Déclaration de Jean-Yves Le Drian - Réunion de travail avec la ministre des affaires étrangères allemande, le secrétaire d’État américain et le vice-ministre britannique (Berlin, 20 janvier 2022)

Partager

Berlin, 20 janvier 2022

J’ai participé ce matin à Berlin à une réunion avec mon homologue allemande, Mme Annalena Baerbock, le secrétaire d’État américain, M. Antony Blinken, et le vice-ministre britannique, M. James Cleverly.

Nous avons évoqué la question des tensions actuelles avec la Russie et la question du dialogue avec la Russie. J’ai rappelé le soutien déterminé de la France au respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et la position sans ambiguïté exprimée par les États membres de l’Union européenne lors du Conseil européen de décembre dernier sur les conséquences massives et le coût sévère qui résulterait d’une nouvelle atteinte éventuelle qui lui serait portée. Dans la continuité des échanges intervenus lors du Gymnich de Brest à la fin de la semaine dernière, j’ai indiqué que la réunion du Conseil affaires étrangères de lundi 24 janvier sera l’occasion d’approfondir les échanges à 27 sur ce sujet. Il s’agit d’une priorité de la présidence française du Conseil de l’Union européenne.

J’ai également évoqué la contribution de la France à la sécurité de nos alliés, notamment dans le cadre du dispositif de la force de réaction de l’OTAN, et de sa force de réaction rapide, ainsi que de la présence avancée renforcée dans les États baltes. J’ai indiqué que cette contribution serait maintenue et que nous étions prêts à mettre en œuvre de nouvelles missions en Roumanie, en fonction des décisions prises collectivement dans le cadre de l’Alliance, comme le Président de la République l’a indiqué hier lors de ses vœux aux Armées.

J’ai souligné, s’agissant du dialogue avec la Russie, l’importance de poursuivre des échanges exigeants avec Moscou dans l’ensemble des formats engagés la semaine dernière, notamment dans le cadre du format Normandie, dans le cadre du dialogue américano-russe sur la stabilité stratégique, au sein du Conseil OTAN / Russie et au sein de l’OSCE. Dans chacun de ces formats, les Européens jouent tout leur rôle, de façon unie et solidaire. J’ai rappelé à cet égard les priorités de fond partagées avec nos alliés et partenaires reflétant nos intérêts de sécurité pour nourrir ce dialogue collectif avec les Russes, qu’il s’agisse du respect des grands principes d’Helsinki et de la charte de Paris, de stabilité stratégique, de maîtrise des armements nucléaires et conventionnels, de transparence et de prévisibilité des manœuvres et exercices, ou de la mise en œuvre effective des accords de Minsk en Ukraine. Sur la base de ces accords revus lors du Sommet de Paris de décembre 2019, il devrait être possible d’avancer.

A cet égard, sur les enjeux de sécurité qui concernent l’Europe, il est normal que les Européens se concertent et qu’une coordination étroite avec nos alliés et partenaires soit maintenue car rien qui concerne la sécurité européenne ne peut se discuter et se décider sans la pleine implication des Européens. Je suis en plein accord avec ce que dit le secrétaire d’État Antony Blinken quand il affirme qu’il n’y aura « rien sur l’Europe et sa sécurité sans l’Europe ». Encore faut-il le rappeler, puis le faire.

Comme le Président de la République l’a indiqué hier à Strasbourg, il s’agit de faire des propositions visant à bâtir un nouvel ordre de sécurité et de stabilité qui soit conforme à nos intérêts collectifs de sécurité, « de construire entre Européens puis de partager avec nos Alliés dans le cadre de l’OTAN, et ensuite de le proposer à la négociation à la Russie ». Il s’agit là de nourrir une voie transatlantique collective et unie de dialogue dans laquelle les Européens assument toutes leurs responsabilités et tiennent toute leur place avec leurs Alliés de l’OTAN sur un sujet qui concerne directement leur propre sécurité.

Nous avons enfin abordé le dossier nucléaire iranien. Cela fait presque deux mois que les négociations ont repris à Vienne. Avec mes collègues, nous partageons le même constat : il y a des progrès, partiels, timides et lents - mais la négociation ne peut se poursuivre à un rythme aussi lent, pendant que parallèlement le programme nucléaire iranien avance aussi rapidement. Nous allons très rapidement nous trouver dans une situation intenable. Je serais tenté de dire que le JCPoA est dans une urgence vitale. Avec la Russie et la Chine, notre détermination pour que tout le monde revienne à ses engagements est entière, mais nous ne pourrons pas le faire si l’Iran poursuit dans cette trajectoire de lenteur, de patience dans la négociation qui permet par ailleurs de détricoter ses engagements au titre du JCPoA, sinon ce sera la fin de cet accord.