Région Picardie - 12 communes des départements de Madaoua, Malbaza et Konni (Niger) : réhabiliter des espaces naturels menacés par les aléas climatiques

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Au Niger, vaste pays situé dans la zone sahélienne de l’Afrique de l’ouest, le réchauffement climatique se traduit par des pluies plus rares mais très violentes. Ces pluies, ainsi que les vents de sable, érodent les terres agricoles jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien, ni pour les cultures ni pour le bétail.

Les crises alimentaires se répètent et forcent les habitants à quitter leur village.

Ce pays, l’un des plus pauvres du monde, doit trouver les moyens de préserver et de valoriser ses ressources face à ces chocs climatiques extrêmes. La région Picardie et les communes des départements de Madaoua, Malbaza et Konni mènent ensemble depuis 2007 un projet de gestion durable des ressources naturelles de la région. Il a pour objectif de recréer une biodiversité et, par répercussion, relancer les activités d’agriculture et d’élevage.

APIMAK : Association pour la Promotion de l’Intercommunalité dans les 12 communes des départements de Madaoua, Malbaza et Konni

Le programme

Gestion Durable des Ressources Naturelles (GDRN)

Où ?

Sur les territoires des communes membres de l’APIMAK (Association pour la Promotion de l’Intercommunalité dans les 12 communes des départements de Madaoua, Malbaza et Konni)

Combien de bénéficiaires ?

Estimés à 1,2 millions

Qui sont les acteurs ?

  • la région Picardie
  • les communes de l’APIMAK
  • le Groupement IRAM (ONG/Bureau d’étude, Paris)
  • le CIEDEL (Institut Universitaire et Professionnel, Lyon)
  • le RAIL (ONG, Niger)

Les constats

  • Une dégradation des terres des plateaux, versants et glacis

La dégradation de ces terres se traduit par une diminution graduelle de la présence de la végétation jusqu’à laisser les terres dénudées. Elles deviennent alors peu utiles pour la faune sauvage, la culture pluviale ou les troupeaux des éleveurs sédentaires et/ou nomades. Les facteurs qui contribuent à cette dégradation peuvent être la surexploitation (coupe de bois), l’érosion par le vent et/ou l’impact de la pluie.

  • Des créations de ravinements

Le ravinement se crée par l’écoulement des eaux de pluie qui ne peuvent plus être absorbées par les terres. La force de l’eau creuse la terre et gagne en force, détruisant les cultures ou les cases de la population qui se trouvent sur sa route. La matière arrachée est déversée dans les bas-fonds et dans les mares, ce qui contribue à leur ensablement.

  • Un déplacement progressif des dunes de sables

L’érosion éolienne fait bouger petit à petit les dunes qui se trouvent sur le territoire de l’APIMAK. Ce déplacement menace les cultures et parfois les maisons des populations locales. Le phénomène s’aggrave avec la disparition de la végétation sur les terres voisines créant ainsi un terrain propice aux nuages de poussière et de sable.

  • Un ensablement des bas-fonds, des cours d’eau et des mares

L’érosion éolienne et le ruissellement des eaux emportent et déposent le sable et la poussière dans les zones fertiles des bas-fonds, les cours d’eau et les mares. Les mares et cours d’eau deviennent alors moins profonds et sèchent plus vite. Ce phénomène a un impact important sur les activités de pêche et de maraîchage qui deviennent alors difficiles voire impossibles.

  • Un envahissement des mares par les mauvaises herbes

Certaines mares sont étouffées par des espèces d’herbes qui se multiplient rapidement. La mare sèche alors plus vite, devient inaccessible pour les pécheurs. La culture de décrue devient quasiment impossible à cause des herbes et de leur racines.

Quels sont les objectifs ?

  • Étendre la réhabilitation des espaces naturels et productifs menacés (sols, mares, etc.) ;
  • Pérenniser une gestion locale et intégrée des espaces récupérés et du capital productif ;
  • Renforcer la gouvernance des autorités locales sur la gestion des ressources naturelles ;
  • Favoriser la recherche-action sur les solutions locales en faveur d’une résilience face au changement climatique.

Quelles ont été les solutions apportées ?

  • Construire, partout où il y a un peu de pente, des murets de pierre et des petites levées de terre. Derrière ces abris, on plante des arbres. Le vent et la pluie accumulent dans ces creux des graines, de l’eau et de la poussière de terre fertile : tout ce qu’il faut pour que la végétation reparte. Quand l’herbe, les buissons et les arbres sont installés, ils protègent le sol de l’érosion, leurs racines empêchent les dunes d’avancer sur les cultures et il y a de nouveau du fourrage ;
  • Des campagnes annuelles de lutte contre l’envahissement des mares à travers le faucardage (opération qui consiste à couper et exporter les roseaux et herbacés envahissants) et l’empoissonnement (réintroduction de poissons) ;
  • Des aménagements pour traiter les koris (cours d’eau spontanés et violents) qui menacent les habitats et infrastructures des territoires communaux ;
  • Un travail expérimental sur la gestion concertée des ressources par la réalisation d’un Schéma d’Aménagement Forestier. Cette démarche doit permettre de définir des modalités de restauration, gestion et d’exploitation des systèmes forestiers ;
  • La mise en œuvre et l’animation de cadres de concertation communaux. Instances qui regroupent autour des responsables communaux l’ensemble des acteurs locaux afin de partager les problématiques en enjeux de gestion des ressources naturelles ;
  • Des initiatives de recherche-action sur la résilience climatique, en particulier sur la Régénération Naturelle Assistée (RNA) et les initiatives locales dans ce domaine.

En quoi ce programme est-il écologique et s’inscrit-il dans le concept de développement durable ?

Ce projet a un impact à court et long terme dans toutes les dimensions du développement durable.

  • Impact écologique : les sols retrouvent une fertilité, un couvert végétal, une faune, en d’autres termes, une biodiversité.
  • Impact sur la sécurité alimentaire des populations : les surfaces qui récupèrent leur productivité permettent de faire baisser la pression sur les terres arables, ce qui atténue à long terme les risques d’insécurité alimentaire.
  • Impact économique : l’agriculture, et l’élevage sont des activités fondamentales qui supportent l’essentiel de l’économie de ces territoires.
  • Impact sur la gouvernance : les populations locales se fédèrent autour d’actions d’intérêt collectif, lesquelles deviennent un objet et un enjeu de dialogue avec les élus communaux.

Aujourd’hui, quels sont les résultats ?

En chiffres :

  • Plus de 5 000 Ha d’espaces aménagés par des ouvrages anti-érosifs,
  • Plus d’1 000 000 de plants produits et plantés (espèces : Acacia senegal, Acacia seyal, etc.),
  • 275 Ha d’espaces aquatiques récupérés,
  • Empoissonnement de 8 mares et mise en place de 2 stations d’alevinage,
  • Près de 1000 personnes formées sur les techniques de lutte antiérosive.
  • Des espaces à nouveau végétalisés où l’on observe une amélioration progressive de la biodiversité (faune & flore) :
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Photo : CR Picardie / RAIL
  • Des espaces finalement récupérés (après 3 à 5 ans de mise au repos) pouvant être cultivés et /ou mis en pâturage. Les communautés rurales exploitantes bénéficient de ces ressources (produits de cueillette, fourrage, etc.) :
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Photo : CR Picardie / RAIL
  • Des espaces aquatiques faucardés, libérés des espèces envahissantes :
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Photo : CR Picardie / RAIL
  • Le rétablissement d’une diversité piscicole à travers l’introduction dans les mares d’espèces locales de poisson (Carpe, Capitaine). Ce qui bénéficie à l’activité de pêche locale et à la sécurité alimentaire en protéines des populations environnantes :
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Photo : CR Picardie / RAIL
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Echange communautaire autour d’un muret de protection. Photo : CR Picardie / RAIL

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En plein travaux de confection d’ouvrages anti-érosifs. Photo : CR Picardie / RAIL

Image Diaporama - En plein travaux pour lutter contre l'érosion (...)

En plein travaux pour lutter contre l’érosion des sols. Photo : CR Picardie / RAIL

Image Diaporama - Les femmes arrosent des pots dans la pépinière.

Les femmes arrosent des pots dans la pépinière. Photo : CR Picardie / RAIL

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Les femmes des 12 communes de l’APIMAK confectionnent des pots pour les pépinières. Photo : CR Picardie / RAIL

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L’érosion éolienne fait bouger progressivement les dunes qui se trouvent sur le territoire de l’APIMAK. Photo : CR Picardie / RAIL