Déclaration de Jean-Yves Le Drian à l’occasion de son point de presse conjoint avec Evarist Bartolo (La Valette, 29 avril 2021)
Monsieur le Ministre, cher Evarist, c’est toujours pour moi un plaisir de venir à Malte. C’est ma troisième visite comme ministre des affaires étrangères depuis deux ans, visites toujours agréables et positives. Nous avons pris le temps de parler et continuerons notre conversation au cours des prochains mois de la préparation de la présidence française du Conseil de l’Union européenne qui aura lieu au début de l’année 2022.
Nous poursuivrons notre conversation dans les moments qui viennent mais je voulais dire que notre ambition pour la présidence française de l’Union intégrera évidemment la stabilité en Méditerranée et nous partageons la même ambition sur ce sujet. Nous avons aussi la même volonté de trouver des solutions pérennes et humaines à nos défis communs, que ce soit le climat, le numérique, la santé. Et nous avons aussi dans cette période particulière évoqué la nécessité d’agir ensemble pour lutter contre la pandémie et faire en sorte que non seulement cet enjeu soit partagé au niveau européen mais que nous puissions aussi bâtir la politique de santé d’après-demain en étant très offensifs sur la lutte contre la crise de la Covid dans les pays de l’autre côté de la Méditerranée et ce sont des échanges aussi sur lesquels nous avons une convergence de vue totale.
Nous avons aussi évoqué la relation avec notre voisinage Sud d’une manière plus globale parce que ce sera un enjeu important aussi de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne et Malte et la France sont deux des pays de l’Union européenne qui sont les plus attentifs à l’importance de cette dimension méditerranéenne et à l’importance de ce voisinage Sud.
Sur les migrations qu’Evarist a évoquées longuement dans son propos et que nous avons évoquées aussi nous-mêmes dans nos entretiens, vous savez qu’il y a une importante négociation européenne en cours pour faire aboutir le prochain pacte asile-migration et la France est déterminée à contribuer à faire aboutir ces discussions. Elle partage avec Malte l’objectif d’une solidarité vis-à-vis des pays de première entrée ; elle partage aussi la politique d’une responsabilité collective des personnes. Il faut donc que nous avancions dans cette direction et nous pensons que notre rôle dans ce dialogue va être tout à fait utile. Vous avez rappelé, cher Evarist, que nous avons toujours été au rendez-vous lorsque nous avons été saisis d’une répartition de soutien aux réfugiés. Maintenant, il faut que nous structurions davantage tout cela et dans le cadre du prochain pacte asile-migration que l’Europe doit permettre d’aboutir à ce nouveau pacte parce qu’elle ne peut pas se permettre d’échouer sur ce sujet, parce que cela dépendra de la crédibilité politique de l’Union européenne. J’aurai beaucoup d’entretiens sur ce sujet, je vais me rendre aussi cet après-midi au Bureau européen de l’asile, ici, parce que c’est un organisme européen important qui a vocation à devenir l’Agence européenne pour l’asile et il est important que nous puissions rapidement le conforter dans ses missions et dans ses moyens.
Nous avons évoqué aussi évidemment la situation libyenne. Je ne peux que répéter ici le fait que nous soutenions les institutions provisoires qui ont été mises en place et que nous sommes tout à fait déterminés à aider les Libyens à retrouver leur propre autonomie nationale en rétablissant les organes légitimes institutionnels et en faisant en sorte que la sécurité puisse se rétablir dans la perspective des élections prévues à la fin de l’année en Libye. Sur cette situation, les Européens parlent d’une seule voix et vous avez pu constater qu’il y a quelques temps nous sommes allés ensemble, le ministre allemand, le ministre italien des affaires étrangères et moi-même apporter notre appui à la dynamique nouvelle qui est en train de se créer dans ce pays. Nous partageons tout un angle, la même appréciation, en sachant qu’il y a une urgence à respecter les engagements des uns et des autres qui ont été convenus à la fois lorsque le cessez-le-feu est intervenu en octobre dernier et puis au moment où a été décidé dans le cadre du forum politique la composition du nouveau gouvernement.
Et il y a enfin un sujet régional que nous évoquons régulièrement avec Evarist, c’est la situation au Liban sur laquelle je voudrais dire quelques mots. C’est une question régionale, c’est une question méditerranéenne, c’est une question pour les Européens. Vous connaissez la grave détérioration de la situation économique, sociale, humanitaire et le fait que les responsables politiques continuent à faire obstacle à la formation d’un gouvernement compétent à même de réformer le pays. Je veux dire ici comme je l’avais dit déjà lors de ma précédente venue en juillet 2020, je revenais du Liban, j’avais tenu des propos assez graves sur la situation de ce pays. Je voudrais le redire ici : les responsables du blocage doivent comprendre que nous ne resterons pas inactifs. Nous avons engagé une réflexion avec nos partenaires européens sur les instruments dont nous disposons pour accroitre la pression sur les acteurs du système politique qui font obstruction à une sortie de crise. Et nous avons à titre national commencé à mettre en œuvre des mesures restrictives en matière d’accès au territoire français à l’encontre de personnalités impliquées dans le blocage politique en cours, ou impliquées dans la corruption. Et nous nous réservons la possibilité d’adopter des mesures supplémentaires à l’encontre de tous ceux qui entravent la sortie de crise et nous le ferons en coordination avec nos partenaires internationaux.
Enfin pour terminer, je voudrais vous dire que la relation bilatérale entre nos deux pays est excellente dans tous ses aspects économiques comme culturels. J’aurai l’honneur d’être reçu tout à l’heure par le Président de la République. Je sais que sous son égide est organisé un symposium de haut niveau dans les jours qui viennent, un symposium sur l’histoire des relations entre nos deux pays et je suis très honoré de pouvoir en parler avec le Président Vella./.
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