Mali - Entretien de M. Pascal Confavreux, porte-parole du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, avec « France Info » (8 novembre 2025)

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Q - Le Mali est-il une nouvelle fois au bord du chaos face au blocus mené sur le carburant depuis début septembre par des djihadistes liés à Al-Qaïda ? La France demande à ses ressortissants de quitter ce pays, où les militaires français étaient intervenus pendant neuf ans, entre 2013 et 2022. On va en parler avec vous, Pascal Confavreux. Bonjour.

R - Bonjour.

Q - Et merci d’être avec nous. Vous êtes le porte-parole du Quai d’Orsay, le ministère des affaires étrangères.

(…)

Q - Alors Pascal Confavreux, c’est donc cette situation qui vous pousse à demander aux Français de quitter le pays. Un peu plus de 4.000 ressortissants enregistrés au Mali. Savez-vous combien sont encore sur place, à l’heure actuelle ?

R - Nous avons rendu publique cette décision, cette actualisation de la fiche Conseil aux voyageurs hier après-midi. Pour l’instant, non, on n’a pas d’actualisation sur ces chiffres.

Q - En tout cas, vous dites à celles et ceux qui veulent partir : « on ne part évidemment pas par des moyens automobiles, on privilégie l’avion. » Il y a encore des vols ?

R - Voilà. Il y a des vols commerciaux, il y a plusieurs routes pour rentrer en France. Ces vols commerciaux sont encore disponibles, ce sont ceux qu’il faut prendre.

Q - Ça fait plusieurs semaines, on le disait depuis début septembre, que le blocus a été entamé par les djihadistes. Pourquoi vous lancez cet avertissement maintenant ? Pourquoi vous actualisez maintenant ?

R - Nous avons un suivi par un service qui s’appelle le Centre de crise et de soutien, au ministère des affaires étrangères, qui actualise en direct, en fonction de l’ensemble des informations qui nous remontent du terrain. La situation sécuritaire, vous l’avez indiqué, elle est effectivement compliquée. Les groupes terroristes sont descendus du nord vers le sud et vers l’est, ils sont autour de Bamako. Et donc notre message, c’est un départ temporaire, dès que possible, par les vols commerciaux. Il n’y a aucune certitude, pour nous, sur la suite. Et notre responsabilité, elle est de penser à la sécurité de nos ressortissants. Et d’ailleurs d’autres pays l’ont prise : les États-Unis, l’Italie…

Q - Absolument. Pour les Français qui voudraient rester, qu’est-ce que vous leur conseillez de faire ? Est-ce qu’il faut rester chez soi ? Est-ce qu’il faut éviter le plus possible de se déplacer ?

R - Pour les Français, déjà, nous leur conseillons plutôt de partir. C’est vraiment le message principal. Et de se mettre à l’abri.

Q - Pour les Français qui travaillent au Mali, et parmi eux, il y a le personnel diplomatique, le personnel de l’ambassade à Bamako. Les Britanniques, par exemple, ont rapatrié leur personnel non essentiel. Est-ce que la France va faire de même avec son personnel diplomatique ?

R - Ce n’est pas la décision qui est prise à ce stade. Encore une fois, il y a des actualisations en temps réel, que ce soit à la hausse ou à la baisse. Le personnel diplomatique, d’ailleurs, dont je veux saluer la pleine mobilisation, qui travaille dans des situations très difficiles, est pleinement mobilisé ici pour assurer notamment le soutien consulaire.

Q - Et il reste donc, pour l’instant.

R - Oui.

Q - On sait que la France entretient des relations plutôt tendues avec la junte militaire au pouvoir. Est-ce que vous avez confiance dans les autorités maliennes pour faire revenir le calme ?

R - Nous, vraiment le message, c’est qu’on pense aux Français sur place, on pense aux Maliennes et aux Maliens sur place qui souffrent. Et c’est vraiment un des messages aussi que nous adressons à ce moment-là.

(…)

Q - On entendait ce que vous nous disiez, Pascal Confavreux, sur la présence maintenue du personnel diplomatique à l’ambassade de France. Est-ce que ça veut dire qu’il faut comprendre qu’à vos yeux, les djihadistes n’ont peut-être pas forcément l’intention de prendre la capitale et donc de prendre le pouvoir ?

R - On n’a pas de boule de cristal, et donc on n’a aucune certitude sur ce qui peut se passer dans les jours à venir. C’est bien ce qu’on veut dire, au jour le jour, une actualisation constante de tout cela. Ce qu’on peut en tout cas constater, c’est que la stratégie malienne actuelle ne permet pas d’assurer la sécurité des maliennes et des maliens en ce moment.

Q - C’est-à-dire ?

R - Vous voyez qu’il y a un risque sécuritaire qui est fort et qui a augmenté ces dernières semaines.

Q - Quand vous pensez à la stratégie malienne, on pense peut-être aux paramilitaires venus de Russie qui travaillent sur le territoire malien ?

R - Voilà, notamment. Et c’est vrai au Mali aujourd’hui, c’était vrai en Syrie il y a un an.

Q - Est-ce qu’une opération d’évacuation éventuelle de ressortissants français pourrait être en jeu ?

R - Pour l’instant, ce n’est pas le sujet. Je vous le dis, nous actualisons au jour le jour en fonction des remontées du terrain. Et le message que nous passons, c’est celui-ci : c’est de pouvoir partir par les vols commerciaux dès que possible.

Q - Est-ce qu’il y a de l’inquiétude ce matin pour la situation sécuritaire, Emmanuel Leclère en parlait, dans d’autres pays voisins du Mali. On parlait du Tchad, de la Mauritanie et même de la Côte d’Ivoire.

R - Il y a, en fait, effectivement, un risque qui augmente, puisque vous voyez que ces groupes terroristes descendent du nord vers le sud ; donc pour la sécurité, plus largement, des États du Golfe de Guinée.

Q - Merci beaucoup Pascal Confavreux, porte-parole du Quai d’Orsay. Merci d’avoir été avec nous ce matin sur France Info.

(Source : France Info)