Conférence internationale pour la mise en œuvre de la solution des deux États (22 septembre 2025)

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1. Nous, chefs d’État et de gouvernement de la République française et du Royaume d’Arabie saoudite, coprésidents de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution des deux États, remercions les États réunis au siège de l’Organisation des Nations Unies à New York le 22 septembre 2025, à un moment d’une importance historique pour la paix, la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient.

2. La Conférence internationale de haut niveau a permis l’adoption de la déclaration de New York, que l’Assemblée générale des Nations Unies a adoptée à une majorité écrasante de 142 voix. Cette déclaration ambitieuse réaffirme l’engagement inébranlable de la communauté internationale en faveur de la solution des deux États et définit une trajectoire irréversible pour bâtir un avenir meilleur pour les Palestiniens, les Israéliens et tous les autres peuples de la région.

3. Au moment même où nous sommes réunis, la situation à Gaza continue de se détériorer, l’offensive terrestre israélienne s’intensifiant dans la ville de Gaza, les civils et les otages payant de manière injustifiable un lourd tribut à cause de la guerre. La déclaration de New York vise à rompre le cycle de la violence et des guerres incessantes en apportant une solution alternative, raisonnée et réaliste.

4. Le temps est venu pour la communauté internationale de passer de la parole à l’action. Nous saluons les importants travaux réalisés par les dix-sept coprésidents des groupes de travail de la Conférence pour permettre la mise en œuvre rapide de la solution des deux États. Nous appelons tous les États à mettre en œuvre rapidement la déclaration de New York par des mesures tangibles, concrètes et irréversibles. Nous saluons les engagements et les mesures importants déjà pris par les États membres des Nations Unies.

5. Nous saluons la reconnaissance de l’État de Palestine par l’Australie, la Belgique, le Canada, le Luxembourg, Malte, le Portugal, le Royaume-Uni, l’Andorre, Monaco et Saint-Marin aux côtés de la France, confirmée aujourd’hui à l’Assemblée générale des Nations Unies. Nous invitons les États qui ne l’ont pas fait à se joindre à ce mouvement.

6. Mettre fin à la guerre à Gaza et garantir la libération de tous les otages encore détenus demeure notre priorité absolue. Nous appelons à un cessez-le-feu permanent, à la libération de tous les otages, à l’échange des prisonniers ainsi qu’à l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire dans toute la bande de Gaza et au retrait total des forces israéliennes de ce territoire.

7. Pour que les Palestiniens et les Israéliens voient le jour d’après, nous nous engageons à soutenir le déploiement, à l’invitation de l’Autorité palestinienne, d’une mission internationale provisoire de stabilisation qui serait mandatée par le Conseil de sécurité des Nations Unies, conformément à la déclaration de New York. Entre-temps, nous nous engageons à accroître notre soutien pour former et équiper la police et les forces de sécurité palestiniennes, en mettant à profit les mécanismes existants, notamment le Coordonnateur des États-Unis chargé des questions de sécurité pour Israël et l’Autorité palestinienne, la Mission de police de l’Union européenne pour les territoires palestiniens et la Mission de l’Union européenne d’assistance à la frontière au point de passage de Rafah.

8. Nous soulignons la nécessité d’unifier la bande de Gaza et la Cisjordanie sous l’égide de l’Autorité palestinienne. Nous saluons la politique « un seul État, un seul gouvernement, une seule loi, un seul glaive » de l’Autorité palestinienne et nous nous engageons à continuer d’en appuyer la mise en œuvre. Dans la perspective de la fin de la guerre à Gaza, nous réaffirmons que le Hamas doit mettre un terme à son administration de Gaza, se défaire de ses armes et les remettre à l’Autorité palestinienne, avec le concours et l’appui de la communauté internationale, conformément à l’objectif d’un État palestinien souverain.

9. Cette Conférence, ainsi que la reconnaissance de la Palestine, a pour objectif la création d’un État de Palestine souverain, démocratique et économiquement viable, vivant dans la paix et la sécurité côte à côte avec Israël. À cet égard, nous nous félicitons des engagements historiques pris par le président Mahmoud Abbas, notamment de l’attachement au règlement pacifique de la question de Palestine, du refus tenace de la violence et du terrorisme, et de sa déclaration selon laquelle l’État palestinien n’a pas vocation à être militarisé et se tient prêt à œuvrer à l’élaboration d’un dispositif de sécurité bénéfique pour toutes les parties, dans le plein respect de sa souveraineté.

10. Nous saluons les réformes entreprises par l’Autorité palestinienne, notamment  :

  • La suppression du système d’allocations aux familles des prisonniers, désormais effective ;
  • La réforme de l’éducation et des programmes scolaires sous la supervision de l’UE et avec l’appui de l’Arabie Saoudite ;
  • L’engagement de tenir, dans un délai d’un an à compter de la proclamation d’un cessez-le-feu, des élections générales et présidentielle démocratiques et transparentes afin de permettre une compétition démocratique entre acteurs palestiniens s’engageant à respecter le programme et les principes de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Nous soutenons le président Abbas dans l’entreprise de réforme de la gouvernance de l’Autorité palestinienne et l’adoption de nouvelles mesures en ce sens.

10. Nous saluons la création de la Coalition d’urgence pour la Palestine destinée à mobiliser une aide financière d’urgence au profit de l’Autorité palestinienne. Nous invitons tous les États et toutes les organisations internationales à participer à cet effort. Nous appelons de nouveau Israël à verser immédiatement les recettes fiscales palestiniennes retenues et nous engageons à réviser le Protocole de Paris relatif aux relations économiques ainsi qu’à établir un nouveau cadre pour le transfert des recettes fiscales et douanières.

11. Nous exhortons les dirigeants israéliens à saisir cette occasion de paix, à se déclarer publiquement et sans ambiguïté en faveur de la solution des deux États, à mettre immédiatement fin aux violences et aux provocations contre les Palestiniens, à faire cesser toute activité de colonisation, d’appropriation de terres et d’annexion dans le Territoire palestinien occupé et à mettre un terme à la violence des colons. Avant toute chose, nous exhortons Israël à abandonner le projet E1 et à renoncer publiquement à tout projet d’annexion. Nous rappelons que toute forme d’annexion est pour la communauté internationale une ligne rouge dont le franchissement peut engendrer de graves conséquences et menace directement les accords de paix existants et à venir.

12. À cet égard, nous sommes favorables aux mesures concrètes prises par les États membres pour répondre aux mesures unilatérales dirigées contre la solution des deux États et aux violations du droit international tant qu’Israël n’aura pas mis un terme aux actes qui menacent la solution des deux États, dans le plein respect du droit international.

13. Nous réaffirmons que le seul moyen de faire advenir une pleine intégration régionale est de mettre fin à l’occupation israélienne et de parvenir à une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, conformément aux résolutions pertinentes des organes de l’ONU, comme le prévoit l’Initiative de paix arabe. À cet égard, nous saluons l’engagement en faveur d’une réflexion sur une architecture de sécurité régionale à même de fournir à tous des garanties de sécurité, qui s’inspire de l’expérience de l’ASEAN et de l’OSCE et ouvre la voie à un Moyen-Orient plus stable. Nous réaffirmons notre appui à la relance des efforts sur le volet Syrie-Israël et le volet Liban-Israël, le but étant de parvenir à une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes des organes de l’ONU.

14. Nous appelons de nouveau tous les États à se joindre à cette dynamique afin de garantir la paix et la sécurité pour tous au Moyen-Orient, la reconnaissance mutuelle et la pleine intégration régionale.