Sénégal – Discours de Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d’État auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux, au Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique (24 octobre 2022)

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Seul le prononcé fait foi

Monsieur le Président de la République du Sénégal,
Mesdames et Messieurs les chefs d’État et de gouvernement,
Mesdames et Messieurs les ministres et représentants d’organisations internationales,
Chers collègues,

C’est un plaisir de vous retrouver pour cette huitième édition du forum de Dakar, que la France est fière de soutenir depuis sa création. Au sommet de Bruxelles en février dernier, Monsieur le Président, vous défendiez la « culture du dialogue et de la concertation ». C’est tout le sens de ce forum. Aujourd’hui, nous avons plus que jamais besoin de ce dialogue et de cette concertation.

Nous sommes en effet à un moment de l’histoire où le risque de division, voire de fragmentation du monde, est au plus haut depuis la fin de la guerre froide.
Nos deux continents font face à des défis sans précédent. Sur le continent africain, nous affrontons de multiples crises sécuritaires, qui appellent des réponses fortes et collectives. Et pour nous, européens, l’agression que mène la Russie sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine représente une menace existentielle pour la stabilité et l’intégrité de notre continent. Cette agression a brutalement remis en cause les acquis de 70 ans de paix sur le continent. Tous les européens le vivent ainsi. C’est pour cette raison que nous exprimons, aujourd’hui, une attente de solidarité à l’égard de l’Afrique.

D’autant que cette agression a aussi des conséquences pour l’ensemble de la planète. Elle a provoqué une déstabilisation économique mondiale, qui a des coûts exorbitants pour le continent africain. Et nous ne le dirons jamais assez : la Russie est la seule responsable de ces crises économique, énergétique et alimentaire qui nous affectent tous. Pour autant, ni la France ni l’Europe ne souhaitent réactiver une nouvelle guerre froide, ou guerre d’influence, sur le continent africain.

Notre seul agenda, c’est d’éviter une grande fragmentation du monde. Notre seul agenda, c’est le renforcement de la solidarité internationale, comme nous l’avons montré sur les vaccins, les engrais, ou encore les droits de tirage spéciaux. Notre seul agenda, c’est surtout le renforcement de la souveraineté africaine.

Et contrairement à d’autres, nous ne misons ni sur l’intimidation, ni sur la désinformation, ni sur la fracturation du monde. Nous misons, nous européens, sur la lucidité et la souveraineté de nos partenaires africains. Et sur le renforcement de nos partenariats.

Alors, je suis fière de représenter aujourd’hui un pays, la France, et un continent, l’Europe, qui sont pleinement et sincèrement engagés aux côtés des pays africains, pour leur sécurité.

Nous sommes des partenaires qui ne venons pas en substitution de l’action des pays africains. Nous venons en appui aux mécanismes africains de résolution des crises africaines. C’est pour cette raison que nous avons soutenu le G5 Sahel. C’est pour cette raison que nous soutenons aujourd’hui les efforts déployés dans le cadre de l’initiative d’Accra. Et c’est enfin pour cette raison que la ligne constante de la France a été de soutenir les principes fondateurs de la CEDEAO.

En 2013, la France s’est engagée aux côtés du Mali à sa demande, pour lutter contre une menace qui était alors existentielle pour le Mali. Cet engagement, courageusement relayé par les pays de la région, les pays européens et la communauté internationale, a été décisif. Il a empêché : l’effondrement du Mali et l’installation d’un califat, comme au Levant.

Ce combat a coûté la vie à 48 soldats français au Mali. 59 sont morts dans la région du Sahel. Il a aussi coûté la vie à 174 casques bleus. Nous devons rendre hommage aux héros dont le sang a coulé sur le champ de bataille : pour la protection du Mali et pour la stabilité du Sahel.

Face à des autorités maliennes qui ont décidé de privilégier leur propre survie politique, au détriment de la lutte contre le terrorisme, les conditions politiques n’étaient plus réunies pour que la France continue de travailler aux côtés des forces armées maliennes. La force Barkhane s’est donc retirée du Mali, en bon ordre, et en coordination avec ses partenaires et les forces armées maliennes.

Face à une menace terroriste qui reste forte, et qui cherche à s’étendre vers le sud et vers les pays du golfe de Guinée, nous restons pleinement engagés. Nous agissons en soutien de tous les États de la région qui font le choix de la lutte contre le terrorisme, dans le respect de la coexistence entre les communautés. Nous appuyons le renforcement et l’équipement des forces armées de ces pays, pour renforcer leur sécurité et leur souveraineté.

C’est pour cela que la France soutient l’Académie Internationale de lutte contre le terrorisme, avec la Côte d’Ivoire et de nombreux partenaires européens et africains. Cette académie forme les cadres africains de la lutte anti-terroriste.

Nous accompagnons aussi les États dans leurs politiques de réinvestissement des zones fragiles, pour permettre le retour de la sécurité, des services publics de base, et le développement économique de ces régions parfois marginalisées.

Notre partenariat euro-africain va au-delà de la sécurité. Il vise à construire un axe de solidarité entre deux souverainetés et deux partenaires égaux.

Le Président Emmanuel Macron l’a plusieurs fois exprimé : nous devons agir sur tout le spectre : de la sécurité à la santé, en passant par l’environnement, l’agriculture, mais aussi l’éducation et la culture. C’est là aussi toute l’ambition que nous avons affirmée, ensemble, lors du sommet de Bruxelles, que nous avions organisé pendant la présidence française du conseil de l’Union Européenne. Et je tiens à saluer aussi l’engagement de la présidence sénégalaise de l’Union Africaine.

Ensemble, nous avons renforcé la souveraineté sanitaire africaine, face à l’urgence soulignée par la pandémie covid. C’est l’Union Européenne qui a été le premier partenaire pour lancer la production de vaccins sur le continent africain. Et je serai fière de visiter ce soir l’Institut Pasteur de Dakar, qui est aujourd’hui à la pointe de cette production, en Afrique et pour l’Afrique.

Ensemble, nous renforçons la souveraineté énergétique et alimentaire africaine, face à l’urgence. C’est tout le sens de l’initiative lancée par le Président de la République : pour permettre au continent africain d’accéder aux engrais qui font aujourd’hui défaut ; mais aussi pour permettre demain, comme nous l’avons fait pour les vaccins, au continent africain de produire ce qu’il consomme sur son propre territoire.

Enfin, nous sommes aux côtés des États africains pour répondre aux attentes de la jeunesse africaine, en soutenant de très nombreux pays dans les domaines de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’entreprenariat.

Mesdames et messieurs,

Nous sommes aujourd’hui dans une ville nouvelle, Diamniadio, qui incarne le renouveau de l’Afrique, le dynamisme et la créativité du continent africain. En quelques années, nous y voyons ce que l’Afrique est capable de faire de plus grand. C’est-à-dire de déployer des infrastructures modernes au service d’un projet d’innovation et de croissance partagée.

Ce qui est fait ici peut être une inspiration. Notre vision, c’est celle d’une CEDEAO constituant un modèle de dynamisme et d’attractivité pour tout l’axe euro-africain. C’est cet agenda de développement économique, de création d’emplois, et de souveraineté, que la France soutient, et que la France continuera à appuyer.
Je vous remercie.

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