Parc naturel régional du Luberon – région Tanger-Tétouan-Al-Hoceima (Maroc) : créer le premier parc naturel du Maroc

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La création de parcs régionaux naturels permet de lutter contre le dérèglement climatique en préservant et valorisant le patrimoine de biodiversité. Cette dernière connaît un rythme d’extinction actuel de 100 à 1000 fois supérieur au taux moyen. 15 à 37% de la biodiversité actuelle pourrait disparaître d’ici 2050 (source : Toute l’Europe.eu).

C’est dans le cadre de la coopération entre la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la région Tanger-Tétouan que le projet de créer le premier parc naturel du Maroc est né. Le parc naturel régional du Luberon accompagne la région Tanger-Tétouan dans la réalisation de ce projet, tout en prenant en compte les spécificités socio-économiques locales.

Sur la route de la COP 22 qui se tiendra au Maroc, et un an après la MEDCOP 21 qui s’est tenue à Marseille les 4 et 5 juin 2015, la région Tanger-Tétouan accueillera la MEDCOP 22 en juin 2016, illustrant la similitude des problématiques climatiques de part et d’autre de la Méditerranée, et la mobilisation commune face aux effets du dérèglement climatique.

Le projet

Créer le premier parc naturel du Maroc

Où ?

Au cœur des montagnes du Rif occidental, face à la ville de Chefchaouen, région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, nord du Maroc

Combien de bénéficiaires ?

50 000 habitants répartis dans 159 douars (groupement d’habitations, fixe ou mobile) sur 6 communes rurales

Qui sont les acteurs ?

Maroc

  • Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD Maroc– Art Gold)
  • Haut-Commissariat aux Eaux et Forêt et à la Lutte Contre la Désertification (HCEFLCD),
  • Direction Régionale de l’Agriculture de Tanger-Tétouan (DRATT),
  • Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH),
  • Agence pour la Promotion et le Développement du Nord (APDN)
  • Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima,
  • Provinces de Chefchaouen, de Tétouan, de Larache,
  • Communes rurales d’Al Ouad, Beni Leït, Dardara, Laghdir, Tanakoub, Tazrout.

France

  • Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
  • Parc naturel régional du Luberon

Depuis quand ce partenariat a-t-il été initié ?

En 2000, la région Tanger-Tétouan et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont signé une convention-cadre de coopération. L’objectif était que les deux régions puissent échanger sur la connaissance de ces territoires méditerranéens, et sur leurs voies de développement.

C’est dans cette optique que le Conseil régional Tanger-Tétouan est venu visiter le parc naturel régional du Luberon de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. La visite de ce territoire rural, géré de manière concertée et dans un objectif de développement local, a séduit les acteurs marocains.

Ainsi, le conseil régional de la région PACA a demandé au parc naturel régional du Luberon d’accompagner la région Tanger-Tétouan pour réaliser un projet de parc naturel, tout en prenant en compte les spécificités socio-économiques locales.

Le contexte et les enjeux

Les territoires montagneux du Rif sont particulièrement enclavés car peu accessibles. Cet enclavement est aussi bien physique, économique que social. On assiste au déclin de l’agriculture traditionnel, au développement de cultures illicites et de fait à une déforestation massive suivi d’une érosion et d’un appauvrissement des sols. Autant de facteurs qui peuvent favoriser un exode rural.

Néanmoins ce territoire riche d’une biodiversité remarquable (33 000 ha de biodiversité forestière, 32 espèces de mammifères dont 11 endémiques, 91 espèces d’oiseaux dont 32 endémiques, 29 espèces de reptiles), d’une culture ancestrale qui façonne les paysages (les Jbalas) et d’un patrimoine historique et religieux vivant ne manque pas d’atouts.

Ce projet a pu se développer grâce à :

  • Une politique nationale marocaine de décentralisation notamment par la création des régions ;
  • Le développement de l’ "inter-collectivité" (communes, provinces, régions) favorisant les synergies sur un territoire ;
  • L’éco-tourisme en plein développement au Maroc ;
  • La valorisation des produits de terroir pour une agriculture viable pour l’homme et l’environnement ;
  • L’innovation énergétique.

Quels sont les objectifs ?

L’objectif est de créer le premier parc naturel du Maroc dans l’esprit des parcs naturels régionaux français. Ceci en contribuant au développement durable du territoire rural de Bouhachem, animé et géré par les élus locaux au cœur d’un système participatif. Il s’agit de miser sur la protection et la valorisation de ses ressources naturelles et culturelles, ainsi que sur une gestion viable sur le plan environnemental.
En d’autres termes, accompagner de l’autre côté de la Méditerranée la mise en œuvre d’un projet de protection et de développement local respectueux de la planète.

Quelles sont les solutions apportées ?

De 2001 à 2014, la région Tanger-Tétouan, accompagnée successivement par plusieurs jeunes volontaires français, a joué un rôle moteur dans la réalisation de ce projet.

Pendant plus de douze ans, cadres de la région, agents du parc du Luberon et volontaires ont parcouru le territoire de Bouhachem, inventorié son patrimoine naturel et culturel, recensé les besoins prioritaires de ses habitants, mobilisé les acteurs du territoire, construit les axes de son développement. Un travail de longue haleine qui a permis d’ancrer le projet dans le territoire, dans l’esprit des administrations, de la société civile et des habitants.

Ce projet a été ponctué par plusieurs étapes décisives. En 2004, une charte du territoire a été élaborée en concertation avec les divers partenaires et acteurs. Il s’agit d’un document fédérateur qui définit les orientations et les objectifs du parc sur vingt ans, auquel ont adhéré volontairement les collectivités du territoire.

En 2010, la loi marocaine n° 22-07 relative aux aires protégées a institué les "parcs naturels" aux cotés des parcs nationaux, des réserves naturelles et des sites naturels. Les parcs naturels y sont définis comme des espaces au patrimoine remarquable, et dont le maintien doit être compatible avec l’utilisation durable des ressources naturelles par les populations qui y vivent. La publication de cette loi a donné un nouveau souffle au projet.

En 2012, le groupement de collectivités territoriales de Bouhachem a été créé, regroupant les six communes rurales, les trois provinces et la région. Son objectif est d’accompagner la création officielle du parc et la mise en œuvre de la charte. Ce groupement est encore en train de se construire en tant qu’institution. Il s’agit d’une grande nouveauté au Maroc : un groupement qui articule différents niveaux de collectivités et dont le champ d’action est multidisciplinaire.

En quoi ce programme est-il écologique et s’inscrit-il dans le concept de développement durable ?

Le projet du parc naturel de Bouhachem appuie et alimente le grand processus de décentralisation dans lequel s’est engagé le Maroc depuis dix ans. Il participe à la nouvelle typologie des aires protégées marocaines, qui se calque dorénavant sur les standards internationaux. Le projet de Bouhachem est en réelle synergie avec les grands projets de développement nationaux : le plan Maroc vert (soutien à la petite agriculture de qualité), l’INDH (développement socio-économique), la charte nationale de l’Environnement et du Développement durable, etc.

Tout en s’inspirant des grandes mouvances nationales et internationales, il fallait aussi bien sûr que cette idée de Parc s’ancre dans les problématiques propres de Bouhachem, au plus proche du territoire. Ainsi les missions du Parc de Bouhachem sont de :

  • Mieux connaitre et protéger les patrimoines, promouvoir une gestion des milieux et des ressources naturelles, et notamment des ressources forestières, adaptées à un développement durable ;
  • Contribuer à l’aménagement du territoire par l’amélioration des infrastructures indispensables au bien être des habitants (voies de communication, accès aux services de santé et d’éducation, aménagements des points d’eau et d’adduction, équipements pour les déchets et l’assainissement, et électrification des douars, et plus généralement la maîtrise de la dispersion de l’habitat) ;
  • Contribuer au développement économique, social, culturel et l’amélioration de la qualité de vie sur le territoire ; notamment par la revalorisation du patrimoine bâti et architectural, et des métiers locaux liés à la construction et l’accompagnement d’une agriculture rentable et viable pour l’environnement (élevage caprin, oléiculture, apiculture), et la valorisation de la production locale (terroir) ;
  • Informer : assurer l’accueil, l’information et l’éducation du public et promouvoir les démarches participatives des habitants ;
  • Expérimenter : encourager les actions expérimentales, innovations et reproductibles dans les domaines cités ci- dessus, et contribuer à des programmes de recherche et de coopération internationale.

Aujourd’hui, quels sont les résultats ?

  • Le projet a favorisé l’adoption d’une nouvelle loi marocaine n° 22-07 relative aux aires protégées instituant ce nouveau concept de parc naturel ;
  • Le groupement de collectivités territoriales de Bouhachem est créé, premier groupement de collectivité dont le rôle est de gérer un territoire rural ;
  • Les tous premiers gîtes ruraux de la région ont été créés ;
  • Un concept et un projet sont aujourd’hui ancrés dans le territoire, dans l’esprit des administrations, de la société civile et des habitants ;
  • Plus de 20 actions de développement ont été réalisées dans le cadre du projet et sous la maîtrise d’ouvrage et le pilotage de la région Tanger-Tétouan.
Image Diaporama - Activités dans les champs. Photo : Louise (...)

Activités dans les champs. Photo : Louise Géhin

Image Diaporama - Circuit de randonnée dans le parc national de (...)

Circuit de randonnée dans le parc national de Bouhachem. Photo : Arnoul Hamel

Image Diaporama - Douar de Taza. Photo : Louise Gehin

Douar de Taza. Photo : Louise Gehin

Image Diaporama - Fabrication de briques. Photo : Louise (...)

Fabrication de briques. Photo : Louise Géhin

Image Diaporama - Habitat traditionnel. Photo : Arnoul Hamel

Habitat traditionnel. Photo : Arnoul Hamel

Image Diaporama - Moulin à huile d'olive. Photo : Arnoul (...)

Moulin à huile d’olive. Photo : Arnoul Hamel

Image Diaporama - Oued Laou. Photo : Arnoul Hamel

Oued Laou. Photo : Arnoul Hamel

Image Diaporama - Toit de tuiles à Tazrout. Photo : Patrick (...)

Toit de tuiles à Tazrout. Photo : Patrick Cohen

Image Diaporama - Tuiles à Tazrout. Photo : Patrick Cohen

Tuiles à Tazrout. Photo : Patrick Cohen