Français de l’étranger - Ouverture de la 37e session plénière de l’Assemblée des Français de l’étranger - Intervention d’Olivier Becht, ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger (Paris, 3 octobre 2022)

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Merci beaucoup, Madame la Présidente, chère Hélène,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs les conseillers de l’Assemblée des Français de l’étranger, y compris les personnes qui nous suivent en visioconférence, que je salue.

Je voudrais adresser mes voeux de rétablissement à Jean-Marie - je crois qu’il souffre encore de la Covid-19.

Je voudrais saluer également les directrices, directeurs, responsables de nos administrations, ainsi que les représentants de la presse.

C’est un vrai plaisir pour moi d’être parmi vous ce matin, pour cette 37ème session plénière de l’Assemblée des Français de l’étranger. C’est ma première participation à l’AFE, et je dois dire que j’ai été particulièrement honoré d’avoir été nommé par le Président de la République, sur proposition de la Première ministre, à cette responsabilité. On m’a confié un portefeuille assez large et complémentaire, entre le commerce extérieur, l’attractivité et les Français de l’étranger, mais sachez que, même si les Français de l’étranger viennent en troisième position dans l’ordre de mes missions, pour moi, c’est une mission essentielle. C’est une mission essentielle pour deux raisons.

La première c’est parce que j’ai été élu local pendant 20 ans avant d’être ministre, et je sais qu’il n’y a rien de plus fondamental que l’humain. La fonction de conseiller à l’Assemblée des Français de l’étranger que vous occupez aujourd’hui, c’est une relation, une fonction, qui est un peu celle aussi des élus locaux. Nous sommes tous les jours fondamentalement dans une relation humaine, et les réponses aux questions qui nous sont posées sont d’abord et avant tout des réponses humaines.

La deuxième raison, c’est que, toujours dans ma vie antérieure, juste avant d’être ministre, j’étais président du groupe "Agir ensemble" à l’Assemblée nationale. Dans ce groupe, j’avais le député de la 9ème circonscription des Français de l’étranger, et pendant toutes les années où nous avons cheminé ensemble, il m’a initié aux problématiques des Français de l’étranger. Il m’a dit : "on ne peut pas parler de problématiques nationales si on n’intègre pas la dimension des Français de l’étranger". Et c’est ce que nous avons fait dans notre travail parlementaire pendant la durée de la dernière législature. J’ai donc eu la chance d’être initié à un certain nombre de problématiques que je ne découvre pas simplement aujourd’hui.

C’est vous dire le plaisir qui est le mien, vraiment, de pouvoir travailler avec vous et de faire en sorte que nous puissions cheminer ensemble pour faire du bon travail. Je sais aussi que votre rôle est encore plus crucial dans le contexte actuel de succession des crises qui ont durablement éprouvé les Français de l’étranger, au cours des dernières années. Je souhaite vous féliciter, vous remercier chaleureusement, aussi, pour ces premiers mois, presque cette première année de mandature comme conseillers à l’AFE. Je sais aussi votre enthousiasme et l’ardeur que vous mettez pour accomplir chaque jour votre mission, auprès de nos compatriotes. Les sollicitations des Français de l’étranger sont nombreuses et, comme beaucoup de vos collègues élus locaux sur le territoire national, elles arrivent dans des moments d’urgence, pour eux, souvent, d’ailleurs, le soir, pendant les périodes de week-end ou de congés, et, pourtant, il faut être disponible. Je voudrais sincèrement vous remercier pour votre engagement sans faille, qui est évidemment un atout pour nos compatriotes à l’étranger.

Outre la présidence des conseils consulaires, qui a été confiée aux conseillers des Français de l’étranger par la loi Lecornu de 2019, votre mobilisation a été remarquable lors des élections présidentielles et législatives organisées ce printemps. Nombre d’entre vous ont été assesseurs et ont aidé nos ambassades et consulats à trouver des volontaires pour contribuer à la tenue des bureaux de vote et à la bonne conduite, à la régularité des opérations électorales. La mobilisation de tous a été cruciale dans le bon déroulé de ces scrutins et je vous en remercie très vivement. Je sais également combien vous êtes mobilisés en soutien à nos compatriotes, aux côtés des services de l’Etat, pour répondre à leurs interrogations, à leurs doutes, parfois à leurs angoisses, durant la difficile épreuve qu’a été pour nos Français de l’étranger la pandémie de Covid-19.

Mes remerciements s’adressent tout particulièrement à votre présidente, chère Hélène, qui préside depuis bientôt un an les travaux de l’AFE, de manière dynamique et efficace, dans un esprit ouvert et constructif, que j’ai pu constater encore l’autre jour, lorsque nous nous sommes rencontrés chez vous, à La Haye. De nombreux chantiers attendent l’AFE ; votre plein engagement avec le bureau exécutif et les relations de confiance nouées avec le secrétariat général de l’AFE permettront à l’Assemblée d’agir efficacement et de se positionner encore davantage comme force de proposition et d’initiative pour l’action consulaire. Je tiens en particulier à saluer votre rôle déterminant, ainsi que celui des deux vice-présidents, pendant les opérations de vote électronique qui ont eu lieu lors des élections législatives, en tant que membres du Bureau de vote électronique. Ces opérations ont été consommatrices en temps, elles ont nécessité de nombreux déplacements. Votre contribution a été essentielle pour leur permettre de se dérouler en toute transparence, pour sensibiliser l’administration aux préoccupations des électeurs et, inversement, faire un travail de pédagogie auprès des électeurs pour leur donner confiance dans le système de vote.

Je voudrais également dire toute ma reconnaissance pour le travail des agents en administration centrale et dans le réseau consulaire, chevilles ouvrières du service public des Français de l’étranger, qui travaillent souvent dans des conditions difficiles et font face à des demandes croissantes des usagers. Je voudrais, à travers vous, Madame la directrice, saluer le travail de l’ensemble de nos agents. Je pense qu’on ne réussit rien d’un point de vue politique si on n’a pas derrière une administration organisée, volontaire, et je sais pouvoir compter sur votre soutien et sur celui de l’ensemble de nos agents qui, croyez-moi, m’est précieux. Les élections présidentielles et législatives ont nécessité une mobilisation très intense des équipes consulaires pendant plusieurs semaines. Leur travail sans relâche a permis d’ouvrir 988 bureaux de vote sur 443 sites, lors des élections présidentielles, et 708 bureaux sur 435 sites, lors des élections législatives, dans plus de 200 pays. Plus de 10 000 agents et volontaires ont été mobilisés. Ce résultat constitue une véritable prouesse au plan logistique.

Il en va de même pour la campagne de vaccination, qui a également mobilisé sur une longue période notre réseau consulaire. Au total, nous avons administré près de 87.000 doses de vaccin. Nous avons lancé une campagne de vaccination de nos communautés à l’étranger dans les pays où des vaccins reconnus par l’Agence européenne du médicament n’étaient pas disponibles dans des délais raisonnables. Parallèlement, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères s’est mobilisé pour mettre en place un dispositif de conversion des passes sanitaires pour les Français de l’étranger, et cela a été un dossier compliqué pour beaucoup d’entre nous qui revenaient en France alors qu’ils n’avaient pas forcément les mêmes vaccins, les mêmes doses de vaccin, etc. Le travail a été fait et je remercie, là encore, chaleureusement les équipes consulaires qui ont travaillé d’arrache-pied pour mener à bien ces opérations. Je crois utile de souligner que peu de pays dans le monde - on le dit : "quand je me regarde, je me désole, mais quand je me compare, je me console" -, peu de pays dans le monde, je pense, ont fait, en matière de vaccination, comme d’ailleurs, on pourrait le dire, sur beaucoup d’autres sujets, autant pour leurs compatriotes à l’étranger.

Comme l’a rappelé la Première ministre lors de la conférence des ambassadeurs, la relation de l’administration avec les élus est essentielle, elle est un ciment de la vie démocratique. La loi Lecornu a apporté des améliorations substantielles en conférant de plus amples responsabilités aux élus des Français de l’étranger, pour renforcer leur rôle et leur visibilité. Lors des dernières journées du réseau consulaires organisées en juillet dernier par la DFAE, l’accent a été porté, auprès du réseau consulaire, sur la nécessité de continuer à entretenir un dialogue régulier et approfondi avec les élus, dans le respect, bien sûr, du rôle de chacun et dans un esprit de dialogue et d’ouverture. Notre travail en commun est essentiel pour soutenir les Français de l’étranger et aborder les nouveaux défis de l’action consulaire. Je souhaite avoir un échange avec les élus à chacun de mes déplacements à l’étranger et, pour le coup, mon portefeuille du commerce extérieur et de l’attractivité m’invite à voyager beaucoup, et donc je fais en sorte que, à chaque déplacement, il y ait obligatoirement une séquence avec les Françaises et les Français de l’étranger. Cela m’a permis déjà, depuis le mois de juillet, de rendre visite à toutes celles et tous ceux qui étaient au Cameroun, au Bénin, en Australie, en Indonésie, à Singapour, en Allemagne et aux Pays-Bas. Et si je ne suis pas encore venu dans votre pays, c’est que cela ne saurait tarder. Je ne suis pas sûr de faire sur mon mandat les 200 pays inscrits à l’Organisation des Nations unies, mais, enfin, vous pouvez compter sur moi pour être présent le plus possible auprès de nos communautés françaises. Mais, comme vous l’avez dit très justement, Madame la Présidente, il ne s’agit pas simplement de faire des déclarations d’amour : ce qui est important en amour, vous le savez, ce sont les preuves d’amour.

Alors, on va rentrer dans le vif du sujet, et ce d’autant que la Première ministre, dans son allocution, ici-même d’ailleurs, dans cette salle, début septembre, devant les ambassadrices et les ambassadeurs, a rappelé cette exigence de dialogue accru avec les élus, qui inclut bien évidemment les représentants des Français à l’étranger. Et elle a fait - je ne me souviens pas que c’eût été dans les dernières éditions aussi marqué - des Français de l’étranger l’une des trois priorités principales du ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Notre feuille de route ne peut pas être plus claire.

J’en viens donc à présent aux principaux chantiers de l’action consulaire. Après deux ans de ralentissement dans le contexte de la crise sanitaire, une forte reprise est constatée dans tous les secteurs de l’activité consulaire, en particulier concernant les demandes de titres d’identité et de voyage. Tout cela s’explique, c’est la même chose d’ailleurs dans les mairies : pendant deux ans, on n’a pas voyagé puisque tout le monde était confiné dans son pays et là, il y a eu un gros rattrapage, c’est-à-dire qu’en quatre, cinq mois, il a fallu rattraper deux ans, voire deux ans et demi d’activité. Et les services du ministère se sont pleinement mobilisés pour offrir un service public performant aux Français et pour accélérer au mieux les démarches. J’en viens aux preuves, sur les différents chantiers.

Premier chantier : il s’agit de la mise en place du service "France Consulaire". Je voudrais m’arrêter quelques instants sur cette expérimentation, qui a pour objectif de permettre aux usagers d’obtenir sans délai une information et une assistance pour initier leurs démarches administratives. Elle apporte une réelle valeur ajoutée, à plusieurs égards : d’une part, ce dispositif améliore la qualité du service rendu aux usagers, en permettant une réponse plus rapide, plus efficace, pour les questions ne présentant pas de haut niveau de complexité. D’autre part, en déchargeant les postes consulaires des demandes courantes, il leur permet de se concentrer sur les questions les plus difficiles nécessitant une connaissance du contexte local. En résumé, le consulat se concentre sur les demandes pour lesquelles il a la plus forte valeur ajoutée. 13 pays d’Europe font actuellement partie de l’expérimentation. Le périmètre devrait être étendu progressivement pour couvrir en 2023 tous les pays d’Europe, c’est-à-dire 48% des Français inscrits au registre des Français de l’étranger. Notre ambition est de déployer le service dans les pays partageant, ensuite, nos fuseaux horaires - donc, en gros, l’Afrique -, puis en 2024 et en 2025, le reste du monde. Les résultats actuels sont concluants : en moyenne, 86% des appels sont décrochés en moins de 15 secondes et le délai moyen de réponse aux courriels est de 38 minutes. Je peux vous dire, sincèrement, que dans les mairies, il y a beaucoup de gens qui demanderaient la même chose. Et quand on fait un petit sondage, 96% des usagers se disent satisfaits, ce qui est une bonne chose pour étendre, justement, notre ambition au reste du monde.

Deuxième chantier : le vote par internet. Il a été mis en œuvre avec succès lors des dernières élections législatives. Un nombre record de votes électroniques a été enregistré lors de ce scrutin : près de 274.000 votes par internet lors du second tour. Cette modalité de vote est de plus en plus plébiscitée par les Français de l’étranger, puisque 75% des votants y ont eu recours lors des premier et second tours. La participation globale a été plus élevée, également, que lors des précédentes élections législatives. Les électeurs ont par ailleurs exprimé une forte satisfaction, malgré quelques difficultés techniques rencontrées lors du premier tour : le système de vote a recueilli la note de 8,9/10 auprès de quelques 50.000 électeurs ayant donné leur avis après avoir voté.

C’est une invitation à ce que nous puissions développer ce type de vote également pour les prochains scrutins.

Troisième chantier : le registre d’état civil électronique qui est un succès. Depuis mars 2021, les usagers peuvent recevoir, par voie dématérialisée, et dans un délai moyen de 3 à 5 jours, leurs actes d’état civil détenus par le Service central d’état civil, sous forme numérique, de la même valeur que si c’était un papier. Plus d’1,5 million d’extraits ont été délivrés aux usagers, avec là aussi un taux de satisfaction particulièrement élevé (93%). Ce chantier se poursuit avec l’intégration progressive de nouvelles phases de l’activité d’état civil.

Ces projets ont été suivis directement par le Président de la République. Et ils sont souvent pionniers dans l’administration française, comme le Registre d’état civil électronique et le vote par internet, faisant des Français de l’étranger des citoyens au cœur de la modernisation de l’administration. Le service France Consulaire est aujourd’hui un Projet Prioritaire du Gouvernement et sera également suivi à ce titre directement par la Première ministre et par le Président de la République.

Par ailleurs, deux innovations en cours vont encore faciliter les démarches des Français de l’étranger :

  • Il s’agit d’une part de la dématérialisation de la procédure de renouvellement des passeports. Je sais que c’est un sujet particulièrement sensible. L’expérimentation va débuter en 2023 - elle devait débuter fin 2022, mais débutera fin 2023 pour des questions techniques - avec deux pays, le Canada et le Portugal. Dans ces deux pays, les usagers majeurs pourront utiliser cette procédure pour obtenir un nouveau passeport sans aller au consulat. Donc là, il n’y a plus de déplacement du tout, y compris pour déposer le premier dossier. C’est évidemment un progrès remarquable pour toutes celles et tous ceux qui résideraient loin d’un consulat, et c’est le cas de beaucoup de Français de l’étranger. Cette expérimentation nécessite quelques aménagements techniques et réglementaires, afin de pouvoir déployer ensuite le projet en toute sécurité, dans le respect du droit et des exigences de sécurité de la CNIL, parce que, du coup, on passe évidemment par des systèmes informatiques et donc pour tout ce qui est données biométriques ou autres, il y a quand même des problématiques assez particulières.
  • la procédure de prise de RDV est en cours d’amélioration avec le déploiement à grande échelle également de la nouvelle application Rdv-consulat. La possibilité de prendre facilement rendez-vous correspond à une attente forte de nos usagers. 130 postes utilisent actuellement cette application. Selon le questionnaire de satisfaction proposé aux usagers, ils notent également leur démarche de prise de rendez-vous à hauteur de 4,5/5. On est encore pour rendre cette application plus simple à utiliser, et plus ergonomique.

Outre ces avancées en cours je souhaite vous faire part de deux nouveautés :

  • D’abord, le lancement de la réflexion pour élargir l’accès à la pré-demande en ligne et au paiement en ligne pour des demandes de passeports et de CNI aux Français de l’étranger. Ces services sont déjà disponibles en France pour tous ceux qui souhaitent renouveler leur passeport et leur CNI. Cela devrait être le cas demain directement auprès de nos consulats ;
  • Et deuxièmement, l’évolution prochaine de la nouvelle application Rdv-consulat - je vais en parler dans un instant - pour intégrer une fonctionnalité très attendue des usagers, qui est la possibilité d’être informé lorsqu’un créneau se libère. Parce que parfois on se rend compte qu’il n’y a pas de créneau ou dans longtemps, et donc il y avait une petite application qui avait été mise en place, je crois, par un de nos concitoyens, et cela sera intégré directement dans l’application Rdv-consulat, donc vous pouvez prendre rendez-vous. Si vous ne trouvez pas de rendez-vous, vous laisserez votre adresse mail, et dès qu’un rendez-vous se libèrera, vous serez directement informés par l’application.

L’action consulaire est donc pleinement engagée dans un processus de modernisation et de dématérialisation. La dématérialisation ne signifie cependant pas la déshumanisation et la fin de l’accueil physique. Le métier consulaire reste avant toute chose un métier de proximité pour lequel le lien physique est essentiel et rassurant pour nos ressortissants, comme le démontrent toutes les enquêtes sur le service public consulaire. J’insiste là-dessus : la dématérialisation, ce n’est pas le désarmement des consulats. Parce que chacun l’aura bien compris, et je l’ai dit tout à l’heure, le rôle de l’humain est essentiel. Quand on dématérialise, il faut quand même qu’il y ait quelqu’un derrière l’ordinateur. Il faut qu’il y ait un humain. Au contraire, nous allons plus vers un renforcement des moyens humains que l’inverse.

Je voudrais dire un mot aussi de l’action sociale, qui demeure par ailleurs l’un des axes prioritaires de l’action consulaire. La France est le seul pays en Europe - j’y reviens là aussi, quand on se regarde, quand on se compare - qui a mis en place au profit de ses expatriés un système d’aide sociale aussi avancé, au-delà des secours d’urgence et des rapatriements. Ce dispositif ne repose en droit interne sur aucune obligation d’ordre législatif ou réglementaire. En 2022, les crédits correspondant à l’aide sociale votés en loi de finance initiale s’élevaient à 15,2 millions d’euros. Et en 2023, ils s’élèveront - si le Parlement le vote ainsi, parce que tout ce qui concerne la loi de finances et les prochains chiffres, évidemment, c’est toujours soumis au vote du Parlement - s’élèveront à 16,2 millions d’euros, soit une hausse de plus de 1 million d’euros.

L’action consulaire dans le domaine social comprend notamment l’aide aux associations porteuses de projets bénéficiant aux Français de l’étranger, grâce au dispositif du STAFE. Dans le cadre de ce dispositif, 192 projets sont soutenus en 2022 pour un montant de 1,37 million d’euros. En 2022, une interprétation parfois divergente des critères au sein de la commission consultative a conduit à la mise en place d’un groupe de travail (qui s’est réuni début septembre 2022) pour envisager une possible évolution des critères d’examen des projets à compter de la campagne 2024. Les élus et les représentants des associations siégeant au sein de la commission consultative sont invités à formuler des propositions sur ces critères. Et je l’ai dit : je suis très favorable à ce qu’on puisse simplifier les choses en la matière, parce que là aussi on doit économiser le plus de paperasse possible. Il faut que les choses soient simples. C’est un dispositif qui succède à la fameuse réserve parlementaire que nous avions supprimée lors du précédent quinquennat. Il faut que les dispositifs soient aussi simples que lorsque c’étaient les parlementaires qui attribuaient ces subventions. La campagne 2023 a été lancée mi-septembre, et j’espère que l’on pourra là aussi appliquer assez rapidement tous les critères de simplification.

Le dispositif d’aide sociale comprend également le soutien aux organismes locaux d’entraide et de solidarité (OLES), qui ont été très fortement mobilisés depuis le début de la crise sanitaire. Depuis 2020, la campagne OLES est ouverte à toute association œuvrant au soutien social de nos compatriotes à l’étranger. En 2022, c’est 1,32 million d’euros qui ont été versés à 91 associations. La campagne OLES 2023 sera lancée ce mois-ci.

L’accès à la scolarité constitue également une priorité : les bourses scolaires destinées aux enfants français de nos établissements scolaires retrouveront en 2023 leur niveau de 2021, avec un budget de 105,8 millions d’euros, qui comprend par ailleurs des bourses spécifiques pour permettre aux enfants en situation de handicap d’être inclus dans la communauté éducative. Depuis le 1er septembre 2021, la prise en charge des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) a été étendue à l’ensemble des familles résidant à l’étranger, dont un enfant en situation de handicap est inscrit dans un établissement du réseau, qu’il soit boursier ou pas. Cela aussi, c’est une mesure forte, concrète, d’aide aux familles.

Sur le handicap, j’ajouterais simplement encore que le sujet de la déconjugalisation de l’AAH (Allocation aux Adultes Handicapés), mesure qui a été prévue par la loi du 16 août 2022, fait l’objet d’une réflexion afin d’être étendue aux Français établis hors de France.

Enfin, le dispositif d’aide SOS Covid, qui a donné lieu en 2021 au versement de plus de 82.000 aides, pour un montant de 12 millions, a pris fin le 31 août dernier, mais le reliquat a été versé sur les lignes sociales. Nous ferons en sorte évidemment que l’ensemble de ces dispositifs continue d’être présent pour faire en sorte que personne, aucun de nos concitoyens ne reste au bord de la route.

L’action consulaire se modernise et continue d’offrir une gamme d’aides sociales très variée, inégalée chez nos partenaires, ce qui nécessite évidemment des moyens appropriés à la hauteur des besoins et des enjeux. Pour 2023, les moyens octroyés aux Français de l’étranger pour l’action consulaire vont croître de 12,6 millions d’euros, ce qui atteste la priorité donnée à ce volet de l’action diplomatique. Ce sont des budgets qui sont en hausse. Et pour la première fois depuis 1993, le nombre d’emplois du ministère va augmenter. Après avoir vécu quasiment 30 ans de désarmement de notre diplomatie, nous sommes désormais sur une remontée en effectifs, avec 100 ETP supplémentaires, qui devraient notamment contribuer à renforcer le réseau consulaire qui connaît de fortes tensions sur ses effectifs, n’est-ce pas, Madame la directrice.

Je voudrais enfin souligner l’intérêt particulier porté par le Gouvernement à la sécurité de nos concitoyens. Je sais que vous aurez une présentation en fin de semaine sur le Centre de Crise et de Soutien, mais là aussi, ce centre, depuis 2008 (la date de sa création) a énormément progressé pour renforcer son expertise dans la gestion des crises.

En complément de notre réseau diplomatique et consulaire, le Centre contribue à assurer un véritable rôle de service public à destination de nos compatriotes français à l’étranger, avec une équipe mobilisée 7j/7, 24h/24, qui assure la veille de l’actualité, ce qui permet d’informer en temps réel nos autorités sur tout évènement ainsi que de prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires. C’est un centre qui assure aussi l’information rapide de nos compatriotes, grâce aux fameuses fiches Conseils aux voyageurs (FCV), avec 63 millions de visiteurs en 2021 ; mais aussi grâce à Ariane, sur lequel j’insiste vraiment l’ensemble de nos concitoyens à s’inscrire quand on est en déplacement à l’étranger : inscrivez-vous sur Ariane ; cela facilite quand même grandement, si à un moment ou un autre on a un problème, la prise de contact et pour assurer la sécurité de chacune et de chacun.

La sécurité de nos compatriotes à l’étranger est particulièrement cruciale dans ces temps compliqués. L’agilité du Centre de crise permet aussi d’appuyer nos postes, et du coup, nos compatriotes, à brève échéance, comme on l’a vu ces derniers temps en Afghanistan, en Éthiopie ou en Ukraine, et comme on le voit malheureusement depuis ce week-end au Burkina Faso. À Ouagadougou, notre Ambassade - plus exactement notre service consulaire - et l’Institut français ont subi de graves atteintes, de même que l’Institut à Bobo-Dioulasso, qui a été vandalisé. Nous faisons tout pour assurer la sécurité de nos compatriotes présents au Burkina Faso. Il y a quand même 4.000 français enregistrés sur les listes, ce qui veut dire qu’il y en a certainement plus en réalité. Nous les appelons à la plus grande vigilance. Ils sont invités à rester chez eux jusqu’à nouvel ordre. Le Centre de crise s’est mobilisé, dès les premières alertes, il est en veille là-dessus. La cellule de crise est ouverte pour suivre la situation, là encore au plus près ; et nos équipes sont mobilisées en lien étroit avec nos ressortissants et les élus consulaires sur le terrain.

Nous ferons s’il le faut ce que nous avons fait dans le cadre de la crise en Ukraine, où la aussi la cellule de crise a été mise en place, et plus de 1.500 personnes ont pu être aiguillées ou évacuées en Ukraine depuis le début de la guerre déclarée par la Russie.

Une autre priorité du gouvernement depuis cinq ans est la scolarité de nos enfants. Je termine par ce sujet qui est évidemment un sujet fondamental. Comme l’a souligné la ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Catherine Colonna, à l’occasion de la Conférence des ambassadrices et ambassadeurs le 2 septembre dernier, l’école doit rester au cœur de nos préoccupations. Notre réseau d’enseignement français à l’étranger est le premier réseau d’écoles à rattachement national au monde, avec 566 établissements, plus de 380.000 élèves qui ont fait leur rentrée le mois dernier. Il constitue un "trésor national", pour reprendre les mots du Président de la République, qui nous a fixé un objectif ambitieux : celui de doubler le nombre d’enfants accueillis pour atteindre les 700.000 enfants accueillis et jeunes accueillis d’ici à 2030. C’est dire aussi les moyens que nous y accorderons.

Dans le cadre de l’attribution des bourses scolaires, nous apportons notre soutien aux familles à faibles revenus et nous resterons particulièrement attentifs à adapter notre niveau d’effort, dans un contexte inflationniste marqué. Je suis certain que les questions que nous aurons tout à l’heure ne manqueront pas d’aborder cette question de l’inflation, qui touche certains pays plus que d’autres, et qui devra être prise en compte.

Un mot rapide sur l’économie, pour dire aussi qu’en tant que ministre du commerce extérieur, je suis très sensible au rôle que les Françaises et les Français de l’étranger jouent dans le dynamisme de l’économie française, en tant que porte-drapeau de notre économie, mais aussi de nos valeurs, trop souvent attaquées en ce moment. Ils sont souvent, par leur engagement professionnel, de véritables acteurs et vecteurs du rayonnement économique français dans le monde. Et d’ailleurs, je compte sur eux pour être à la fois les relais de cette attractivité française, mais aussi les relais de nos PME françaises qui voudraient partir à l’export. Les grandes entreprises sont plutôt bien structurées pour le faire, malheureusement les PME sont souvent un peu trop frileuses.

Sur tous ces sujets, je sais pouvoir bénéficier de votre engagement constructif et dynamique, comme le montre l’ordre du jour particulièrement riche, Madame la Présidente, de cette session de l’AFE. Je me réjouis de pouvoir suivre, directement ou indirectement vos travaux. Nous allons passer une heure ensemble pour répondre aux différents sujets. Et je voudrais vous dire, vraiment, très sincèrement et très chaleureusement, que je suis à votre disposition, je suis à la disposition de l’ensemble de nos compatriotes à l’étranger pour faire en sorte que nous puissions leur apporter le meilleur service public possible. Que nous puissions faire en sorte de garder un lien humain, parce que j’insiste là-dessus, je pense qu’il est fondamental, que personne ne soit laissé au bord de la route. Et nous allons essayer - je le dis souvent quand je rencontre les communautés françaises à l’étranger - de faire mentir le fameux dicton : "loin des yeux, loin du cœur." Nos compatriotes restent fondamentalement dans notre cœur, et nous sommes là pour les servir.

Merci."