Présentation du Soudan du Sud

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Présentation du pays

SOUDAN DU SUD {JPEG}

Données générales

Nom officiel : République du Soudan du Sud
Nature du régime : Présidentiel
Organisation de l’Etat : République fédérale
Chef de l’Etat : Salva Kiir Mayardit (né le 13 septembre 1951), élu en avril 2010.
Fête nationale : 9 juillet
Langue officielle : anglais
Langues courantes : anglais, arabe (jubarabic), langues locales (dinka, nuer, shilluk, zande, bari)
Monnaie : livre sud-soudanaise (SSP)

Données géographiques

Superficie : 644 329 km²
Capitale : Djouba
Villes principales : Wau, Malakal
10 Etats fédérés et 3 régions administratives spéciales (Abyei, Ruweng et Pibor)
Langue officielle : Anglais
Le Soudan du Sud est traversé par le Nil Blanc. La végétation aquatique sur le fleuve crée une des plus vaste zone marécageuse au monde dans le centre du pays, le Sudd.
Le climat alterne entre saison sèche l’hiver et saison des pluies l’été.

Données démographiques

Population : 12,34 millions d’habitants (UNDP, 2020)
Croissance démographique : +1,18 % (Banque mondiale, 2020)
Espérance de vie : 58 ans (Banque mondiale, 2020)
Taux d’alphabétisation : 34,5 % des plus de 15 ans (ONU, 2020)
Religions : majorité chrétienne, minorités musulmanes et animistes.
Indice de développement humain : 0,433 – 185e sur 189 pays (2020)

Éléments d’actualité

Politique intérieure

Plus jeune pays au monde depuis son indépendance, proclamée le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud a sombré dans une guerre civile en décembre 2013 lorsque le Président Salva Kiir a accusé son ancien Vice-Président Riek Machar d’avoir tenté un coup d’Etat. Cet évènement a déclenché un crise politique d’une extrême complexité, qui s’est traduite par des affrontements entre les deux camps, représentant sur fond les deux principaux groupes du pays, les Dinka et les Nuer. Malgré un accord de paix signé en août 2015 (ARCSS), le conflit a repris en juillet 2016 à Djouba, trois mois après le retour de Riek Machar dans la capitale.

Le 12 septembre 2018, les belligérants ont signé la revitalisation de l’Accord de paix de 2015, l’ARCSS-R, obtenue sous l’égide de l’IGAD et grâce aux parrainages du Soudan et de l’Ouganda. Il prévoyait une période de pré-transition de 8 mois, suivie d’une période de transition de trois ans.

Après deux prolongations de la période de pré-transition, un Gouvernement d’union nationale de transition (TGoNU) a été formé le 22 février 2020. Riek Machar a retrouvé son poste de Premier Vice-Président. Le cabinet ministériel a été formé le 12 mars 2020, dix-huit mois après la signature de l’Accord de paix revitalisé. La formation du gouvernement a ouvert une période de transition de trois ans, qui doit conduire le Soudan du Sud à des élections en 2023.

Après plus de deux ans de tractations entre les parties, Salva Kiir et Riek Machar se sont accordés, le 3 avril, sur la répartition des postes de commandements dans les forces armées. Ce développement a mis fin à une escalade de tensions et a marqué un progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de paix. Il doit désormais être suivi de la formation des forces armées réunifiées (NUF), composées d’une partie des troupes de l’ensemble des signataires de l’Accord de paix, et de leur déploiement sur le territoire.

Le Soudan du Sud a pour objectif d’organiser des élections générales à l’issue de la période de transition. Cette organisation constitue un important défi logistique, qui nécessite l’achèvement au préalable de plusieurs réformes institutionnelles.

La situation intérieure du Soudan du Sud demeure fortement dégradée. Des violences de grande ampleur subsistent au niveau local, avec un effritement local du cessez-le-feu. Sur le plan humanitaire, le pays est également très durement touché. En 2022, 8,9 millions de Sud-Soudanais ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, soit près de 75% de la population. 2,34 millions de Sud-Soudanais sont réfugiés dans les pays voisins et 2 millions sont déplacés. Les violations des droits de l’Homme restent massives, notamment à l’encontre des femmes.

Politique étrangère

Relations avec le Soudan : La relation du Sud avec Khartoum a été marquée par deux guerres civiles avant l’indépendance (1955-1972 et 1983-2005). Le Comprehensive Peace Agreement de 2005 a ouvert la voie à l’indépendance, concrétisée le 9 juillet 2011, six mois après le référendum à cet effet. Malgré plusieurs accords bilatéraux signés en 2012, qui prévoyaient des mesures de sécurisation de la frontière et un accord de partage pétrolier, plusieurs points demeurent en suspens, notamment la région disputée d’Abyei à cheval entre les deux pays et au sous-sol riche en hydrocarbures.
Les autorités soudanaises ont parrainé avec l’Ouganda la médiation qui a conduit à l’Accord de 2018. Depuis, les deux Soudans ont poursuivis leur rapprochement, notamment dans le contexte de la transition politique à Khartoum. Le Soudan du Sud a hébergé en 2019 et 2020 les négociations de paix entre les autorités soudanaises et les mouvements rebelles du Darfour, du Sud-Kordofan et du Nil Bleu, qui ont permis la signature des Accords de paix de Djouba le 3 octobre 2020. Le dialogue politique bilatéral reste nourri, à l’image du déplacement au printemps 2022 du général Hemedti à Djouba pour la signature de l’accord sur la répartition du commandement militaire.

Relations avec l’Ouganda : Depuis son arrivée au pouvoir, le Président Yoweri Museveni a apporté son soutien au SPLM de John Garang. Après son décès en 2005, le Président ougandais est resté proche du Président Kiir. Les forces ougandaises sont intervenues sur le sol sud-soudanais après l’éclatement du conflit en décembre 2013, pour protéger Djouba et reprendre Bor. Elles se sont progressivement retirées à partir de 2015.
L’implication soudano-ougandaise en 2018 a permis d’arriver à la signature de l’ARCSS-R, dont Khartoum et Kampala sont garants. Le Soudan du Sud constitue l’un des premiers débouchés commerciaux de l’Ouganda (au moins 20% des exportations). La route vers Kampala est un axe vital pour l’approvisionnement sud-soudanais. Par ailleurs, les deux pays sont liés par un accord de défense. Conséquence des années de guerre civile, plus de 880 000 Sud-soudanais sont encore réfugiés au nord de l’Ouganda.

Relations avec l’Ethiopie : L’Ethiopie s’était engagée en tant que présidente de l’IGAD pour proposer sa médiation entre les parties sud-soudanaises en 2013. Une force militaire conjointe a été mise en place en août 2018 à la frontière des deux pays. Pour autant, si l’ARCSS-R a été paraphé à Addis-Abeba, l’Ethiopie a laissé la main au Soudan et à l’Ouganda sur le dossier sud-soudanais depuis 2018. Des casques bleus éthiopiens demeurent toutefois déployés au sein de la MINUSS (1 535) et de la FISNUA (2 882). A la demande du Soudan, les troupes éthiopiennes déployées à Abyei doivent être remplacées par de nouvelles troupes.

Relations avec les États-Unis :
Washington a joué un rôle déterminant en faveur de l’indépendance du pays. La création du Soudan du Sud a été portée au crédit de la diplomatie américaine et de la Troïka qu’elle a formé avec Londres et Oslo. Le Soudan du Sud est le premier récipiendaire de l’aide américaine en Afrique. Les relations entre les deux pays sont plus contrastées depuis la guerre civile, mais le Soudan du Sud demeure une priorité américaine sur le continent.

Autres partenaires : le Soudan du Sud entretient de bonnes relations avec le Kenya, en dépit d’une rivalité frontalière autour de la souveraineté du triangle d’Ilemi, qui est administré par Nairobi. Riverain du Nil, le Soudan du Sud entretient aussi des relations nourries mais complexes avec l’Egypte.
Enfin, ses liens avec la Chine sont étroits (déploiement de soldats chinois au sein de la MINUSS) et les relations avec les autres membres de la Troïka (Norvège, Grande-Bretagne) sont fortes quoique difficiles.

Institutions multilatérales : le 14 juillet 2011, le Soudan du Sud a été admis aux Nations Unies, devenant le 193e Etat membre. La même année, il a intégré l’Union Africaine le 15 août et l’IGAD le 25 novembre. Le Soudan du Sud a également adhéré à l’Initiative du Bassin du Nil en août 2013. En avril 2012, le Soudan du Sud a adhéré au Fonds Monétaire International (FMI) et à la Banque Mondiale.

La présence des Nations Unies au Soudan du Sud s’étend à tous les domaines d’intervention possibles. Une opération de maintien de la paix est déployée depuis la naissance du pays, la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), établie par la résolution 1996 du 8 juillet 2011. Son mandat a été prolongé pour un an par la résolution 2625 (15 mars 2022). Elle fixe un plafond de troupes de 17.000 militaires et 2.100 policiers. C’est aujourd’hui la plus chère des missions de maintien de la paix – 1,11 Mds$ - et la première en terme d’effectifs avec actuellement 13 671 casques bleus et 1 403 policiers, ainsi que 636 civils. Elle est dirigée depuis 2021 par le sud-africain Nicholas Fink Haysom.

Cinq programmes et 15 agences des Nations Unies sont présentes sur te terrain dans tous les secteurs de l’urgence humanitaire, de la résilience et du développement ; beaucoup y conduisent l’un de leur plus important programme pays.

Par ailleurs, une seconde opération de maintien de la paix est déployée dans l’enclave disputée avec le Soudan d’Abyei : la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA). Son mandat a été renouvelé pour six mois par la résolution 2630 du 12 mai 2022.

Depuis juillet 2018, le Soudan du Sud fait l’objet d’un embargo sur les armes (R 2428). Un régime de sanctions individuelles est également en place depuis 2015 (R 2206), qui concerne huit individus à ce jour.

Situation économique

Reposant sur des bases extrêmement fragiles à l’indépendance, entre ultra-dépendance pétrolière et des infrastructures quasi-inexistantes (moins de 200 km de routes goudronnées), l’économie sud-soudanaise a particulièrement souffert des années de guerre civile. Elle dépend en large mesure de la vitalité du secteur pétrolier, particulièrement fluctuant et vulnérable aux chocs extérieurs. En 2012, le pétrole représentait plus de 95% des revenus de l’Etat. La destruction et la fermeture de puits, conjuguées à la chute des cours internationaux ont fortement fragilisé l’économie nationale. Le PIB est passé de 20,6 Mds USD en 2014 à 16,2 Mds USD en 2018.

Après quatre années consécutives de récession, l’économie sud-soudanaise est repartie à la hausse en 2019, avec une croissance à 3,4 % portée par la reprise des exploitations pétrolières (180 000 barils/jour fin 2019 contre 120 000 barils/jour en 2017/2018). L’accord de 2012 avec le Soudan prévoit que Djouba paye environ 24 USD par baril à Khartoum dont 9,10 USD au titre du transport par le pipeline.

L’économie sud-soudanaise est dépendante de ses importations. Avec le tiers de sa population déplacé et la destruction de la plupart des circuits de production alimentaire, plus de la moitié de la consommation alimentaire nationale est importée. En outre, le pays est sujet à de vives pressions inflationnistes dues à la dépréciation de la livre sud-soudanaise.

La pandémie de la Covid-19 a fortement détériorée la situation économique. Avec la chute du cours du brut, la production pétrolière a été réduite à environ 130 000 barils par jour. La livre sud-soudanaise continue de se déprécier par rapport au dollar américain et les prix des produits alimentaires ont augmenté de près de 40% depuis le début de la crise sanitaire.

Les finances publiques du Soudan du Sud sont dans un état dégradé. En 2011, le Soudan du Sud a hérité d’une dette extérieure nulle grâce à l’« option zéro » (selon laquelle Khartoum conservait la totalité de la dette extérieure). Depuis, la dette s’élèverait à 1,2 Mds USD en 2018 (34% du PB), à laquelle s’ajoute une dette interne de 7,3% du PIB. Les recettes fiscales de l’État sont quasi-nulles. Certains fonctionnaires n’ont pas reçu de salaire depuis deux ans.

Mise à jour : 20.05.22

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