action de la France

La stratégie française en matière de nutrition répond au constat que la malnutrition ne se limite pas à la question alimentaire (offre et accès à une alimentation sûre, abordable et de bonne qualité nutritionnelle) mais inclut notamment la santé, un environnement sanitaire et hygiénique adéquat, les pratiques de soins en direction de la mère et de l’enfant. L’approche française favorise une approche coordonnée et multisectorielle, et se décline sur le plan bilatéral et dans les enceintes européennes et internationales.

La lutte contre la sous-nutrition est inscrite comme une des priorités de la politique de développement et de solidarité internationale de la France dans la loi d’orientation et de programmation du 7 juillet 2014 (Loi n°2014-773). Sur cette base, le Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) a initié l’élaboration d’une feuille de route pour l’action de la France à l’international sur la nutrition, pour la période 2016-2020. Celle feuille de route a été élaborée en concertation avec les divers acteurs français impliqués dans ce secteur (ministères techniques, instituts de recherche, ONG, secteur privé, etc.), rassemblés dans un sous-groupe du GISA, plateforme multi-acteurs et multisectorielle pour la sécurité alimentaire et la nutrition. La feuille de route « nutrition » est multisectorielle et cible les secteurs de la santé, de la sécurité alimentaire (développement agricole et rural), de l’eau, hygiène et assainissement ainsi que les interventions d’urgence comme l’aide alimentaire.

La nouvelle Stratégie internationale française pour la sécurité alimentaire, la nutrition et l’agriculture durable, lancée le 22 octobre 2019, prévoit le renforcement de l’engagement de la France en faveur de la nutrition (objectif n°3). Cela passe notamment par :

  • Le renforcement de la nutrition dans les contextes de fragilités : 50 % des montants du dispositif d’aide alimentaire programmée (AAP) du MEAE pour les populations vulnérables doit contribuer à la nutrition ;
  • Une ambition de l’AFD d’atteindre d’ici 2024 une part de 15 % de ses engagements dans les secteurs de la santé, de l’agriculture, de l’eau, de l’hygiène et de l’assainissement, contribuant à la nutrition dans certains pays prioritaires.
  • Un renforcement de la nutrition au sein de l’initiative Muskoka sur la santé maternelle et infantile, dont 25 % des fonds devront être alloués à la lutte contre la malnutrition.

Dans les enceintes internationales (Organisation mondiale de la santé / OMS, Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture / FAO, Programme alimentaire mondial / PAM, G7, G20), la France promeut la coordination et le renforcement de l’action en matière de lutte contre la malnutrition. La France soutient les sommets « Nutrition For Growth (N4G) », dont la prochaine édition se tiendra en décembre 2021 à Tokyo, et la proclamation par l’Assemblée générale des Nations unies de la Décennie d’action pour la nutrition pour la période 2016-2025. La France contribue au Rapport annuel sur la nutrition globale, initiative multi-acteurs mondiale qui constitue depuis 2014 une ressource précieuse et très consultée.

La France fait également partie du mouvement Scaling up Nutrition (SUN). Présent dans 60 pays, le mouvement rassemble l’ensemble des acteurs impliqués sur les questions de nutrition (pays participants, institutions des Nations unies, donateurs, secteur privé, société civile) et œuvre à la mise en place de politiques nationales adaptées et efficaces sur la lutte contre la sous-nutrition par le biais de plateformes multisectorielles nationales.

Enfin, la France apporte son soutien à des initiatives qui permettent de mobiliser davantage de financements en faveur de la lutte contre la malnutrition.

Mise à jour : octobre 2020