Ukraine - Q&R (12 janvier 2023)

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Q - J’ai une question sur l’Ukraine. Il y a eu des annonces, ce matin, de changement de chef militaire. Je voulais savoir comment vous interprétez ce changement : redoutez-vous des envois massifs de militaires russes en Ukraine ? Et si oui, est-ce de nature à changer la nature de l’aide de la France à l’Ukraine ?

R - Je n’ai pas de commentaire particulier sur cette décision au sein de l’état-major russe. S’agissant du soutien de la France à l’Ukraine, je tiens le à rappeler, cela a été réaffirmé récemment par le Président de la République lorsqu’il a parlé au président Zelensky, la France apporte un soutien indéfectible à l’Ukraine - il a employé l’expression « jusqu’à la victoire ». L’Ukraine, est un pays agressé et que donc nous aidons, y compris par la fourniture de matériel de défense, à défendre sa souveraineté, son intégrité territoriale. Et donc cet engagement se maintient.

Q - Pour compléter la question de ma collègue : il y a eu une réaction de la Russie concernant la livraison de chars à l’Ukraine, en disant que c’est irresponsable. Avez-vous une contre-réponse à cela ? Et puis une autre question, sur l’agenda de Laurence Boone, et plus largement sur le conseil franco-allemand : est-ce que vous pouvez nous dire quels seront les sujets qui sont européens qui seront traités en priorité ? Est-ce que la question de la crise énergétique et, en particulier, la question du prix de l’électricité qui en train d’être négociée entre les 27, sera sur la table ?

Et puis une autre question d’agenda à plus long terme : je crois que la ministre doit aller au Brésil prochainement, est-ce que vous pouvez nous en dire quelque chose de plus ? Je ne sais pas si les dates sont fixées… Et qu’est-ce que cela a de l’importance en voyant ce qu’il s’est passé dimanche dernier à Brasilia ?

R - Sur votre première question, là encore, je réaffirme notre engagement à aider l’Ukraine à se défendre. Et c’est d’ailleurs une œuvre collective, qui est partagée par beaucoup de nos partenaires européens, en réponse aux demandes de l’Ukraine.

La ministre se déplacera au Brésil au premier trimestre. Nous avons engagé avec les nouvelles autorités brésiliennes des discussions et nous souhaitons renforcer notre coopération avec ce pays. S’agissant des événements, les attaques contre les institutions brésiliennes dimanche soir, nous nous sommes exprimés, le Président de la République s’est exprimé : il a exigé le respect des institutions démocratiques et de la volonté du peuple brésilien ; la ministre a condamné les violences. La France est aux côtés du Brésil et un prochain déplacement de la ministre sera .l’occasion de relancer la relation bilatérale et de travailler à des axes pour une feuille de route commune, comme cela a été évoqué entre le Président de la République et le président Lula.

Sur votre question sur le conseil des ministres franco-allemand, ce sera d’abord un moment important pour commémorer la relation franco-allemande, puisqu’il se tiendra 60 ans après la signature du Traité de l’Élysée, qui a scellé cette réconciliation historique. Ce sera aussi l’occasion de regarder vers l’avenir et de rehausser notre ambition bilatérale, notamment sur les affaires internationales ; et encore une fois, le déplacement de la ministre et de son homologue allemande aujourd’hui en Éthiopie l’illustre. Il y a un ensemble de dossiers, de coopérations concrètes, à dimension européenne, qui seront évoqués, qu’il s’agisse des questions aéronautiques, du soutien à l’Ukraine, de défense, aussi - vous l’avez évoqué -, économiques européennes, face à la situation, aux crises qui sont apparues et qui ont été provoquées ou renforcées par l’agression russe contre l’Ukraine. Il y aura aussi des enjeux liés à l’énergie et aux transports. Donc tous ces points seront évoqués, naturellement, mais il y a aussi des discussions en format européen car nous sommes attachés aux discussions avec l’ensemble de nos partenaires européens.

Q - Concernant le Conseil des ministres franco-allemand à venir, vous avez évoqué les questions aéronautiques : est-ce que, plus précisément, il y a aura, sur le volet défense, des annonces qui seront faites ou qui pourront être faites, à l’occasion de ce Conseil des ministres ? Je pense notamment au SCAF, mais aussi au futur char qui doit être développé en commun, ou à d’autres systèmes d’armes qui doivent être mis au point ensemble… Et on sait que cette coopération, jusqu’à présent, qui a été très mise sous les projecteurs, n’a pas été simple. Donc, il y a des annonces qui ont été faites ; est-ce qu’il y en aura d’autres, qui confirmeront que tout ça est sur la bonne voie ?

R - Je ne suis pas en mesure, à ce stade, de vous donner des informations sur ces différents points. Ce sera annoncé le moment venu, au moment de l’approche du Conseil des ministres franco-allemand.

Q - J’ai une question sur le France-Japon. Lors de l’entretien du Président de la République avec le Premier ministre japonais de cette semaine, il a été convenu que la prochaine réunion 2+2 aura lieu la première partie de cette année. Est-ce que vous avez des informations sur la préparation ? La dernière réunion a eu lieu par visioconférence, si c’est la prochaine fois, si c’est présentiel, elle aura lieu en France, un peu à Paris. Quelles sont les priorités à aborder pour cette prochaine réunion ?

R - Lors de cet entretien du Président de la République avec le Premier ministre du Japon, comme ça a été indiqué, le Président a rappelé le soutien de la France à la présidence japonaise du G7 ainsi que ses vœux de plein succès, et il a, vous l’avez évoqué, réaffirmé l’ambition de nos deux pays pour leur partenariat d’exception. Sur la question précise du 2+2, je n’ai pas encore d’informations à vous donner, mais nous le ferons naturellement dès qu’elles seront disponibles.

Q - J’ai deux questions, s’il vous plait. La première concerne l’Algérie, et le dossier de mémoire entre les deux pays : est-ce qu’il y a des avancées ou des décisions prises du côté français concernant cela ? Ma deuxième question concerne les aides apportées par la France au Liban : est-ce que la France possède une vision concernant la crise politique libanaise ou pas ?

R - Sur la crise politique libanaise, nous nous sommes déjà exprimés à plusieurs reprises. Nous avons marqué notre préoccupation sur la situation de vacance présidentielle, qui se prolonge depuis le premier novembre. Et donc nous l’avons dit et nous le répétons : il est important que les dirigeants libanais, conformément à la Constitution, mettent tout en œuvre pour l’élection rapide d’un nouveau président et pour arriver à la formation d’un gouvernement de plein exercice. C’est une responsabilité qui incombe aux responsables libanais. C’est important, parce que la situation économique et sociale est très difficile et il est impératif que les autorités, le Parlement libanais, adoptent les mesures et les réformes nécessaires pour sortir le pays de la crise.

S’agissant de votre question sur l’Algérie, comme vous le savez, il y a un partenariat renouvelé entre nos deux pays. Nous avons un dialogue approfondi avec l’Algérie sur plusieurs questions, et notamment sur la question de la mémoire partagée, qui est un engagement de la Déclaration d’Alger. C’est un travail qui se poursuit actuellement, sur l’ensemble des questions de mémoire.

Q - Sur la livraison de chars légers, est-ce que c’est un sujet qui avait été évoqué lors de la visite d’État du Président et de la ministre aux États-Unis en novembre-décembre ? Et est-ce que la France pourrait envisager d’autres livraisons, notamment de chars Leclerc, ainsi que l’Ukraine le réclame ?

R - Sur la visite d’État, je vous renvoie vers la présidence de la République.
Sur le soutien que nous avons apporté, comme je l’ai dit, nous avons renforcé notre engagement et notre soutien, en livraison de matériels de défense aux Ukrainiens. Sur les rumeurs concernant les autres demandes, ou les autres livraisons qui pourraient être faites, je n’ai aucun élément à vous communiquer. Mais encore une fois, tout ce que nous avons fait, et c’est le cas aussi de nos proches alliés et partenaires, nous l’avons fait en réponse aux demandes ukrainiennes.

Q - Je sais que ce n’est pas vraiment la France dont je vais vous parler, mais quelle est votre réaction au refus du British Museum de restituer les frises du Parthénon à la Grèce, vu que nous, la France, on a restitué des choses vaguement comparables au Bénin ? Et accessoirement, si vous pouviez nous faire un commentaire sur le Benin : est-ce qu’on se réjouit du résultat démocratique des élections, qui doit aussi avoir un effet sur le fait qu’on restitue ou non des œuvres ? On ne va pas restituer des œuvres aux juntes qui se sont multipliées en Afrique de l’ouest, alors même qu’on a annoncé qu’on allait le faire au Burkina Faso.

R - Je n’ai pas de commentaire à vous faire sur la question du British Museum, comme vous l’avez dit, qui ne concerne pas la France.
Sur la question du Bénin, il y a tout un travail qui a été engagé, comme vous savez, sur ce dossier, depuis 2021. Et c’est un travail qui a déjà eu un certain nombre de résultats, et sur lequel nous continuons de travailler à ce stade.

Q - Est-ce que le fait qu’il y ait des juntes au Mali, au Burkina Faso - et un peu en Guinée aussi, tant qu’on y est -, ça empêche la restitution, ou est-ce que ça gèle le processus, ou ça complique le processus ? Est-ce que la junte a arrêté de demander quoi que ce soit ? Parce que vu de loin, ils n’ont pas l’air d’être follement culturels.

R - Je vous laisse votre appréciation, mais la question ne se pose pas en ces termes. Encore une fois, sur le cas du Bénin, il y a un travail qui a été engagé, et qui a avancé.

Q - J’ai une question sur le Burkina Faso. Il y a eu la secrétaire d’État qui était en visite. Est-ce que vous pouvez nous en dire un petit peu plus ? On a bien vu la déclaration qui a été faite, mais est-ce que l’ambassadeur est bien toujours en place ? Il était question, dans la presse africaine, qu’il parte d’ici la fin du mois ; est-ce que vous nous confirmez qu’il reste ? Et comment vous qualifieriez les discussions qui ont eu lieu avec le président burkinabè ? Est-ce que vous êtes confiants sur un retour de relations plus apaisées au Burkina ?

R - Sur la question de l’ambassadeur, comme l’a fait la ministre et la secrétaire d’État, je tiens à saluer le travail remarquable qui est accompli par notre ambassade, dans des conditions difficiles ; c’est le cas, encore une fois, de l’ambassade et de l’ambassadeur. S’agissant de la situation de ce dernier, nous n’entendons pas faire de commentaire public sur ce sujet.

Sur l’échange qui a eu lieu : comme la secrétaire d’État l’a indiqué, elle était venue poursuivre un dialogue avec les autorités de transition sur la question du partenariat que nous voulons avoir avec le Burkina Faso et que le Burkina Faso veut avoir avec nous. Comme la secrétaire d’État l’a dit, la France n’impose rien. Ce pays est souverain et libre de ses partenariats, mais il est important d’avoir une discussion sur l’ensemble des volets et sur ce que nous souhaitons pour pouvoir avancer et construire cette relation, à l’avenir. C’était bien le sens de son déplacement.

Q - Sur la Russie, j’ai compris que le Président de la République maintenant ne parle avec Poutine que sur la question de la sécurité nucléaire, et en particulier sur Zaporijjia. Cela veut dire que d’autres aspects ne sont pas traités en bilatéral ? D’autres aspects, je veux dire, du conflit en Ukraine ne sont pas traités en bilatéral entre Moscou et Paris ? Et si oui, lesquels ?

R - Cela a été dit : le Président est disposé à parler au président Poutine si c’est utile.

Q - Concernant aussi la Russie, il y a un des présentateurs de la télévision russe qui a appelé à frapper la France, justement suite à l’annonce des livraisons des chars français. Quelle est votre réaction à ce genre de provocation ?

R - Nous n’avons pas de commentaire sur de telles élucubrations. La France n’est pas en guerre avec la Russie et n’a pas l’intention de l’être.