États-Unis - Discours de Jean-Yves Le Drian à la communauté française (Washington, 14 juillet 2021)

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Monsieur l’Ambassadeur, Monsieur le Sénateur, Mesdames et Messieurs les élus, mes chers compatriotes, chers amis américains, parce que j’imagine qu’il y a aussi des amis américains dans cette salle.

Je suis vraiment très heureux d’être avec vous, accompagné de mon épouse, à la Maison française de Washington, en ce jour de fête nationale. C’est chaque année l’occasion de célébrer ce qui fait la force de notre pays. Ce sont ces moments décisifs, où les valeurs auxquelles nous tenons le plus, ont écrit l’histoire, à commencer par ce « Bastille Day ». C’est le moment aussi de montrer que la force de notre pays, c’est la vitalité et la diversité de notre société. Et c’est aussi l’occasion de montrer que la force de notre pays, ce sont les liens qui nous unissent à nos amis du monde entier, à commencer par ceux des 27 États de l’Union européenne et ceux d’Amérique.

Je veux y assister, car aux yeux du ministre de l’Europe et des affaires étrangères que je suis, ces liens font évidemment aussi partie de ce que nous sommes, en tant que nation et parce que je suis absolument convaincu qu’ils engagent notre avenir. C’est pourquoi, alors que je comptais me rendre aux États-Unis au cours de ce mois de juillet, puisque nous assumons la présidence du Conseil de sécurité, j’ai tenu à venir un peu plus tôt et à passer ce 14 juillet avec vous, à la demande du Président de la République qui, au Conseil des ministres, hier matin, m’a demandé de vous saluer, ce que je fais avec plaisir.

Je viens pour vous dire que votre présence, ici, est un atout très précieux pour la France et pour vous remercier de faire vivre au quotidien l’amitié franco-américaine. Grâce à vous, la France est le troisième créateur d’emplois de ce pays. Grâce à vous et à nos alliances françaises, nos écoles FLAM, nos écoles bilingues, notre langue et notre culture rayonnent partout aux États-Unis. Grâce à vous, nos pays ont développé des coopérations scientifiques et universitaires d’excellence et grâce à l’intérêt que vous savez faire naître ici, la France est restée en 2020 la première destination européenne pour les investissements directs étrangers et la première destination touristique mondiale, en dépit de la crise sanitaire.

Et si je tenais à passer ce 14 juillet à Washington, c’est aussi pour inaugurer la petite sœur de la célèbre statue de la Liberté qui a traversé l’Atlantique pour rejoindre les jardins de la Résidence de France. Le secrétaire d’État Antony Blinken me fera l’amitié d’être à mes côtés pour ce moment symbolique de cet après-midi, qui marquera à la fois notre attachement à l’histoire que nous avons en partage et notre volonté commune à défendre ensemble, au présent et pour l’avenir, les principes de liberté et de démocratie qui nous rassemblent depuis maintenant plus de deux siècles.

Défendre cet héritage dans un monde qui redevient dur, qui redevient brutal, c’est aussi le sens des entretiens que j’ai eus hier soir et ce matin avec des membres du Congrès et de l’administration américaine. Et plus largement, construire un nouvel élan transatlantique, main dans la main, c’est ce que nous faisons vraiment depuis le mois de janvier.

De part et d’autre de l’Atlantique, je crois que nous avons été privés trop longtemps de moments de convivialité comme celui-ci pour que je me lance dans un long discours devant foule, donc je vais être très bref pour que nous puissions échanger ensemble, mais je tenais tout de même à vous dire que nous sommes à vos côtés dans cette période qui reste très éprouvante. Je sais que beaucoup d’entre vous vivent très mal les restrictions de déplacement qui sont toujours en vigueur. C’est un sujet important que j’ai évoqué avec le secrétaire d’État Blinken, lorsqu’il est venu à Paris, il y a quelques jours, et dont je reparlerai avec lui tout à l’heure. Nous, depuis le 16 juin, nous avons levé une grande partie des restrictions qui pesaient sur les voyages depuis les États-Unis vers la France. Je souhaite qu’il en soit bientôt de même pour les restrictions en vigueur du côté américain. Ces dernières semaines, il y a eu des mesures qui ont été prises par l’administration américaine pour permettre davantage de souplesse dans l’octroi de dérogations individuelles. C’est une première étape, mais nous sommes conscients que ce n’est pas suffisant pour répondre à vos attentes et nous continuerons à porter vos demandes. Le Président de République lui-même l’a fait.

Je sais aussi vos interrogations au sujet de la délivrance de pass sanitaire sur la base de preuve de vaccination américaine. À ce stade, vous le savez, il demeure des difficultés à enregistrer dans notre système d’information national des vaccins administrés à l’étranger, qui ne sont pas issus du stock national. C’est une question de traçabilité sur laquelle nous travaillons en coordination avec nos partenaires européens et américains afin de pouvoir étendre le bénéfice de ce dispositif, et j’espère que nous allons pouvoir y réussir rapidement. Ceci étant, le ministre de la santé, Olivier Véran, a indiqué hier que ce problème sera solutionné d’ici à la promulgation de la loi qui mettra en place les mesures annoncées par le Président de la République, ce lundi.

Ainsi, l’ensemble des Français de l’étranger et des touristes vaccinés avec un schéma vaccinal complet, revenant sur le territoire national auront une équivalence et disposeront de tous les accès comme les autres citoyens vaccinés sur le territoire national.

Enfin, je sais l’impact de la pandémie sur la situation économique et sociale d’un grand nombre de Français de l’étranger, y compris ici aux États-Unis. Pour ceux qui en ont besoin, nous avons mis en place dès le printemps 2020, il faut dire que cette pandémie dure, nous avons mis en place un dispositif exceptionnel d’aide sociale avec, comme vous le savez, un assouplissement des critères d’accès aux bourses scolaires et un appui renforcé aux organismes locaux d’entraide et de solidarité, une aide supplémentaire aux associations et un mécanisme de secours occasionnel de solidarité que j’ai tenu à prolonger jusqu’à la fin de cette année.

Tout cela a été, je crois, utile, opportun et nécessaire, mais aux États-Unis comme ailleurs, la solidarité est aussi venue des élus, des responsables associatifs et de nombreux Français de bonne volonté qui, en lien avec nos consulats, en lien avec nos consuls honoraires, ont pris de leur temps, de leur énergie, pour prêter assistance à nos compatriotes fragilisés par la crise, et je tenais à les en remercier, à leur rendre hommage, aujourd’hui, en ce 14 juillet.

Je voudrais aussi saluer l’ensemble de la communauté éducative française aux États-Unis. Les équipes de nos 51 établissements homologués peuvent être fières de ce qu’elles ont accompli tout au long de cette année scolaire mouvementée pour tous. Mais alors, avec 100% des élèves reçus au baccalauréat, je me suis fait vérifier le chiffre, oui, c’est 100% des élèves reçus au baccalauréat, il n’y a pas de doute, vous avez quand même limité beaucoup vos marges de progression ! Et donc, il faudra désormais agir sur les mentions. Je ne vois pas d’autre solution. Mais en tout cas, bravo à tous ces élèves. Bravo aussi aux parents qui devaient sentir autant d’appréhension que les candidats, en tout cas, si je me souviens de ma propre expérience, mais c’est vraiment un hommage que je veux rendre parce que ce n’était pas simple de continuer à faire fonctionner les établissements pendant cette période compliquée.

Un mot encore pour souhaiter la bienvenue en votre nom à celles et ceux qui viennent d’acquérir la nationalité française et qui sont des nôtres aujourd’hui. Ils ont fait un choix qui nous honore et qui nous oblige. Le choix de rejoindre une nation de citoyens, unis par ce triptyque auquel nous devons toujours revenir dans les meilleurs moments comme dans les épreuves : liberté, égalité, fraternité. Ils ont fait aussi le choix de l’Europe, c’est-à-dire d’une démocratie qui s’invente chaque jour. Une démocratie qui se crée à 450 millions de citoyens.

C’est aussi notre défi, mais je le dis à nos nouveaux compatriotes, c’est aussi le vôtre, et ils ont fait aussi le choix d’une langue et d’une culture ouvertes sur le monde entier. Je vous souhaite une belle aventure en France.

Et à vous tous, je vous souhaite un inoubliable 14 juillet, sans trop de pandémie. Passez un bon moment ensemble. Vive la République ! Vive la France ! Vive l’amitié franco-américaine !.

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