Présentation du Vénézuéla

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Présentation du pays

VÉNÉZUÉLA {JPEG}

Données générales

Nom officiel : République bolivarienne du Vénézuéla
Nature du régime : République fédérale présidentielle

Données géographiques

Superficie : 912 050 km²
Capitale : Caracas
Villes principales : Maracaibo, Valencia, Barquisimeto, Maracay, Ciudad Guayana
Langue officielle : espagnol
Langues courantes : environ 40 langues autochtones (wayuu, piaroa, pemón, guahibo, etc.)
Monnaie : bolivar souverain.
Fête nationale : 5 juillet, jour de l’Indépendance (1811)

Données démographiques

Population (2019) : 28,5 millions (source : Banque mondiale)
Croissance démographique : -1,2 % en 2019 (Banque mondiale)
Espérance de vie (2018) : 72,1 ans (hommes 68,4 ans ; femmes 76 ans) (Banque mondiale)
Taux d’alphabétisation (2016) : 97,1 % - (PNUD)
Religions : catholicisme (96 %), protestantisme (2 %), autres (2 %)
Indice de développement humain 2019 : 0,711 (113e) (PNUD, rapport de décembre 2020)
Indice d’inégalité de genre : 0,479 (119e mondial) (PNUD, rapport de décembre 2020)

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Remportée par l’opposition, l’élection législative de 2015 marque le début d’une grave crise institutionnelle entre les pouvoirs exécutif et législatif, l’Assemblée nationale étant empêchée de légiférer. En 2016, l’opposition tente d’organiser un référendum révocatoire à l’encontre du président Maduro mais le Conseil national électoral parvient à en empêcher la tenue. En janvier 2017, le Parlement déclare le président Maduro en « abandon de charge », et en mars 2017 le Tribunal suprême de justice (TSJ) considère l’assemblée nationale en situation de « désobéissance » (« desacato »), une sentence qui vient parachever une série de décisions du TSJ dépossédant le Parlement de ses pouvoirs. Entre les mois de mars et d’août 2017, l’opposition se mobilise massivement, le bilan des troubles est évalué à 124 morts par le Haut Commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme. En août 2017, s’installe une Assemblée nationale constituante (ANC), qui supplante de facto l’Assemblée nationale pour légiférer, et dont l’élection n’est reconnue ni par l’Union européenne ni par la majorité des pays du continent américain.

Le scrutin présidentiel du 20 mai 2018 se tient dans des conditions très controversées et il est boycotté par une majorité de l’opposition. Nicolas Maduro est réélu avec une abstention sans précédent (plus de 53 % selon les chiffres officiels). Le principal candidat d’opposition, Henri Falcon, rejette les résultats en dénonçant des irrégularités et le non-respect par le gouvernement des conditions agréées auparavant. L’Assemblée nationale ne reconnaît pas non plus le résultat. La France, l’Union européenne, de nombreux pays latino-américains (réunis dans le Groupe de Lima) et les États-Unis dénoncent un scrutin ni libre, ni transparent.

Nicolas Maduro débute son deuxième mandat le 10 janvier 2019. Le 23 janvier 2019, Juan Guaido, président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, se proclame président par intérim au nom d’une situation de vacance du pouvoir présidentiel. Le 4 février 2019, devant le refus de Nicolas Maduro de convoquer une nouvelle élection présidentielle, la France et la majorité des États membres de l’Union européenne annoncent considérer Juan Guaido comme le président par intérim en charge de l’organisation d’élections démocratiques. Les tentatives de négociation (notamment par la Norvège, à l’été 2019) n’aboutissent pas et l’Assemblée nationale demeure empêchée d’exercer son pouvoir législatif.

Des élections législatives sont tenues le 6 décembre 2020, boycottées par les principaux partis d’opposition en raison d’irrégularités et relativement peu suivies (31 % de participation selon les chiffres officiels).

Des députés du Parlement sortant, à majorité d’opposition, votent le 26 décembre 2020 la « continuité constitutionnelle » de l’Assemblée nationale pour un an supplémentaire.

La répression menée par Nicolas Maduro à l’encontre de membres de l’opposition et de la société civile est par ailleurs dénoncée à plusieurs reprises par la France et l’UE. La Haute Commissaire de l’ONU pour les droits de l’Homme mène une mission sur place en juin 2019 et publie un rapport (juillet 2019) pointant la stratégie du pouvoir « visant à neutraliser, réprimer et incriminer les opposants politiques » et particulièrement l’usage disproportionné de la force (5 287 assassinats en 2018 par les forces spéciales de la police) ; un bureau de suivi des droits de l’Homme a été ouvert par la suite à Caracas.

Politique étrangère

La politique extérieure de la République bolivarienne du Vénézuéla se caractérise par son « anti-impérialisme », son tiers-mondisme et sa défense d’un monde multipolaire. L’opposition aux États-Unis a structuré la politique étrangère d’Hugo Chavez (président de 1999 à 2013) qui s’est rapproché de pays entretenant de relations difficiles avec Washington, en premier lieu l’Iran, la Chine et la Russie, ces deux derniers comptant parmi les principaux créanciers du Vénézuéla. La promotion d’une diplomatie Sud-Sud s’inscrit dans la continuité de la diplomatie vénézuélienne historique. Le Vénézuéla de Carlos Andrés Pérez (1974-1979 ; 1989-1993) était un membre influent du Mouvement des non-alignés, mouvement dont le Vénézuéla assume la présidence de 2016 à 2019. Le Vénézuéla est également membre fondateur de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).

L’arrivée au pouvoir d’Hugo Chavez en 1999 marque le début du « virage à gauche » du continent américain. Dans ce contexte, le Vénézuéla devient un des principaux promoteurs de l’intégration régionale. Hugo Chavez est à l’initiative de la fondation de l’ALBA (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique) en 2004. En 2005, il lance PetroCaribe, programme d’approvisionnement en pétrole des pays de la région Caraïbe à des conditions préférentielles, et il fonde la chaîne de télévision régionale Telesur. Poursuivant sa politique « anti-impérialiste », le Vénézuéla participe activement à la formation d’organisations régionales excluant les États-Unis, notamment la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC), instituée en 2011 à Caracas, ou encore en marginalisant l’Organisation des États américains (OEA) qu’il quitte en avril 2019 (décision contestée par l’Assemblée nationale vénézuélienne qui a alors désigné un représentant à l’OEA).

Par son ampleur, la crise vénézuélienne a pris une dimension régionale et internationale. Sur le plan régional, le Vénézuéla est passé ces dernières années du statut de principal promoteur de l’intégration régionale à celui d’État isolé au sein du continent américain. La dérive autoritaire du gouvernement vénézuélien est régulièrement condamnée par les États voisins. Confrontés à la crise migratoire vénézuélienne, les pays d’Amérique du Sud appellent à la solidarité de la communauté internationale. Depuis mars 2015, les États-Unis ont adopté plusieurs séries de sanctions individuelles contre une centaine de hauts responsables vénézuéliens. Washington a également adopté des sanctions financières ainsi que des sanctions sur le secteur pétrolier. À l’inverse, la Russie, la Chine, l’Iran, la Turquie, Cuba et le Nicaragua maintiennent leur soutien à Nicolas Maduro et condamnent « l’ingérence » dans les affaires internes du Vénézuéla.

L’Union européenne a adopté un embargo sur les armes et le matériel de répression en novembre 2017 ainsi que des sanctions visant 36 hauts responsables vénézuéliens coupables de violation aux droits de l’Homme et d’atteinte à l’État de droit, en janvier, juin 2018, septembre 2019 et juin 2020. L’Union européenne n’a pas considéré les résultats de l’élection présidentielle anticipée de mai 2018 comme représentatifs de la volonté du peuple vénézuélien. L’UE a appelé à la fin de la répression visant les opposants politiques en particulier les députés de l’Assemblée nationale et à la libération de tous les prisonniers politiques.

Suite à la proposition faite par Nicolas Maduro que l’UE observe les élections législatives de décembre 2020, le haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, a transmis en septembre 2020 des recommandations pour mettre en place des garanties démocratiques ; ces propositions ont été rejetées par le ministère des Affaires étrangères vénézuélien. Le 7 décembre 2020, les États membres de l’UE adoptent un communiqué déclarant notamment que "le manque de respect pour le pluralisme politique et la disqualification et la persécution de leaders de l’opposition ne permettent pas à l’UE de reconnaître ce processus électoral comme crédible, inclusif ou transparent, ni ses résultats comme représentatifs de la volonté du peuple vénézuélien".

L’UE a été à l’initiative du Groupe de contact international (GCI) dont l’objectif est de promouvoir une sortie négociée et pacifique à la crise passant par la tenue d’élections libres ainsi que la livraison d’une aide humanitaire dans le strict respect des principes humanitaires. Le Groupe de contact est aujourd’hui composé de 8 pays européens (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Suède) et de 6 pays latino-américains (Argentine, Costa, Rica, Équateur, Panama, République dominicaine, Uruguay). Le GCI soutient la médiation sous l’égide de la Norvège.

Sur le plan humanitaire, l’UE a co-organisé deux conférences internationales de réponse à la crise régionale de migrants et réfugiés vénézuéliens, en 2019 et 2020.

Situation économique

Bien que détenteur des plus grandes ressources pétrolières prouvées du monde (300 milliards de barils), le Vénézuéla traverse depuis plusieurs années la plus grave crise économique de son histoire. La baisse drastique des cours du brut sur la même période n’a fait que révéler les faiblesses structurelles d’une économie dont la dépendance à la rente pétrolière n’a cessé de croître. Le FMI estime que le PIB vénézuélien a connu une récession de 80 % de 2014 à 2020, le pays est confronté à une hyperinflation sans précédent, à un effondrement de sa production pétrolière et à un épuisement de ses réserves monétaires conduisant à une réduction drastique des importations. Malgré plusieurs réévaluations, le salaire mensuel minimum est estimé à moins de 10 dollars, soit le plus faible du continent américain. La dette est évaluée à plus de 150 milliards de dollars et l’État vénézuélien ne parvient plus à se refinancer sur les marchés financiers internationaux du fait des sanctions financières américaines et de sa faible crédibilité auprès de ses créanciers.

Corolaire de cette crise économique, la situation humanitaire s’est fortement dégradée. Le pays est régulièrement confronté à d’importantes pannes d’électricité affectant la distribution de l’eau et le fonctionnement des hôpitaux. La Croix-Rouge intervient dans le pays depuis le mois d’avril 2019 mais est confrontée à des besoins exponentiels. Selon l’ONU, 5,4 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays, soit plus de 15 % de la population. La crise migratoire vénézuélienne est l’une des plus importantes au monde.

Mise à jour : décembre 2020

Informations complémentaires