Visioconférence de soutien à la population libanaise - Intervention de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères (Paris, 2 décembre 2020)

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Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de gouvernement,

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Chers amis,

Je voudrais conclure ces échanges par un mot de remerciement. Et malgré les délais très brefs, vous avez répondu présents, nombreux, comme nombre d’entre vous l’avaient déjà fait le 9 août. Et cette mobilisation est en elle-même un signal important de soutien à la population libanaise.

Un remerciement particulier doit aller aux organisations de la société civile libanaise qui étaient présentes parmi nous aujourd’hui et nous ont fait partager les défis auxquels elles sont confrontées sur le terrain, mais aussi leur vision et leurs objectifs, quatre mois après la catastrophe du 4 août. Elles ont joué un rôle essentiel dans la distribution de l’aide que nous avons voulu faire parvenir le plus directement possible aux personnes touchées par l’explosion. Elles ont joué un rôle essentiel pour la résilience de la population libanaise, dans des circonstances dramatiques. Elles incarnent aujourd’hui - vous incarnez aujourd’hui - la vitalité de la société libanaise, mais aussi sa volonté de changement.

La conférence qui vient de nous réunir montre, s’il en était besoin, que notre mobilisation aux côtés de la population libanaise est entière. Nous avons collectivement répondu présents face aux besoins qui se sont exprimés à la suite de l’explosion du 4 août. Les Nations unies ont montré le caractère exceptionnel de notre mobilisation puisque les montants annoncés le 9 août ont été largement dépassés. Mais cette mobilisation ne s’arrêtera pas là.

Comme nombre de participants l’ont fait valoir, nous devrons accompagner la population libanaise pour faire face à la crise humanitaire et mettre en œuvre la deuxième phase de la réponse internationale à l’explosion du 4 août. Après la réponse d’urgence, cette nouvelle phase est celle du relèvement précoce. Les besoins immédiats dans le domaine de la santé, en matière d’aide humanitaire, demeurent importants, et la communauté internationale y répondra. Nous allons aussi intensifier, plusieurs l’ont dit, nos efforts en faveur de la réhabilitation des équipements publics et des logements. Nous soutiendrons aussi les petites et moyennes entreprises touchées par l’explosion. L’éducation, dont nombre de participants ont souligné le rôle dans le modèle libanais, restera au coeur de notre engagement. Car l’enjeu est celui de la jeunesse libanaise et, à travers elle, c’est l’enjeu de l’avenir du pays.

Mais au-delà du champ humanitaire, la communauté internationale est prête, vous l’avez entendu, à apporter au Liban une aide plus importante, une aide plus pérenne. Elle l’avait déjà annoncé lors de la conférence CEDRE d’avril 2018. Mais cette aide économique et financière, qui permettrait d’accompagner le redressement du Liban, est conditionnée aux réformes que nous connaissons tous.

Ces réformes, celles que les Libanais demandent depuis plus d’un an, sont indispensables pour que le Liban sorte de la crise dans laquelle il s’enfonce. Et cette crise n’a pas commencé le 4 août. Sans actes concrets des responsables libanais pour conduire ces réformes et améliorer la gouvernance du pays, rien ne sera possible. Cela commence par la mise en place d’un gouvernement de compétences, soutenu politiquement pour mettre en oeuvre un agenda de réformes. Toutes les forces politiques libanaises qui s’y sont engagées doivent pour cela surmonter leurs divergences. Elles le doivent aux Libanais, qui sont aujourd’hui les principales victimes de l’incapacité de leurs dirigeants à prendre la mesure de la situation et à privilégier l’intérêt général.

Alors chers amis, notre présence aujourd’hui témoigne de notre solidarité avec la population libanaise, elle témoigne de nos exigences à l’égard des autorités libanaises et du sentiment, que nous partageons, que les Libanais méritent mieux que la situation actuelle. La population libanaise doit savoir, et je pense qu’elle le sait ce soir, que nous ne l’abandonnerons pas.

Merci./.