Onzième anniversaire du soulèvement syrien - Déclaration conjointe des porte-parole des ministères des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, des Etats-unis d’Amérique, de l’Italie et du Royaume-Uni (15 mars 2022)

Partager

La déclaration qui suit a été publiée par la France, l’Allemagne, l’Italie, les États-Unis et le Royaume-Uni, à l’occasion du onzième anniversaire du soulèvement syrien.

"Il y a aujourd’hui onze ans, les Syriens descendaient dans la rue, de façon courageuse et pacifique, pour demander la liberté, des réformes politiques et un gouvernement qui respecte et défende les droits de l’Homme. Le régime de Bachar el-Assad a répondu à ces revendications par une offensive brutale contre la population syrienne, qui se poursuit jusqu’à ce jour. Après avoir causé pendant onze années tant de morts et souffrances, il est plus que temps pour le régime syrien et ses soutiens, notamment la Russie et l’Iran, de mettre un terme à leurs attaques sans pitié contre la population syrienne. Le fait que cet anniversaire coïncide cette année avec la terrible agression de la Russie contre l’Ukraine, qui constitue une violation extrêmement grave du droit international et de la Charte des Nations Unies, met en lumière le caractère brutal et destructeur des agissements de la Russie dans ces deux conflits. Après plus d’une décennie de conflit, la situation économique et humanitaire est sombre et les millions de réfugiés syriens, généreusement accueillis par les pays voisins, ainsi que les personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie, ne peuvent toujours pas rentrer chez eux conformément aux standards des Nations Unies, sans craindre les violences, les arrestations arbitraires et la torture. L’enlisement du conflit a également fourni aux groupes terroristes, notamment Daech, un terrain à exploiter. Prévenir la résurgence de Daech demeure une priorité.

Nous continuons de soutenir le processus mené par les Syriens et facilité par les Nations Unies énoncé dans la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Nous continuerons d’appeler à un cessez-le-feu à l’échelle de tout le pays, au respect du droit international humanitaire et à l’acheminement sans entrave de l’aide par tous les moyens, notamment grâce à la poursuite de l’autorisation par le Conseil de sécurité du mécanisme transfrontalier. En outre, nous demandons instamment que toutes les personnes détenues arbitrairement soient libérées immédiatement et que la lumière soit faite sur le sort des personnes disparues et l’endroit où elles se trouvent. Nous ne soutenons pas les efforts de normalisation des relations avec le régime de Bachar el-Assad et nous ne procéderons pas nous-mêmes à une telle normalisation, ni ne lèverons les sanctions ou financerons la reconstruction, tant que des progrès irréversibles vers une solution politique n’auront pas été accomplis. Nous encourageons toutes les parties, notamment le régime syrien, à participer de manière constructive à la réunion du Comité constitutionnel le 21 mars et nous demandons que le comité obtienne les résultats pour lesquels il est mandaté.

L’impunité demeure inacceptable. C’est pour cela que nous continuerons de promouvoir activement la lutte contre l’impunité, notamment en soutenant la Commission d’enquête internationale des Nations Unies, le Mécanisme international, impartial et indépendant, et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Nous soutiendrons aussi le travail des organisations, dont beaucoup sont dirigées par des Syriens, qui rassemblent des preuves et documentent les atrocités et les violations graves du droit international commises en Syrie, dont l’emploi d’armes chimiques. L’Équipe d’investigation et d’identification de l’OIAC poursuit ses efforts visant à rechercher les responsabilités dans l’utilisation odieuse des armes chimiques en Syrie. Malgré le manque de coopération de la Syrie, l’Équipe d’investigation et d’identification a déjà pu confirmer la responsabilité du régime de Bachar el-Assad dans de nombreuses attaques à l’arme chimique contre la population syrienne. Les responsables de ces violations de la norme internationale d’interdiction d’utilisation des armes chimiques doivent rendre des comptes.

Nous saluons les efforts déployés par les tribunaux nationaux pour mener des enquêtes et des poursuites selon leur compétence sur les crimes commis en Syrie, et nous encourageons le renforcement du soutien apporté à ces poursuites. Comme en attestent les témoignages poignants des victimes et de leurs familles, il est grand temps que justice leur soit rendue. Promouvoir la justice et la lutte contre l’impunité est essentiel pour bâtir la confiance dans le règlement politique prescrit par la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations Unies, ainsi que pour garantir la paix juste, stable et durable à laquelle les Syriens aspirent et qu’ils méritent."

Informations complémentaires