Les projets régionaux phares de la France dans le Pacifique

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Fin juillet 2023, la visite historique du président de la République au Vanuatu et en Papouasie-Nouvelle-Guinée a mis en lumière l’engagement renforcé de la France dans la région. Le président de la République Emmanuel Macron a notamment insisté sur notre investissement pour le climat, le rehaussement de notre aide au développement et sur le renforcement de notre réseau diplomatique, notamment avec l’ouverture d’une ambassade aux Samoa.

Coopération dans le domaine de l’environnement

Le Pacifique abrite les réserves de biodiversité les plus riches et les plus fragiles de la planète. Près de la moitié des zones critiques de biodiversité se trouvent dans cette région, où la déforestation et la surexploitation des sols et des océans atteignent des seuils critiques. La Papouasie-Nouvelle-Guinée concentre à elle seule entre 6 et 7% de la biodiversité mondiale alors que le pays représente moins de 1% de la surface du globe. Sa superficie, 85% de la France métropolitaine, est recouverte aux trois-quarts par des forêts.

En lien avec ses partenaires, la France développe des actions en faveur de la protection des océans et des forêts, et de la compréhension des liens entre la biodiversité et les risques sanitaires. La protection des océans est essentielle pour les pays du Pacifique qui dépendent des ressources marines.

Focus sur l’initiative KIWA

L’initiative KIWA en est un exemple. Aujourd’hui dotée d’un budget de 77 millions d’euros, et lancée par l’Agence française de développement (AFD) en mars 2020, elle est le fruit d’un partenariat inédit impulsé par la France et l’Union européenne (UE) rassemblant également le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Elle vise à renforcer la résilience des écosystèmes, des économies et des communautés d’Océanie aux effets du changement climatique en accompagnant des projets centrés sur les solutions fondées sur la nature à travers des subventions et de l’assistance technique.

Le fonds est actif dans 15 des 19 pays ou territoires de la région, incluant la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie Française et Wallis-et-Futuna. La France en est le premier contributeur avec 40 millions d’euros.

L’initiative KIWA fonctionne sur le principe d’appels à projets, qui sont sélectionnés par les membres du fonds. Elle permet de financer à la fois des projets locaux portés par des associations locales et des projets régionaux de plus grande ampleur. Elle vise à accroitre la résilience des populations et des écosystèmes.

Focus sur l’initiative CREWS

La France a lancé un autre projet régional lors de la COP21 en 2015, l’initiative Climate Risk and Early Warning Systems (CREWS). Cette initiative vise à développer les systèmes d’alerte précoce aux catastrophes climatiques dans 74 États vulnérables. Elle permet en particulier aux petits États insulaires en développement dont l’ensemble du Pacifique, de renforcer leurs capacités de prévision hydrométéorologique et les services de gestion des risques. CREWS rassemble à ce jour 9 États contributeurs et plusieurs observateurs dont les États-Unis. L’objectif initial de CREWS de mobiliser 100 millions USD en faveur d’alerte a été atteint en 2022 (dont 35M USD de contribution française).

Le président de la République Emmanuel Macron et le Premier ministre James Marape ont annoncé en 2023 le lancement d’une « plateforme pays » (country package) lors de la COP28, initiative forte de 100 millions d’euros de divers bailleurs pour financer la préservation de la forêt de Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG). Les projets regroupés dans cette plateforme permettent de mobiliser bailleurs, acteurs de terrain et autorités locales pour la préservation effective et durable de forêts qui recèlent entre 6 et 7% de la biodiversité mondiale.

Aide humanitaire d’urgence et réponse aux catastrophes naturelles

Face à l’augmentation et l’aggravation des catastrophes naturelles induites par le changement climatique, la réponse humanitaire d’urgence est une priorité d’action régionale pour la France. De manière opérationnelle, celle-ci s’appuie sur le partenariat FRANZ qui mobilise la France, l’Australie, et la Nouvelle-Zélande autour d’opérations coordonnées depuis 30 ans. La dernière a été menée en réponse au séisme qui a frappé le Vanuatu le 17 décembre 2024 avec des vols de reconnaissance et de ravitaillements opérés par les forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC) depuis Nouméa.

Sur les trois dernières années, près de 3 millions d’euros ont été mis en œuvre à travers ce mécanisme pour l’aide humanitaire française dans le Pacifique.

La France mise également sur l’action d’anticipation avec la participation à un programme de construction de stocks humanitaires prépositionnés dans chacune des Îles du Pacifique (contribution française de 1 millions d’euros par an pendant 8 ans), le Pacific Humanitarian Warehousing Program (PHWP). Ce projet multibailleurs est mis en œuvre avec la Communauté du Pacifique (CPS).

L’AFD finance à hauteur de 4 millions d’euros l’ouverture à Nouméa par la Croix-Rouge française d’une plateforme chargée de renforcer la mise en réseau des sociétés nationales de la Croix-Rouge dans le Pacifique et de former la société civile aux premiers secours et la gestion des catastrophes.

La sécurité régionale

Lors de sa visite dans la région en juillet 2023, le président de la République a annoncé le lancement d’une Académie du Pacifique, qui dispensera aux États du Pacifique un large panel de formations couvrant un large spectre du domaine de la sécurité : protection civile, sûreté maritime, maintien de l’ordre, et défense.
Ses premières formations ont démarré en 2024 avec l’envoi d’un détachement opérationnel des armées au centre de formation aux opérations de maintien de la paix de Blackrock à Fidji. Les activités sont centrées à Nouméa, mais l’Académie, peut labelliser des formations dispensées ailleurs par nos opérateurs afin de s’articuler au mieux avec d’autres initiatives régionales.

L’organisation d’un séminaire régionale des garde-côtes à Papeete en Polynésie française ainsi que d’une partie de la session internationale Indopacifique organisée par l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) à Paris bénéficient également de la labellisation « Académie du Pacifique ».

Action de l’État en mer

L’Action de l’État en Mer (AEM) regroupe l’ensemble des missions d’intérêt public mise en œuvre par les services de l’État sur son espace maritime. Elle s’articule autour de trois domaines :

  • garantir la sécurité des personnes et des activités en mer ;
  • protéger l’environnement et les préserver les ressources maritimes ;
  • réprimer les activités illicites.

De par ses territoires, la zone économique exclusive (ZEE) française dans le Pacifique s’élève à 9 millions de km², et constitue une ressource importante pour les 600 000 habitants des territoires français du Pacifique.
Cette action représente donc un enjeu de souveraineté : protection des ressources alimentaires, défense de l’intégrité territoriale, économique et de l’environnement, particulièrement pour les ressources halieutiques dont dépend une partie de l’économie régionale.

Les moyens nécessaires à la surveillance maritime étant souvent hors d’atteinte pour de petits États insulaires, un mécanisme de coopération a été mis en place pour que des États disposant de capacités navales effectuent des patrouilles pour prévenir la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) à leur profit. C’est ainsi que la France intervient aux côtés de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et des États-Unis dans le cadre du Pacific Quad. En coopération étroite avec l’Agence des pêches du Forum des Îles du Pacifique, les forces armées françaises en Polynésie française (FAPF) et en Nouvelle-Calédonie (FANC) mène des opérations de patrouilles dont la dernière significative, l’opération Rai Balang, d’une durée de deux semaines, a été conduite dans une zone de 13,3 millions de km² avec 11 États insulaires.

En vue d’agir en concertation plus étroite avec les États insulaires, la marine nationale travaille à rendre possible l’embarquement d’officiers des autorités locales lors de ces patrouilles. Cela a été annoncé par le ministre des Armées à l’occasion dela réunion des ministres de la Défense du Pacifique sud à Nouméa en décembre 2023.

Aux côtés de l’UE, la France soutient activement le déploiement dans le Pacifique du programme CRIMARIO annoncé lors du Forum ministériel UE-Indopacifique du 22 février 2022. Cet outil de gestion de l’espace maritime et des informations permet d’assurer la sécurité du domaine maritime notamment contre la pêche illégale, avec la mise à disposition d’une plateforme régionale de partage d’information et de gestion des évènements en mer.

Échanges humains

Lors de son déplacement dans le Pacifique en juillet 2023, le président de la République a annoncé le lancement d’un programme d’échanges entre les établissements d’enseignement supérieur et de recherche océaniens et français du Pacifique. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères met en place un programme de mobilité intrarégionale s’appuyant aussi bien sur les universités de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française que sur les instituts de recherches présents à Nouméa et Papeete.

Le programme financera des bourses de mobilités entrantes et sortantes d’étudiants, d’enseignants, de personnels administratifs et de chercheurs entre nos territoires et les États du Pacifique insulaire. L’objectif est d’affirmer la place de la nos institutions de recherche et d’enseignement supérieur et de la francophonie tout en renforçant l’intégration régionale et l’attractivité de nos territoires ultra-marins dans le Pacifique.

Mise à jour : juin 2025