À Bangangté (Cameroun) : développer des services d’eau et d’assainissement efficients pour une préservation de la ressource en eau

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Les ressources naturelles, dont l’eau, sont les premières impactées par le dérèglement climatique. Lutter contre le dérèglement climatique, c’est par exemple permettre la mise en place de services d’eau et d’assainissement efficients, car la bonne gestion de l’eau est intimement liée à celle du climat.

Le programme mis en œuvre à Bangangté a pour principal objectif l’amélioration des prestations de services publics locaux rendus aux populations par les collectivités territoriales. Il est primordial que la population s’approprie les enjeux d’une ressource en raréfaction du fait des changements climatiques.

Celui-ci s’accompagne d’une politique sectorielle dans les domaines de l’eau et de l’assainissement qui se veut ouverte aux initiatives locales. De la gestion de l’eau plus efficiente dépend plus largement aussi la sécurité alimentaire des populations.

L’eau est au cœur des enjeux humains.

SIAAP : Syndicat interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération parisienne
AESN : Agence de l’eau Seine Normandie
AIMF : Association internationale des Maires francophones

Le programme

Maîtrise d’Ouvrage durable dans les secteurs de l’Eau et de l’Assainissement dans la commune de Bangangté (MODEAB)

Où ?

Dans la commune de Bangangté située dans la région de l’Ouest, Chef lieu du département du Ndé. La commune s’étend sur 800km².

Combien de bénéficiaires ?

Estimés à 200 000

Qui sont les acteurs ?

Le maître d’ouvrage (c’est l’entité porteuse du besoin, définissant l’objectif du projet, son calendrier et le budget consacré à ce projet) : la commune de Bangangté

L’assistant de la maîtrise d’ouvrage et bailleur : l’Association internationale des Maires francophones (AIMF)

Les partenaires techniques et financiers : la Fondation Veolia, le Syndicat interdépartemental de l’Assainissement de l’Agglomération parisienne (SIAAP) et l’Agence de l’eau Seine Normandie (AESN)

L’animation citoyenne : l’ONG Environnement Recherche Action (ERA)-Cameroun

Depuis quand ce partenariat a-t-il été initié ?

2011

Le contexte et les enjeux

Ce projet de coopération décentralisée s’appuie aussi sur le processus de décentralisation initié en 2004 par le Gouvernement au Cameroun, qui a pour principal objectif l’amélioration des prestations de services publics locaux rendus aux populations par les collectivités territoriales. Il s’accompagne d’une politique sectorielle dans les domaines de l’eau et de l’assainissement qui se veut ouverte aux initiatives locales.

Mais, pour assumer ces nouvelles prérogatives, les communes manquent de personnels qualifiés et d’équipements. Une organisation efficace et de nouveaux outils structurants pour l’ensemble des services publics des communes sont les évolutions prioritaires à encourager.

L’amélioration des services publics dans les domaines de l’eau et de l’assainissement est une priorité absolue au Cameroun : 44 % de la population dispose d’un accès à l’eau potable et 34 % à l’assainissement. De vastes programmes de financement d’infrastructures ont été menés à partir des années 80, mais faute d’entretien, beaucoup d’entre elles sont désormais hors service.

Les collectivités territoriales françaises peuvent s’investir dans la lutte contre le réchauffement climatique en portant auprès de leurs autorités locales partenaires des projets climato-compatibles visant à l’atténuation et à l’adaptation dans le secteur de l’eau, comme les plans d’adaptation, des services d’eau et d’assainissement efficients, le partage de connaissance, des programmes de recherche.

Quels sont les objectifs ?

Renforcer la maîtrise d’ouvrage communale

  • Développer les capacités de maîtrise d’ouvrage des services techniques de la commune ;
  • Fournir à la commune un appui organisationnel pour développer une gestion pérenne des ouvrages ;
  • Fournir à la commune un appui et des outils pour améliorer sa gestion administrative et financière.

Développer les infrastructures et leur utilisation

  • Renforcer l’approvisionnement en eau potable des populations ;
  • Améliorer l’accès à l’assainissement des populations ;
  • Sensibiliser la population aux règles d’hygiène et aux bonnes pratiques d’utilisation et gestion des infrastructures.

Favoriser une gestion locale, participative et pérenne des services : la coopération décentralisée cherche à renforcer le rôle des collectivités dans la gestion de l’eau et de l’assainissement notamment.

Quelles sont les solutions apportées ?

Le volet Eau : 7 réseaux d’eau potables ont été réhabilités. Des études approfondies ont été réalisées en amont pour augmenter la quantité d’informations connues par les services techniques de la mairie sur la ressource en eau et l’état des installations.

  • 11 Forages/Captages
  • 10 Stations de traitement : filtration et chloration sans électricité
  • 7 Réseaux de distribution gravitaires
  • Bornes fontaines et branchements particuliers

Le volet Assainissement : 15 blocs de latrines écologiques ont été installés dans les écoles et les marchés de la Commune afin de prévenir des maladies hydriques et limiter la dégradation de la qualité de l’eau,. En parallèle, des actions de sensibilisation des populations à l’hygiène ont été menées et permettent une bonne utilisation et un bon entretien des latrines.

  • Les urines sont récupérées séparément, stockées pendant au moins un mois pour leur hygiénisation puis utilisées comme fertilisant agricole
  • 2 fosses pour les fèces : l’une en utilisation et l’autre pour stocker les matières en compostage

La gestion des infrastructures :

Pour le volet Eau, un Service Public de l’Eau et de l’Assainissement de la commune de Bangangté a été créé. Il est aujourd’hui fonctionnel : 3 agents communaux ont été formés spécialement à ces tâches.

Pour le volet Assainissement, des acteurs complémentaires assurent la pérennité des infrastructures :

  • Les comités d’éducation à l’environnement dans les écoles sont composés d’élèves encadrés par des professeurs. Ils assurent l’entretien régulier des latrines et fertilisent les champs avec les urines hygiénisées. Les consommables sont financés par l’association des parents d’élèves.
  • Les gestionnaires des latrines des marchés sont les gérants des marchés. Ils récupèrent les recettes, entretiennent les latrines et les approvisionnent en consommables (eau et savon pour le lavage des mains) 50 FCFA (0.076E) par passage au WC, 25 FCFA (0.038E) pour les urinoirs.

En quoi ce programme est-il écologique et s’inscrit-il dans le concept de développement durable ?

Le nouveau Service Public de l’Eau de Bangangté repose sur un triptyque inédit au Cameroun. La commune délègue dans chaque village à un Comité des usagers de l’eau (CUE) la responsabilité du service (continuité, qualité, tarification…), lequel contractualise avec un mini-opérateur privé pour l’exploitation du réseau et une 3e entité, la Régie communale de l’eau conseille et contrôle les deux premiers dans leurs droits et devoirs.

Dans cette organisation innovante, plusieurs mécanismes financiers ont été instaurés pour garantir la pérennité du service.

Afin d’assurer la réplicabilité de ce programme, la construction des latrines s’est effectuée en plusieurs étapes. Tout d’abord, trois blocs de latrines ont été installés afin de former les entrepreneurs locaux (maçons et plombiers) encadrés par les experts d’ERA-Cameroun. Ensuite, les meilleurs artisans de cette phase pilote ont réalisé la construction des douze autres latrines toutes équipées de système de récupération des eaux de pluie.

Une technologie innovante a été mise en place pour transformer les fèces et les urines de ces latrines écologiques en fertilisants naturels, distribués aux agriculteurs de la commune, dans une approche systémique et locale des enjeux eau et agriculture. Cette action de récupération des urines pour leur valeur agronomique permet de produire un substitut à l’usage d’engrais chimique.

Les points forts du programme

L’assainissement est une priorité dans les politiques de développement, qui sont intrinsèquement liées aux politiques de lutte contre le dérèglement climatique, comme l’a rappelé à de nombreuses reprises la Secrétaire d’État au développement et à la francophonie. 2,5 milliards de personnes n’ont pas accès à un assainissement de base aujourd’hui (source OMS-UNICEF, 2014).

L’implication des élus et populations locales : le contexte de la décentralisation au Cameroun favorise l’implication des acteurs locaux et l’émergence de projets de coopération, en particulier dans les communes où élus et populations font preuve d’un réel dynamisme, condition sine qua non à l’efficacité et à la viabilité des actions du programme sur le long terme.

Le choix stratégique de soutenir la commune dans son rôle de maitre d’ouvrage : La commune assume ainsi pleinement son rôle de gestion des services publics. Elle se dote d’outils efficaces dont dont elle doit acquérir les compétences pour les maîtriser. D’autres outils adaptés au contexte local sont à inventer, avec l’aide des PTF.

Une démarche efficace, reconnue et réplicable : Ce programme a reçu le prix d’excellence des Nations Unies pour le Service Public 2014 et le prix National FEICOM des Meilleures Pratiques de développement Local 2012.

Aujourd’hui quels sont les résultats ?

  • Un service public de l’eau et de l’assainissement créé et fonctionnel.
  • Des services techniques municipaux formés à gérer d’importants travaux.
  • Les services généraux de la mairie renforcés dans leurs pratiques de gestion administrative et financière.
  • Une utilisation durable et continue des infrastructures, une meilleure appropriation des installations par la population.
  • Une réduction des maladies hydriques dans la commune.
  • Une population sensibilisée aux enjeux de l’eau et de l’assainissement dans une région soumise au stress hydrique.
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À Bachingou les partenaires construisent un réservoir. Photo : AIMF

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Dans chaque école, un comité d’éducation à l’environnement est créé. Les plus grands forment les plus petits à l’entretien des latrines. Photo : SIAAP

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Les latrines écologiques nécessitent un système de gestion rigoureux pour assurer leur pérennité. Photo : SIAAP

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Les urines sont utilisées pour la fertilisation des champs. Photo : SIAAP

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Partenaires en réflexion sur les études géophysiques à Badenkop. Photo : AIMF